7.5/10
Animal Factory de Steve Buscemi - 2000
Better to reign in hell than to serve in heaven.Ed Bunker c'est dans mon top 3 d'écrivains préférés, son vécu donne à ses romans un aspect brut et réel de premier ordre, l'adaptation du
Récidiviste était déjà très bien (et trop méconnu à mon gout), bon Animal Factory c'est le seul Bunker que j'ai pas lu (je viens de me le prendre car il faut corriger ça) mais je connais par coeur ses autres romans de prison et donc ici je peux affirmer sans mal que l'essence du bouquin est respecté et que le souci de réalisme est bien là, en même temps : Bunker produit ( avec Danny Trejo ) et il s'est occupé de l'écriture de l'adaptation et joue un petit rôle.
Comme toujours avec Bunker l'histoire est sans réel fil conducteur, c'est juste une tranche de vie dans une prison alors forcément il y a rien de neuf, on est en terrain connu. Un jeune débarque et il va être confronté aux problèmes de la prison ( sans que le traitement soit cliché ) : viol, trafic, drogue, les petites combines, haine raciale toujours sous-jacente ( d'ailleurs j'aime bien dans ses romans comment il traite des problèmes raciaux par contre ici clairement Buscemi a adoucit le truc, et ça vient de lui, Bunker le confirme dans les bonus ). L'univers carcéral qu'on a déjà vu des tonnes de fois n'a jamais sonné aussi vrai que chez Bunker (tout comme l'univers des truands pas pour rien que le gars a été conseiller technique chez Mann), on est loin du coté over the top de Oz (même si j'adore Oz), et puis quand il démontre par ses écrits que c'est la prison qui façonne le criminel on est d'accord. Buscemi a pris le partit pris de filmer ça de façon assez optimiste avec quasiment que des détenus sympas ( voir le parcours du héros qui n'endure rien de ce qu'endure généralement les persos de ce genre de film) et on sent que Buscemi a coupé toute la violence du livre (en général c'est un truc qui me gène mais curieusement pas ici, c'est un truc que je reproche aux Evadés) et il se concentre avant tout sur la belle relation entre les 2 personnages et la fin est très belle et ne tombe pas dans le pathos.
Buscemi signe ici son premier film ( il s'était la main avant sur des épisodes des Sopranos et Oz ) ne se prend pas pour un grand formaliste, il emballe ça tranquillement et sans esbroufe ( bon y a bien un plan dialogué en 360 à la Tarantino mais c'est le seul moment où on sent la caméra ) et sa caméra colle au plus près des détenus (très peu de plan d'ensemble).
Le casting est impérial, Willem Dafoe trouve ici un rôle à la mesure de son talent, il est si bon quand il joue sobre, il a une présence magnétique et au début on ne sait pas trop dans quel sens va s'orienter son personnage, il est donc génial dans son rôle de boss de la prison comme il se présente lui même, Edward Furlong c'est simple c'est sa meilleure performance (et vu ce qu'est devenu sa carrière il ne fera jamais mieux), le parcours initiatique de son personnage est très bien et il le rend crédible, le reste du casting est un défilé de tronche : Mickey Rourke en folle ( d'ailleurs c'est l'époque où il n'était pas encore revenu (rapidement) au premier plan il enchainait les seconds rôles marquant entre ici, The Pledge et
l'Idéaliste ), Danny Trejo en pilier de la zonzon c'est forcément le choix idéal ( je rappelle l'anecdote pour ceux qui ne savent pas, Trejo a fait de la prison avec Bunker et ils sont devenus potes ), Tom Arnold en méchant violeur, Chris Bauer & Mark Boone Jr complète le casting de taulard et Seymour Cassel joue le vieux chef de prison.
La bo est bien mais c'est surtout les quelques morceaux de blues du soundtrack qui sont excellent.
Alors oui le film ne révolutionne en rien le film de prison, toute les situations ont été vu ailleurs (et des fois en mieux ) mais le coté réaliste et le casting impeccable font que le film est un des meilleurs du genre et puis une histoire bien racontée en 1h30 c'est toujours un plus.