[Alegas] Mes Critiques en 2025

[Alegas]

Beaucoup de bons films dans le lot quand même (Speedy A House of Dynamite, Marche ou crève, L'appât, Marcel et Monsieur Pagnol) mais ouais pas spécialement de bobines qui se démarquent plus que ça.

Ceci dit, le mois de novembre commence très bien avec les découvertes successives hier de Baahubali et Magdalene sisters, je vais rattraper.

[Alegas]

La Tour de Glace de Lucile Hadžihalilović
(2025)

Je perd peu à peu espoir, de la part de Lucile Hadžihalilović, de revoir un jour un film du niveau de son Innocence, qui a déjà plus de vingt ans mine de rien. Alors bon, pour voir du positif là où il y en a, on a ici tout de même un métrage qui se tient bien mieux que le précédent : Earwig avait été une énorme déception et, je trouve, le moins bon film de sa réalisatrice, et avec La tour de glace on a une bobine qui se regarde plus facilement. Néanmoins, j’ai toujours cette impression de voir Hadžihalilović s’enfermer dans une sorte de concept de cinéma auteurisant/underground, avec ambiance bien lourde, quasi absence de dialogue, pas ou peu de musique, et des scripts qui en disent le moins possible, histoire de donner l’impression au spectateur qu’il y a quelque chose à trouver derrière cette fausse apparence mystérieuse.

C’est donc le cas ici avec l’histoire d’une ado qui, dans un concours de circonstances, va se retrouver mêler à un tournage de cinéma, qui adapte un conte fantastique, avec une actrice diva. Évidemment, un lien va se créer entre les deux femmes, à mi-chemin entre l’attirance sensuelle, la fascination, et un rapport mère/fille, et globalement tout le script va se reposer là-dessus, avec beaucoup de non-dits, plusieurs scènes dont on ne pige pas trop la signification, le contenu même du film tourné qui se mêle avec celui que l’on regarde, etc… En soi, ce n’est pas un objet filmique totalement inintéressant, ne serait-ce que pour ses qualités formelles, la prestation de Marion Cotillard (c’est d’ailleurs plutôt osé de sa part de tourner dans une production pareille, à laquelle elle apporte une certaine visibilité), ou la curiosité de découvrir Gaspar Noé avec des cheveux , mais pour être tout à fait honnête, comme Earwig et Evolution, c’est l’ennui qui prime.

On s’emmerde beaucoup, d’autant que le film dure quasiment deux heures alors qu’il n’a pas grand chose à dire et qu’il se n’y passe quasiment rien. Deux heures de personnages qui dialoguent en énigmes, pas toujours très bien interprétés (j’ai de grosses réserves sur la jeune actrice face à Cotillard ) quasi uniquement dans des environnements très sombres : pas compris d’ailleurs le délire de la photo sous-exposée (la scène en montagne vers la fin, on ne voit vraiment que dalle ). Mais de toute manière, sur ce sujet, je n’ai jamais compris pourquoi Hadžihalilović n’avait pas continué à bosser avec Benoît Debie, qui avait pourtant fait un boulot de dingue sur Innocence, sans doute avait-elle envie de créer une distance entre son cinéma et celui de son mari. Bref, j’en ressors avec quelques belles images en tête, mais c’est de toute évidence un film que je ne chercherais jamais à revoir, et j’en viens sérieusement à me demander si je tenterais le prochain film de la réal, car là ça fait vraiment trois bobines qui se succèdent avec quasiment les mêmes défauts .

4/10

[Alegas]

Kindergarten Cop (Un flic à la maternelle) de Ivan Reitman
(1990)

Je n’ai jamais vraiment exploré la carrière de Schwarzenegger dans la comédie donc j’ai lancé ce film plus par curiosité qu’autre chose, et j’avoue être assez surpris du résultat car j’attendais au mieux un film très moyen et au final j’ai eu le droit à quelque chose de, certes, pas spécialement transcendant, mais néanmoins sympathique. Le concept sent bon les années 80/90, avec cette volonté de trouver un high concept narratif et une énorme star utilisée à contre-emploi, et là pour le coup on a quand même un summum car on parle d’un flic tendance Dirty Harry dont l’enquête l’oblige à être prof d’une classe de maternelle, le tout joué par un Schwarzy alors au sommet. Je pensais voir un truc complètement gogol, et je suis assez surpris du résultat car même si le métrage possède des moments autres c’est finalement plus un joli récit avec un flic qui s’attendrit à force de côtoyer des jeunes enfants.

C’est pas Citizen Kane, mais ça fonctionne pour ce que ça souhaite faire, et même si la partie polar est ultra légère (en même temps, c’est pas l’objectif premier du script, même si c’est le point de départ) ça se rattrape clairement sur les relations humaines, le lien entre le héros et les gosses étant plutôt touchant, ce qui est très étonnant vu les limites d’acting de Schwarzy. Le film est aidé par des personnages secondaires qui fonctionnent bien, que ce soit la coéquipière ou la directrice de l’école, et même si ce n’est pas de la grande rigolade tout ce qui touche à la comédie a le mérite de marcher un minimum, notamment dès que le héros commence à appliquer dans sa classe les méthodes de fonctionnement de la police . Formellement, sans surprise, c’est très quelconque et fonctionnel, comme toujours chez Ivan Reitman, autant dire que je n’avais pas de grandes attentes sur cet aspect là du métrage. Pas de la grande comédie donc, mais tout de même un divertissement sympathique et attachant sur bien des aspects, on ne peut pas vraiment dire la même chose des essais de Stallone dans le genre .

6/10

[Mark Chopper]

Revu il y a deux ans et j'avais été agréablement surpris. C'est sa meilleure comédie

La Course au jouet est un de mes plaisirs coupables (à regarder en famille à Noël).

Jumeaux, aucun souvenir. Junior est atroce.

[pabelbaba]

Les vrais savent qu'Un Flic à la Maternelle c'est mieux que Max Payne. Mébon, j'ai un vague souvenir de film très moyen avec quelques rares moments un peu fun et un fin vite expédiée.

[angel.heart]

Revu il y a deux ans et j'avais été agréablement surpris. C'est sa meilleure comédie

La Course au jouet est un de mes plaisirs coupables (à regarder en famille à Noël).

Jumeaux, aucun souvenir. Junior est atroce.

Jumeaux et Junior sont vraiment mauvais.

La Course au jouet, j'aime bien une fois sur deux. Tout dépend du mood, je suppose...

Mais ouais, Un flic à la maternelle reste sympathique.

[Alegas]

Memoirs of an invisible man (Les aventures d'un homme invisible) de John Carpenter
(1992)

C’est probablement l’un des films les moins cités de la carrière de Carpenter, et on comprend aisément pourquoi à la vision. On parle quand même d’un projet qui est passé entre les mains de plusieurs réalisateurs (Ivan Reitman et Richard Donner furent un temps prévus pour réaliser le film) pour finir sur les épaules de Carpenter car ce dernier était dans un creux de vague et que c’était l’opportunité pour lui de tenter un film de studio, on pige vite fait pourquoi il n’en a pas refait ensuite .

Alors en soi, Carpenter sur un film ayant pour héros l’homme invisible, ça donne carrément envie, le truc étant que ce n’est vraiment pas un film de réalisateur ici, mais plutôt un projet construit autour de Chevy Chase, qui souhaite que la bobine lui serve de tremplin pour l’imposer comme une star. La vérité, c’est que ça ne marche pas du tout : on capte très rapidement que le film est dicté par l’acteur qui veut être mis en avant le plus possible alors que tout le concept du film est justement de ne pas le voir. Du coup, le film enchaîne les choix étranges, entre le fait de montrer au spectateur le héros visible, alors que dans la diégèse il est bel et bien invisible, ou encore l’insupportable voix-off qui surligne ce qu’on voit à l’écran. C’est d’autant plus dommage que Chevy Chase a des grosses limites de jeu d’acteur, a trop peu de charisme pour être un réel héros de cinéma, bref le film se porterait bien mieux si on le voyait moins .

L’autre gros problème du film vient du script, beaucoup trop gentillet et consensuel pour son propre bien. On a un peu l’impression de voir le mythe de l’homme invisible, mais dénué de tout ce qui peut être intéressant dans un tel récit, avec un héros ne profite que rarement de sa condition. Ici, c’est vraiment juste l’histoire d’un mec qui essaye de se sortir d’un complot, et tout le délire fantastique est plus traité comme un bonus qu’autre chose, il y a zéro réflexion sur les opportunités que peut user un être humain doué d’invisibilité, et d’ailleurs tout cet aspect est plutôt traité en mode comédie (le passage avec le taxi). On est donc très loin du film de James Whale, encore plus loin de Hollow Man pour prendre un film plus contemporain, et globalement on sent trop que la bobine a été faite pour plaire à tout le monde, résultat ça ne plaît à personne .

Ca n’a rien à raconter, la love story n’est pas loin d’être naze, et finalement le film ne s’en sort que grâce à ses effets visuels, eux mêmes n’étant pas foufous pour l’époque (ça fait plus film des années 80 que du début 90 ), malgré quelques plans réussis. Formellement, ça pourrait être réalisé par un nobody qu’on y croirait, jamais on ne devine qu’il y a Carpenter derrière la caméra tant c’est impersonnel. J’ignore à quel point il a eu les mains liées sur ce projet, mais c’est assez triste à voir. C’est vraiment à réserver aux complétistes du réal.

4/10

[Jed_Trigado]

Si je me fie a son bouquin d'entretiens présent dans le coffret de Ghosts of Mars, c'est clairement un véhicule pour Chevy Chase qui est loin d'être le plus commode des acteurs.

[Alegas]

Oui j'avais déjà entendu parler du caractère problématique de Chase sur la série Community, j'imagine qu'il était potentiellement pire à ce qui pourrait être considéré comme le top de sa carrière.

[Mark Chopper]

Je n'arrive pas à poster ce lien YT correctement :

[Alegas]

Je l'ai fait pour toi.

[Alegas]

Beverly Hills Cop II (Le flic de Beverly Hills 2) de Tony Scott
(1987)

La dernière fois que je l’avais vu, c’était l’épisode que j’aimais le moins de la trilogie, sans doute parce qu’il y a une réelle fracture d’ambiance entre celui-là et les deux autres, que ce soit visuellement ou narrativement. Aujourd’hui, à le revoir, c’est clairement l’opus que je préfère de la saga (pas encore vu le dernier en date, mais j’anticipe), et nul doute que l’identité Bruckheimer/Simpson joue beaucoup dans cette appréciation. Déjà, formellement, il y a un vrai gap entre le premier film et cette suite : on vire le 1:85 pour passer en 2:39, on a enfin l’impression qu’il y a un directeur photo qui fait vraiment son boulot au lieu de tout éclairer de la même façon, et surtout on a Tony Scott qui vient apporter un réel savoir faire technique, quand bien même je trouve que ce film fait partie des moins marquants de sa filmographie, d’un pur point de vue de mise en scène.

Côté script, on est plus ou moins sur un remake, qui n’oserait pas dire son nom, du premier film : début à Détroit, point de bascule narratif qui transfère l’action à Beverly Hills, Axel qui chope un logement sans le payer, le commissaire qui va lui mettre des bâtons dans les roues, un bad guy vite identifié qu’il faut coincer sans trop faire de vagues (théoriquement ), bref on est sur un schéma très proche de ce qui a précédé. A vrai dire, ce n’est pas particulièrement gênant tant cet épisode fait tout en mieux, j’ai déjà dit pourquoi techniquement, mais pour le reste c’est sans doute grâce à une liberté de ton plus grande : le film fait moins divertissement familial gentillet, est un peu plus borderline sur son humour, on a de l’action qui est plus rentre-dedans, des personnages qui partent en vrille (Rosewood et sa passion soudaine pour les guns ), bref on a vraiment la sensation d’avoir Bruckheimer/Simpson derrière, et ça me convient parfaitement (même si je pige que c’est ce qui bloque certaines personnes vis à vis de cet opus). Sinon, ça conserve à peu de choses près certains défauts du premier : bad guys transparents, enquête mollassonne, bref c’est loin d’être l’un des meilleurs divertissements d’époque de ce type, et ça fait se rendre compte que si cette saga a autant marché, c’est surtout grâce au personnage d’Axel Foley qui dégage une énergie communicative.

7/10

[pabelbaba]

"Shakedown, breakdown, you're busted!"

Il claque du slibard celui-là. Rosewood c'est le meilleur sidekick des 80s.

[Alegas]

Pris de court de Emmanuelle Cuau
(2017)

Très mauvaise pioche dans la filmo d’Efira pour le coup. C’était la période de sa carrière où l’actrice a commencé à quitter peu à peu les comédies pour se tourner vers des drames, souvent à caractère sociaux, et ici c’est typiquement le cas puisqu’elle y joue une mère de famille qui a du mal à joindre les deux bouts, elle qui vient d’apprendre qu’elle n’aura pas le job pour lequel elle s’est déplacée sur Paris, et avec deux gosses à gérer. Pas bien original, mais why not, le souci c’est que le métrage tente ensuite une approche pas loin du thriller, avec un mafieux qui débarque, un des fistons obligé de payer une dette impossible, et la mère qui va devoir voler un bijou hors de prix pour se sortir de cette impasse, et franchement à partir de là ça devient vraiment naze.

Déjà que le film ne brillait pas particulièrement en termes d’écriture, mais là ça part dans du gros n’importe quoi, avec des décisions de personnage assez idiotes, et un final où on se demande vraiment ce que la réal a cherché à dire comme propos (je pourrais dire que ça apporte de l'ambiguïté, mais à deux minutes de la fin du film, pas certain que ça serve bénéfiquement l’ensemble). Le pire, c’est que même le casting ne rattrape pas l’échec du film : Efira semble faire ce qu’elle peut, et je l’ai rarement trouvé aussi fausse dans son personnage, le gamin fautif est une tête à claque ambulante, et je ne parle même pas de Gilbert Melki en mafieux, ça ne marche pas du tout à mon sens, le mec est censé faire tellement peur qu’il pousse une femme à commettre un délit majeur, et ça je n’y crois pas du tout. Si on rajoute en plus la réal sponso caméra à l’épaule sans idées de mise en scène, et une absence totale de tension lors du braquage à la fin (on se fout complètement de ce qui va arriver aux personnages), ça commence à faire beaucoup. Un gros ratage qui arrive à être pénible à suivre alors que ça dure moins d’une heure et demie.

3/10

[Alegas]

The counterfeit traitor (Trahison sur commande) de George Seaton
(1962)

Film d’espionnage dont je n’avais jamais entendu parler avant de le voir débarquer sur Arte. Sur le papier, c’est plutôt tentant, car quand bien même on a une quantité énorme de films d’espionnage se déroulant dans un contexte de Seconde Guerre Mondiale, c’est nettement plus rare d’en voir utiliser les pays nordiques comme lieux où situer l’action. On a ici l’histoire vraie d’un industriel suédois (mais américain de souche) qui va se faire embaucher par les anglais pour repérer des sites stratégiques à bombarder. Pour être tout à fait honnête, la majorité du film n’est pas spécialement intéressante, c’est le genre de film qui prend beaucoup trop de temps pour ne pas raconter grand chose, et ce n’est pas aidé par un rythme qui va souvent à deux à l’heure .

C’est d’autant plus étonnant qu’à côté de ça on se tape des ellipses de dingue, genre le fait que le mec fasse croire à son entourage qu’il devient partisan des idées nazies, c’est quasi uniquement traité à travers un petit montage de divers plans successifs, là où une scène de dialogue un peu plus fournie aurait été la bienvenue. Franchement, toute la partie avec le héros qui s'infiltre petit à petit dans les confidences de l’ennemi est loin d’être passionnante, mais heureusement le film est en partie sauvée par une dernière partie plutôt cool. Déjà, on a une love story qui se termine de façon bien tragique, et j’ai beau ne pas avoir eu d’accroches émotionnelles vis à vis des personnages, j’ai quand même trouvé la scène hyper efficace, avec Holden qui fait tout pour qu’elle entende sa voix une dernière fois avant l’exécution, c’est fort comme idée.

Vient ensuite toute la partie de l’évasion, et là encore même si ce n’est pas sans défauts (je pense notamment à la mise en scène fonctionnelle de George Seaton) c’est plutôt efficace avec quelques passages marquants, genre celui avec Klaus Kinski qui reste bien en tête après le visionnage, ou encore la démonstration de la résistance passive par les danois avec leurs vélos, pour bloquer les allemands lors d’une course-poursuite. Si on ajoute à ça le final plutôt joli, entre le pote de toujours et l’ultime souvenir de l’être aimé, et les prestations de William Holden et Lilli Palmer, ça fait pardonner en partie les gros défauts qu’il y a pu avoir avant. Sinon, j’ai cru comprendre via Scorsese que c’était l’un des premiers films sérieux traitant de la WWII à avoir de la couleur, ça ne rend pas le film meilleur à mon sens, mais c’est quand même intéressant à savoir d’un point de vue historique. Clairement pas un grand film, mais il y a des qualités, et ça peut faire le job si on a épuisé les films d’espionnage de l’époque.

5,5/10