
Théorème
Pier Paolo Pasolini - 1968
Compte tenu de son aura de scandale, il peut sembler curieux que le film ait obtenu à sa sortie le grand prix de L’Office Catholique International du Cinéma. Plus attendue semble être la réaction de Rome qui a valu à Pasolini un procès pour obscénité. Mais après avoir plongé dans cette forêt de symboles (qui me convient davantage que celle de Tarkovski dans son Miroir), je perçois l’ambiguïté du film et la possibilité de la voir comme une parabole, avec la venue d’un Dieu, la sidération de ceux qui le côtoie – sidération que Pasolini a décidé de concrétiser charnellement : l’inconnu couche avec tout le monde, y compris avec la servante et le fils aîné –, puis la sensation d’immense vide quand ce Dieu reprend sa route, vide spirituel qui les amène à remettre en question le vide matériel de leur confort bourgeois et à se transformer, en se sondant, en cherchant ce qui peut fonder la nouvelle base de leur vie.
Le film est taiseux, laissant surtout parler les images ainsi que le Requiem de Mozart qui n’est pas sans donner au film une autre ambiguïté. Car si renouveau intérieur il y a chez les protagonistes, alors c’est un renouveau un rien sinistre. Une scène m’a frappé : le processus de création du fils aîné qui décide de créer des peintures abstraites plutôt que figuratives. Estimant probablement qu’il est présomptueux de « créer » après le créateur ultime, il se lance dans le processus artistique les yeux fermés, versant de la peinture bleue sur une toile posée à l’horizontale, avant de s’en saisir et de marcher à un clou sur un mur pour l’accrocher. Le résultat offre évidemment un contraste violent avec le Requiem qui est l’une des formes les plus achevées du génie humain pour exprimer le sentiment religieux. C’est une création qui utilise le hasard et, mise en parallèle avec la scène finale montrant le père marchant « au hasard » dans un endroit particulier que je ne révélerai pas, et associée aux larmes abondantes répandues par un autre personnage, oui, la Révélation, avec un grand –R, a peut-être à voir avec une forme de folie qui teinte la parabole de Pasolini d’un soupçon d’hérésie nihiliste.




La seule chose qui me soit resté en tête, c'est l'envol final, auquel je n'ai jamais réussi à caler de signification. Vais peut être me repencher dessus...





