[oso] Mes bafouillages erratiques vol. 2025

[Val]

Quel déchirant chef d'oeuvre. Il m'a fallu plusieurs jours pour m'en remettre.

[osorojo]

Qu'est ce qui t'a tant retourné dedans ? Parce que, tout bien considéré, ça ne finit finalement pas si mal ^^

[osorojo]

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Le Sang du condor — Yawar Mallku
Film de Jorge Sanjines · 1 h 10 min · 1969 (Bolivie)
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Pas évident d'aborder un tel film tant il est clairement question ici d'acte politique, de sensibilisation à l'oppression d'un peuple par une grande puissance qui se croit tout permis, par l'intermédiaire d'un docu fiction qui fait froid dans le dos. C'est le genre de séance dont on ressort avec l'envie d'en savoir plus, et au fur et à mesure qu'on se renseigne en ligne sur les barbaries qui nous ont été dénoncées, on ne peut que se dire que l'être humain lorsqu'il a un peu de pouvoir est un salopard sans nom.

Bref, une bobine qui ne file pas le sourire, mais qui a apparemment eu un impact réel en Bolivie puisqu'il a conforté les autorités à se renseigner davantage sur les pratiques de Peace Corps avant de les bannir du pays un peu plus tard. Forcément, en ligne on lit un peu de tout, et comme souvent avec ce genre de sujet, c'est toujours compliqué de trouver des sources complètement transparentes, mais il est évident que la vérité est entre les deux extrêmes les plus vocaux, et si c'est le cas, c'est déjà un sacré scandale.

Ça m'a foutu le moral dans les chaussettes en tout cas même si le dernier plan, un peu frondeur, permet de sortir de là avec de la hargne plus que du dépit, mais bon, ce n'est pas vraiment suffisant pour retrouver la banane.

[Olrik]

Je vais peut-être passer mon tour pour celui-là, mais c'est toujours intéressant d'avoir des retours sur des films en dehors des contrées géographiques habituelles.

[osorojo]

Je comprends, il est rude à tanker, tout y demande un effort : la langue Queshua est raide, la mise en scène anti spectaculaire, le rythme changeant, et comme je le disais le thème aride. Donc ouais, c'est le genre de séance que tu encaisses plus que tu apprécies, nécessaire mais assez désagréable au final ^^

[osorojo]

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La Belle
Film de Arunas Žebriunas · 1 h 05 min · 1969 (Lituanie)
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Je crois comprendre la note d'intention du réalisateur avec ce film, à savoir questionner l'héritage de la morale et de certaines valeurs assez subjectives comme l'importance de la beauté, ou encore la position sociale et le rôle de chacun au sein de la communauté (une femme a de la chance si elle est belle, elle sera plus facile à marier etc..), et pourtant je n'y peux rien, je m'ennuie devant ce genre de film.

Ces enfants qu'on fait s'exprimer / se conduire comme des adultes pour en faire les vecteurs des pressions sociales exercées par les membres d'une même communauté les uns sur les autres, me gave sur la distance. Voir Inga danser pendant des plombes avec son grand sourire alors qu'elle fait de grands gestes pour jouer la Belle annonce dans le titre, je sais que pour beaucoup c'est mignonnet, touchant etc, pour moi c'est juste lourdingue.

Alors oui, c'est plutôt bien mis en boîte, la photo est précise, les jeux de lumières agréables, certaines idées, le toutou notamment bloqué dans le passé, sont intéressantes, mais je trouve la démonstration globalement trop didactique et forcée. Pas un mauvais film loin de là, juste pas pour moi.

[osorojo]

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La Fiancée du pirate
Film de Nelly Kaplan · 1 h 47 min · 1969 (France)
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Il faut un peu de temps pour rentrer dans La Fiancée du pirate, et s'acclimater au jeu de tous les acteurs; tous sont dans l'exubérance, sans doute de manière volontaire pour faire basculer le film dans la satire sociale. Mais une fois qu'on accepte ce ton particulier, c'est parti pour une récréation corrosive intégralement portée par Bernadette Lafont qui donne le meilleur, en plus de sa personne, sans retenue, pour incarner la voix de la révolte dans un village où les notables du coin font la loi et la morale.

Toute la seconde partie du film qui voit le rapport de force s'inverser lorsque la jolie Marie se transforme, passant d'une jolie proie exploitée par toutes les autorités de pouvoir du coin (comprendre ceux, et celle, qui ont un peu d'oseille finalement), à une entrepreneuse revancharde qui n'a pas froid aux yeux bien décidée à rendre la monnaie de leur pièce à tous les enfoirés qui l'ont abusée — et il y en a un sacré paquet —, est divertissant en diable.

Le film est super bien dosé à mon sens, pas si exagéré finalement (ce qui est sans doute ce qui fout le plus les boules). Chaque scène qui permet à Marie de régler ses comptes est jouissive au possible, d'autant plus que les petits pervers qui se font corriger sont portés par des acteurs de talent : Jean Paradès en père La Tisane est génial, Julien Guiomar qui balance sur sa femme c'est du caviar, enfin Michel Constantin offre sa présence pendant quelques séquences bienvenues pour équilibrer tendrement le propos dans sa charge contre le patriarcat.

Finalement, je ne déplore que le manque de nuance concernant les personnages féminins : les femmes des brebis licencieuses qui partagent leurs foyers respectifs auraient mérité un peu plus de dimension, m'enfin on peut pas tout avoir et en l'état, La Fiancée du pirate est une charge rageuse qui file la pêche, et fait rougir au passage, parce qu'en bon petit pervers pépère que je suis, j'ai apprécié les déambulations généreuses de Bernadette Lafont en nuisette joliment brodée, je me devais de le confesser