[Alegas] Mes Critiques en 2025

[Jed_Trigado]

Je l'ai découvert tardivement aussi.

[Alegas]

ça donne envie de découvrir Le Corniaud

Découvrir ? Il a dû être diffusé 57 fois depuis ta naissance.

J'ai déjà dû le dire ici à quelques reprises, mais ma famille n'était pas trop branchée chaînes TV, ou alors uniquement pour des programmes spécifiques.
Les films dans mon enfance, c'était soit au ciné soit en VHS.

[Mark Chopper]

J'avais oublié ton enfance que j'imagine comme celle du gamin de Witness.

[Alegas]

For heaven's sake (Pour l'amour du ciel) de Sam Taylor
(1926)

Je suis assez étonné pour le coup avec ce film car il a beau avoir été produit dans une période très qualitative d’Harold Lloyd (entre The Freshman et The Kid Brother pour être précis), je n’avais aucune attente particulière car je n’en avais tout simplement pas ou peu entendu parler. Du coup, quand je me rends compte à la vision que c’est clairement dans le Top 5 des films de l’acteur, la surprise est de taille. L’étonnement est doublé dès le début du film avec des premiers plans qui créent un écart formel par rapport aux précédents Harold Lloyd, avec des mouvements de caméra compliqués, et des idées narratives (le fondu enchaîné entre deux tasses de café pour créer la transition d’un quartier pauvre à un quartier riche). Non pas que les précédents métrages manquaient de ce genre de choses, mais ici c’est nettement plus raffiné, travaillé, élégant.

Et pour le coup, je ne peux m’empêcher de penser que cela a sûrement à voir avec la rude compétition qui se joue à l’époque, puisqu’à ce moment là Buster Keaton est au sommet de sa popularité, et à mon sens il y a une volonté de la part de Lloyd de se rapprocher d’une forme de comédie très visuelle, et ça me paraît d’autant plus évident que, de tous les films de Lloyd vu jusqu’ici, celui-ci est clairement celui qui pourrait se faire passer le mieux pour un Buster Keaton. Ainsi, on a beau avoir un pitch très simple, classique pour du Lloyd (un riche gringalet va tomber amoureux d’une jeune femme pauvre, et devenir du jour au lendemain un philanthrope histoire de gagner son coeur), c’est du côté des péripéties que ça devient intéressant, avec un rythme soutenu qui enchaîne les moments comiques mémorables : la voiture réquisitionnée par les flics, Lloyd qui doit ramener des brigands dans une mission catholique , la fouille à la recherche de la montre , Lloyd qui goûte les “gâteaux” .

A cela se rajoute une réelle volonté de Lloyd d’impressionner son public, à la manière de ce que fait Keaton à grand renfort de cascades en tout genre, et sur ce point on est bien servi car déjà que la bagnole détruite par le train au début est assez impressionnante, ce n’est rien par rapport à l’énorme course-poursuite finale, gros climax d’action comique d’une quinzaine de minutes où Lloyd doit ramener des mecs bourrés sains et saufs à un mariage, et qui se finit aux commandes d’un bus où toutes les cascades possibles sont faites, on dirait du Mad Max : Fury Road 90 ans avant . La qualité générale m’étonne d’autant plus que c’est à priori un film qui a connu des soucis de production, forçant Lloyd à couper des séquences du film (ce qui explique sa courte durée par rapport aux autres films qu’il faisait à l’époque) pour les placer dans un métrage ultérieur, ce qui fait qu’il n’était pas très content du résultat de celui-ci, et pourtant y’a pas à chier : c’est clairement l’un de ses films les plus réussis, inventifs et drôles. Si vous voulez une super comédie de moins d’une heure, For heaven’s sake est un excellent choix.

8/10

[Alegas]

What happens in Vegas (Jackpot) de Tom Vaughan
(2008)

Pour le coup c’est mieux que ce que j’en attendais, je redoutais une grosse purge à la manière des comédies que Cameron Diaz a pu faire les années suivantes, mais par contre c’est peut-être ce film qui annonce un déclin de sa carrière, car après c’est vraiment catastrophe sur catastrophe (sauf le Richard Kelly dont je garde un bon souvenir). Alors clairement, je vais pas dire que c’est un bon film, mais là où je craignais un film se déroulant entièrement à Vegas façon The Hangover, j’ai finalement eu un concept un peu plus sympa, avec ce couple marié par accident et qui essaie de lancer une procédure de divorce, sauf qu’un gros paquet de pognon tombé du ciel vient compliquer les choses, et les deux héros doivent s’investir dans leur mariage pendant que chacun des deux va chercher une solution légale pour se tirer avec le majorité du fric. C’est pas le script du siècle, mais c’est rigolo et la structure, bien que très prévisible, fonctionne.

J’aurais même pu mettre la moyenne sans deux gros défauts qui viennent noircir le tableau : d’une part je trouve le film bien trop sage dans son humour et ses délires, je n’aurais pas craché sur un traitement qui se lâche un peu plus, d’autre part Ashton Kutcher c’est juste pas possible, et ça m’a rappelé à quel point ce mec a été une énorme imposture, genre belle gueule sans aucun talent qui a fait illusion le temps d’une petite décennie. Surtout que comparé à Cameron Diaz, bien plus à l’aise dans le registre comique, le mec s’effondre de lui-même, et c’est vraiment un calvaire de le voir essayer de jouer, à lui seul il plombe l’attachement qu’on devrait avoir envers ces deux personnages. Sinon on est devant un film qui est la représentation même de la comédie US de la fin des années 2000 : réal clipesque et impersonnelle au possible, et bande-son qui pioche dans ce qui cartonnait à l’époque (on a par exemple Mika avec Grace Kelly, alors que l’album était sorti juste un an avant ). Voilà, c’est vite vu et vite oublié, mais c’est pas le moment le plus désagréable que j’ai passé devant une romcom (les deux acteurs feront bien pire par la suite chacun de leur côté).

4,5/10

[Alegas]

Loch Ness de John Henderson
(1996)

Il n’est pas judicieux, parfois, de revoir des films que l’on regardait étant petit. Celui-ci, je sais que je l’ai maté via une probable VHS, mais impossible de savoir si je l’ai vu une ou plusieurs fois, et surtout j’étais bien incapable de me rappeler de quoi que ce soit, si ce n’est qu’il y avait un père et une gamine qui cherche le monstre du Loch Ness, et que ce dernier est effectivement trouvé lors d’une séquence se déroulant dans une grotte. Du coup, par pure curiosité, et vu que le film était dispo sur Amazon Prime Video, je me suis laissé tenter, et à vrai dire je sais désormais pourquoi j’en avais gardé aussi peu de souvenirs .

Concrètement, ça fait partie de cette vague de films pour enfants à petits budgets qui sortaient en nombre conséquent dans les années 90, avec toujours plus ou moins la même recette narrative, sauf que là où, par exemple, certaines productions Warner, genre Free Willy, étaient plutôt réussies (en tout cas dans mes souvenirs), autant là on a un peu l’impression de mater une version un peu cheap et au script terriblement simpliste. C’est vraiment pas fameux, et pas très intéressant à suivre, avec ce scientifique (Ted Danson) qu’on envie en Écosse pour prouver que le monstre du Loch Ness n’existe pas, sauf qu’il va comprendre qu’il y a bien une bestiole qui vit là, aidé par une gamine locale qui va lui apprendre qu’il faut “croire pour voir” (wow ).

C’est très convenu avec la maman avec qui il va y avoir une love story, la population locale qui défend son mythe, le vieux mystérieux (joué par Ian Holm) qui est en fait le gardien du monstre, le méchant patron qui veut bâtir sa célébrité sur la découverte, non franchement tout est hyper attendu, et les personnages sont fonctionnels au possible, y’a pas vraiment d’émotion qui ressort de tout ça, le pire étant que la majorité du casting force bien le trait sur l’accent écossais, ça rend le film un peu ridicule . Il y a assez peu de péripéties, c’est plutôt mou dans l’ensemble, et du coup je comprends mieux pourquoi je n’avais retenu que l’apparition des créatures, qui ont d’ailleurs un rendu assez inégal : autant ce qui est fait par le studio Henson rend pas trop mal, autant ce qui est fait en image de synthèse pique bien les yeux, ça n’a clairement pas le budget d’un Jurassic Park. Sinon on notera Trevor Jones à la BO, pour un résultat que j’ai trouvé pas vraiment mémorable. Un film sur lequel j’aurais dû rester sur le peu de souvenirs d’enfance que j’en gardais.

3/10

[Alegas]

Hard Boiled (À toute épreuve) de John Woo
(1992)

Ancienne critique.

J’avais pas spécialement prévu de réécrire une critique pour celui-là, la revision étant à mon sens moins une redécouverte que celle de The Killer, mais bon je me sens inspiré par le cinéma de John Woo en ce moment donc c’est parti . Gros plaisir de revoir ce film en salles, et malgré les années ça conserve toujours son efficacité, en grande partie parce qu’on sent que c’est du boulot passionné fait par des gens qui le sont tout autant. A ce stade de sa carrière, Woo est un peu au top du game en termes de réputation, le mec s’apprête à quitter Hong-Kong avant la rétrocession pour entamer une carrière américaine, et du coup ce Hard Boiled donne l’impression d’avoir été fait pour deux raisons : d’une part faire un dernier projet rêvé dans un pays que le réalisateur va quitter sans savoir quand il y reviendra et comment ce sera, d’autre part signer une ultime carte de visite, histoire de poser les couilles sur la table et rappeler qui est le patron du film d’action.

Et franchement y’a pas à dire : le résultat claque sévère. Alors forcément, le film étant conçu pour être “juste” un blockbuster d’action où l’on sent que c’est d’abord trois gros climax sur lesquels on brode une histoire classique autour, le métrage a ses limites. Ainsi, le film décolle assez tard, tout ce qu’il y a entre la première et seconde séquence d’action c’est de l’exposition qui prend un peu trop son temps et qui s’embourbe dans des subplots pas toujours nécessaires, en plus avec un humour qui ne prend pas toujours. Mais heureusement dès la scène du hangar, le film se transforme totalement et à partir de là c’est un gros rollercoaster particulièrement jouissif. Comme dit plus haut, Hard Boiled ne se distingue pas spécialement par son histoire pas très originale (une nouvelle variation du flic infiltré, avec en plus une relation qui rappelle celle des deux comparses de The Killer), mais c’est clairement l’énergie qu’apporte John Woo qui fait toute la différence, et pas forcément que dans les scènes d’action.

C’est clairement une grosse démonstration de mise en scène, avec une générosité qui a tellement impressionné que c’est devenu aujourd’hui un but à atteindre pour ceux qui ont été nourris avec (John Wick, The Raid, et j’en passe), et comme The Killer ce qui m’impressionne le plus c’est pas tant la lisibilité de l’action, mais plutôt le fait que ce soit un joyeux bordel qui, mis en image de telle façon, et monté de telle manière, va créer une poésie formelle, une chorégraphie visuelle totale. Un résultat que je pourrais qualifier de chaos organisé, et qui me parle bien plus que ce que fait, par exemple, un Tsui Hark dans Time and Tide où on est plus dans de l’anarchie totale. Le film est tour à tour impressionnant, lyrique, prenant, jouissif, cathartique, et c’est clairement ce ressenti qui fait que je peux pardonner aisément les défauts du début de film, car ok on attends un peu avant que ça démarre, mais après ça ne s’arrête plus. J’avais complètement oublié à quel point le climax final était long, mais c’est justifié par le fait que c’est toujours au service d’une histoire (même simple) à raconter, c’est pas les fusillades interminables qu’on peut avoir aujourd’hui dans certains films, et ça donne lieu à de beaux moments typiques du cinéma de Woo (l’homme de main qui se retourne contre son employeur quand ce dernier massacre des innocents ).

Et puis comme pour The Killer, le fait que je sois désormais plus habitué à la sensibilité de Woo, et à celle du cinéma HK en général, me fait accepter des aspects que je trouvais ridicules jadis, je pense notamment au sauvetage des nouveaux-nés qui est un super moment avec beaucoup d’intensité, là où avant je regardais ça probablement avec trop de sérieux (et finalement il y a peu de films de Woo qui sont pensés pour être vus ainsi). Si je devais chipoter, je pourrais souligner quelques effets qui font que le film est un peu trop ancré dans son époque, genre le générique final avec sa chanson qui débarque deux secondes après une scène tragique , ou les ralentis à l’arrache pendant le plan-séquence (dont je ne pige pas trop l’intérêt d’ailleurs car c’est fait à des moments pas spécialement héroïques genre un acteur qui passe devant la caméra ), mais c’est finalement du détail par rapport à la réussite globale. Cerise sur le gâteau : Madame a kiffé, comme tous les John Woo que je lui ai montrés jusqu’ici , autant dire que c’était une super séance.

8/10

[Dunandan]

Tu as mis 2 8/10 aux Woo, maintenant il faut choisir!

[Alegas]

Si je devais n'en choisir qu'un, ce serait The Killer quand même.

[Dunandan]

Yep, pareil, et pour un point que tu as justement souligné : de petites baisses de rythmes entre 2 scènes d'action bien musclées. Je me sens plus engagé par the Killer, et je préfère même son côté too much.

[Alegas]

Monkey business (Chérie je me sens rajeunir) de Howard Hawks
(1952)

Clairement la comédie de Hawks la plus faiblarde que j’ai pu voir jusqu’à présent, je me doutais que ça allait pas être du niveau de ses plus connues, mais j’espérais un truc un minimum potable et là c’est la douche froide. Bon déjà j’avoue que ça part très mal avec ce pitch auquel je n’adhère pas du tout : un scientifique qui travaille sur un élixir qui permettrait de rajeunir le cerveau des gens arrive à le créer sans s’en rendre compte, et le boit accidentellement, au grand désespoir de ses proches qui ne comprennent pas ce qu’il se passe. Je sais pas trop si c’est le fait que ce soit à moitié fantastique, ou si c’est l’humour qui en découle (on a vu plus drôle que des adultes s’amuser comme des gamins de six ans ), mais à mon sens il y a clairement quelque chose qui ne fonctionne pas, et de ce fait, dès le départ, j’ai été complètement en dehors du métrage et de ce qu’il tentait de me raconter.

Autant dire que malgré la courte durée du film, j’ai bien senti le temps passer, le film n’arrivant jamais à me faire rire. Résultat, quelques jours après la vision, je ne retiens finalement que les pitreries lourdingues de Cary Grant (entre celui-là et Arsenic and old lace, j’ai beaucoup de mal quand il fait le clown sans arrêt ), et les quelques scènes où apparaît Marilyn Monroe (dans un des derniers petits rôles qu’elle fera puisqu’elle connaîtra une fulgurante notoriété durant les deux années suivantes) sexy en diable avec pas grand chose (on comprend pourquoi Cary Grant a envie de jouer au docteur avec elle, non mais sérieux la scène où elle montre ses bas… ). Et Howard Hawks dans tout ça ? Le bonhomme n’a jamais vraiment eu un style marqué dans ses comédies, et c’est d’autant plus vrai ici qu’on ne le sent pas très inspiré. Du coup, à part quelques gags qui dénotent par leur originalité (la première apparition de Cary Grant à l’écran, en plein générique, et le réal qui lui dit de dégager et d’attendre la fin des crédits), on retient surtout une forme très quelconque et fonctionnelle. Une déception.

4/10

[Alegas]

Stella Dallas de King Vidor
(1937)

La filmo de King Vidor me semble quelque peu inégale, ce qui paraît assez normal vu la carrière du bonhomme qui s’étale sur cinq décennies et avec une cinquantaine de films au compteur, mais y’a pas à dire : quand le mec signait des bons films, il ne le faisait pas à moitié, j’en avais déjà eu la preuve avec le superbe The Crowd, et c’est de nouveau le cas ici. Le constat est simple : ce Stella Dallas m’apparaît être l’un des plus beaux drames hollywoodiens produits dans les années 30, et probablement le film que je préfère de Vidor jusqu’ici. Sur le papier c’est pourtant assez simple : on suit l’histoire d’une jeune femme qui veut s’extirper au plus vite de sa famille financièrement peu aisée, et dans ce but se marie très rapidement avec l’homme du coin qui semble le plus raffiné. Après ce mariage, elle continue à avoir des envie de grandeurs, et veut traîner dans la haute société alors qu’elle a beaucoup de mal à choisir les bonnes relations, là où son mari cherche plutôt à avoir une vie de famille tranquille avec la fille qu’ils ont eu, et à partir de là le reste du film va surtout se concentrer sur la relation mère/fille qui va devenir de plus en plus compliquée.

C’est peu de dire que le résultat est sublime, on est à la fois dans une chronique sur les classes sociales et dans un drame pour le moins déchirant, le mélange entre les deux est particulièrement réussi. C’est fascinant de voir le destin de ce personnage qui va accumuler les mauvais choix de vie dans le but de devenir quelqu’un, et qui va se rendre compte très tard de la personne qu’elle est en réalité devenue, et autant il y a une grosse part de la qualité d’écriture dans l’ensemble, autant il faut avouer que la prestation de Barbara Stanwyck (sa plus belle à mes yeux) élève le métrage à un niveau stratosphérique. J’adore la façon dont le métrage arrive petit à petit à se focaliser sur la relation mère/fille, je trouve que tout cet aspect est le coup de grâce émotionnel du récit, et clairement la dernière demi-heure est très intense de ce côté-là.

Rares sont les très vieux films qui arrivent à me mettre la larme à l’œil (de tête il doit y avoir que The Kid et Brief encounter), mais sur celui-ci ça n’a pas loupé : la scène du train-dortoir est une séquence absolument sublime, et le final avec le mariage c’est probablement le plus beau sacrifice d’une mère de l’histoire du cinéma. Surtout qu’à côté de ça, les autres personnages arrivent quand même à exister pleinement, et pour le coup le père est aussi un très beau personnage bien écrit, globalement tout ce qui touche à ce couple qui se désagrège longtemps sans que ce ne soit acté, et dans lequel il reste à la fin une forme de respect malgré tout, est très bien traité. Ça donne très envie de voir la version muette faite une décennie auparavant (c’est l’adaptation d’un roman) par Henry King, dont Scorsese et Tavernier disent le plus grand bien. Bref, en ce qui me concerne c’est clairement l’un des meilleurs films des années 30 toutes nationalités confondues, une superbe bobine dont je ne comprends absolument pas l'indisponibilité en France (il semble que ce ne soit jamais sorti chez nous, quel que soit le support ).

9/10

[Alegas]

Frida de Julie Taymor
(2002)

Un biopic un peu plus sympa que la moyenne, probablement parce qu’il est réalisé par Julie Taymor, réalisatrice qui ne me parle pas plus que ça mais qui a le mérite de toujours se tourner vers des projets atypiques, et avec des traitements qui le sont tout autant, c’est d’ailleurs peut-être pour ça qu’elle tourne finalement très peu récemment (seulement trois films ces vingt dernières années). Alors ce film est peut-être le plus consensuel et grand public de sa filmo : on a une construction narrative typique du biopic hollywoodien, et ça se veut assez linéaire dans l’écriture. Néanmoins, on sent quand même la touche de la réalisatrice avec un traitement visuel qui se lâche par moments, et ce sur point Taymor semble être ravie de traiter la vie de Frida Kahlo, vu que ça lui permet de créer un lien intime entre l’artiste et ses œuvres, ces dernières illustrant souvent à l’écran ce que vivent les personnages.

C’est assez sage, mais ça fonctionne, le récit marche bien avec l’idée d’avoir en fil rouge deux aspects de Frida : sa vie amoureuse avec Diego Rivera, mais aussi le traitement de ses blessures physiques, la demoiselle ayant eu un accident très jeune qui a bouleversé son rapport au corps, au mouvement, à la sexualité, mais aussi à sa féminité. Pour quelqu’un qui ne connaissait de Frida Kahlo que certaines de ses œuvres, le film permet d’apprendre pas mal de choses, le must étant quand même la liaison sexuelle avec Trotsky. Sinon, si le film marche autant, c’est surtout grâce à un casting qui permet de l’élever face à une mise en scène un peu trop timide (jusqu’à la photo de Rodrigo Prieto) : Salma Hayek livre une des meilleures prestations de sa carrière, et on a une grosse galerie de seconds rôles : Alfred Molina, Edward Norton, Antonio Bandera et Diego Luna dans des petits rôles, Geoffrey Rush, Saffron Burrows, Valeria Golino, bref le métrage assure de ce côté là. Pas un grand biopic donc, mais ça fait le taf et on ne s’emmerde pas.

6/10

[Alegas]

Hellraiser : Revelations de Víctor García
(2011)

Je disais des deux précédents films de la franchise qu’on touchait le fond du fond, mais en fait non, ce film est la preuve qu’on peut aller toujours plus loin, et ça ferait presque reconsidérer les Rick Bota comme des films qui se tiennent à peu près . Avec cet opus, ça se voit comme le nez au milieu de la figure qu’il fallait sortir un film pour garder les droits, et du coup c’est le strict plus que minimum en termes de budget et d’ambition : le film se déroule dans trois décors (une baraque de L.A. et deux hangars qui servent pour illustrer l’enfer et Tijuana ), le nombre de personnages se comptent sur les doigts des deux mains, et le film entier a été conçu à la va-vite avec un budget ridicule de 300 000 dollars. Dès les premières minutes, on sent qu’on va souffrir, avec des passages found-footage qui semblent avoir été faits sans aucune répétition ou script, la totalité du casting semble être composé d’amateurs récupérés au hasard dans la rue (mais vraiment, c’est même plus de la tentative de jeu d’acteur à ce stade ), et l’histoire est faite de façon à être grosso modo une suite de séquences vaguement dialoguées, et avec finalement peu de violence ou de gore.

On sent que côté script ça essaye vaguement de reprendre des éléments du premier, avec un personnage piégé par les Cénobites qui doit se nourrir d’âmes pour recomposer son corps, et une vague histoire d’inceste (qui n’en est pas vraiment après un twist qui arrive aux deux-tiers du film), mais c’est fait de façon ultra grossière et surtout tout le reste est tellement naze, tellement pas écrit, que c’est noyé dans la médiocrité. Franchement faut le voir pour le croire, c’est du niveau d’un petit film tourné entre potes sans budget, mais sans aucune passion derrière. Le film dure 1H15, mais paraît durer une demi-heure supplémentaire, la mise en scène est inexistante (ils n’avaient à priori même pas le budget pour un trépied si j’en crois cette caméra qui tremble sans cesse) et je n’ose même pas parler des Cénobites qui sont ici particulièrement ridicules, d’autant que Pinhead est incarné pour la première fois par un autre acteur, et visiblement ils se sont dit qu’un mec un peu trop joufflu allait faire l’affaire . A ce stade, on a vraiment le pire film de la saga, celui qui me donnerait envie de noter en négatif, et j’ai envie d’espérer qu’à partir de là ça ne peut pas être pire, mais je préfère cette fois attendre de voir le suivant avant de confirmer .

0/10

[Mark Chopper]

Ce sera quoi la prochaine saga en mode complétiste masochiste ?