[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Disclosure - 5/10

Messagepar Alegas » Ven 23 Mai 2025, 17:44

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Disclosure de Sam Feder
(2020)


Documentaire qui revient sur la représentation des personnes trans et queers au cinéma, et sur l’importance de leur visibilité dans les productions d’aujourd’hui. Sur le papier, why not, mais venant de Netflix ça sentait le point de vue unidirectionnel pour aller dans le sens de son propos, et c’est exactement ça à l’arrivée. A vrai dire, le film ne m’a convaincu que sur sa première moitié, avec l’historique des représentations, la recherche des premiers travestissements sur un écran de cinéma, des premiers films qui évoquent la communauté trans et comment ils sont dépeints, etc… Il y a un côté recherche historique vraiment intéressant et pertinent pour comprendre l’évolution de la représentation au fil des décennies, même si déjà on sent que le documentaire est clairement à charge, genre quand il s’agit d’évoquer le cinéma de Griffith, on sent contente de dire que c’est raciste et basta, ce que je trouve dommage et particulièrement simpliste.

Le truc, c’est que tout cet aspect ne s’améliore pas au fur et à mesure que le film élabore son propos, et surtout j’ai l’impression que la production entière est parasitée par la personne de Laverne Cox, qui en profite pour faire son auto-promo, balancer son point de vue sur les anciens films comme unique vérité, tout ça alors qu’elle est productrice exécutive du documentaire, bref ça se veut vraiment pas objectif pour le coup. Ça donne à l’ensemble un point de vue très limité à mon sens, qui se contente de dire que les représentations du passé sont mauvaises sont réellement chercher à comprendre pourquoi elles ont été faites ainsi, et surtout dans quel contexte. Ça n’empêche pas certains arguments qui touchent juste (moi aussi je me souviens que ça m’avait dérangé le passage dans The Crying game avec Stephen Rea qui vomit lorsqu’il découvre que la femme est en réalité un homme, dans le genre réaction exagérée ça se pose là), mais à titre d’exemple tout le passage sur Ace Ventura passe complètement outre le fait que c’est un film parodique, et qu’on rigole plus de Jim Carrey qu’autre chose à ce moment là.

On sent que c’est un film qui a été fait avec un objectif bien précis, et qui ne cherche absolument pas à développer le moindre aspect qui pourrait aller contre son propos, d’ailleurs le passage sur Griffith il y a Lilly Wachowski qui s’exprime cinq secondes le temps de dire que c’était effectivement des films avec du contenu raciste, mais étrangement on ne voit aucune autre de ses interventions, comme si élaborer plus sur le sujet était un problème. Le propos me semble viser constamment dans la mauvaise direction, on y préfère pointer du doigt ce qui ne va pas plutôt que de comprendre les tenants et aboutissants. D’ailleurs, c’est simple, chaque film qui est un pas en avant dans la représentation trans au cinéma se fait ici descendre à un moment pour une raison ou une autre, parce que pas assez représentatif… Et tout ça pendant que les films plus confidentiels ne sont pas particulièrement mis en avant. Bref, c’est le genre de documentaire qui, malgré toutes les bonnes intentions derrière, n’est finalement pas très intéressant à regarder.


5/10
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Mission : Impossible - 7,5/10

Messagepar Alegas » Sam 24 Mai 2025, 17:35

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Mission : Impossible - Fallout de Christopher McQuarrie
(2018)


Pour la première fois depuis le début de la franchise, deux films à la suite sont réalisés par la même personne. Si on peut d’abord voir ce choix comme un certain manque de prise de risque, sur une saga qui se démarquer justement par une identité particulière à chaque film (même si c’était moins marqué depuis le 3), il paraît ensuite évident que Tom Cruise semble avoir trouvé un véritable compagnon de route en la personne de Christopher McQuarrie, un peu de la même manière qu’il avait un temps collaboré avec le scénariste Robert Towne. Même si on y perd forcément un peu en intérêt pour la franchise, l’idée n’est en soi pas mauvaise, surtout vu la qualité de Rogue Nation, et c’est d’autant plus vrai ici que Fallout est une réelle continuité du précédent film, avec la même équipe, les mêmes personnages (j’aime beaucoup d’ailleurs le fait que Baldwin devient le temps d'une scène un membre à part entière et pas juste une figure d’autorité, dommage en revanche qu’on ait pas le retour de Renner), et même le bad guy qui revient pour quelques scènes.

On sent aussi une continuité thématique, avec un groupe terroriste qui reprend le flambeau du Syndicat, le fait que Ethan Hunt a plus que jamais besoin de son équipe pour pouvoir mener sa mission à bien (tout le climax final est d’ailleurs basé sur l’idée que l’équipe est divisée en trois groupes, chacun ayant un objectif primordial à accomplir), et sur le fait que l’ennemi peut venir de l’intérieur. A ce titre, l’ajout du personnage d’Henry Cavill est une chouette idée, à savoir quelqu’un qui n’obéit pas aux ordres d’Ethan, qui utilise la force brute pour arriver à ses fins, ça apporte une dynamique originale au groupe sur la première moitié du film, et encore une autre sur la seconde lorsque le twist arrive (qui n’en est pas vraiment un d’ailleurs, comme Ethan on se doute rapidement de la position ambiguë du personnage, et le plan sur le téléphone intact fait que le doute n’est plus permis).

Si du côté de l’intrigue le film ne fait pas forcément dans l’originalité (une énième menace nucléaire pour déstabiliser l’ordre mondial), c’est plutôt l’efficacité de McQuarrie qui va faire toute la différence. On a beau avoir un film un cran en-dessous de Rogue Nation, ça reste quand même du sacré niveau de blockbuster, et encore une fois on ne peut que souligner la générosité évidente dont fait preuve McQuarrie vis à vis de son spectateur : le film est lancé très vite, ne s’arrête que rarement, et enchaîne les morceaux de bravoure à vitesse grand V. Le HALO jump, le fight bien violent dans les toilettes du Grand Palais :love: , la longue course-poursuite dans Paris qui est probablement la meilleure tournée depuis celle de Ronin (d’ailleurs j’imagine que Cruise et McQuarrie doivent être fans de Frankenheimer car on y retrouve la même volonté de montrer autre chose que le Paris de carte postale), la partie à Londres, le climax final en hélicoptère, c’est cool de voir un film aussi rempli et varié dans l’action, on voit où est passé le budget.

C’est fait en plus avec beaucoup de maîtrise, tout y est particulièrement lisible, découpé juste comme il faut, avec même quelques moments surprenants dans la narration (le flash forward où Ethan Hunt visualise l’attaque du fourgon et le massacre qu’il engendrera), bref on sent que McQuarrie se fait plaisir et ne prend pas pour autant son job à la légère. Le film a beau être long, je trouve que le rythme impeccable fait que ça passe tout seul, et au rayon des défauts je noterais surtout quelques effets visuels qui font un peu tâche, notamment dans le climax sur la falaise, mais rien de bien méchant non plus. Autant je peux comprendre qu’on puisse être déçu du film si on attends quelque chose de très différent des précédents, autant Fallout est vraiment à mon sens une belle continuité bigger & louder de Rogue Nation, et qui est de plus en plus plaisant au fil des revisionnages.


7,5/10
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Crime dans la tête (Un) (1962) - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 25 Mai 2025, 12:52

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The Manchurian Candidate (Un crime dans la tête) de John Frankenheimer
(1962)


Forcément, j’avais de grosses attentes sur celui-ci, non seulement parce que c’est probablement un des films les plus réputés de Frankenheimer, mais aussi parce qu’il est le premier opus de sa trilogie officieuse sur la paranoïa américaine, et vu l’amour que je porte pour les deux autres métrages (Seconds et Seven days in may) j’attendais quelque chose du même niveau. Alors clairement, c’est un chouette film, avec énormément de qualités et un aspect historique particulièrement intéressant (ça préfigure en partie l’assassinat de Kennedy qui aura lieu l’année suivante), mais je trouve que c’est clairement le moins bon des trois, celui qui fait le plus son âge là où les deux autres ont toujours une modernité assez incroyable.

Ceci dit, la modernité n’est pas complètement absente de ce Manchurian candidate, on a toujours une mise en scène de Frankenheimer qui semble avoir quelques années d’avance sur ses pairs, que ce soit lors de séquences tendues comme un string (le climax final) ou de passages à la limite de l’expérimental pour faire passer au spectateur des idées purement visuelles (les scènes d’hypnose, où l’on comprend par le montage, les changements de décors et de personnages qu’il y a quelque chose qui cloche), bref c’est un pur film de mise en scène, et cette dernière est, à mon sens, la vraie star du métrage. Là où je trouve le film moins puissant, c’est du côté du script. La base est particulièrement intéressante, mais j’ai comme l’impression qu’il y a un effet manqué dans la révélation de la machination, on apprends ça finalement très vite dans la première demi-heure, et même si c’est brillamment révélé par la réalisation je n’aurais pas craché sur quelque chose de plus choc plus tard dans le film. Alors peut-être que c’est aussi dû au à ma condition de spectateur plus contemporain, habité aux twists et autres révélations qui changent le sens d’un film, mais je ne peux m’empêcher de penser que le film aurait pu être plus marquant en laissant le doute plus longtemps, et en révélant l’histoire de lavage de cerveau après une bonne heure.

D’ailleurs, en parlant d’heure, c’est aussi le second point faible du film à mon sens, à savoir sa durée. C’est généralement très rare que je trouve le temps long chez Frankenheimer, mais ici c’est un peu le cas, on a un rythme assez lent, peu de péripéties, et il faut s’accrocher un minimum dans une histoire qui garde ses cartes majoritairement pour la dernière ligne droite (pour le coup, les vingt dernières minutes sont captivantes). C’est peut-être dû aussi au casting qui est bon, mais sans plus, il n’y a pas l’acteur ou la prestation qui permettrait d’amener le film à un autre niveau, et c’est là où on ressent l’absence d’un mec comme Burt Lancaster qui arrive généralement à ce résultat. Malgré mes réserves, c’est quand même un film qui reste bien en tête après le visionnage, et j’en viens même à repenser à plusieurs scènes en me disant que je ne les ai pas forcément comprises de la bonne façon, genre il y a tout un passage dialogué avec Janet Leigh dans un train où les répliques ne font absolument aucun sens les unes à la suite des autres, j’ai pas forcément capté sur le moment mais peut-être qu’il y a un effet voulu de la part de Frankenheimer sur la façon dont le cerveau du personnage perçoit sa réalité, bref je sens que c’est un film qui pourrait se bonifier avec une seconde vision. Décidément, je suis vraiment un grand fan du boulot de ce réal, notamment sa décennie 60’s qui est particulièrement impressionnante avec des films qui étaient uniques en leur genre.


7/10
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Lucie Aubrac - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 25 Mai 2025, 23:08

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Lucie Aubrac de Claude Berri
(1997)


On ne peut pas enlever un point au film, c’est que le traitement est assez original : on a beau avoir un script (tirée d’une histoire vraie) assez classique avec un résistant capturé par les nazis et qu’il va falloir faire évader, le fait de voir majoritairement le récit via le point de vue de la femme laissée derrière permet d’avoir quelque chose d’assez frais et qu’on a pas l’impression d’avoir vu ailleurs. Alors forcément, ce point de vue fait qu’on a pas un film qui va pas chercher à être réellement un film sur la Résistance, et du coup ça pourra sûrement décevoir ceux qui recherchent quelque chose d’historique plutôt qu’intimiste, mais le fait est que ce n’est pas le but du métrage et que c’est assez clair dès le départ, donc on ne peut pas vraiment reprocher à cette bobine de se détourner de ses intentions premières.

En l’état, c’est un film qui se laisse suivre plutôt bien : c’est bien interprété (et c’était pas gagné car généralement Carole Bouquet c’est un grand non de mon côté, mais là elle est bien), Berri enrobe ça avec un classicisme carré et qui ne dépasse pas, et surtout on a une chouette reconstitution alors que le film est tourné dans les vieilles rues de Lyon, on sent qu’une bonne partie du budget est parti par là. Le problème, c’est qu’à la sortie de la bobine, rien ne ressort réellement, c’est bien foutu mais sans éclats, et même dans le traitement de la captivité je trouve presque le film trop sage, car ok on a les conditions horribles représentées d’un côté (miam les cafards) mais j’aurais pensé que le film allait un peu plus dévoiler ce qui était fait côté tortures, d’autant que c’était vraiment la période où ça n’hésitait pas à massacrer du résistant pour les faire avouer. Du coup, plus qu’un film sur la Résistance, c’est davantage une histoire sur l’amour total d’une femme pour son homme, et qui est prête à aller très loin pour le faire sortir de là, du coup ça a un petit côté Pour elle en pleine WW2 qui n’est pas complètement déplaisant et qui permet en plus d'avoir un personnage féminin fort dans un contexte difficile. Un petit film sympathique sur le moment donc, mais rien de bien marquant non plus, on est loin des meilleures œuvres du réal.


6/10
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Hurry up tomorrow - 4,5/10

Messagepar Alegas » Lun 26 Mai 2025, 13:16

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Hurry up tomorrow de Trey Edward Shults
(2025)


J’avais beau avoir beaucoup apprécié les deux films précédents de Trey Edward Shults, je ne sentais pas trop celui-ci. Non pas que le côté étrange du projet me rebutait, mais j’avais l’impression que, pour la première fois, le réal abandonne son propre parcours pour aller vers quelque chose qui s’approche d’une commande, en l'occurrence un film qui doit accompagner la sortie, à quelques semaines près, de l’album du même nom de The Weeknd. A l’arrivée, je suis très mitigé sur le métrage, car autant d’un côté j’ai été surpris de constater que non, le réalisateur n’a pas spécialement fait de concessions, et on a bien la sensation de voir un film réalisé par ses soins, autant la bobine n’a pas vraiment de grand intérêt, c’est un objet curieux mais qui n’apporte rien.

Pour le coup, ça n’a rien du film album tel qu’on l’entend habituellement : hormis une chanson chantée en live, ce n’est pas du tout un étalage de la musique de The Weeknd, et sur ce point ça ne tombe absolument pas dans la facilité. En revanche, ce que le projet souhaite faire à la place est assez déroutant : de ce que j’ai cru comprendre c’est tiré d’un moment de la vie de The Weeknd, et ça essaye de développer une compilation d’angoisses du chanteur, entre le fait de perdre sa voix, son inspiration, mais aussi le fait d’être stalké par des fans trop envahissants. On ne va pas s’en cacher, c’est pas très intéressant du fait que c’est assez mal écrit, et surtout on sent que The Weeknd prend trop de place sur le projet : le mec produit le film, co-écrit le script, et joue son propre rôle en mode victime de son succès, c’est plus pathétique qu’autre chose en réalité et, pour paraphraser une review Letterboxd qui m’a bien fait rire, on a un peu l’impression de voir un équivalent cinématographique d’un mec ultra connu qui se filme en train d’embrasser son propre reflet et qui appelle ça de l’art :mrgreen: .

A la fin du film, je ne savais même pas trop ce que la bobine cherchait à dire, toute la storyline autour du passé du personnage de Jenna Ortega ne débouche sur rien, il y a zéro alchimie qui se crée entre elle et le chanteur, et je ne parle même pas du manager joué par Barry Keoghan qui est là, on ne sait pas trop pourquoi. C’est pas complètement déplaisant à regarder, mais c’est longuet pour ce que ça raconte (c’est à dire pas grand chose), il faut attendre presque une heure avant que les deux personnages principaux se rencontrent, et surtout il n’y a pas vraiment de séquences qui restent en tête, si ce n’est peut-être la scène avec Ortega qui danse tout en analysant les chansons, mais c’est plus parce que c’est WTF qu’autre chose.

Du coup, c’est plutôt formellement où j’y ai trouvé mon compte, avec Shults qui se fait plaisir avec le style particulier qui est le sien. Par contre, je note que pour la première fois j’ai l’impression qu’il s’enferme dans ses propres gimmicks, que ce soit les changements de format en cours de film qui ne sont pas justifiés ici (alors que dans Waves et It comes at night ça avait un réel impact visuel), ou le plan signature de la caméra qui fait un panoramique 360 en centre de l’habitacle d’une voiture, là encore très gratuit alors que dans Waves ça avait du sens. Du coup, je crains un peu que ce réal commence à tourner en rond, mais peut-être que l’échec critique et financier du film le poussera à une remise en question. En attendant, c’est à mon sens loin d’être la grosse purge décrite par beaucoup sur le net, c’est clairement un film particulier, à ne pas mettre entre toutes les mains (je n’ose pas imaginer la gueule des fans de Jenna Ortega et de The Weeknd devant certaines scènes :eheh: , et les ados dans ma salle sont sortis en clamant qu’ils n’avaient rien compris au film :mrgreen: ), mais la proposition a le mérite d’aller à contre-sens des attentes, et ça donne un film certes détestable sur plusieurs points, mais qui arrive à être malgré tout unique en son genre.


4,5/10
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Mission : Impossible – Dead Reckoning Partie 1 - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 28 Mai 2025, 14:13

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Mission : Impossible - Dead Reckoning Part One (Mission : Impossible - Dead Reckoning Partie 1) de Christopher McQuarrie
(2023)


Tom Cruise ne rajeunit pas, et il semble en avoir eu conscience ces derniers temps, entre le rôle qu’il tenait dans Top Gun Maverick, ou sa volonté de conclure sa saga phare. Histoire de mettre les petits plats dans les grands, lui et McQuarrie ont l’idée de terminer M:I sur un diptyque scénaristiquement lié, et qui permettrait au public d’avoir la double dose de spectacle en guise de conclusion. A vrai dire, ce choix est un peu une fausse bonne idée, l’intérêt de chaque film de la saga, au-delà de l’identité de chaque film (et encore, ça s’est clairement dilué au fil des épisodes), était vraiment le fait que chacun pouvait être vu indépendamment des autres et se suffire à lui-même, alors qu’ici on parle d’un opus qui a forcément besoin de sa suite pour fonctionner.

Si on ajoute à cela le fait que McQuarrie semble ne plus avoir aucune limite en termes de narration, et se permet une durée de près de trois heures pour raconter ce qui est pourtant juste une moitié d’un grand tout, on peut se dire que l’économie et la concision qu’on pouvait encore trouver dans Rogue Nation sont définitivement mises de côté. Pour autant, ce Dead Reckoning marche plutôt bien, et s’inscrit dans la lignée de Fallout, à ceci près que cette fois l’ennemi n’est plus une organisation fantôme, mais carrément une entité invisible, une intelligence artificielle sur laquelle personne n’a aucun contrôle, bref un antagoniste qu’on aurait clairement pu trouver dans un cyber thriller qui sent bon les années 80/90.

Le truc, c’est qu’on sent que McQuarrie est vite dépassé par les capacités de cette IA en termes d’écriture, on nous la présente rapidement comme capable de créer des pièges abominables pour l’équipe, de simuler la présence d’une bombe nucléaire, de faire disparaître ses acolytes humains des écrans, de pousser les gouvernements à retourner à l’analogique, voire carrément de simuler la voix d’un coéquipier d’Ethan Hunt pour le mettre en déroute, mais à côté de ça, pendant une grande partie du film, on a l’impression que l’IA se repose, ne s’occupe plus des laptops et communications de l’IMF quand ça arrange le script, et laisse carrément le personnage de Simon Pegg se laisser conduire par une voiture gérée par un ordinateur :? , bref cette IA c’est une bonne idée sur le papier, mais on sent que c’est un enfer scénaristique car en réalité beaucoup trop puissant dans les faits. Globalement, les antagonistes sont loin d’être la qualité du film, et autant dans le précédent on avait Henry Cavill qui créait une chouette dynamique, autant le nouveau perso de Gabriel est franchement pas fou. C’est pas aidé par le fait qu’il soit juste un pantin de l’Entité, ni par le choix de casting (je pige pas trop le fait de prendre comme dernier bad guy un nobody loin d’être exceptionnel, surtout après Sean Harris et Henry Cavill) mais surtout on ne le ressent jamais comme une réelle menace, et ce malgré l’idée qu’il est présenté comme celui qui a involontairement poussé Hunt à rejoindre l’IMF.

Comme dit plus haut, le film fait une certaine longueur, et ça se ressent surtout au début où ça met un bon moment à démarrer. Sérieux toutes les séquences pré-génériques (en gros les vingt premières minutes) sont de la pure exposition où on répète les informations pour être bien sûr que le public comprenne, et McQuarrie tombe alors dans une facilité qu’il avait pourtant réussi à éviter jusqu’ici. Heureusement, à partir de la séquence de l’aéroport, ça s’améliore largement, et même si je trouve le film bien moins rythmé que les précédents opus de McQuarrie, ça arrive quand même à être d’un niveau généreux et maîtrisé, notamment lors d’une course-poursuite à Rome qui est à peu de choses près du même niveau que celle de Paris dans Fallout (bon par contre quand on connaît Rome, la géographie ce n’est pas tout à fait ça, genre la poursuite finit à quelques mètres de là où elle a commencé :mrgreen: ) mais avec un côté fun assumé, notamment avec l'idée du duo menotté l'un à l'autre. Autre séquence marquante : le final avec le train qui tombe wagon par wagon et le duo qui doit faire une ascension de plus en plus difficile. Malgré les réfutations de McQuarrie en interview, on sent bien l’influence du jeu Uncharted 2 qui proposait une scène très similaire, et ça renoue avec le côté action ludique des M:I qu’on avait un peu perdu depuis le film de Bird.

Sinon, du côté des persos, on a un chouette ajout en la personne de Hayley Atwell, mais on sent aussi que McQuarrie galère avec d’autres, notamment celui de Rebecca Ferguson, qui fait encore du surplace, chose dont il a l’air d’avoir parfaitement conscience vu son destin en cours de film, dommage que ce perso, jadis le plus intéressant de l’équipe, soit finalement sacrifié ainsi alors qu’il aurait juste pu décider de ne plus la faire revenir. Reste que malgré tout les défauts qu’on peut trouver à ce film, entre sa condition de partie un, sa longueur et son écriture, ça arrive à être tout de même un blockbuster très appréciable qui assume une certaine générosité, et surtout ça donne envie de voir la suite alors que ça aurait pu aisément tomber à plat.


7/10
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Crime dans la tête (Un) (2004) - 4,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 29 Mai 2025, 18:00

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The Manchurian Candidate (Un crime dans la tête) de Jonathan Demme
(2004)


Est-ce que le film de Frankenheimer avait réellement besoin d’un remake ? Pas vraiment à mon sens, mais il y avait quand même moyen de proposer quelque chose d’intéressant, de par le changement de contexte (l’action se passe désormais à l’époque contemporaine, la guerre du Golfe remplaçant celle de Corée), mais aussi parce que mine de rien la perception du public vis à vis des manipulations politiques et de la guerre psychologique a grandement évolué, bref il y avait moyen d’avoir un film très différent de l’original. Malheureusement, ce n’est pas spécialement le cas, et à découvrir les deux films à quelques jours d’intervalle il y a un peu l’impression de voir deux bobines qui se ressemblent plus qu’elles ne le devraient.

Au rayon des quelques changements, il y en a quand même des sympathiques : le fait que personne ne croient à cette histoire de lavage de cerveaux en mettant ça sur le compte du syndrome de la guerre du Golfe, l’idée que la menace ne soit plus étrangère, mais vient plutôt d’un parti américain qui souhaite accéder à la présidentielle, ou la façon que Demme a de mettre en image la manipulation psychologique (j’aime bien notamment cette surexposition dès que le cerveau est sous le contrôle d’une autre personne). C’est peu par rapport au film entier, mais c’est quand même appréciable. Pour le reste, c’est quasiment la même chose, avec une intrigue un poil moins complexe car ayant moins de personnages (celui de Meryl Streep par exemple est l’équivalent de deux antagonistes différents dans le Frankenheimer), des storylines moins présentes (tout ce qui touche à la fille de l’adversaire politique), et du coup ça répète aussi les défauts de l’original avec le fait qu’on dévoile trop vite le lavage de cerveaux alors que ça pourrait jouer sur le doute de la sanité psychologique du héros.

Là où le remake gagne des points en revanche, c’est sur son casting : Denzel Washington en lead, c’est autre chose que Frank Sinatra, et globalement on a une chouette distribution avec plusieurs noms prestigieux. Ce qui ressort globalement du film, c’est quand même l’impression d’un coup manqué, ça n’arrive jamais à retrouver la puissance des meilleurs moments du Frankenheimer (le climax final du remake n’est pas fameux du tout), et ça n’arrive pas à tirer assez son épingle du jeu côté écriture, au lieu de partir dans sa propre direction, ça refait trop souvent la même chose en moins bien, ce qui rend la comparaison inévitable, et toujours en faveur du Frankenheimer.


4,5/10
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Marche à l'ombre - 6,5/10

Messagepar Alegas » Ven 30 Mai 2025, 17:03

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Marche à l'ombre de Michel Blanc
(1984)


Première fois que je découvre la facette de réalisateur de Michel Blanc, et ma foi c’est plutôt cool, surtout pour un premier long. Pour l’anecdote, j’ai longtemps cru que c’était un film de Patrice Leconte, entre le titre affilié à une chanson de Renaud et Blanc qui joue un énième rôle de loser qui veut pécho dès que possible, mais il se trouve qu’il était effectivement question un temps que Leconte réalise le film, et j’ai envie de dire que ça se voit car Blanc semble l’avoir pris comme modèle d’un point de vue formel. Du coup, on a une comédie française plus travaillée que la moyenne, c’est pas la folie non plus mais il y a des plans qui se remarquent, une façon intéressante de filmer le Paris de l’époque (je sais pas d'où sort l'immeuble délabré dans lequel se passe une bonne partie des scènes, ça sent fort le 18ème mais je serais curieux de savoir ce qu'il y a désormais à cet emplacement), un montage qui fonctionne, bref c’est pas un film conçu avec l’idée que la réalisation c’est secondaire.

Côté pitch on a quelque chose finalement de très proche de Viens chez moi j’habite chez une copine, avec un duo de potes qui vont enchaîner les déconvenues et être de plus en plus dans la galère, sauf que cette fois les torts sont partagés et le perso de Blanc est même parfois le plus sage des deux, face à un Lanvin qui espère toujours qu’il va pouvoir rebondir sur ses pattes. Du coup, comme le film de Leconte avec qui il partage une structure similaire, c’est un film qui a ses limites, ça raconte pas grand chose au-delà du postulat humoristique et on pourrait même dire que la love story est franchement pas mémorable, mais il y a quand même quelque chose de hautement sympathique qui se dégage de l’ensemble. Le duo est top, il y a une chouette dynamique qui en ressort, et surtout on a un script rempli de répliques mortelles et de passages mémorables, toute la séquence avec Blanc qui fume un joint c’est à se pisser dessus. Bref, ça donne envie de voir d’autres films de Blanc réalisateur, étant donné qu’il a l’air d’être celui du Splendid qui s’en sort le mieux à ce poste (même si Jugnot ne démérite pas non plus) et je pense que ça se reverra mieux que le Leconte qui est un brin plus simpliste.


6,5/10
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Note: 7/10
Auteur: Pathfinder

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Jed_Trigado » Ven 30 Mai 2025, 17:11

Je suis d'accord pour Blanc en réal/scénariste, j'ai pas vu ses deux derniers, mais Grosse Fatigue et Mauvaise Passe, on sent bien le type qui veut s’émanciper a fond de son passif du Splendid.
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