28 years later (28 ans plus tard) de Danny Boyle
(2025)
Dans le genre suite ultra attendue de mon côté ça se posait là, non pas qu’elle était forcément nécessaire, les deux films précédents arrivant très bien à se suffire à eux-mêmes, mais le fait est que c’est une saga qui mérite d’avoir d’autres opus, ne serait-ce que pour sa force de proposition qui fait que chaque film est singulièrement différent du précédent, que ce soit dans le propos ou l’approche formelle. Du coup, j’attendais le film sans réellement savoir ce que le duo Boyle/Garland allait proposer, et à l’arrivée c’est particulièrement déroutant, mais je ne peux m’empêcher de penser que si le film ne l’avait pas été, ça aurait été terriblement décevant.
Comme son titre l’indique, on a donc une action qui se déroule plus d’un quart de siècle après les évènements du premier film, on zappe complètement la toute fin de 28 weeks later (l’invasion de Paris) que Boyle a toujours avoué ne pas apprécier, et on a donc un contexte qui a complètement changé : un pays sous quarantaine avec des forces étrangères qui surveillent les côtes, des survivants qui ont appris à vivre et à recréer un semblant de civilisation, et des infectés qui ont mutés, rendant leur éradication nettement plus difficile. Ce qui me plaît dans le script de Garland, outre ce contexte qui rebat les cartes, c’est clairement le fait de mettre les infectés au second plan : ici ce qui intéresse, c’est plus la quête initiatique d’un jeune ado qui sort pour la première fois de son village, qui va essayer de trouver un remède pour sa mère souffrante d’un mal inconnu, et qui va devoir apprendre à gagner son indépendance face à un père surprotecteur et menteur.
Cela donne un film qui risque d’en décontenancer plus d’un, car autant la première demi-heure est finalement très fidèle à l’idée basique qu’on pourrait se faire d’une suite aux deux précédents films, autant le reste fait clairement son propre chemin, et nul doute que c’est fait dans l’idée que les deux films suivants (celui-ci étant le premier opus d’une trilogie à priori sans sauts dans le temps) compléteront le propos et les arcs narratifs. D’ailleurs il y a un personnage qui est clairement là en guise de bonus pour introduire le second film de façon particulièrement intrigante, et qui ne sert à rien d’autre. Le film est très curieux dans sa position, à la fois épisode qui arrive à exister en grande partie pour lui-même, et d’un autre côté la promesse de quelque chose de plus grand (nul doute que les personnages de Ralph Fiennes et Aaron Taylor-Johnson auront de nouveau du temps à l’écran) et qui répondront à quelques questions (le mec attaché la tête en bas). Cela crée un résultat forcément un peu inégal, avec des choix assez curieux comme le fait d’introduire un personnage pendant un bon moment pour le sacrifier quelques minutes plus tard, mais à côté de ça, le métrage développe pas mal de pistes très intéressantes, avec les différents types d’infectés, le fait qu’ils soient capables de se reproduire, ou encore le personnage de Fiennes qui mériterait un film à lui tout seul.
Mais au fond, ce qui me plaît le plus dans cette suite, c’est le fait que malgré les défauts, il y avait toujours cette sensation de ne pas savoir ce qui allait arriver dans la prochaine scène, tant Boyle refuse l’escalade spectaculaire que porte la notion de suite, et se permet des choix assez couillus pour un film de cet ampleur. Sérieusement, est-ce qu’on a déjà vu dans un film de zombie une séquence de course-poursuite, sous ciel étoilé, au son de Wagner ? Quant au chemin du personnage principal, j’avoue avoir été plutôt touché par ce qu’en font Boyle et Garland, et toute la séquence de deuil qui arrive sur le dernier acte est probablement l’une des plus jolies scènes que j’ai vu au cinéma cette année, là encore, je ne m’attendais absolument pas à ça de la part d’un film de zombies.
Enfin, c’est formellement très intéressant avec ce choix de tourner à l’Iphone, qui fait sens à l’écran étant donné qu’on retrouve le côté expérimental du premier film sans tomber dans le redite. On a plus de définition d’image sans atteindre non plus le niveau des productions actuelles, ce qui donne un côté gritty, tout en ayant un film plus coloré et avec des choix de cadre pour le moins audacieux (on sent que Boyle a la possibilité de mettre ses caméras dans les endroits les plus improbables, ça donne quelque chose d’assez fun à regarder). On sent par contre que la définition crée de la difficulté pour l'intégration des CGI, ces derniers n'étant pas foufous sans être non plus particulièrement gênants. Sinon, il y a bien quelques effets de mise en scène qui me paraissent un peu trop surutilisés, à l’image de ces mini-bullet time de moins d’une seconde qui se produisent quasiment à chaque fois qu’un infecté se fait toucher par une flèche, mais rien de bien méchant et puis bon, un film de Boyle sans un côté m’as-tu-vu, ça ne serait pas vraiment un film de Boyle, ça fait partie de l’identité du mec. Un film déroutant donc, mais qui m’a positivement surpris par son refus catégorique de faire la suite que tout le monde aurait pu imaginer, et maintenant j’espère que les deux opus suivants sauront être dans la même veine, d’autant qu’avec Nia DaCosta à la réalisation du film du milieu, ça ne donne pas spécialement envie au premier abord.
7/10