par helldude » Dim 09 Jan 2011, 00:29
Vu le film pour la seconde fois ce soir. Je me permets d'y aller de ma petite interprétation.
Je ne partage pas vraiment les avis exprimés jusqu'à présent.
Certains pensent apparemment que l'inception se fait sur le personnage de Cobb, interprété par Di Caprio. Je ne pense pas. La personne sur laquelle est effectuée l'inception est, selon moi, le spectateur.
Je m'explique.
Je vois deux niveaux de lecture dans ce film qui n'ont pas d'existences alternatives mais cumulatives.
De prime abord, comme dans n'importe quel film, il s'agit de nous raconter une histoire. Jusque là on est d'accord et il n'y a rien de particulier à signaler.
Concernant l'histoire stricto sensu donc, celle-ci peut paraître alambiquée de prime abord, mais finalement, après plusieurs visions (deux suffisent), on se rend rapidement compte qu'elle l'est infiniment moins que celle d'un Shutter Island (pour citer l'exemple le plus récent et le plus "connu"). La complexité de l'histoire est définitivement un faux débat. Objectivement, tout est parfaitement clair au niveau de l'intrigue: on nous donne toutes les informations nécessaires à la compréhension de l'histoire (le but recherché par les protagonistes, la technique et la stratégie utilisée par ces derniers, etc...) tout en se limitant strictement à l'essentiel. Je crois donc qu'il n'y a pas d'interprétation particulière à rechercher, et qu'il suffit de se contenter de ce qu'on voit à l'écran.
De toute façon, et concrètement, toutes les théories exposées par ci par là s'effondrent rapidement dès lors que l'on se rend compte qu'aucun élément dans le film ne permet de les confirmer (l'inception doit se faire sur Cobb, ok mais à l'initiative de qui ? les autres personnages ont-ils eu à un seul moment un comportement suspect vis-à-vis de Cobb ? Non. Etc...). Aucun élément ne permet de prouver la réalité de ces théories qui ne restent qu'à l'état de pure théorie. Ici, on est pas dans lost. Il n'y a pas d'indice parsemé le long du métrage. Les plus paranos en verront certainement...mais je ne peux pas partager leur point de vue. Pour moi, il n'y a aucune (ou presque) curiosité dans le film qui puisse permettre de se lancer dans la moindre théorie fumeuse.
J'en viens à mon interprétation du film (et non à ma théorie sur le film, nuance). Je disais donc en introduction, que pour moi, l'inception se fait sur le spectateur. Je vais énumérer les éléments à l'appuie de mon interprétation, ce sera plus simple et plus clair:
1. L'industrie du cinéma, classiquement, on la définit comme l'usine à rêve. Je suppose que jusqu'ici on sera d'accord.
2. Dans un rêve, on se retrouve souvent avec des personnages qu'on ne connaît pas. C'est le cas ici, on sait rien de personne, mis à part du personnage de Cobb. Alors oui dans un rêve il y a aussi des personnages familiers. Pour le coup...ce sera donc Cobb.
3. Dans un rêve, et comme c'est expliqué dans le film, on atterrit au milieu de l'action, généralement sans savoir comment on est arrivé là. C'est le cas pour le spectateur, qui se retrouve plongé au milieu de "l'action" dès les premières minutes du film. Pas d'introduction, on est plongé directement dans le film sans trop comprendre comment on est arrivé là. Par un montage particulier, mais pas forcément original puisqu'il s'agit d'une des marques de fabrique de Nolan depuis ses débuts, on saute d'une scène à l'autre, sans jamais trop savoir comment.
4. Par ce procédé narratif "complexe", le réalisateur oblige le spectateur à s'investir dans l'histoire et l'oblige à maintenir son attention du début à la fin, sans perdre le fil...d'Ariane. L'apparente complexité du film amène donc le spectateur à réfléchir et à se poser des questions, parfois inutilement. On peut faire un parallèle avec l'implication croissante du personnage de Cillian Murphy dans le cadre des opérations menées par la bande à Cobb. Il se croit utile, alors que finalement il est manipulé du début à la fin. Comme le spectateur.
5. En effet, une fois s'être assuré de l'implication du spectateur, Nolan va alors glisser un tout petit élément qui va tout faire basculer, et finalement il va faire germer une idée dans la tête du spectateur. Avec ce plan final de la toupie, le spectateur qui s'est impliqué jusque là va avoir cette idée en tête: "les apparences sont trompeuses et l'histoire du film n'est pas ce qu'elle parait être..." il y a une explication à trouver. Le spectateur se dit donc que ça va pas être comme dans Shutter Island, et on va pas la lui faire à l'envers. Raté, puisque cette idée va amener le spectateur à explorer inutilement tout à un tas de piste alors qu'il n'y a pas de théorie à trouver.
6. L'inception sur le spectateur est donc réussie, on lui a mis une idée en tête.
7. Ne manque plus que le compte à rebours pour sortir le spectateur du rêve, compte à rebours qui se matérialise par la chanson d'Edith Piaf à la fin du générique de fin...
Désolé, mon argumentation est un peu décousue, mais il est tard pour moi...et je suis sorti de mon lit pour mettre par écrit ce que j'avais en tête. Et je suis sûr d'avoir oublié de dire des trucs.
En tout cas, voilà, c'est comme ça que je vois les choses !