
Woman of the photographs
Takeshi Kushida - 2020
Un photographe, mutique, renfermé sur son travail, incapable de communiquer avec les femmes, rencontre par hasard une ancienne danseuse étoile, désireuse de cultiver une certaine image d'elle-même via les réseaux sociaux...
Film intelligent et original dans sa forme. Le début m'a fait penser au Perfect Days de Wenders (à se demander d'ailleurs si ce dernier a vu le film de Kushida). On se trouve face à un ermite pour qui le quotidien se déroule selon de petites habitudes (onsen, écouter de la musique via de vieilles cassettes audio, prendre des photos...) avant que le film ne bascule avec la rencontre de Kyoko qui permettra au réal de questionner l'obsession des femmes, du moins de certaines, envers l'image qu'elles renvoient alors que le poids des ans commence à se faire sentir. Ainsi cette cliente du photographe qui vient le voir pour retoucher un portrait afin de faciliter une rencontre avec un homme, et dont les demandes ont pour conséquence de donner une image absurde car totalement étrangère à ce qu'elle est. Kyoko, elle, naturellement belle, n'a pas ce problème.
Malgré tout, elle aussi voit son image se ternir et, avec elle, le nombre de likes de ses followers. S'étant blessée dans une forêt alors qu'elle cherchait un endroit pour se prendre en photo, elle s'aperçoit que la cicatrice peu engageante qu'elle arbore sur sa poitrine plaît, ses followers trouvant qu'il y a là une vraie authenticité. On est évidemment à des années lumière des effets gores et débiles de The Substance et c'est tant mieux, Kushida, se contentant de mélanger formellement sobriété et effets à la Tsukamoto (période "Vital"), et usant un travail assez remarquable sur les effets sonores, parvient sans peine à capter l'attention — et à faire regretter que qu'il n'ait pas réalisé d'autres films depuis 2020.