par Scalp » Mer 18 Juin 2025, 09:01
8.5/10
Il Grande Racket de Enzo G. Castellari - 1976
La première fois que je l'ai vu il y a plus de 20 ans j'avais été très déçu car comme c'était souvent le cas avec ce genre de film difficile à voir c'était vendu comme un Must et son final était comparé à Hard Boiled, donc clairement les attentes étaient au max et j'avais pris le film en grippe (la copie et la version anglaise avait pas aidé). Et là au coeur de mon cycle italien, j'ai rien à redire c'est un must et même si il a pas la portée politique des Damiani (et il essaye pas), le film s'impose comme une pièce maitresse de cette décennie italienne par sa générosité et son discours sans concession (et les truands y a rien à sauver, ils sont caricaturaux à l'extrême, c'est des monstres sans pitié et il est pour l'égalité des sexes car y a une femme dans l'équipe). Si sur Un Témoin à abattre et un Citoyen se rebelle il y avait des débordements bis et déjà un coté sans concession, ici il va bien plus loin dans tous les domaines dans ce Rome gangrené par le racket.
C'est un film qui a pas le temps, ici tout est fait pour aller à l'essentiel (c'est un peu une des grosses qualités de Castellari, on l'a toujours vendu comme un réalisateur visuel qui sait filmer l'action mais il a une vraie patte pour raconter une histoire je trouve), les transitions il en a rien à foutre, un témoin signe un papier qui dénonce la mafia, scène suivante sa fille ado se fait violer (c'est d'un glauque), un champion de tir vient aider la police, scène suivante les mecs débarquent chez lui, violent et pissent (oui oui) sur sa femme puis la bute. Et j'aime bien l'idée de ce flic viré qui va créer sa milice pour faire le ménage avec que des mecs revanchards (traumatisés et désespérés aussi) et même des truands trahis par la mafia, ça donne un petit Dirty Dozen plaisant où tout le monde va être entrainer dans un enchainement de violence sans retour en arrière possible.
Du film de droite totalement décomplexé même si le message final est forcément plus ambigu avec ces hommes qui ont soif de vengeance mais qui deviennent fou (le dernier plan sur Testi) et finalement le portrait dressé est quand même bien noir. C'est violent, c'est cru, c'est du cinéma qui n'existe plus (ça serait marrant un film comme ça en France aujourd'hui vu que quand on a un Bac Nord ça fait polémique).
Castellari derrière la caméra c'est forcément quelque chose, je me souviens d'un interview où il parlait d'un plan de ce film : celui avec Testi dans la voiture qui fait des tonneaux et Tarantino (je crois que c'est lui) lui avait demandé comment il avait fait ce plan, où il avait placé la caméra car l'effet est vraiment bluffant, bon par contre curieusement alors que c'est la marque de fabrique du genre on a pas ici de scène de course poursuite motorisée. On a par contre 2 gros gunfight, celui de la gare et celui de l'entrepôt, alors j'ai juste un bémol sur ces 2 scènes, le sang, putain sur la moitié des morts les mecs se sont même pas fait chier à foutre du sang, j'aime vraiment pas le rendu à l'écran. Mais à part clairement on est sur un des meilleurs gunfight de la décennie, le meilleur du cinéma italien et un bel hommage à Peckinpah.
Fabio Testi en premier rôle fait plus que le boulot, il déborde de charisme, il est convaincant dans ce rôle physique et sait donner un coté impitoyable à son personnage, et toute la galerie de seconds rôles est vraiment bonne (on peut pas toujours dire ça dans les films italiens), certains personnages sortent vraiment du lot comme le vieux pickpocket ou le père vengeur.
La BO des frères De Angelis est une nouvelle une petite tuerie.
Dans mon top 3 polar italiens et il est pas 3ème, et je me demande même si je le préfère pas à Keoma.
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