Frankenstein |
 De Guillermo del Toro Avec : Oscar Isaac, Jacob Elordi, Mia Goth, Christoph Waltz Genre : Fantastique / Drame gothique Durée : 02h06min Année : 2025 |
8/10 |
Europe de l'Est,19e siècle. Le Docteur Pretorious part à la recherche de Frankenstein, que l'on croyait mort dans un incendie quarante ans auparavant. Son but est de poursuivre les expériences du créateur du monstre, le Docteur Frankenstein.
Un projet que Guillermo Del Toro voulait produire depuis des années, le bébé est enfin là et c'est une réussite.
Les fans du mexicains y trouveront leur compte car il ne déroge pas à son style habituel. J'y ai trouvé de grandes similitudes à Crimson Peak, donc si vous l'avez aimé, foncez.
Une œuvre qui transcende les adaptations précédentes du mythe. Ce film est bien plus qu’une relecture du roman de Mary Shelley : c’est une véritable renaissance cinématographique, à la fois gothique, poétique et profondément humaine.
Une esthétique envoûtante Del Toro déploie ici toute la richesse de son univers visuel. Entre art gothique, body horror et reconstitution historique, chaque plan flatte la rétine. L’Angleterre du XIXe siècle est recréée avec une grâce saisissante, et les contrastes d’ombre et de lumière rappellent les origines expressionnistes du mythe.
Guillermo del Toro signe avec Frankenstein une œuvre magistrale qui transcende les adaptations précédentes du mythe. Ce film est bien plus qu’une relecture du roman de Mary Shelley : c’est une véritable renaissance cinématographique, à la fois gothique, poétique et profondément humaine. Del Toro ne multiplie pas les personnages inutilement, ni les dialogues inutiles.
Del Toro déploie ici toute la richesse de son univers visuel mixant à la fois le visuel gothique, body horror et reconstitution historique, chaque plan léché, gracieux, les effets spéciaux bien fondus aux plans réels.
Oscar Isaac incarne Victor Frankenstein avec une intensité rare. Son personnage, rongé par le deuil de sa mère et la culpabilité d’un passé trouble, devient l’archétype du savant maudit. Chaque regard, chaque geste traduit une obsession viscérale pour la transgression des lois naturelles. Son interprétation navigue entre froideur clinique et effondrement émotionnel, offrant une palette nuancée qui rend le personnage à la fois terrifiant et tragiquement humain. L'histoire de son personnage, sa quête de fournir une vie éternelle est comprise de tous même si les moyens pour y parvenir sont ignobles.
Jacob Elordi, dans le rôle de la créature, est une révélation. Loin des clichés du monstre grotesque, il incarne une entité à la fois brute et vulnérable. Son corps, marqué par les cicatrices de l’assemblage, devient le théâtre d’une douleur silencieuse. Elordi parvient à exprimer une rage contenue, une soif d’amour et de reconnaissance, sans jamais tomber dans le pathos. Sa performance est physique, presque animale, mais toujours empreinte d’une humanité bouleversante. Frankenstein devient une figure christique, un nouvel Adam, un ange déchu. Le slogan du film — *Only monsters can play God* — résume parfaitement cette tension entre science, foi et humanité.
Christoph Waltz, en mentor ironique — un professeur d’anatomie aux méthodes douteuses — apporte une touche de cruauté raffinée, restant dans son registre du méchant discret. Son personnage, cynique et manipulateur, agit comme un catalyseur dans la chute de Frankenstein. Waltz joue avec les silences, les sous-entendus, et distille une tension constante. Il incarne le ver dans le fruit, celui qui pousse à franchir la ligne rouge tout en gardant les mains propres.
Ce *Frankenstein* ne se contente pas de faire peur : il émeut, interroge et dérange. Del Toro ne cherche pas à humaniser le monstre, mais à révéler la monstruosité cachée en chacun de nous. C’est une tragédie sublime, où la différence devient une force vitale.