LA VIE DES AUTRES de Florian Henckel von Donnersmarck

par **Jeff Buckley** » Lun 26 Oct 2009, 15:16

Titre: La vie des Autres
Réalisation: Florian Henckel von Donnersmarck
Distribution: Thomas Thieme, Martina Gedeck, Ulrich Mühe
Genre: Drame
Origine: Allemagne

Sortie: 31 janvier 2007

Synopsis: Au début des années 1980, en Allemagne de l'Est, l'auteur à succès Georges Dreyman et sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland, sont considérés comme faisant partie de l'élite des intellectuels de l'Etat communiste, même si, secrètement, ils n'adhèrent aux idées du parti.
Le Ministère de la Culture commence à s'intéresser à Christa et dépêche un agent secret, nommé Wiesler, ayant pour mission de l'observer. Tandis qu'il progresse dans l'enquête, le couple d'intellectuels le fascine de plus en plus...

Je vais intervenir en spoiler car j'ai besoin de vos lumieres afin de m'eclairer sur certains passages du film.
Le metrage est tout bonnement remarquable, la trame est parfaitement (ou presque) maitrisée, les dialogues sont ciselés, les acteurs epoustouflants de justesse et de profondeur : rassurant de voir que le film a obtenu l'Oscar et le Cesar du Meilleur Film Etranger alors que les primés de ce genre de cérémonies sont souvent décriés.
J'ai donc visionné ce film à quelques jours des 20 ans de la chute du Mur (moment crucial du film : le basculment ultime) et mes connaissances sur la Stasi et ses methodes demeuraient tres partielles. Elles en sortent renforcées voire transformées.

Je sais que la plupart d'entre vous l'ont vu il y a 2 ans lors de sa sortie et que vos souvenirs sont donc lointains. Mais si certains sont dotés d'une mémoire hors norme, ils sauront peut-etre m'aider.

J'ai eu droit de connaitre hier soir, un moment clé dans mon parcours de cinephile, genre d'experience qui arrive disons maxi 500 fois au cours d'une vie toute absorbée par le CINEMA.
C'est un film qu'on peut qualifier d'intelligent. On percoit bien que l'auteur realisateur nous respecte et cherche à nous tirer vers le haut, en osant affronter tous les themes meme les plus complexes et les plus sombres. Cette remarque confine à placer le film dans la lignée des grands films politiques de Gavras tels que Z, L'Aveu (La Vie des Autres demeure plus accessible et grand public) ou encore Amen. Un film coup de poing un peu long au demarrage mais qui deroule ses tentacules peu à peu jusqu'à happer notre esprit et notre coeur. On en sort definitivement bouleversé, grandi dans notre quete de la Connaissance de l’Ame humaine.
Si je maintenais totalement ce point de vue, je placerais ce metrage dans le panthéon du Cinéma mais malheureusement certains passages me laissent clairement sur ma faim à tel point que j'ai ressenti le besoin de communiquer avec vous pour comprendre comment vous les avez appréhendés. Moments du film qui decoivent d'autant plus qu'ils contrastent et tranchent forcement avec le reste de l’histoire, toujours au firmament du genre exploité.
J'ai donc recensé un certain nombre de pirouettes scénaristiques qui entachent la diegese. Elles malmenent la crédibilité general du propos alors meme qu'on est placé devant un film basé sur des faits reels ou tout du moins qui se veulent ultrarealistes, d’où l’exigence du spectateur qui en resulte naturellement.
Je ne me souviens plus du prenom exact des perso, dsl.

Premiere deception : Wiesler le maitre ès filature partage le temps d'ecoute avec un jeune (apparemment etudiant) qui doit faire ses preuves et respecte ce professeur émérite qu'il supplée et relaie. Ce respect absolu, proche de l'admiration, explique en partie que l'eleve parfois amende son rapport en fonction du discours de Wiesmler. Ce dernier, fin psychologue sait trouver les mots justes afin de reinterpreter en douceur et ni vu ni connu les echanges de Dreyman l'auteur mis sur ecoute et de sa compagne comedienne, toujours dans le but de ne pas les compromettre et de les preserver de toute condamnation potentielle. L’eleve est forcément dupé : comment ne pas reconnaitre la force de persuasion et l’intelligence strategique du maitre qu’il cotoie et qui le forme, ce génie de la Stasi dont il apprend les techniques maintes fois éprouvées ?
Jusqu'ici en terme de psychologie des personnages c'est royal. Le scenariste s'en sort d'autant mieux que le jeune prend le relais pendant la periode nocturne, plus précisément de 23H à 11H du Matin, soient les moments où les ennemis potentiels du Parti forniquent ou dorment : difficile dans ce cas de se compromettre pendant son sommeil ou à cheval sur sa compagne, quoique : ces moments d’extase et d’illusoire quiétude ne sont-ils pas aussi propices aux aveux les plus secrets pouvant être dévoilés par inadvertance ? Passons.
Mon reproche le plus crucial réside dans l'idée qu'il demeure inimaginable qu'au cours d'une si longue periode de mise sur ecoute (plusieurs mois si j’ai bien suivi), Dreyman ne recoive pas ses collaborateurs en lien avec la Presse de la RFA (le Spiegel), ne serait-ce qu’une fois en soirée ou en matinée (moments où l'on s'estime moins menacé d'une quelconque filature, moments également plus appropriés pour parler de sujets brulants et risqués) ce qui l’eut compromis definitivement, etant donné que le jeune qui les ecoute (plus ou moins attentivement : cf moment où Wiesler le surprend en train de somnoler en fin de matinée et le jeune de se justifier que tout le monde dort encore à poing fermé d’où la possibilité d'envisager une attention plus realachée…) n’aurait pu se voiler la face perpetuellement (meme si grisé par les compliments de son maitre qui honore ses rapports toujours peu compromettants pour le couple) et eut été trop fier de prendre sur le fait ces ennemis potentiels du Parti. C’eut été une prise de choix pour cet étudiant et rien, pas meme la force de conviction ou les menaces de Wiesler, n’auraient su bâillonner l'apprenti des lors detenteur d’un secret si explosif qu'il lui aurait garanti une intronisation et un avancement foudroyant parmi la cohorte de la Police secrete.
Le scénariste a donc opté pour la facilité. A aucun moment l’etudiant n’est en mesure de clairement discerné un discours ambigu dans la bouche de l’auteur de theatre qui risquerait d’attirer vraiment l’attention sur ses objectifs cachés. La fiction vient contourner la realité, à mon plus grand dam. Les rencontres entre l’auteur et ses collaborateurs (mis au point de leur mode d’action, passage de la machiné à écrire…) se font toujours ou dans un parc (personne ne les suit ? Etonnant d’autant que l’un des membres du groupe semble etre déjà la cible de la Stasi.) ou en journée tandis que Wiesler démasque leurs intentions et pourrait tous les faire sombrer en un claquement de doigt. C’en est trop pour mon esprit cartésien. N'estimez-vous pas tout comme moi que ce faisceau d'éléments entâche la qualité general du propos ? Le scénariste met peut-etre la barre trop haut, à tel point qu'on peut se demander si son film tient vraiment la route et mérite les louanges auxquelles il a eu droit... Chaud !

J’évoquerai les autres imperfections scénaristiques que j’ai décelées, plus tard, si je constate que la discussion est lancée ou non. Je n’aime pas écrire abondamment, ça m’épuise et me donne l’impression de perdre mon temps, lol

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par **Niko06** » Lun 26 Oct 2009, 15:29

ça va être difficile de te répondre, j'entre dans la catégorie des gens qui l'ont vu au ciné à sa sortie... mais du coup tu me rappelles que j'avais pris le blu-ray car il fallait à tout prix que je le revois, je vais donc me refaire une séance dans les jours à venir :wink:

par **Jeff Buckley** » Lun 26 Oct 2009, 15:58

Je compte sur toi Niko
Il n'y a que 2 critiques sur BoM
Celle de Jotharo : 10/10 justifié en 3 lignes... ou comment surfer sur un effet de mode.
Nicofrom : 8/10 propos tres interessant mais pondu plusieurs mois apres le visionnage...
C'est un peu maigre. La tienne sera comme toujours du lait de louve à consommer sans restriction. :bluespit:

par **zack_** » Lun 26 Oct 2009, 19:06

Niko si tu veux un soir tu viens avec, on commande un pizza et on se le fait on m'en a dit beaucoup de bien

Dommage que tu fasses pas une critique Jeff (surtout qu'elle est fait manque qu'une note!) ca permettrait d'enrichir la base puisque tu soulèves toi-même qu'il manque des critiques pour ce film