

Journal d'un voleur de Shinjuku
Nagisa Oshima - 1969
Eh bé ! Y’a pas à dire, Shinjuku en 1969, ce devait être quelque chose, niveau foisonnement arty. Je ne sais pas si j’ai goûté pleinement le voyage (le genre de film qu’il faut laisser un peu infuser), mais il faut reconnaître que l’heure et demie proposée par Oshima fait feu de tout bois pour éviter toute routine. L’histoire ? En gros la liaison entre deux jeunes gens : lui choure des livres aux étalages d’une librairie de Shinjuku, elle l’en empêche. Un lien se tisse et, ensemble, ils vont partir en quête de l’extase sexuelle, la vraie.
Alors n’attendez pas un déluge de scènes pinku. Rie Yokoyama est bien jolie (actrice que l’on retrouvera notamment dans l’un des épisodes de Scorpion) mais elle ne payera pas vraiment de sa personne, tout comme son alter ego masculin, l’artiste Tadanori Yokoo. Leur quête est un prétexte à un patchwork narratif de différentes saynètes, tantôt en noir et blanc, tantôt en couleurs, souvent très verbeuses et nonsensiques. Vous l’aurez compris, il faut être disponible d’esprit, bien plus que pour un des pinkus contestataires de Wakamatsu. On est en fait dans la Nouvelle Vague davantage tendance godardienne que rohmerienne. Irritant et en même temps inventif et énergique. Une interview de Yokoo présente dans une récente édition bluray révèle que le tournage s’est fait au jour le jour dans une improvisation totale. Tellement totale d’ailleurs que la scène de vol à l’étalage dans la librairie est une vraie scène de vol. Et si l’on se sent d’humeur interprétative, on saura faire son profit de la profusion de symboles que l’on y trouve. Bref, dans Shinjuku dorobo nikki il y a largement matière à trouver un minimum d’intérêt derrière ce déluge de grand n’importe quoi.
Après, pour ce qui est de cette quête d’extase sexuelle, on préférera tout de même se (re)lancer dans l’Empire des sens…