[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

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Priest - 2/10

Messagepar Alegas » Sam 19 Juil 2025, 11:33

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Priest de Scott Stewart
(2011)


Vu la réputation désastreuse, je savais que ça allait être nul, mais vu le pitch j’espérais qu’il y ait au moins une certaine ambition, qu’elle soit visuelle ou dans le concept, et que ça allait me sauver en partie le film. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Alors ok il y a bien cet univers WTF avec des prêtres ninjas qui défoncent du vampire dans un future post-apo à mi-chemin entre Blade Runner et Mad Max, mais autant on a envie d’y croire sur les vingt premières minutes, autant le reste fait qu’on déchante très rapidement. Je n’ai pas lu le manhwa d’origine donc pour la comparaison ça ne sera pas avec moi, mais concrètement l’univers développé dans le film donne l’impression d’être seulement effleuré. Un défaut sûrement dû à des limitations budgétaires (faut voir la gueule de certains décors et la façon dont ils sont utilisés), mais qui donne un gros sentiment de frustration car on aurait envie de voir l’ensemble mieux exploité.

C’est d’autant plus vrai que, côté montage, on a l’impression qu’un exécutif a demandé à ce que le film ne fasse surtout pas plus d’une heure et demie sur un cut d’au moins deux heures, et du coup la totalité du métrage donne l’impression d’aller trop vite pour son propre bien. Chaque scène, chaque plan, donne le sentiment d’avoir été écourté, tout s’enchaîne à une vitesse pas possible, et forcément c’est tout le métrage qui en souffre, entre les personnages qui ne sont pas creusés, l’action qui devient illisible et bâclée, et l’enquête trop facile et rapidement résolue. Comme dit plus haut, les vingt premières minutes sont à peu près encourageantes malgré des défauts évidents (le montage dans les tunnels ça fait cheap au possible, et le passage animé, très moyen, pour expliquer l’histoire est sûrement là parce qu’il n’y avait pas la thune pour le faire en live action), genre l’attaque de la maison du point de vue de la survivante c’est pas trop mal et il y a un côté western pas déplaisant, mais alors la suite c’est un enchaînement de catastrophes où rien ne va, pour aboutir sur un climax con comme la lune.

Visuellement, c’est assez moche même si on sent quand même de l’ambition, le truc c’est que le budget ne suit pas du tout, et comme dit plus haut le montage est tellement à chier que la moindre tentative de faire de l’action correcte se révèle vaine (le film a été converti en 3D à l’époque, ça devait être une horreur de voir le film ainsi). Enfin, le casting n’arrange pas les choses, tout le monde se prend définitivement trop au sérieux, entre un Karl Urban en roue libre, Maggie Q et Lily Collins qui ne savent pas jouer, le jeunot beau gosse qui est fade au possible et Paul Bettany qui semble croire qu’il a une franchise juteuse pour lui et qui la joue dark, c’est vraiment pas glorieux. Christopher Plummer semble se demander ce qu’il fout là (ça tombe bien, nous aussi :eheh: ), et le meilleur acteur du film se révèle être Brad Dourif, qui apparaît deux minutes dans un rôle qui ne sert strictement à rien. Au fond, la seule chose à sauver intégralement du film, c’est le score de Christopher Young qui se déchaîne comme rarement, si le film était à la hauteur de sa musique ça serait une toute autre histoire.


2/10
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Stop making sense - 7,5/10

Messagepar Alegas » Sam 19 Juil 2025, 23:39

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Stop making sense de Jonathan Demme
(1984)


Quand on parle des meilleures captations de concerts existantes, il y a de fortes chances que Stop making sense soit cité rapidement, et je ne compte plus le nombre de fois où j’ai lu que c’était probablement le meilleur boulot de mise en scène filmique autour de la représentation scénique d’un artiste musical. Et à vrai dire, à découvrir le film dans des conditions parfaites (en salle donc, autant dire que ça en jetait un max), je comprends aisément pourquoi le film a acquit une telle réputation au fil des années, car il a beau ne pas forcément montrer le concert le plus impressionnant jamais fait, ou celui faisant intervenir le plus de guests, il y a une sorte de magie qui se produit avec d’un côté le dynamisme du travail formel de Demme, et l’énergie débordante que le groupe balance sur scène.

Pourtant, Talking heads n’est pas forcément un groupe avec lequel je suis particulièrement familier : comme tout le monde je connais Psycho Killer, et j’ai déjà entendu deux ou trois autres chansons de leur répertoire, mais ça n’a jamais été gênant pour le coup, et j’ai pris un pied monstrueux à découvrir la douce folie du groupe en live. La force du film et du concert qu’il immortalise, c’est le fait qu’on sent que tout a été conçu à la fois pour un public live, mais aussi pour les caméras. Trois représentations où Demme peut, d’une soirée à l’autre, changer ses axes de caméra pour avoir la diversité nécessaire au montage, ce qui permet d’avoir, dans le film terminé, des gros plans, des plans-séquences avec la caméra sur scène, des plans d’ensemble, et pourtant on ne voit qu’à de très rares occasions l’artifice, tout est là pour donner l’impression que c’est un seul et unique concert. Un luxe finalement assez rare dans les concerts filmés, et qui permet de poser Stop making sense comme une référence en la matière, d’autant qu’à côté de ça c’est toute l’organisation scénique qui est aussi pensée pour créer un plus à l’écran.

Ainsi, le concert commence sur la chanson la plus célèbre du groupe, mais uniquement avec David Byrne sur scène, et à chaque chanson un membre (et donc un instrument) va se rajouter pour créer un crescendo efficace. Des idées pareilles, le concert n’en manque pas, en témoigne des passages endiablés qui donnaient envie de se lever de son siège, ou l’un des morceaux de fin avec Byrne qui donne l’impression d’être possédé dans un costume trop grand pour lui, vraiment ça en jette. Musicalement c’est top, autant dire qu’il y a pas mal de chansons qui tournent en boucle depuis la vision du film. Généralement, dans ce genre de films, même ceux de Scorsese, j’ai tendance à penser que la mise en scène n’apporte pas grand chose aux concerts qui arrivent très bien à exister par eux-mêmes, ici j’ai vraiment eu la sensation de voir une représentation et une réalisation qui co-existent de telle façon que l’un ne peut pas exister sans l’autre. C’est clairement, à mon sens, la grande force de ce film.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar lvri » Dim 20 Juil 2025, 10:41

Alegas a écrit:Trois représentations où Demme peut, d’une soirée à l’autre, changer ses axes de caméra pour avoir la diversité nécessaire au montage, ce qui permet d’avoir, dans le film terminé, des gros plans, des plans-séquences avec la caméra sur scène, des plans d’ensemble, et pourtant on ne voit qu’à de très rares occasions l’artifice, tout est là pour donner l’impression que c’est un seul et unique concert. Un luxe finalement assez rare dans les concerts filmés,


Ce n'est pas si rare en fait, au contraire. Beaucoup d'artistes profitent d'une série de concerts dans un même lieu pour les captations (2, 3, voire même 5 pour certains).
Il y en a même qui vont jusqu'à filmer plusieurs dates différentes et les mixer dans un seul et même bluray en donnant l'impression d'une seule et même représentation.

En tout cas, ta critique donne envie. Je ne connais quasiment pas Talking Head, mais je trouve que les live sont justement une des meilleures portes d'entrées pour découvrir un artiste ou un groupe.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Jed_Trigado » Dim 20 Juil 2025, 11:10

ivri a écrit:Ce n'est pas si rare en fait

En 1984 quand même. C'est audacieux.

Et les Talking Heads, ça tue.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Dim 20 Juil 2025, 11:17

Jed_Trigado a écrit:
ivri a écrit:Ce n'est pas si rare en fait


En 1984 quand même. C'est audacieux.


Déjà d'une part, et surtout : est-ce que la plupart des artistes donnent autant de marge de manœuvre au metteur en scène, en lui permettant de placer plusieurs caméras mouvantes au beau milieu de la scène, au détriment du public ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar lvri » Dim 20 Juil 2025, 11:55

Je parle bien d'organiser une captation sur plusieurs jours, pas de la liberté artistique du metteur en scène (qui en effet est très rare, même aujourd'hui).

De nos jours (voire même dans les années 90 déjà), on est souvent repassé par des captations uniques avec diffusion live (le mondo vision des années 90, ou diffusions live à la télé ou sur certains médias type youtube). Mais dans beaucoup de cas pour des sorties sur support, la captation sur plusieurs jours reste la norme lors d'une tournée.

Pour le placement des caméras, dans les années 70-80, ça entraînait automatiquement une gêne pour les spectateurs, entre les positions devant la fosse, celles sur scène ou même dans les gradins.
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Reflet dans un diamant mort - 5/10

Messagepar Alegas » Dim 20 Juil 2025, 12:54

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Reflet dans un diamant mort de Hélène Cattet & Bruno Forzani
(2025)


Je n’avais pas revu un film du duo depuis la découverte en salle de L’étrange couleur des larmes de ton corps, et le moins qu’on puisse dire c’est que Cattet et Forzani n’ont toujours pas mis de l’eau dans leur vin. Dès les premiers plans de Reflet dans un diamant mort, on capte instantanément que c’est eux derrière la caméra : le moindre plan est travaillé à l’extrême, il y a des idées de montage et de sound-design toutes les trentes secondes, de la violence bien méchante, la narration se fait majoritairement par l’image, et surtout on a un certain fétichisme de tout un pan de cinéma qui n’existe plus vraiment aujourd’hui, avec ici quelque chose à mi-chemin entre les premiers James Bond et l’eurospy.

Formellement, c’est un film qui fait sans cesse plaisir à la rétine, ça bouillonne d’idées, c’est inventif, et il y a plus de cinéma dans cinq minutes de ce film que dans la majorité des productions francophones de ces dernières années, alors que c’est pourtant fait avec un budget assez limité. Dommage donc que ça ne suive pas côté script, car autant la première moitié se suit très bien avec un montage intriguant qui enchaîne les allers et retours dans le temps, autant j’ai trouvé que ça partait en couille à partir du moment où on ne sait plus trop si on est en train de voir quelque chose de l’ordre du fantasme/cauchemar ou quelque chose de réel. J’ai bien conscience que c’est voulu de la part des réals de perdre le spectateur au fur et à mesure, et de le faire douter de ce qu’il est en train de voir (il y a carrément un personnage dont la fonction même est de faire croire au héros qu’il se trouve dans un film d’espionnage), mais pour le coup je préfère largement le début du film qui repose sur un script simple et qui ne cherche pas à faire une réflexion méta sur tout un genre et un médium.

Je reste sur la pensée que j’avais eu à la vision de L’étrange couleur des larmes de ton corps : Cattet et Forzani devraient se trouver un scénariste efficace, capable de livrer des scripts qui ne partent pas dans tous le sens, et ainsi se concentrer leurs efforts sur ce qu’ils savent faire de mieux, à savoir tout l’enrobage visuel, nul doute que ça leur permettrait de livrer des bobines sacrément efficaces. D’autant qu’à côté de ça, le film souffre aussi d’une direction d’acteurs quelque peu limitée. Alors clairement ça doit aussi venir du fait qu’une telle production ne peut pas se permettre un casting digne de ce nom, et que l’hommage au genre justifie au moins en partie un jeu d’acteur moins naturel que la moyenne, mais il y avait sûrement matière à avoir mieux, quand bien même le résultat n’est pas non plus catastrophique. Ce n’est pas un film que je recommanderais chaudement, mais pour ceux qui veulent en prendre plein les yeux, quitte à se taper une moitié de script imbitable, il y a moyen de se faire plaisir.


5/10
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Déesse agenouillée (La) - 5/10

Messagepar Alegas » Dim 20 Juil 2025, 22:51

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La diosa arrodillada (La déesse agenouillée) de Roberto Gavaldón
(1947)


Troisième film de Gavaldón que je découvre et pour le coup c’est le premier dont je ressors mitigé. Globalement, j’ai vraiment eu l’impression de voir un film qui possède tout ce qu’il faut pour être un drame/film noir très solide, mais qui fait sans cesse des choix narratifs étranges, et qui viennent fragiliser l’ensemble. Mais à côté de ça, je serais bien en peine de critiquer ces mêmes choix car ils viennent, à mon sens, d’une volonté du réal d’apporter une certaine originalité vis à vis du genre. Bref, j’en ressors mitigé, sans trop savoir quoi en penser, et quand bien même il y a des choses très bien dans ce film, j’ai quand même surtout eu l’impression de voir une bobine inégale.

On a une histoire à base de bourgeois amoureux d’un mannequin et qui, par désir pour elle, va chercher à tuer sa femme. Rien de bien original sur le papier, mais le film réserve quelques surprises dans sa construction narrative : le meurtre a lieu dès le premier tiers, le héros va longtemps remettre en question son action, la femme fatale ne sait que plus tard qu’elle a été la motivation d’un meurtre, le nouveau couple ne va réellement se former qu'au bout d'une heure, et surtout on a un gros twist sur le dernier acte qui vient remettre en question tout ce qu’on pu penser les personnages jusqu’ici. Si on ajoute à cela une thématique du désir sexuel abordé de façon très osée pour l’époque (on y montre une statue suggestive complètement dénudée, et il y a une scène avec un large décolleté qui prend quasiment tout l’écran, ce qui posera des problèmes avec la censure mexicaine), il y avait clairement de quoi avoir un film noir solide et qui sort du lot, mais malheureusement le résultat est finalement assez moyen.

Les choix audacieux du film ne jouent pas en sa faveur concernant le rythme : la première demi-heure donne l’impression d’être précipitée, ce qui fait qu’on a du mal à comprendre la passion obsessionnelle du personnage qui le pousse au meurtre. Puis ensuite, c’est tout l’inverse : une fois le meurtre commis (de façon très rapide via une ellipse, mais pour le coup c’est quelque chose qui est justifié par la suite), le film devient assez lourdingue, bavard à l’excès, et j’avoue que le personnage de Nacho ne m’a guère convaincu tant il semble être là juste pour faire bouger l’intrigue à certains moments clés. Tout le jeu de remises en question, de doutes, et de culpabilité au sein du nouveau couple n’est pas ce que le film a de mieux, tout y est trop plat pour être réellement réussi, alors qu’encore une fois la matière est bien là. Le film se rattrape avec ses vingt dernières minutes, ne serait-ce que pour les surprises qu’elles révèlent, mais c’est loin de rattraper l’ensemble. Formellement, c’est plutôt chiadé même si j’ai vu bien mieux de la part de Gavaldon (notamment La Otra), il y a un bon paquet de beaux plans, dommage seulement que le film manque cruellement de scènes marquantes, car là on a vraiment l’impression de voir un beau travail formel au service de pas grand chose. J’ai pas envie non plus d’être trop méchant car le film a vraiment de bonnes choses pour lui, mais le fait est que j’ai eu le sentiment de voir du Hitchcock bas de gamme et pas convaincant sur la longueur, malgré une réelle volonté de bien faire.


5/10
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F1 le film - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 21 Juil 2025, 18:51

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F1 The Movie (F1 le film) de Joseph Kosinski
(2025)


C’est peu dire que les espoirs n’étaient pas très hauts sur ce film, déjà parce que la F1 et moi ça fait quatre, d’autre part parce que la filmo de Kosinski est quelque peu inégale, mais aussi et surtout parce que ça sentait vraiment la volonté de recréer sans subtilité la formule dans Top Gun Maverick dans un contexte différent, et what a surprise c’est exactement ça à l’arrivée :mrgreen: . Alors déjà je précise que le film est quand même meilleur que ce que j’imaginais, ça a au moins le mérite de remplir son contrat de divertissement, mais malheureusement, quelques jours après la découverte, je me rends compte que les défauts me restent clairement en tête. Le gros souci du film, c’est son écriture qui se la joue fainéante à souhait et reprend donc le schéma du dernier Top Gun, sauf que là où le film avec Cruise compensait un script prévisible avec des personnages attachants et tout un côté méta qui se jouait avec la personnalité de Tom Cruise, ici ça ne marche pas.

Dans F1, les protagonistes ne dépassent jamais le côté fonctionnel, que ce soit le vieux pilote qui a tout connu et qui a une revanche à prendre sur la vie, le jeune impatient qui doit apprendre les bonnes valeurs, le love interest, le boss compréhensif, etc… Bref tous les personnages, jusque dans les troisièmes rôles (la technicienne blonde) ont des arcs narratifs complètement prévisibles, et en ce sens le film entier est cousu de fil blanc : on peut prédire toutes les dix minutes ce qui va se passer dans les dix suivantes, et comment vont évoluer les personnages, ce qui est un problème même pour un blockbuster, et d’autant plus quand le film est aussi long, et qu’il aurait pu utiliser cette longueur pour densifier un minimum ses protagonistes et ses arcs narratifs simplistes. Concrètement, le récit c’est juste une équipe qui va rester au statut d’underdog jusqu’à la course finale, autant dire que le schéma narratif est éculé, mais heureusement c’est sauvé par le fait que les courses sont particulièrement bien foutues.

Ces séquences, plutôt longues, sauvent le film de l’ennui et permettent de créer des beaux morceaux de tension (l’accident notamment qui est un vrai moment en suspension, un peu comme celui qu’il y avait dans le Ferrari de Michael Mann), d’autant qu’elles sont techniquement très solides alors que je redoutais des séquences entières tournées au grand angle depuis le cockpit, effet que le métrage n’abuse finalement jamais. A la limite, si je devais trouver un défaut sur les courses, c’est qu’elles sont peut-être un poil trop nombreuses, et ça devient presque un gimmick de voir le personnage de Brad Pitt conduire comme un connard pour favoriser son coéquipier. Outre les courses, l’attraction du film c’est Brad Pitt, qui se la joue à nouveau mâle alpha avec conviction, c’est juste dommage que le personnage manque de nuance, car là en l’état c’est juste un mec souvent antipathique qui a toujours raison, difficile de s’attacher à un protagoniste finalement très superficiel, et ce n’est pas sa love story avec la jolie Kerry Condon qui vient rattraper les choses. En parallèle, je trouve le perso de Javier Bardem bien plus humain et intéressant à l’arrivée. Quant au jeunot, c’est pas une prestation mémorable et on sent que l’acteur a été choisi pour ne pas faire trop d’ombre au héros du film, du coup l’alchimie ne prend jamais vraiment. Mieux que ce que j’imaginais donc, mais quand même pas un blockbuster particulièrement mémorable. Pour le coup, Top Gun Maverick était bien meilleur sur tous les points.


6/10
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Boule de feu - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 23 Juil 2025, 21:07

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Ball of fire (Boule de feu) de Howard Hawks
(1941)


Quand on pense aux comédies d’Howard Hawks, on a tendance à penser aux mêmes titres : Bringing up Baby, His girl friday, ou Gentlemen prefers blondes, mais généralement on zappe ce Ball of fire pourtant très recommandable. Avec ce film, on est moins dans la screwball comedy que dans la comédie romantique pur jus, et à vrai dire ce n’est pas plus mal car on a un rythme qui ne cherche pas forcément à avoir des dialogues qui fusent à cent à l’heure, et qui préfèrent prendre un peu plus son temps pour poser ses personnages. Ce n’est pas la comédie du siècle, mais c’est clairement efficace, alors que le pitch de départ n’était pas spécialement ce qu’il y avait de plus engageant, avec cette histoire d’une poignée d’érudits qui s’enferment dans une bâtisse new-yorkaise pour écrire une encyclopédie, mais dont l’un d’entre eux va tomber amoureux d’une femme qu’il rencontre un peu par hasard. Heureusement, il y a une petite touche de polar qui arrive avec le fait que la demoiselle en question est la compagne d’un mafieux local, et qu’elle est recherchée par les flics, ce qui l’oblige à jouer un double jeu avec l’érudit dont elle va finir par tomber amoureuse, bref c’est assez classique mais ça fait très bien le taf.

Le film a beaucoup de qualités, entre son duo à l’alchimie évidente, ses dialogues bien écrits, ses situations cocasses, et ses seconds rôles souvent savoureux (la bande de vieux scientifiques, c’est éculé sur le papier, mais c’est marrant à l’écran), ce qui vient contrebalancer les quelques défauts que peut avoir le métrage, notamment du côté formel où j’ai l’impression que Hawks ne se prend pas trop la tête, même sur les rares séquences où il pourrait apporter un plus (la séquence de tension avec le tableau). Gary Cooper, utilisé en partie à contre-emploi, confirme qu’il est à son aise dans le registre comique, et Barbara Stanwyck a beau être une actrice que j’apprécie sans plus (elle n’a pas le petit truc en plus que peut avoir, par exemple, une Jean Arthur), elle est toujours très solide dans ses interprétations. A noter que, parmi les gangsters du film, il y a deux acteurs qui débutaient et qu’on verra beaucoup par la suite, notamment chez Fritz Lang : Dana Andrews et Dan Duryea. Tout ça donne une comédie ma foi très sympathique et efficace, et c’est peut-être bien le film comique que je préfère so far de la filmo de son réalisateur.


7/10
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