[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

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Étrange pouvoir de Norman (L') - 8/10

Messagepar Alegas » Mar 24 Juin 2025, 20:22

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Paranorman (L'étrange pouvoir de Norman) de Chris Butler & Sam Fell
(2012)


Studio Laika oblige, c’était à peu près vendu d’avance que j’allais aimer, mais par contre je ne pensais vraiment pas autant apprécier, en l'occurrence c’est clairement à mes yeux un film qui titille le niveau de Coraline. C’est donc le deuxième long-métrage du studio, et qui était un gros pari mine de rien car malgré le succès de Coraline ce n’était pas forcément gagné que ça se répète, d’autant qu’entre temps Henry Selick était parti faire ses projets ailleurs, ce qui a obligé Laika à engager un ancien de chez Aardman, et de faire monter en grade Chris Butler qui signe ici son premier long. Une situation qui a certainement poussé à retrouver un peu de l’ambiance de Coraline, en livrant à nouveau un film d’animation qui peut être vu comme un film d’horreur pour enfants, sauf que cette fois on troque la maison hantée, les body snatchers et les univers parallèles pour une sorcière, des fantômes et des zombies.

Pour le reste, c’est quand même assez différent du Selick, avec un héros certes solitaire mais qui va être au fur et à mesure entouré d’une bande qui va créer un vrai feeling Amblin, et surtout un humour un peu plus mis en avant (là encore, le côté 80’s). Mais ce qui m’a étonné, c’est le fait que derrière la proposition, c’est une pure lettre d’amour au cinéma de genre : le film commence sur un extrait d’un faux film de zombie, puis on introduit dès les premières minutes le fantastique dans le quotidien, et enfin on sent un gros respect pour les codes abordés, bref c’est pas du tout une parodie de film d’horreur, c’est vraiment un film horrifique à destination d’une jeune public. L’écriture est particulièrement efficace, avec des personnages très clichés au départ (le petit gros, le bully, la pouf, le sportif musclé) mais qui évoluent de façon assez inattendue (j’ai par exemple trouvé très touchant l’arc de la sœur aînée, et très drôle le twist autour du sportif :eheh: ), ça développe une vraie dynamique avec le groupe et un beau discours pro-geeks 8) , et autant les vingt premières minutes peuvent l’impression de faire du surplace (tout ce qui touche à l’oncle clodo n’est pas ce qu’il y a de mieux dans le métrage) autant dès que la malédiction est lancée ça devient un pur film d’aventure qui ne s’arrête jamais.

J’avoue avoir été bluffé par le climax final, émotionnellement et visuellement très fort, et toute la résolution autour de la sorcière c’est juste beau quoi :love: , notamment au niveau de l’écriture où on arrive à transcender le discours un peu bateau sur la différence, pour arriver sur un pur moment de grâce (la musique de Jon Brion, compositeur des premiers films de PTA et de Eternal sunshine of the spotless mind, joue beaucoup). Et techniquement, c’est du Laika donc ça surbute, c’est vraiment le next level en termes d’animation en volume, et même si je garde une petite préférence pour le style “fait main” d’Aardman, faut avouer ici que ça a grave de la gueule, avec la stop-motion qui se marie super bien avec les effets visuels. J’ignore si le film ressortira en France comme ils le font aux States cette année, mais si c’est le cas ça vaut vraiment le coup de tenter en 3D : comme Coraline c’est de l’animation qui marche très bien avec le procédé, et qui apporte un effet de profondeur qui se ressent particulièrement. Bref, c’est à ranger dans le haut du panier de l’animation US de la décennie 2010.


8/10
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Amélie et la métaphysique des tubes - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 24 Juin 2025, 23:51

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Amélie et la métaphysique des tubes de Mailys Vallade & Liane-Cho Han
(2025)


Joli petit film que voilà. Je n’ai pas lu le bouquin dont c’est tiré donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre, et j’avoue que le début du film m’a un peu fait peur avec cette gamine en voix off qui se considère comme la déesse de son propre univers, ça fait très pompeux (et ça l’est encore plus quand on sait que Amélie Nothomb décrit son roman comme autobiographique :chut: ), mais heureusement le film part sur autre chose ensuite et ça ne fait que s’améliorer. C’est un métrage assez particulier et compliqué à pitcher, car autant ça s’inscrit dans des codes assez classiques (en gros un film sur l’enfance) autant le personnage principal a une façon tellement particulière de percevoir et d’interagir avec ce qui l’entoure que ça donne quelque chose d’assez unique.

Tout ne marche pas, en témoigne le tout début du récit que j’ai déjà évoqué, mais globalement je suis ressorti de la séance avec la sensation d’avoir vu un film au point de vue et traitement frais. On a donc un film très sensible sur une gamine pas comme les autres (elle est amorphe pendant des années, elle parle parfaitement du jour au lendemain, et elle semble avoir un lien très particulier avec le chocolat blanc), et le métrage va être grosso modo une succession de tranches de vie avec comme fil rouge la relation entre la jeune fille et sa nounou japonaise (le film se déroule au Japon plusieurs années après la fin de la guerre, ce qui va avoir son importance sur le dernier acte). C’est franchement mignon comme tout, avec des personnages attachants (la grand-mère, la nourrice, le frangin), un humour qui fonctionne (le délire autour des carpes koï :mrgreen: ) et quelques scènes qui arrivent à créer de l’émotion (celle de la page), mais j’avoue néanmoins qu’il manque quelque chose à l’ensemble pour que le film passe de bon à excellent. Genre je n’ai pas eu le déchirement que j’aurais dû ressentir sur l’une des scènes finales, mais pour le coup ça vient peut-être de moi étant donné que la moitié de la salle dans laquelle je me trouvais reniflait très fort à ce moment-là.

En revanche, là où le film m’a conquis, c’est sur tout le travail visuel qui est assez phénoménal. J’aurais du mal à décrire le style visuel du métrage, mais il y a d’un côté une forme de simplicité à l’œuvre, mais qui donne tout de même quelque chose de très riche à l’écran, avec notamment un très gros travail sur les couleurs. On sent bien la patte de Rémi Chayé à la direction artistique, ça rejoint sur plein de points le style visuel de ses propres films. En ce qui me concerne, ce n’est pas forcément un film que je reverrais, mais ça a beaucoup de qualités, c’est très plaisant à suivre, et ça a un gros potentiel de film d’animation qui va gagner son public au fil des années.


7/10
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Arco - 8/10

Messagepar Alegas » Mer 25 Juin 2025, 12:48

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Arco de Ugo Bienvenu
(2025)


Dernier film vu à Annecy cette année et c’est une excellente pioche. J’avais entendu un peu parler du film lors de son passage à Cannes, mais je m’en étais tenu à quelques bons retours et à une image promo intriguante, mais sinon ça a été une totale découverte, ce qui n’est pas plus mal car je ne m’attendais pas à ce que ce soit autant porté SF. Je vais éviter de trop parler du pitch pour ne pas spoiler, mais en gros ça se passe dans un futur lointain sur Terre, où les humains continuent de survivre en s’aidant notamment de fringues arc-en-ciel leur permettant de voler et de voyager dans le temps. Manque de bol, un gamin va connaître des problèmes lors de son premier essai et va être bloqué à une autre époque, à savoir dans un futur proche du nôtre, et où il va rencontrer une jeune fille avec qui il va se lier d’amitié.

Dans la construction, il y a forcément un côté E.T., puisque l’enjeu va être de permettre au garçon de retourner chez lui, et qu’en plus on a un petit groupe d’antagonistes (enfin pas vraiment, ça se révèle plus subtil que ça) qui veulent mettre la main dessus. Ceci dit, je trouve que le métrage, en plus de développer son histoire principale, laisse beaucoup de place au world-building, aspect mine de rien très important pour de la SF, et là en l’occurrence c’est très réussi avec un univers qu’on a pas l’impression d’avoir vu ailleurs, alors que visuellement c’est évident que ça s’inspire de choses établies ailleurs, notamment tout un côté rétro-futuriste. C’est que je trouve dingue avec Arco, c’est sa capacité à donner corps à des éléments avec finalement peu de choses : on pige très vite les règles et technologies de chaque environnement dévoilé, et c’est pareil pour les personnages qui arrivent à exister avec seulement quelques minutes de présence, les meilleurs exemples étant à mon sens le robot (sa dernière scène est très touchante) ou encore ce second rôle amoureux de l’héroïne, qui est en retrait la majorité du film, et qui d’une scène à l’autre a un impact émotionnel sur une scène pivot.

Et puis il y a ce trio de (faux) bad-guys qui est complètement casse gueule sur le papier (d’ailleurs à leur première apparition je me suis dit qu’ils allaient me flinguer le film) mais qui marche en réalité super bien, ça apporte juste ce qu’il faut d’humour et de décalage pour permettre à l’ensemble de ne pas trop se prendre au sérieux, sans pour autant tomber dans de la comédie pure, bien au contraire. Bref, c’est très bien écrit, autant du côté des personnages que dans la représentation de son univers, et en ce sens c’est nettement plus réussi que Mars Express, autre tentative SF récente d’animation française, mais qui manquait d’épaisseur et de scènes marquantes. Sinon, c’est particulièrement réussi sur la forme, avec notamment un style visuel que je décrirais à mi-chemin entre la richesse d’un Ghibli (jusque dans l’animation de certains personnages) et quelque chose de plus simple à la Mars Express, ça peut donner l’impression d’un grand écart dit comme ça, mais ça fonctionne super bien à l’écran. Et en plus, côté mise en scène, c’est très étonnant, ça donne jamais l’impression de regarder un premier long, et ça laisse rêveur concernant l’avenir du réal. Clairement un film à ne pas louper si vous êtes amateurs d’animation 2D et de SF.


8/10
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Enfer est à lui (L') - 8,5/10

Messagepar Alegas » Mer 25 Juin 2025, 18:16

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White heat (L'enfer est à lui) de Raoul Walsh
(1949)


Grosse surprise pour le coup car le film a beau avoir une réputation de dingue (genre un des meilleurs films de gangsters ever) je ne m’attendais pas à autant apprécier, d’autant que je connais assez mal le travail de Raoul Walsh, et que James Cagney n’était pas spécialement un acteur qui m’avait convaincu jusqu’ici. Est-ce que le film est à la hauteur de sa réputation ? J’aurais envie de dire que oui, et pas qu’un peu car c’est vraiment un film très étonnant, qui arrive à retrouver une certaine violence et immoralité qui le lie forcément aux productions pré-Code, mais avec une rigueur technique supplémentaire, et un certain sens de la narration.

Le métrage a une structure assez particulière et originale : une grosse introduction de trente minutes qui est un film de gangsters classique, un second tiers qui est un film carcéral, puis une dernière partie qui est un film de braquage, autant dire qu’il y a de la diversité dans cette histoire. Cagney y joue un personnage finalement assez proche de celui qu’il incarnait dans The public enemy, à savoir criminel imbu de sa personne, violent avec la moindre personne, qui entretient un rapport très fort avec sa mère (ici c’est même carrément tendancieux, c’est la seule femme qui est capable de le contrôler), mais avec un petit truc en plus qui le rend finalement très humain, à savoir des crises incontrôlables qu’il tente vainement de cacher pour éviter qu’on ne le prenne pour un faible. Un personnage hautement antipathique donc, mais qu’on suit, de la même manière qu’un Tony Montana, avec beaucoup de plaisir car on sait que sa quête d’être le plus fort et au-dessus des lois est complètement vaine, et on se doute que sa chute ne se fera pas en silence. C’est d’autant plus vrai que le film multiplie les menaces potentielles, entre une compagne vénale, un ancien partenaire qui veut être calife à la place du calife, ou un agent fédéral infiltré qui arrive à devenir son meilleur pote, bref ça crée une tension permanente, puisque littéralement tout peut arriver. Le film, grâce à sa structure, s’avère particulièrement bien rythmé, ça aligne les séquences marquantes, et ça ne perd jamais de vue les personnages qui sont tous intéressants de bout en bout.

Formellement, c’est particulièrement solide. De Walsh je ne connaissais jusqu’ici que The thief of Bagdad, et là clairement ça donne envie d’en voir plus : toute la partie en prison, le début avec le train, le final apocalyptique, c’est vraiment du super boulot. Le film a un côté en plus très documenté, tout fait très authentique entre les séquences carcérales ou les filatures par les fédéraux, c’est vraiment un film qui vieillit bien de ce point de vue là car ça arrive à être meilleur que d’autres films du genre plus contemporains. Et puis gros boulot côté acting, avec notamment Cagney qui bouffe l’écran. Autant dans The public enemy il m’avait laissé un peu froid, autant là on croit à fond à ce personnage instable (l’âge qu’il a pris entre temps doit aider), genre la séquence en prison où il apprend la mort de sa mère le mec devient littéralement fou à l’écran. Un super film novateur et qui passe à merveille l’épreuve du temps, et qui se range directement parmi mes films préférés de la fin des années 40.


8,5/10
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Breaking up - 3,5/10

Messagepar Alegas » Mer 25 Juin 2025, 22:35

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Breaking up de Robert Greenwald
(1997)


Un petit film qui a connu un sacré échec à sa sortie (12 000 dollars de recettes, je doute que le budget ait été aussi bas :mrgreen: ) et qui est depuis tombé dans l’oubli, d’ailleurs c’est simple : avant de tomber sur un extrait sur le net, je n’avais jamais entendu parler de cette bobine, alors qu’on a quand même Russell Crowe et Salma Hayek en lead. Malheureusement, à la découverte, un constat s’impose : l’échec est quand même assez mérité. Il y a bien quelques bonnes choses, enfin surtout des bonnes intentions, mais la façon dont c’est traité fait que c’est bien chiant à suivre et qu’on se fout pas mal des personnages, alors qu’on est censé être énormément attachés à eux. On a donc l’adaptation d’une pièce de théâtre qui raconte les déboires d’un couple qui n’arrive pas à se séparer, en gros dès qu’ils essayent ils sont tellement plombés par la solitude et sont tellement en manque de cul qu’ils finissent toujours par se remettre ensemble avant de s’engueuler à nouveau. Ça donne un film qui est plus une succession de scénettes qu’autre chose, avec un peu toujours le même parcours à base de “je t’aime, moi non plus” qui rend le récit pas vraiment passionnant à suivre.

Pièce de théâtre oblige, c’est particulièrement bavard, on sent que ça veut se la jouer Woody Allen à base de longs dialogues entre les deux personnages qui se répondent du tac au tac, le souci c’est que c’est fait sans talent, et ça finit de rendre l’ensemble bien pénible à regarder. De plus, c’est formellement pas fou, alors ok c’est un petit budget et en cela je peux pardonner pas mal de choses, mais le film est un curieux mélange d’influences diverses, on sent une envie de faire un délire prétentieux façon Nouvelle vague, mais à certains moments il y a des montages qui sont plus de l’ordre de clip, bref on sent que ça part dans tous les sens et que ça n’a pas grande cohérence. Visuellement, je retiens surtout un plan particulier (le long travelling qui fait un aller et retour sur la façade d’un restaurant pour signifier la vie séparée des deux membres du couple) et une séquence rigolote (le montage super weird où Russell Crowe s’imagine être cocufié par un bodybuilder, avec des gros plans sur le slip très moulant du mec en question :eheh: ) mais c’est bien peu sur toute la durée du métrage. J’aimerais dire que les deux comédiens sauvent l’entreprise, mais ce n’est pas vraiment le cas. Ils ne sont pas mauvais non plus, c’est juste qu’il y a zéro alchimie entre eux et du coup qu’on ne croie jamais à ce couple. Par contre le film permet de voir Salma Hayek en body très moulant, on ne va pas s’en plaindre :love: . Un film oublié qui mérite de le rester, alors qu'il y avait un certain potentiel.


3,5/10
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Stolen ranch (The) - 6/10

Messagepar Alegas » Jeu 26 Juin 2025, 12:59

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The stolen ranch de William Wyler
(1926)


Un petit western muet qui a la particularité d’être un l’un des premiers films d’un futur grand réalisateur, et pas des moindres puisque l’on parle de William Wyler. A l’époque, le bonhomme est le plus jeune réalisateur à réaliser des westerns pour Universal, et même si c’est surtout le moyen pour Wyler de pouvoir travailler, on sent déjà à travers ce film un réalisateur qui essaie de trouver une approche originale pour raconter ses histoires. A première vue, on est sur un western tout ce qu’il y a de plus classique, avec un ranch à la position stratégique dont la succession est remise en question entre plusieurs personnes, notamment un homme mal intentionné qui est carrément prêt à falsifier un testament pour mettre la main sur la propriété.

Là où la bobine apporte un côté inédit, c’est davantage du côté des personnages, avec un duo de héros qui reviennent de la Première Guerre Mondiale, qui se sont forgés une solide amitié (on pourrait même dire que ça va plus loin vu la façon dont ils se touchent longuement les épaules en se lançant des regards langoureux :mrgreen: ), et pendant que l’un va infiltrer le ranch en se faisant passer pour un cowboy à la recherche d’un emploi, l’autre va rester confiné dans une cabane car souffrant d’un trouble de stress post-traumatique, ce qui va carrément amener un arc narratif lié à ça. Très franchement, le film n’est pas particulièrement exceptionnel, mais ça tient bien la route, ça raconte son histoire avec peu de bouts de gras (à la limite il y a les love story qui font un peu tâche, car n’apportant pas grand chose à la narration) et c’est cool de voir un western premier degré de cette époque, là où dans les années 20 je suis plutôt habitué à voir des comédies dans des contextes de Grand Ouest. C’est en plus un film très court (un peu moins d’une heure) donc ça arrive à conserver une certaine efficacité. Après, clairement, ça n’a pas grand chose à voir avec certains des films que Wyler livrera dans les décennies suivantes, mais c’est quand même intéressant à voir.


6/10
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Milan calibre 9 - 7/10

Messagepar Alegas » Jeu 26 Juin 2025, 15:40

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Milano Calibro 9 (Milan Calibre 9) de Fernando Di Leo
(1972)


J’ai bien fait de le mater tant qu’il était encore dispo sur Arte, car pour le coup c’est une chouette surprise, d’autant que je n’en attendais pas grand chose malgré les bons avis lus en ces lieux. Dès l’introduction, j’ai pigé que j’étais devant un film assez étonnant, avec cette séquence muette (mais avec une super BO) qui ne sert pourtant pas à rien narrativement, mais pose les bases du milieu dans lequel on va évoluer pendant la prochaine heure et demie : en gros le moindre pas de travers, la moindre trahison, va se terminer dans la violence, et pas qu’un peu (en moins de dix minutes de film, on a une meuf qui se fait tabasser, un mec au visage lacéré à coups de rasoirs, puis ces mêmes personnages attachés et dynamités dans une grotte alors qu'elles sont encore conscientes, c’est dire si le métrage fait dans la dentelle :mrgreen: ).

Vient ensuite la trame principale, avec un truand qui sort de trois ans de prison et tout le monde, que ce soit les flics ou les gens de la pègre, sont persuadés qu’il a caché quelque part le pognon de son dernier braquage et vont l’emmerder dans l’objectif de mettre la main dessus. Ce personnage, pourtant pas très causant, c’est l’un des points forts du film : on sait que c’est quelqu’un qui fonctionne à l’honneur et à l’amitié, il se laisse marcher dessus mais on sent qu’il a de la suite dans les idées, bref c’est un personnage qu’on a un peu du mal à cerner mais qu’on suit assez volontiers. D'ailleurs, tout le dernier acte du film le rend encore plus fascinant car ça pose énormément de questions sur ce qui se passe réellement dans sa tête : est-ce qu’il a fait le manipulateur en sous-marin pour arriver à ses fins ? Est-ce qu’il a juste profité d’un alignement des astres en sa faveur ? Franchement le doute est permis, et ça rend le métrage encore plus fascinant en y repensant, d’autant plus avec cette fin tragique qui donne un peu l’impression de voir Carlito’s way avant l’heure.

Globalement ça se suit très bien, si je devais chipoter je dirais que le film aurait pu gagner en efficacité en réduisant quelques séquences lorsque le héros travaille pour l’Américain, mais ce n’est pas non plus particulièrement gênant. Tout le propos autour de la transition d’une époque à une autre est pas mal, avec la fin de la Mafia (on tue un padrino en pleine rue) et l’arrivée des petites frappes qui essaient de se la jouer solo et n’hésite pas à tirer dans le dos, et en cela le changement de perception qu’on a du personnage de Rocco joue beaucoup, on le déteste au début, puis on le prend pour un opportuniste, et en fait on se rend compte qu’il avait un réel respect pour le mec qu’il prétendait détester. D’ailleurs, le cœur du film tient à mon sens dans un trio de personnages : Ugo, Rocco et Chino, qui sont en plus bien interprétés, et de façon très différente. Le premier par Gastone Moschin qui est une sorte de croisement 70’s de Statham et Herc dans The Wire, le second est clairement plus cartoon avec Mario Adorf qui prend toute la place à chaque scène où il apparaît, et enfin Philippe Leroy qui arrive à poser son personnage quasiment uniquement avec sa présence.

Formellement, c’est plutôt bien foutu avec une caméra souvent dans l’urgence, et très énervée dans l’action, qui arrive notamment à renforcer le ressenti de la violence alors que finalement on ne voit pas grand chose (genre la toute fin avec le mec dont on fracasse le crâne contre un coin de meuble, zéro goutte de sang mais c'est percutant quand même). Globalement Fernando Di Leo arrive à créer une vraie ambiance avec une ville de Milan anxiogène. C’est pas spécialement flagrant pendant la majorité du film, mais dès que le héros arrive à la campagne vers la fin, c’est comme si on arrivait enfin à respirer un court instant, avant de retourner dans un lieu où l’échappatoire est impossible. Très content de la découverte donc, je m’attendais à un polar assez classique, et j’ai eu finalement une plongée sans concessions dans les milieux criminels italiens, portée par des personnages très intéressants.


7/10
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