Caught stealing (Pris au piège - Caught stealing) de Darren Aronofsky
(2025)
J’ai beau adorer The Whale, je peux tout à fait concevoir que c’est un film qui, de par son sujet et son ambiance, n’a pas forcément dû être la joie la plus totale à tourner. Du coup, un film comme Caught Stealing me donne clairement l’impression que Aronofsky s’est lancé dans ce projet en réponse à son précédent, avec l’idée de faire le plus le plus récréatif de sa carrière. C’est très étonnant de voir ce réal faire ce qui peut s’apparenter à une version plus punchy de After hours : même volonté de faire de New York (ici la version de la fin des années 90) un personnage à part entière, mise en scène qui se lâche, personnage principal bringuebalé à travers des situations où il en prend plein la tronche, personnages loufoques, tendance à traiter le drame et la comédie dans une seule et même situation, bref si on ajoute à ça la présence de Griffin Dunne dans un petit rôle, nul doute qu’Aronofsky a voulu rendre hommage à sa façon au film de Scorsese. Finalement, la plus grosse différence avec le film cité, c’est le fait que Caught Stealing, lui, se déroule sur plusieurs jours au lieu d’une seule nuit.
On a donc un récit avec un personnage qui n’a rien demandé à personne et qui se retrouve quand même dans les pires emmerdes possibles, ce qui va l’emmener dans un voyage new yorkais à la fois cocasse et violent, duquel il pourra régler un trauma qu’il n’a pas réglé depuis des années. Concrètement, c’est un film qui recherche surtout une certaine efficacité, que ce soit dans les personnages, leur écriture, les situations comiques, la violence soudaine (je ne m’attendais vraiment pas à un bodycount aussi élevé) au détriment d’une certaine profondeur (sauf chez le héros qui a un réel arc narratif à boucler). Là encore, c’est surprenant de la part d’Aronofsky, mais le fait est que ça marche : c’est fun, bien rythmé, il y a un réel plaisir à suivre ce mec paumé qui va devoir apprendre à ne plus se laisser faire et à enfin prendre le contrôle de sa vie. Si le casting est bon dans sa globalité, je retiens évidemment surtout Austin Butler qui délivre là, à mon sens, sa meilleure prestation jusqu’ici, mais ça ce n’est guère surprenant tant ce réal a l’habitude de sortir le meilleur de sa distribution.
Formellement, Aronofsky trouve un bel équilibre entre une mise en scène qui se lâche de façon parfois gratuite (plusieurs plans tape à l'œil genre la caméra qui passe à travers l’Unisphere en pleine course poursuite) et quelque chose de très carré qui correspond à l’efficacité recherchée dans le film. C’est très bien foutu mais globalement j’en ressors avec l’impression que c’est le film d’Aronofsky qui manque le plus de profondeur, ce qui peut donner l'impression d'un film mineur, et du coup j’ignore si ça supportera autant la revision que ses meilleures bobines. Reste qu’en l’état, la séance était très cool, et ça fait du bien de voir un réal pareil sortir de sa zone de confort sans pour autant se renier (on sent que ça lui fait du bien de traiter à nouveau l’environnement new yorkais dans lequel il a grandi) et en plus y’a un chat tout le long du film donc gros bonus.
7/10