[Scalp] La Chute continue 2025

[Scalp]

6/10

The Prosecutor de Donnie Yen - 2024

Fut un temps lointain où chaque nouveau film de Donnie Yen était un petit évènement, aujourd'hui clairement ses films sortent presque dans l'indifférence générale, bon au moins contrairement à pas mal de vieilles gloires HK lui il fait encore des films donc ça reste toujours cool de le voir même si clairement la qualité est plus au rendez-vous. Alors sur ce film j'ai pas envie d'être méchant, c'est meilleur que Sakra et même Raging Fire (bien survendu quand il est sorti celui là) mais bon c'est pas folichon mais c'est tellement du pur Donnie Yen qu'on peut y trouver un petit plaisir.
Alors c'est Donnie Yen qui filme Donnie Yen, donc évidemment il se met en valeur et c'est presque ridicule par moment, il commence ici comme flic badass dans une intro énergique bien foutu (même si il cède à la mode du plan séquence en vue FPS) pour devenir procureur mais Donnie c'est pas un procureur comme les autres du coup quand il sent une douille il est prêt à tout pour sauver le mec accusé alors que son boulot et de le faire condamner, mais c'est Donnie et Donnie il aime pas les injustices. Il va donc faire un film de procès à la Donnie (ça part quand même d'un fait divers qui a vu un adolescent accusé de trafic de drogue et son avocat lui a conseillé de de plaider coupable), c'est à dire que les joutes verbales sont remplacées par des bons bourres pifs. Le gros défaut du film c'est qu'il a pas matière à durer 1h50 et le mélange film de prétoire sérieux et actionner HK est un peu bâtard et même si le mélange de genre est une spécialité locale on peut pas dire qu'ici ça fonctionne vraiment, c'est pas très bien écrit et Donnie a toujours autant de mal quand il doit jouer un personnage qui a des vraies scènes de dialogues.
Y a un truc qui fait plaisir c'est de voir pleins de têtes HK qu'on avait pas vu depuis un moment : Francis Ng, le gros moins gros Kent Cheng, Michael Hui et Ray Lui, mais bon tout ce petit monde est là pour servir la soupe à Donnie, on sauvera quand même le gros bourrin qui se tape à la fin, lui il a une sacrée présence et Donnie lui donne des scènes sympas.
Heureusement le film a pour lui l'action et quelques scènes vraiment sympas où Donnie assure encore bien malgré ses 60 ans passés, c'est vraiment nerveux, y a des idées et une bonne utilisation du décors (la fin dans le métro est vraiment top et met à l'amende tous les combats du bien surcoté City of Darkness), et c'est vraiment violent, les impacts font mal et éclate vraiment des têtes, alors on a plus les combats longs comme Donnie pouvait le faire à sa belle époque dans SPL donc on a pas des chorégraphies super développées, c'est remplacé par quelque chose plus terre à terre mais de très efficace.
Prosecutor est donc un film de procès un peu naze mais un petit actionner HK qui par moment nous rappelle la belle époque.

[osorojo]

Allez, vendu, ça fait longtemps que je me suis fait un Donnie.

[Scalp]

7/10

Frankenstein Must Be Destroyed de Terence Fisher - 1969

Curieusement celui là je l'avais pas vu alors que j'avais commencé la saga, bon après j'avais pas été emballé plus que ça et Frankenstien créa la Femme m'avait saoulé si bien que j'ai lâché l'affaire et c'est bête car il faut attendre le 5ème film pour avoir le meilleur film, et j'ai même envie de dire le meilleur film avec personnage (que j'aime pas des masses) et largement devant le Del Toro donc. Ici c'est certainement la version la plus sombre du personnage (bon en même temps ici il va loin car outre le mensonge, on a du meurtre et du viol à mettre à son crédit) et on pourrait même dire que c'est surement un des films les plus originales sur ce bon vieux Baron Frankenstein, déjà ici on a pas de créature et les motivations du personnage c'est pas pour le bien de la science, ici il ne joue pas à l'apprenti sorcier (bon il va quand même faire un transfert de cerveau), et ses motivations sont plus sombres. Et pour ce personnage on a une nouvelle fois un parfait Peter Cushing (tellement meilleur que Isaac) dans un des ses rôles les plus noir : il est prêt à tout et complètement dépourvu de moralité, complètement machiavélique, assassin de sang froid et violeur, et il fait tout ça avec son flegme et son charisme habituel. Et on a droit à un trio de personnage intéressant avec un couple sous la coupe de Frankenstein, le perso du flic est sympathique aussi.
Et puis la fin est pas dépourvue d'un discours intelligent avec les dérives de la science, évidemment, et j'aime bien la partie finale avec les réactions du patient suite à ce petit problème technique.
Le tout est mis en scène par un Fisher très inspiré, c'est lui l'artisan majeur de la Hammer et il signe ici certainement son meilleur film (et c'est surement top 3 Hammer, bon là de tête j'ai pas les 2 autres), alors on a pas les scènes que j'adore à base de marais et de brouillard mais on a l'ambiance gothique et certaines scènes sont vraiment marquantes.
Non vraiment c'est cool et pas besoin de 100 millions pour faire un bon film sur le personnage.

[Scalp]

5/10

She Rides Shotgun de Nick Rowland - 2025

Pas trop envie d'être méchant car il y a des bonnes choses mais c'est typiquement le genre de film qui me casse les couilles, c'est à dire que c'est un très mauvais film de genre mais un bon drame. Et j'aime pas quand on a un pitch de polar comme ça : un ex détenu est pourchasser par les flics et des néo nazis et qu'il va tout faire pour protéger sa fille, donc moi tu mets ça comme postulat, j'attends certaines choses et ben j'attends toujours.
Alors heureusement le film est porté par la jolie relation entre la gamine (très bonne, un naturel et une vraie justesse dans le jeu) et Taron Egerton qui fait un peu toujours la même tête (il a l'air constipé quoi) dans les films mais qui arrive à être convaincant, c'est une relation qui va se créer dans la violence et il y a vraiment un truc qui se dégage de tout ça et il y a des vraies belles scènes entre les 2 lors de road movie sanglant.
Mais voilà ça dure 2h donc ça traine et toute la partie polar c'est vraiment mauvais (c'est très con niveau écriture alors que quand le film se met à hauteur du point de vue de la gamine c'est toujours bien foutu) et quand il y a de l'action on dirait que le mec ne sait absolument pas quoi faire (et j'ai même trouvé les séquences pas loin d'être ridicule comme celle de la caravane où j'ai pas compris l'idée). Alors quand la violence éclate, elle est bien frontale et crue mais ça marche pas des masses car on a un réalisateur pas vraiment doué. Et il est pas doué pour diriger tout le casting d'ailleurs car John Carroll Lynch en bad guy c'est pas vraiment une réussite, alors ça vient plus du personnage que de l'acteur mais bon c'est raté en tout cas.
Malgré son titre de porno c'est un joli film (y a une belle photo) bien joué mais un peu chiant.

[Scalp]

5/10

Targets de Peter Bogdanovich - 1968

Un film à la genèse bien plus intéressante que le film en lui même, Boris Karloff devait 2 jours de tournage à Roger Corman et comme avec Corman rien ne se perd, il bricolera une histoire (qui tient la route) avec Karloff en vieille icône de l'horreur (quel merveilleux dernier rôle quand même avec une belle mise en abyme) qui veut arrêter sa carrière et en parallèle on suit un jeune homme américain typique qui va vriller et sniper tout le monde, et les 2 histoires finiront par se rejoindre. Bon vu qu'il avait pas assez de Karloff à l'écran, il colle des images de L'Halluciné. Et clairement les 2 histoires ont du mal à exister ensemble et on a vraiment l'impression de regarder 2 films différents (on sent vraiment le coté bricolage de l'ensemble), alors je vois ce que ça essaye de faire à la fin mais je suis pas convaincu.
On est donc devant une vraie production Corman, y a pas de budget (et j'ai pas cherché d'info là dessus mais l'absence de BO est ptet du à l'absence de thune) mais on a un réalisateur cinéphile (bon je suis pas un grand fan de Bogdanovich qui joue aussi dans le film d'ailleurs et qui joue un réalisateur) qui essaye de faire de son mieux (et son mieux c'est pas beaucoup) et signe un film qui dans l'idée a sa place dans le Nouvel Hollywood avec cette Amérique qui rentre de plein pieds dans cette violence gratuite (et la fascination pour les armes à feu) qui vient de l'intérieur, le premier meurtre fait froid dans le dos tellement il est gratuit et la mise en scène est vraiment bien foutue sur cette séquence. Malheureusement ce sera la seule vraie scène du film, le reste est terriblement plat et ne fait pas honneur à ce que raconte le film, il ne se dégage aucune puissance de tout ça (le film préférant se baser sur la symbolique plutôt que la caractérisation sauf que ça donne un film très froid et un peu chiant). La scène du Drive in qui devrait être l'apothéose de tout ça est quand même bien faiblarde sur la forme, après
Bon après visuellement faut le dire c'est moche, y a pas de chef op et ça se sent que pas mal de trucs ont été tourné sans autorisation et le casting à part Karloff c'est quand même pas folichon, bon après le coté falot du tueur colle avec ce que le film veut raconter, où le mal n'a pas de visage et ça peut être un citoyen lambda.
Un film à voir pour la présence réellement imposante Boris Karloff et un des premiers films sur un tueur de masse, mais c'est quand même plombé par un manque de budget et de talent.

[Alegas]

7.5/10

Marie-Octobre de Julien Duvivier - 1958

Quand je l'ai découvert j'avais été un peu déçu par rapport à mes attentes au vu du sujet et du casting, mais ça se revoit avec plaisir et c'est clairement un bon film et un des meilleurs de Duvivier et sans un dernier acte un poil faiblard on était devant un grand film.
Quand on fait un huis clos intégral comme ça on se frotte évidemment au chef d'oeuvre de Lumet et rare sont ceux qui peuvent lui arriver à la cheville, ce Marie-Octobre si il n'atteint jamais la virtuosité et le script au cordeau du Lumet, il a clairement des qualités à mettre en avant. On assiste donc à une chasse au traitre 15 ans après les faits, un diner qui va faire ressurgir tous les démons du passé et faire ressortir le pire de chaque personnage. Le suspens fonctionne à fond pendant plus d'une heure, tout le monde (ou presque) va être suspect, et tout le monde va défendre sa peau, certain avec un don des mots comme Blier, d'autre en se révoltant comme Dalban mais tous finalement voudront connaître la vérité.
C'est clairement un film d'acteurs, un film de gueule même car on trouve entre autre : Paul Meurisse dans son registre monocorde habituel mais toujours tellement charismatique, Lino Ventura tout en présence physique, Serge Reggiani dans le rôle le moins facile du film, Blier tout en prestance, Dalban et sa gouaille, Danielle Darieux est pas mal mais j'aurai préféré une autre actrice comme Signoret. Duvivier se met donc en retrait avec un tel casting (y a quelques choix de placement de caméra ici ou là mais clairement il s'efface derrière son sujet et ses acteurs tout en évitant de faire du théâtre filmé) et il a bien raison car y a pas besoin d'en faire des tonnes. En plus le film est parfaitement dialogué, ça fonctionne à fond pendant plus d'une heure 20, c'est vraiment dommage que le dernier acte soit un peu facile (comment le traitre se fait avoir c'est clairement pas le truc le plus réussit du film) mais tout ce qui touche à la culpabilité, le besoin de vengeance et de savoir la vérité est bien rendu et chaque personnage réagit différemment mais il manque un truc essentiel pour le faire passer dans la catégorie du dessus, on reste trop spectateur du film, y a pas vraiment d'implication émotionnel, la fin on s'en fout finalement de l'identité et de son sort, on est pas touché.
Un exercice de style qui vaut le détour et qui passe tranquillement l'épreuve du temps car c'est le genre de film clairement intemporel.

[Scalp]

3.5/10

On ne Meurt que Deux Fois de Jacques Deray - 1985

Ah les polars 80's frenchy ça a toujours une saveur particulière mais c'est quand même très souvent très foireux, bon ici y a un indice sur la qualité du film, c'est réalisé par Jacques Derays et malgré ses nombreux succès au Box office (merci Delon, merci Bebel) c'est clairement pas un bon réalisateur (c'était un des bons gros tocards de l'époque même, on lui trouve pas une patte et il ne sait pas raconter une histoire). Mais ici on a 2 trucs qui pouvaient laisser penser que ça aurait pu être sympa : Michel Serrault et Michel Audiard (qui sortaient tous les 2 du surcoté Mortelle Randonnée qui surfait déjà sur l'excellent Garde à Vue). Et on arrive sur le premier problème du film, les dialogues de Audiard, alors c'est du Audiard donc c'est la foire aux bons mots et aux "cons" mais je trouve qu'ici ça colle mal à l'ambiance générale du film, une espèce d'ambiance un peu bourgeoise. Ici la plume d'Audiard est inadapté avec cette intrigue un peu bcbg.
Le film fait a peu près illusion lors de sa première partie où tout se met en place avec cette enquête sur la mort d'un clochard qui s'avère être un pianiste célèbre, même si finalement on a peu de mystère car peu de personnages, mais les rencontres de Serrault ne sont pas chiantes et puis le mec fait le job dans ce rôle de flic forcément adepte des bons mots mais voilà quand l'intrigue avec Charlotte Rampling se met en place, ça se casse la gueule et on arrive sur le second et gros problème, c'est chiant. Déjà Rampling en nymphomane c'est compliqué mais alors Rampling nue c'est des choses qu'on a pas forcément envie de voir à l'écran (et là on aurait aimé avoir une doublure fesse). Et le film ne parle finalement que de ça, Rampling veut baiser et se trimballe à poil, mais balek complet. Le film réussit l'exploit d'avoir aucune scène réellement intéressante et forte, tout y est fade, très fade et c'est tellement mal raconté qu'on se demande bien où finalement ça veut aller (faut pas trop réfléchir car tout se casse la gueule).
Qui dit Deray dit mise en scène sans idée et une gueule de téléfilm, ça pourrait être un épisode de Navarro (ouais ref de vieux) qu'on verrait pas la différence, alors on a un Paris hivernal mais bon ça change rien.
Reste le plaisir de voir des jeunes seconds rôles comme Bacri, Darrousin ou Darmon, ça fait bien peu.
Dernier film du grand Audiard, triste de finir sur une merde.