Hellboy
de Guillermo Del Toro

de Guillermo Del Toro

Del Toro aime les monstres, c'est un fait. Dans toute sa filmogaphie on retrouve cet amour pour les "freaks" et leur difficile intégration. C'est donc sans surprise qu'il s'attaque à Hellboy, comics génial du non moins génial Mike Mignola, et qu'il porte en lui ce projet d'adaptation pendant de très longues années. Adaptation à priori impossible car le charme du comics passe aussi par un aspect graphique très particulier, impossible à retranscrire. Et pourtant le succès de Blade II lui permet d'enfin réaliser son rêve et de mettre en scène celui qu'il considère comme son alter ego...
Le résultat est un film qui a déçu beaucoup de monde car ce n'est clairement pas un film d'action, ni même un film à l'ampleur qu'on pouvait attendre.
Hellboy est avant tout une longue introduction à un univers, et une déclaration d'amour superbe aux êtres différents!

Et c'est vrai que la projection finie, on a un peu l'impression de n'avoir pas assisté à grand chose... en terme d'action! Car pour le reste, on a là un film 100% pur Del Toro dans ses thèmes : monstres, mécanique, paternité... Si on aime le réalisateur on ne peut qu'aimer Hellboy!
Ca commence par une séquence magnifique, sombre, et qui nous présente en quelques minutes tous les enjeux de ce personnage atypique, car c'est un véritable démon, même s'il a été élevé comme un humain. Le bestiaire présenté est impressionnant, mis à part Hellboy qui a droit à un traitement de faveur. Que ce soit le tueur nazi Kroenen (avec un potentiel visuel immense et bien exploité), Raspoutine, Ilsa (clin d'oeil à Don Edmonds?), Abe Sapiens ou Liz, tous ces personnages ont un véritable background et aucun n'est laissé de côté au profit du héros et de son père d'adoption (John Hurt, magnifique et émouvant). Mais c'est le gentil diable qui supplante quand même tout le monde, interprété par un Ron Perlman impérial (comme souvent il faut le dire même s'il n'a jamais eu les premiers rôles qu'il aurait mérité) qui s'approprie les traits d'Hellboy et réussit à rendre cette tonne de maquillage hyper expressive, et très drôle dans ses atitudes!

Et finalement plus qu'un film de super héros ou un film d'action, c'est en fait une sorte de mélodrame sur le passage à l'âge adulte qu'on retrouve dans Hellboy. Premiers amours, jalousie, rebellion, besoin de reconnaissance, deuil... des thèmes plutôt éloignés de ceux qui peuplent le genre et qui du coup sont surprenants et ont du déstabiliser beaucoup de spectateurs. D'autant plus que le ton s'éloigne beaucoup du comics de Mignola, même si ce dernier à participé au projet.
On a tout de même droit à quelques grosses séquences d'action qui dépotent, comme les maitrise si bien Del Toro (Blade II c'est quand même un des meilleurs films d'actions des années 2000) qui se fait bien plaisir avec le monstre Samael, tout droit sorti de chez Lovecraft...
Mais les plus belles scènes resteront un dialogue sur le banc de l'institut, la scène d'enterrement à la fois triste et lyrique ou cette fin pleine d'émotion...
La réalisation est très soignée, que ce soit dans l'intimiste ou dans les situations plus héroiques, c'est éclairé à la perfection (merci à l'esthète Guillermo Navarro). On rigole aussi beaucoup grâce au côté très enfantin d'Hellboy et son approche des prémisces d'une histoire d'amour à laquelle on adhère facilement en plus!

Si les fans du comics et beaucoup d'autres ont été déçus, et ça peut se comprendre, Hellboy reste pourtant une oeuvre importante car différente. On sent tout au long du film un véritable amour du réalisateur pour ses personnages et la volonté de créer des bases solides pour l'histoire à venir, en particulier sur l'acceptation d'un être différent et son intégration dans une sorte de "normalité" si chère à ses yeux.
Car oui Hellboy n'est finalement qu'une introduction, c'est vrai, mais quelle introduction virtuose !!
8/10








En effet, l'effet de surprise n'étant plus là il fallait un scénario à l'écriture solide pour réussir cette suite. Mais avec derrière la caméra et au scénario les responsables du grand détournement et des guignols de l'info, on ne craint finalement pas grand chose. Superbement bien écrit même si moins bien rythmé que le 1er, le film est hillarant, mais à priori pas pour tout le monde vu les réactions dans la salle... Si le 1er se faisait un plaisir de cracher sur les musulmans, ici c'est les juifs qui en prennent pour leur grade! Avec en plus des nazis dans le récit, on est en plein dans de l'humour politiquement incorrect, ce qui d'un côté rassure sur la présence d'une certaine liberté d'expression au cinéma, aujourd'hui, d'un autre côté certaines vannes peuvent choquer, mais bon dieu que c'est drôle!
Ca rigole de tout grâce à ce cher OSS117 qui n'est pas le dernier pour mettre les pieds dans le plat. Une fois de plus Jean Dujardin livre une prestation génialissime, à la hauteur de celle dans Le Caire Nid d'espions, mais ajoute encore plus de subtilité avec ses dix années en plus que le mettent complètement hors du temps, un has been qui ne séduit plus autant, avec des idées rétrogrades et qui s'habille comme pendant l'après-guerre alors qu'on est en pleine révolution des moeurs. La scène dans le camp de hippies est très révélatrice du décalage qui le touche, avec une excellente remise en question de sa sexualité. Il ne fait plus que faire rire, il est aussi touchant parfois, tellement il est perdu dans ce nouveau monde, un monde dans lequel ses jeux de mots ne font rire que lui et son chef (énorme Pierre Bellemare), mais pas toujours en plus...
C'est aussi une nouvelle fois un tour de force au niveau réalisation. Le film semble tout droit sorti des 60's, tant au niveau de la lumière que du montage, avec un abus de split-screens et de faux raccords. La parodie de James Bond est vraiment excellente lors des fusillades ou des poursuites (en voiture à toute vitesse ou ... dans l'hopital au ralenti!), la direction artistique est également au top pour créer cette illusion d'un film appartenant à une autre époque, c'est souvent bluffant!






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