[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Sirāt - 3/10

Messagepar Alegas » Mar 28 Oct 2025, 14:48

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Sirāt de Oliver Laxe
(2025)


Comme d’habitude à Cannes, il y a des films sortis de nulle part qui bénéficient d’un buzz particulièrement enthousiaste, et qui se révèlent très décevants à la découverte, je peux désormais ranger Sirāt dans cette catégorie. Sur le papier, c’est plutôt original, avec un père, accompagné de son fils, qui recherche sa fille n’ayant plus donné de signes de vie depuis qu’elle est partie dans le désert marocain pour assister à une rave party. Ça commence comme une quête désespérée, avec distribution de tracts, les mêmes questions posées à des centaines d’individus, puis vient la rumeur d’une rave party secrète encore plus enfoncée dans le désert, et à partir de là ça se pète méchamment la gueule.

Déjà j’avoue que j’ai beaucoup de mal avec ce principe d’un film qui renie complètement son point de départ, et qui ne s’en sert finalement que d’un prétexte pour lancer autre chose. Après une demi-heure de film, la recherche de la fille est complètement oublié :shock: , alors qu’on parle d’un point d’ancrage émotionnel pour le personnage principal et le spectateur, ce qui fait que d’emblée il est impossible pour moi de croire à ce personnage de paternel qui perd de vue son objectif principal :evil: . Peu à peu, le métrage prend une direction totalement différente, avec un gros délire spirituel voire métaphysique, avec concrètement des mecs stones qui traversent le désert en camion tout en dissertant sur à quel point le monde va mal (d’ailleurs, je lis parfois que c’est un film sur la fin du monde, mais à mon sens il faut plus que trois dialogues à la radio pour que ce soit réellement pertinent), le tout avec une petite influence Le salaire de la peur, mais sous-exploité (il y a le passage de la falaise, et c’est tout :eheh: ). Puis à la moitié de film j’ai complètement perdu le moindre lien avec ce que je regardais : on a la mort d’un personnage important qui arrive sans prévenir, et alors qu’une bonne partie de la salle avait l’air horrifiée, de mon côté j’ai dû retenir un rire nerveux tant rien n’allait dans la scène, que ce soit dans la façon dont l’accident est amené, que dans les réactions de la plupart des personnages.

Et là, j’ai pas du tout adhéré au délire du film qui plonge ses protagonistes dans une sorte d’Enfer qui ne dit pas son nom. Toute la dernière demi-heure ça se veut être un moment de tensions et d’horreur, mais à ce stade j’avais tellement zéro attaches aux personnages que voir tout ça n’a eu aucun effet sur moi. Et pour le coup, je ne pense pas que ça se joue uniquement à un ressenti personnel, car comme pour l’histoire de la fille complètement occultée, j’ai vraiment eu la sensation de voir un film particulièrement grossier dans son écriture (la meuf qui crie "fais péter le son" puis qui saute sur une mine, ça pose le niveau de subtilité), et qui veut se la jouer choc juste pour créer de la réaction dans un public pas forcément habitué à ce genre d’expériences. Bref, j’ai trouvé ça très vain, même pas bien foutu formellement (il y a toute une scène où on nous explique que le garde boue du véhicule gêne la progression, donc on le retire de force, mais après c’est la fête aux faux raccords avec le garde boue qui est là un plan sur trois jusqu’à ce que la bagnole disparaisse, à partir de là je sens que c’est pas un film dirigé par quelqu’un de consciencieux) et je ne retiens finalement que la prestation de Sergi Lopez, seul élément du métrage que je ne peux pas aborder négativement.


3/10
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Film: Sirāt
Note: 6,5/10
Auteur: osorojo

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 29 Oct 2025, 19:17

Alegas a écrit:on a la mort d’un personnage important qui arrive sans prévenir, et alors qu’une bonne partie de la salle avait l’air horrifiée, de mon côté j’ai dû retenir un rire nerveux tant rien n’allait dans la scène, que ce soit dans la façon dont l’accident est amené, que dans les réactions de la plupart des personnages.


Je n'ai pas pu me retenir, j'ai éclaté de rire comme devant un ZAZ :eheh:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Jeu 30 Oct 2025, 10:19

A côté de moi j'avais une meuf qui semblait particulièrement choquée par le moment, à lâcher des petits "oh mon mon dieu mais c'est pas vrai", ça n'a pas aidé à calmer mon hilarité. :mrgreen:
Ce qui me conforte encore plus dans l'idée que c'est vraiment un film conçu en partie pour bousculer le public habitué aux petits drames cannois.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Mark Chopper » Jeu 30 Oct 2025, 10:27

c'est vraiment un film conçu en partie pour bousculer le public habitué aux petits drames cannois.


Un film pour celles et ceux qui achètent du Takashi Ishii par erreur.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Jeu 30 Oct 2025, 10:28

:eheh:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar osorojo » Jeu 30 Oct 2025, 10:35

La scène a fonctionné sur moi.

Oui elle est mal foutue, oui je me suis dit que la mécanique du truc est bof, mais sur le coup, dans l'instant, ça a clairement eu prise sur moi. J'ai beaucoup aimé la première partie du film, j'ai kiffé voyager avec ces personnes en marge, avec ce père et son fils qui tentent de capter l'ambiance, d'appréhender justement ces personnages qui sont hors des conventions, à la fois matérielles, mais aussi sociales. J'ai bien aimé la relation qui s'écrit entre eux pendant 1 bonne heure. Et ce moment est pour moi le point de pivot, celui qui cristallise la relation, moi ça m'a mis mal, je me suis directement identifié à Sergi Lopez et j'ai ressenti un truc assez fort, même si je suis d'accord avec le fait que la manière n'y est pas.

Le reste du film est moins réussi pour moi parce que le real y poursuit cette logique maladroite qui fait basculer le film vers le spectacle mortuaire gratuit en s'affranchissant justement des personnages, un choix que je respecte mais qui ne m'a pas convaincu par la suite.

Mais ce moment qui vous fait rigoler, ben ça a fonctionné sur moi, donc j'imagine que si ça n'a pas eu prise sur vous, c'est tout simplement parce que vous n'avez pas accroché à l'intro du film, à la rencontre avec les persos et non pas parce que, vous,vous êtes des vrais bonhommes à qui on l'a fait pas et que moi je vis dans un 12 pièces avec piscine et domestiques financés par des rentes annuelles qui me permettent de m'effaroucher faussement au cinéma avec mon Yorkshire sur les genoux quand l'envie me prend :]
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Jeu 30 Oct 2025, 10:40

Et pourtant l'intro du film j'ai pas grand chose à redire dessus, c'est light en termes d'écriture mais j'étais curieux de voir où ça allait mener.
Perso, c'est vraiment le fait de mettre la quête de la fille en second plan, puis de l'oublier complètement, qui me gêne. Je ne crois plus du tout à ce personnage principal à partir du moment où ça arrête d'être son objectif. Et je ne pige pas trop pourquoi le réal a mis un point de départ émotionnellement aussi fort pour finalement l'abandonner aussi vite.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar osorojo » Jeu 30 Oct 2025, 10:42

Là-dessus on est d'accord, mais à ce moment précis, rien ne nous dit que la trame est abandonnée, ils sont justement sur le chemin pour la rejoindre dans une autre fête.

Après ce point de pivot, complètement d'accord, j'ai fini par décrocher progressivement aussi.

Complètement, lorsque le jeu de massacre commence et que la demoiselle explose, là j'ai rejoint vos rires nerveux.
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Erin Brockovich, seule contre tous - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 30 Oct 2025, 16:09

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Erin Brockovich (Erin Brockovich, seule contre tous) de Steven Soderbergh
(2000)


Pas revu depuis très longtemps et c’est au moins aussi bien que dans mes souvenirs, et l’un des films de Soderbergh que je préfère. J’ai beau apprécier le fait que Soderbergh soit quelqu’un au style assez indéfinissable, et qui se permet de toucher à tous les genres, j’avoue que je préfère lorsqu’il se conforme dans un moule que le projet lui impose. C’est le cas par exemple avec Ocean’s Eleven, mais aussi avec celui-ci où il signe un film certes conventionnel, et où son identité ne ressort guère, mais à l’efficacité remarquable. Sur ce film, ça doit sûrement beaucoup au script (qui sera d’ailleurs nommé à l’Oscar) qui est vraiment très bien foutu. C’est loin d’être le premier film qui mêle drame social avec une enquête digne d’un film de procès, mais c’est certainement devenu l’un des plus populaires, et à raison tant le film enchaîne les séquences qui marqueront durablement les films de ce type dans les années à venir, j’en veux pour preuve le passage avec l’héroïne qui récite par cœur, face à une autorité aveugle, les soucis des personnes dont elle s’occupe, ce genre de scène est, depuis, quasiment devenu un cliché, repris dans des dizaines d’autres longs-métrages.

Ce n’est pas un film particulièrement impressionnant, mais le fait est que tout fonctionne : le rapport social de l’héroïne face au cabinet d’avocat, la relation avec Albert Finney (qui est mortel dans ce film, probablement l’un de ses meilleurs rôles, et dieu sait qu’il en a eu des bons), l’enquête, l’accumulation des témoignages, le duel avec le cabinet plus prestigieux, la vie privée qui se dégrade, les pressions effectuées par l’adversaire, etc… Et ce en ayant un film qui fonctionne aussi très bien émotionnellement : la relation avec les gosses évidemment, mais aussi avec ceux touchés par les problèmes d’eau, d’ailleurs je trouve le final très émouvant avec cette femme qui comprend que sa vie, après des années de galère, va changer du tout au tout.

Si le film fonctionne, c’est aussi en grande partie grâce à Julia Roberts, qui n’a pas volé son Oscar malgré toutes les limites d’actrice que je peux lui trouver dans le reste de sa carrière. Ici elle incarne vraiment un personnage auquel on croit dur comme fer, et elle a des séquences où elle prouve quelle super actrice elle peut être : le long plan dans la bagnole où elle s’empêche de chialer parce qu’elle a manqué le premier mot de sa plus jeune fille, c’est pas loin d’être une masterclass d’acting. Formellement, je pourrais dire que c’est très, voire trop, sage, jusque dans la photographie, mais comme dit plus haut j’y vois plus un Soderbergh qui privilégie l’efficacité à une stylisation formelle qui s’avèrerait probablement inadéquate sur un récit de ce type, du coup je me contente parfaitement de quelque chose de fonctionnel, mais qui le fait bien. Bref, pas un grand film, mais une bobine humaniste qui fait quand même du bien, et aux personnages principaux très attachants.


7,5/10
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