
Tigerland de Joel Schumacher
(2000)
(2000)
La fin des années 90/début des années 2000 fut une période plutôt bonne pour Joel Schumacher, et à l’exception de Bad Company il y réalisait à mon sens ses meilleurs films. Faut dire aussi que le bonhomme a passé des années à livrer uniquement des adaptations de Batman ou de Grisham, et nul doute que cela lui a permis d’avoir, le temps de quelques films, une certaine liberté dans ses sujets : le snuff movie avec 8mm, les milieux LGBT avec Flawless, un pur exercice de style avec Phone Booth, et enfin le film de guerre sans guerre avec ce Tigerland. Quand on commence le film, difficile de ne pas penser à la première partie de Full Metal Jacket, qui semble être une influence complètement assumée, à ceci près que Schumacher ne tombe pas dans la copie ou hommage, et on est plutôt sur un film où les relations humaines prennent le pas sur le reste, là où chez Kubrick (et plus tard chez Mendes dans Jarhead, autre film avec lequel on peut faire une comparaison évidente) c’était l’attente du conflit qui prenait toute la place. Le fait d’avoir un film sur le guerre du Vietnam sans pour autant avoir une seule seconde du récit se déroulant hors des USA est plutôt couillu, mais ça marche, et on a donc un film entier qui se déroule dans des camps d’entraînement, à quelques semaines seulement de l’envoi des troupes.
Si le récit se concentre sur un groupe de soldats, c’est clairement une relation entre deux hommes qui va être le cœur de l’histoire, avec d’un côté un volontaire convaincu de servir son pays, et de l’autre un appelé qui a toutes les compétences nécessaires pour devenir un jour officier, mais qui s’oppose à l’armée et au rapport de force de façon très instinctive (le délire autour du fait qu’il connaît par cœur le Code de l’Armée et aide ainsi des soldats à quitter l’entraînement de façon légale
, ça permet de poser un personnage aussi intelligent que sympathique). Cette amitié entre les deux personnages drive le film jusqu’au bout, et ça s’avère plutôt bien écrit avec des protagonistes qui arrivent à exister à l’écran avec pas grand chose, même si on n’échappe pas évidemment à quelques clichés du genre (le personnage de Shea Whigham) mais pas spécialement gênants pour autant. Le film possède deux grandes forces, d’un côté son casting impeccable emmené par un Colin Farrell charismatique en diable (c’est d’ailleurs le rôle qui fera décoller sa carrière), et de l’autre sa forme assez particulière, puisque tourné intégralement en 16mm, ce qui donne une image particulièrement granuleuse, avare en détails, à laquelle s’ajoute une photographie de Matthew Libatique qui prend un parti-pris délavé. Un choix formel qui déroute d’abord, mais qui s’avère en phase avec la volonté de Schumacher de proposer une expérience quasi documentaire. Pas un grand film, mais c’est quand même solide dans sa proposition, et ça a beaucoup de qualités. En ce qui me concerne, c’est probablement le meilleur film du réal avec Phone Booth.
Si le récit se concentre sur un groupe de soldats, c’est clairement une relation entre deux hommes qui va être le cœur de l’histoire, avec d’un côté un volontaire convaincu de servir son pays, et de l’autre un appelé qui a toutes les compétences nécessaires pour devenir un jour officier, mais qui s’oppose à l’armée et au rapport de force de façon très instinctive (le délire autour du fait qu’il connaît par cœur le Code de l’Armée et aide ainsi des soldats à quitter l’entraînement de façon légale

7/10