♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦La Fiancée du pirateFilm de Nelly Kaplan · 1 h 47 min · 1969 (France)
♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦Il faut un peu de temps pour rentrer dans
La Fiancée du pirate, et s'acclimater au jeu de tous les acteurs; tous sont dans l'exubérance, sans doute de manière volontaire pour faire basculer le film dans la satire sociale. Mais une fois qu'on accepte ce ton particulier, c'est parti pour une récréation corrosive intégralement portée par Bernadette Lafont qui donne le meilleur, en plus de sa personne, sans retenue, pour incarner la voix de la révolte dans un village où les notables du coin font la loi et la morale.
Toute la seconde partie du film qui voit le rapport de force s'inverser lorsque la jolie Marie se transforme, passant d'une jolie proie exploitée par toutes les autorités de pouvoir du coin (comprendre ceux, et celle, qui ont un peu d'oseille finalement), à une entrepreneuse revancharde qui n'a pas froid aux yeux bien décidée à rendre la monnaie de leur pièce à tous les enfoirés qui l'ont abusée — et il y en a un sacré paquet —, est divertissant en diable.
Le film est super bien dosé à mon sens, pas si exagéré finalement (ce qui est sans doute ce qui fout le plus les boules). Chaque scène qui permet à Marie de régler ses comptes est jouissive au possible, d'autant plus que les petits pervers qui se font corriger sont portés par des acteurs de talent : Jean Paradès en père La Tisane est génial, Julien Guiomar qui balance sur sa femme c'est du caviar, enfin Michel Constantin offre sa présence pendant quelques séquences bienvenues pour équilibrer tendrement le propos dans sa charge contre le patriarcat.
Finalement, je ne déplore que le manque de nuance concernant les personnages féminins : les femmes des brebis licencieuses qui partagent leurs foyers respectifs auraient mérité un peu plus de dimension, m'enfin on peut pas tout avoir et en l'état,
La Fiancée du pirate est une charge rageuse qui file la pêche, et fait rougir au passage, parce qu'en bon petit pervers pépère que je suis, j'ai apprécié les déambulations généreuses de Bernadette Lafont en nuisette joliment brodée, je me devais de le confesser
