[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

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Chasseurs de scalps (Les) - 6/10

Messagepar Alegas » Sam 05 Juil 2025, 13:29

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The scalphunters (Les chasseurs de scalps) de Sydney Pollack
(1968)


Le film partait assez mal car je m’attendais à du pur western premier degré et en réalité on est sur quelque chose plus de l’ordre de la comédie dès que le personnage d’Ossie Davis rentre en scène, c’est à dire dès les dix premières minutes. Pour autant, et quand bien même j’ai souvent du mal avec le mélange western/humour à quelques exceptions près, j’avoue avoir trouvé cette bobine pas complètement déplaisante, notamment grâce à quelques qualités indéniables. On suit Burt Lancaster qui joue un trappeur qui se voit faire un échange de force par une bande d’amérindiens peu scrupuleux : ces derniers lui piquent la totalité de ses peaux durement acquises, et lui filent à la place un afro-américain qui s’avère être un esclave en fuite, éduqué mais pas spécialement débrouillard. Le duo va alors partir à la recherche des peaux pour les reprendre, mais de fil en aiguille Ossie Davis va se retrouver dans un convoi de brigands en route pour le Mexique (ça tombe bien, il comptait justement fuir là-bas) pendant que Burt Lancaster suit ce même convoi, toujours pour récupérer ses peaux.

Un film de traque avec un peu de légèreté donc, et il faut avouer que ça marche plutôt bien, en particulier grâce à une écriture assez savoureuse et maligne, qui joue avec beaucoup d’aisance sur les renversements de situations, les rapports de force, les manipulations, c’est vraiment un film où deux personnages vont tout faire pour avoir ce qu’ils veulent, et parfois leurs objectifs se recoupent, parfois ils vont dans la direction opposée. C’est clairement tout cet aspect qui rend le métrage agréable à suivre, car toutes les dix minutes c’est une nouvelle situation qui arrive et Ossie Davis qui doit faire avec avec tout en cachant ses véritables intentions, et Lancaster qui doit trouver de nouveaux moyens pour mettre à mal le voyage du convoi. Le point fort du film étant que le contexte reste toujours un western assez grave, avec quelques moments de violence, et la comédie, bien que présente, reste toujours à un niveau raisonnable, c’est pas la grosse poilade ni même une parodie du genre.

Dommage donc que, derrière cet aspect plutôt jouissif, le film s’avère assez conventionnel. Ok il y a un message sur le racisme, sur la place de l’afro-américain, mais c’est relativement sage de ce côté là, et pas bien subtil non plus, pour le coup je préfère largement quand le film part plutôt dans une approche de pur divertissement assumé. Côté casting, ce n'est pas forcément le genre de films qui permet des prestations particulièrement mémorables, mais faut avouer que le duo Lancaster/Davis marche bien, et on a en plus la trogne de Telly Savalas en guise de bad guy, ce qui est plutôt cool. Enfin, formellement c’est du Pollack donc assez impersonnel, mais ça fonctionne. Pas un western mémorable donc, mais tout de même un divertissement avec assez de qualités pour faire une séance honorable.


6/10
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Julia (1977) - 5/10

Messagepar Alegas » Dim 06 Juil 2025, 17:39

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Julia de Fred Zinnemann
(1977)


Un film de Zinnemann qui m’a l’air assez confidentiel étant donné que je n’en avais jamais entendu parler avant de le voir programmé dans une salle, un peu comme Five days one summer qu’il fera ensuite, bref sa fin de carrière n’a clairement pas la même popularité que ses films les plus connus, alors que pour celui-ci on parle quand même d’un film qui avait eu onze nominations aux Oscars à l’époque, et qui en avait gagné trois. A vrai dire, quand on le découvre, on comprend aisément comment ça a pu tomber dans l’oubli, et autant son film avec Sean Connery avait des choses qui faisaient que le positif l’emportait sur le reste, autant là c’est quand même assez moyen.

En ce qui me concerne, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le récit (à priori tirée d’une histoire vraie qui s’est avérée en réalité fortement romancée), et la première heure a été bien pénible car j’étais incapable de comprendre ce que le film cherchait à me raconter. Il est question d’une forte amitié entre deux jeunes femmes (amitié un poil tendancieuse d’ailleurs, ça aurait mérité d’être approfondie) qui vont être séparées géographiquement pendant des années, le souci c’est que le métrage met littéralement une heure à exposer cette amitié ainsi que la situation professionnelle du personnage de Jane Fonda, et ce n’est pas vraiment passionnant tant il y a zéro enjeux sur la moitié du métrage. Le récit prend un tout autre tournant sur la seconde heure, avec la fameuse amie qu’il faut rejoindre à Berlin depuis Paris dans un contexte compliqué (la fin des années 30), et à partir de là on est presque dans du film d’espionnage avec un voyage en train où il faut trouver les bonnes personnes à qui parler, dissimuler certains bagages lors du passage aux douanes, le tout un peu à l’arrache et sachant que l’héroïne ne fait ça que pour revoir sa confidente et ignore complètement ce qu’elle transporte avec elle.

Cette deuxième heure relève le niveau, ça captive nettement plus que ce qui a précédé, mais malheureusement ça souffre aussi des défauts de la mauvaise exposition, ainsi toute la scène de retrouvaille qui devrait être un grand moment d’émotions contenues tombe finalement un peu à plat car le film échoue à transmettre la force de cette amitié au spectateur. Du coup, on retient surtout du film, outre le côté film d’espionnage sympathique, les prestations qui sont de bonnes factures, notamment Vanessa Redgrave et Jason Robards, Jane Fonda n’est pas mal non plus mais on sent qu’elle souffre de la comparaison dès qu’elle a les deux autres en face d’elle. Sinon, pour l’anecdote, on a dans ce film le premier rôle de Lambert Wilson, et l’un des premiers de Meryl Streep, les deux ont littéralement quelques secondes d’apparition à l’écran. Formellement, c’est très convenu/classique, rien ne dépasse ou ne choque, mais surtout il n’y a rien de vraiment mémorable non plus à quelques plans près, visuellement on retiendra surtout la photo travaillée de Douglas Slocombe. Pas un mauvais film, mais pas un bon non plus, parmi ce que j’ai vu du réal c’est clairement celui que je trouve le moins convaincant jusqu’ici.


5/10
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Merveilleuse histoire de Henry Sugar et trois autres contes (La) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 07 Juil 2025, 12:58

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The wonderful story of Henry Sugar and three more (La merveille histoire de Henry Sugar et trois autres contes) de Wes Anderson
(2024)


Si ce montage des courts-métrages de Wes Anderson sortis l’année devant peut donner l’impression d’un projet opportuniste de la part de Netflix suite à l’Oscar reçu par l’un des films, il semblerait en réalité que ce soit aussi un choix de la part du réalisateur, qui apprécie les films à sketches, et qui voyait en ce projet l'opportunité d’en livrer un. A vrai dire, regarder cette version n’apporte pas grand chose, et à un carton et un générique près, c’est comme regarder les quatre courts à la suite, ce qui fait thématiquement sens, mais j’aurais pensé que regarder ce montage apporterait une petite plus-value, genre des raccords entre les histoires via le perso de Ralph Fiennes (qui incarne Roald Dahl).


The wonderful story of Henry Sugar


Le plus long du lot (une quarantaine de minutes) mais aussi le meilleur, en particulier parce que cette histoire sied particulièrement bien à l’univers de Wes Anderson, et parce que ce dernier se sort clairement les doigts pour le mettre en scène, notamment quand il s’agit de passer d’un décor à l’autre. Formellement, c’est assez dingue, avec par exemple un acteur qui continue à jouer comme si de rien n’était pendant que tout le décor autour de lui change en temps réel, nul doute que ça a dû demander beaucoup de préparation et visuellement ça marche du feu de dieu. Narrativement c’est en plus assez dense, en tout cas plus que ne le laisse présager le début, et au bout d’un moment c’est une succession d’histoire dans une histoire dans une histoire dans une histoire, et pourtant jamais on ne perd le fil, sans doute parce que Anderson met un point d'honneur à respecter le texte d’origine. Un texte auquel la touche Anderson apporte son lot d’humour, pas spécialement par des gags à proprement parler, mais plus des focus sur des détails ou de la façon dont sont faits certains effets pratiques (la lévitation c’est juste un mec assis sur un tabouret peint pour se camoufler en trompe l’oeil avec le décor), bref ça marche à fond de ce côté là. Le casting est, de plus, nickel (la grande qualité de la totalité des courts), chaque acteur est parfaitement à sa place. A la limite, si je devais trouver un défaut pour freiner mon enthousiasme, ça serait du côté de la fin du récit que je trouve un peu faiblarde, mais c’est quelque chose d’inhérent à la nouvelle d’origine. En tout cas, avec Castello Cavalcanti qu’il avait réalisé une décennie plus tôt, c’est probablement le court-métrage que je préfère de la carrière du réalisateur.


The swan


On est déjà un bon cran en-dessous avec celui-ci, car autant formellement ça se tient très bien avec plein d’idées visuelles qui marchent très bien (encore une fois notamment quand il s’agit de faire changer les acteurs de décors sans cut) autant j’ai trouvé que la narration à base de Rupert Friend face caméra qui balance le texte fait que ça manque de charme et d’inventivité. C’est dommage car à côté de ça le texte est vraiment beau, avec une fin typique de Roald Dahl dans son côté douce tragédie, mais pour le reste on a un peu trop l’impression de voir Wes Anderson en mode automatique.


The rat catcher


Probablement celui que j’aime le moins du lot car au final je ne pige pas trop ce que ça cherche à raconter. Concrètement c’est juste deux personnages qui écoutent un chasseur de rats un peu fou, qui explique ses méthodes peu conventionnelles pour attraper les rongeurs. Là encore, on sent que Wes Anderson se marie parfaitement au texte de Dahl avec des situations drôles sur le papier mais qui créent une sensation plus ambiguë à l’écran, mais au final de ce court on retient surtout la performance de Ralph Fiennes (son rôle le plus étonnant depuis longtemps) et un rat animé en stop motion, le reste est malheureusement assez oubliable.


Poison


La sélection se termine sur une bonne surprise, je ne connaissais pas du tout cette histoire et du coup c’est très étonnant de voir Wes Anderson se plonger dans ce qui est en quelque sorte un exercice de style, puisqu’on est dans un quasi huis-clos avec un personnage qui doit rester immobile dans son lit, ayant un serpent venimeux sous sa couverture, pendant que deux autres protagonistes doivent trouver un moyen de le sauver (à priori le récit d’origine avait déjà donné lieu à un épisode de la série Alfred Hitchcock présente). C’est vraiment bien foutu, assez tendu sans être non plus un morceau de suspense (il y a toujours la légèreté d’Anderson qui répond présent) et ça tient parfaitement la durée d’une quinzaine de minutes. Bref bonne surprise pour celui-ci.


6,5/10
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Aiguilleurs (Les) - 3,5/10

Messagepar Alegas » Mar 08 Juil 2025, 00:53

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Pushing tin (Les aiguilleurs) de Mike Newell
(1999)


Film pas terrible que voilà, pourtant le casting est alléchant avec notamment l’un des premiers rôles de Cate Blanchett suite à sa révélation dans Elizabeth, mais c’est bien la seule chose que je retiendrais du film. Le pitch a le mérite d’être original avec un milieu pas souvent dépeint au cinéma, à savoir celui des aiguilleurs aériens, des mecs qui ont le nez devant un écran en permanence, qui tiennent dans leurs mains des centaines de vies, et donc qui ne peuvent se permettre la moindre erreur, bref il y avait un truc à creuser, malheureusement une fois la surprise des premières minutes on se rend compte que ce n’est pas vraiment exploité, et je trouve même certains aspects assez ratés genre le traitement du burn out qui me paraît ici particulièrement simpliste. Le cœur du film va se jouer dans une relation conflictuelle entre deux aiguilleurs, l’un qui a l’habitude d’être le meilleur de sa branche, et le nouveau ultra cool et mystérieux qui vient donner un coup de pied dans la fourmilière en s'avérant encore plus efficace, bref niveau structure c’est du vu et revu, aucune surprise de ce côté là.

Ça se voudrait être à mi-chemin entre le drame et la comédie, mais très honnêtement le mélange ne marche pas, c’est rarement drôle, quand ça l’est c’est plus grâce aux acteurs qu’autre chose. L’écriture tombe souvent à plat (la résolution ne marche absolument pas pour moi), les personnages, particulièrement les femmes, ont bien du mal à exister, et l’arc narratif de Cusack n’a finalement pas grand chose à dire si ce n’est que la compétition c’est pas bien, je vois que les scénaristes du film n’ont rien fait ensuite et ce n’est pas plus mal. Puis en plus c’est emballé par un yes man sans talent (une belle imposture ce Newell), autant dire que formellement c’est très oubliable. Comme dit plus haut, c’est surtout le casting qui fait le taf, mais il faut accepter qu’ils soient tous dans leur zone de confort et en mode automatique : Cusack en mec à deux doigts de péter un plomb, Billy Bob Thornton qui se la pète, Angelina Jolie qui se contente d’afficher son physique avantageux et Cate Blanchett en femme au foyer mise de côté, il y avait moyen de tirer mieux de cette chouette distribution. Une comédie souvent vaine donc, qui arrive à tirer au mieux quelques sourires.


3,5/10
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Chère Louise - 5/10

Messagepar Alegas » Mar 08 Juil 2025, 12:05

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Chère Louise de Philippe de Broca
(1972)


On m’avait vendu le film comme l’un des plus sous-estimés de De Broca, du fait qu’il soit assez méconnu, mais de mon côté j’avoue ne pas avoir été spécialement convaincu par la bobine sur la durée. On est ici sur un pur portrait de femme avec une Jeanne Moreau qui incarne un personnage assez atypique : célibataire endurcie à l’aube de la quarantaine, qui n’hésite pas à brûler les effets personnels de sa mère lorsque cette dernière décède, et enfin qui décide sur un coup de tête d’héberger un jeune italien dans le besoin, et d’avoir une relation amoureuse avec lui. Tout le film va se concentrer sur cette relation pour le moins ambiguë, le personnage de Moreau étant tour à tour amante, mère de substitution, confidente, et colocataire, le tout face à un jeune homme qui ne manque pas de cœur, mais qui fuit constamment les responsabilités et qui va s'avérer être un sacré fardeau.

La première demi-heure est pas trop mal avec la rencontre des deux qui vont peu à peu s’apprivoiser, mais assez vite le récit tourne en rond avec un schéma rébarbatif (Moreau cherche à mettre en selle son compagnon, ce dernier foire l’affaire, il est pardonné) et j’avoue que la direction du script m’a clairement laissé sur le côté, genre tout le délire à base de copine de chant qui doit se taper l’italien j’ai pas vraiment compris l’intérêt, et toute la fin avec la tentative de suicide n’a eu pour moi aucune portée émotionnelle, je ne croyais pas assez à la puissance des sentiments entre les deux personnages pour que ça me fasse de l'effet. De Broca emballe ça de façon très conventionnelle, il n’y a absolument rien de notable sur le plan formel, mais j’ai envie de dire que ce n’est pas spécialement gênant vu que le sujet invite à quelque chose de sobre. Du coup, du film, je retiens surtout la prestation de Jeanne Moreau qui éclipse tout le monde, un très beau thème musical de Delerue, et le contexte géographique du film, qui permet de découvrir le Annecy des années 70 (spoiler : c’est clairement plus moche que la ville que l’on connaît aujourd’hui :mrgreen: ). Une tentative dramatique pas très concluante à mon sens de la part d’un réalisateur nettement plus à l’aise dans un registre comique.


5/10
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Charognards (Les) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mar 08 Juil 2025, 21:19

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The hunting party (Les charognards) de Don Medford
(1971)


Dans le genre super découverte ça se pose là : à la base je matais juste parce qu’il y a Gene Hackman au casting, et je ne pensais vraiment pas voir quelque chose d’aussi marquant. Ce qui m’étonne d’abord, c’est le caractère plutôt méconnu du film, sûrement dû au fait qu’il n’est pas réalisé par un metteur en scène établi (en ce qui me concerne, Don Medford, c’est inconnu au bataillon), alors qu’en réalité ça mériterait bien d’être cité parmi les réussites du western dans les 70’s. On est à l’époque où le genre est en pleine mutation, notamment grâce à The Wild Bunch, et même si on peut considérer en partie The Hunting Party comme une sorte d’émule du film de Peckinpah dans le ton, la bobine arrive tout de même à avoir sa propre personnalité et ne ressemble pas du tout à une copie faiblarde. Rien que le traitement du script est plutôt original, avec une situation déjà vue mille fois dans un western (une femme se fait enlever par un groupe de bandit, son mari et quelques autres hommes vont partir à sa recherche), mais c’est le ton qui va faire toute la différence : ici tout le monde est un salopard en puissance, personne ne peut être réellement considéré comme totalement bon ou mauvais, et surtout tout y est âpre, c’est vraiment pas un western léger où on peut espérer rigoler.

On a donc un groupe de bandits qui s’avère être pour beaucoup de potentiels violeurs, et sont menés par un chef qui a kidnappé une institutrice dans le seul but de pouvoir apprendre à lire (ça peut paraître idiot sur le papier, mais en remettant dans le contexte d’un personnage qui espère un jour sortir de sa condition, ça fait complètement sens), sauf que manque de bol la prof en question est la femme d’un homme de loi local, et ce dernier est loin d’être un enfant de cœur, comme le prouve une scène qui arrive dans les vingt premières minutes et où on le voit brûler une prostituée avec son cigare juste parce qu’il en a envie. Cela va donner une traque où on sait très bien que ça ne va pas bien se terminer, et c’est d’autant plus vrai que le perso de Gene Hackman possède un fusil à très longue portée qui lui permet de jouer les snipers face à des brigands qui sont complètement désorientés face à ces attaques venues de nulle part. Résultat : les scènes d’action sont très loin d’être des duels honorables, c’est plus de l’ordre du massacre sadique, et ça fait clairement son petit effet car autant au début du film on est plus du côté du groupe d’Hackman, mais petit à petit on change de bord pour prendre en pitié ces hors-la-loi qui sont shootés comme des lapins (la séquence du plan d’eau :shock: ), d’autant plus que le mari est bien pervers pour le coup, faisant exprès de ne pas tuer le chef pour bien le faire souffrir jusqu’au bout.

Si on ajoute à cela une histoire d’amour peu orthodoxe, la prof tombant amoureuse de son kidnappeur, et que ce dernier passe de violeur à figure tragique, autant dire qu’on a vraiment pas un western comme on en voit souvent, et le côté sans espoir (cette fin ! :o ), complètement dark, et ultra violent, m’a souvent fait penser à ce que pourrait ressembler une adaptation d’un des romans westerns de S. Craig Zahler. C’est en plus formellement bien mené, et autant ça n’a pas la marque d’un grand réalisateur, autant tout y est très bien foutu, et avec une note d’intention marquée, particulièrement dans le montage où on est souvent dans l’hommage à Peckinpah, que ce soit dans la violence soulignée au ralenti, ou dans les effets de montage avec, par exemple, l’alternance entre un viol et l’égorgement d’un veau plein cadre. Et puis c’est super bien interprété, Gene Hackman en sadique cocufié est top, Candice Bergen assure dans un rôle pourtant pas facile, mais le top c’est quand même Oliver Reed qui est tout simplement mortel avec son personnage qui est probablement le plus intéressant du film. Franchement, je suis pas loin de penser que c’est un grand film qui mériterait de sortir de l’oubli (ça me paraît dingue que ce ne soit pas déjà le cas), et je pense déjà qu’une revision pourrait éventuellement faire grimper la note, c’est limite si j’ai pas déjà envie de le revoir.


7,5/10
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Sanglantes confessions - 3,5/10

Messagepar Alegas » Mer 09 Juil 2025, 07:37

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True confessions (Sanglantes confessions) de Ulu Grosbard
(1981)


De 1973 à 1987, la filmographie de Robert De Niro n’est pas loin d’être parfaite, d’une constance assez extraordinaire dans le choix des projets et réalisateurs, bref c’est pas loin d’être une masterclass de filmographie, comme peu d’acteurs peuvent s’en vanter, surtout sur une aussi longue période. Mais il y a tout de même deux films qui font tâche dans ce tableau de chasse, et les deux sont réalisés par le même homme, Ulu Grosbard. Falling in love était déjà un film pantouflard à souhait, réalisé comme un téléfilm, et qui ne semblait exister que pour permettre des performances d’acteurs, et c’est un peu le cas ici aussi même si je trouve pour le coup que dans le cas de True confessions on a aussi un gros potentiel inexploité. Le script, sur le papier, est plutôt prometteur, avec une enquête inspirée du Dahlia Noir dans le L.A. des années 40, et qui va mener dans les hautes sphères politiques et religieuses de la ville, chose qui va être relativement compliquée par le fait que le flic a son propre frère officiant dans l'Église et est promis à un grand avenir dans le milieu, bref ça sent plutôt bon.

C’est peu dire que le film peine à rendre passionnante cette enquête, et de mon côté c’est bien simple : dès le premier quart d’heure je trouvais le temps long, et le sentiment n’a pas changé d’un iota de tout le film, en clair je me suis bien fait chier. C’est chaud quand même d’avoir Robert Duvall et Robert De Niro à l’écran, dans une enquête sordide, dans un contexte passionnant, et d’arriver à un résultat aussi mou, terne et peu inspiré. Le rythme est mal foutu, il y a des choix narratifs qui ne servent strictement à rien (la scène d’ouverture dans la petite église qui a dû marquer un certain Tarantino), et on se fout complètement de ce qui se passe à l’écran ainsi que de l'enquête, c’est raté de chez raté, et je ne parle même pas de la mise en scène inexistante , à ce stade ce n’est même plus du fonctionnel, c’est de l’illustration paresseuse. Si Robert Duvall s’en sort plutôt bien avec son rôle de flic tenace, on ne peut pas en dire autant d’un De Niro qui peine à ressortir avec son personnage trop effacé. Difficile de dire si cela vient de l’acteur ou de l’écriture, mais le fait est que c’est, du coup, la prestation la plus décevante de l’acteur en une quinzaine d’années de carrière. En bref : un film particulièrement oubliable malgré sa tête d’affiche très attirante, et qui continue de créer l’interrogation : qu’est-ce qu’un acteur comme De Niro, enchaînant les Leone et Scorsese, pouvait trouver à un réal comme Grosbard ?


3,5/10
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Messagepar Mark Chopper » Mer 09 Juil 2025, 07:59

qu’est-ce qu’un acteur comme De Niro, enchaînant les Leone et Scorsese, pouvait trouver à un réal comme Grosbard ?


C'est un appel à blague salace ? :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar lvri » Mer 09 Juil 2025, 08:06

Réponse, et non en mode blague salace : le chèque...
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Mark Chopper » Mer 09 Juil 2025, 08:19

Ce n'est pas la bonne réponse avant Mafia Blues. Chèque ou pas, l'investissement de De Niro dans ses rôles de Mean Streets à Jackie Brown est énorme et incontestable.

Sinon Grosbard a tourné - paraît-il - un ou deux bons films avec Dustin Hoffman juste avant. Mauvais timing pour De Niro. Personne ne peut avoir de filmo parfaite sur une aussi longue période.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Scalp » Mer 09 Juil 2025, 08:23

Le Récidiviste c'est très bon effectivement, même si c'est surtout grâce au matériel de base.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar lvri » Mer 09 Juil 2025, 08:46

Mark Chopper a écrit:Ce n'est pas la bonne réponse avant Mafia Blues. Chèque ou pas, l'investissement de De Niro dans ses rôles de Mean Streets à Jackie Brown est énorme et incontestable.

Sinon Grosbard a tourné - paraît-il - un ou deux bons films avec Dustin Hoffman juste avant. Mauvais timing pour De Niro. Personne ne peut avoir de filmo parfaite sur une aussi longue période.


Peut-être qu'il a eu envie d'une pause et d'une nouvelle piscine aussi. Je ne remet pas en doute l'investissement de De Niro, mais bon, comme beaucoup d'actrices ou d'acteurs, il a aussi une petite passion pour son compte en banque.
Mais ça reste de la pure spéculation, lui seul connait la réponse (et elle est peut-être salace au final)
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Mark Chopper » Mer 09 Juil 2025, 09:05

Et je ne vois toujours pas en quoi le fait de travailler pour l'argent et le fait de bien travailler devraient s'opposer.

Je t'ai connu moins cynique.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar lvri » Mer 09 Juil 2025, 09:24

J'essaie juste de répondre au questionnement d'Alegas :mrgreen:

Mais oui, j'avoue, c'est un poil cynique de ma part (mais possible... :eheh: )
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Incorrigible (L') - 3/10

Messagepar Alegas » Mer 09 Juil 2025, 22:00

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L'incorrigible de Philippe de Broca
(1975)


La collaboration De Broca/Belmondo, c’est quelque chose que je trouve assez surfait. Autant je trouve que Le Magnifique est une comédie qui se tient très bien, et Cartouche un film d'aventure assez honnête, autant le reste n’est clairement pas du même niveau, avec des semblants de scripts qui sont là pour justifier le fait de voir Belmondo faire n’importe quoi. Ici, contrairement à L’homme de Rio ou Les tribulations d’un chinois en Chine, le principe n’est pas de regarder l’acteur faire des galipettes aux quatre coins du monde, ce qui serait un minimum divertissant, mais plutôt de le voir combler un probable complexe d’acteurs, puisque tout le film se base sur le fait qu’il est un menteur compulsif qui joue une multitude de différents personnages, déguisements à l’appui, pour s’amuser et s’enrichir.

Sans déconner, la majorité du film ce n’est que ça : Belmondo qui se travesti toutes les cinq minutes, avec un semblant d’histoire d’amour pour accompagner tout ça (qui ne marche pas du tout d’ailleurs), et sur la dernière demi-heure on a enfin vaguement un enjeu avec un braquage qui doit se bien se dérouler, même si c’est au nom d’une cause particulièrement farfelue. Dès les premières minutes, j’ai compris ma douleur future car c’est vraiment le film qui pourrait représenter la transition de Belmondo en Bébel, et préfigurer les dix bonnes prochaines années de sa carrière : il fait le clown sans arrêt, et toujours au détriment de son personnage qui ne véhicule rien en termes d’émotion, d’enjeux humains, bref c’est une coquille vide qui sautille et parle sans arrêt (des dialogues d’Audiard certes, mais que je trouve peu inspirés pour le coup).

Pendant plus d’une heure, le film est régulièrement insupportable, et surtout sans grand intérêt, heureusement que le braquage final relève un peu le niveau avec de la comédie de situations qui fonctionne enfin (même si ça se repose encore une fois beaucoup trop sur un Belmondo en roue libre) mais ça ne permet pas de sauver le film pour autant. En l’état, sur la douzaine de longs-métrages vus jusqu’ici, c’est clairement le film de De Broca que j’apprécie le moins, celui où on a l’impression qu’il s’efface complètement et se contente de signer une commande pour un Belmondo qui n’a plus de limites.


3/10
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