[groo] Mes Critiques en 2011

[groo]

Je n'avais pas repéré qu'il était aussi scénariste. D'une façon générale, j'aime bien les films dans lesquels il joue.
Mon problème est juste ici sur The Green Hornet, qui ne marche pas. Sauver le monde en blaguant sur ses couilles, ben ça ne me convainc pas.

[Kakemono]

Même s'il n'est pas crédité officiellement, il écrivait déjà sur la série Freaks & geeks en 2000.
Pour moi, c'est une valeur sûre de la comédie US.

Freaks & Geeks, excellent série, mais aussi sa "suite", Undeclared, tout aussi bonne.
Valeur sure pour moi aussi, le résultat de Green Hornet est donc d'autant plus étonnant.

[groo]

Stretch (Charles de Meaux - 2011) 8/10

Christophe est un jockey passionné... Après quelques déboires à Paris, où il peine à faire la différence, il part pour Macao, où les paris et les jeux mènent la danse. Soutenu par un entraineur local, il ne tarde pas à multiplier les succès. Riche et adulé, il ne comprend pas lorsque ce dernier lui demande de perdre une course, et refuse... Christophe découvre alors la réalité derrière les courses qu'il gagnait de main de maître...

Un film fauché

Avant toute chose, il faut accepter le parti pris formel du film : tourné en vidéo, avec relativement peu de moyen, son image est assez moche, la caméra bouge beaucoup, les cadrages sont parfois approximatifs. Bref, c'est un film fauché, et il ne faut pas être rétif à ce type de film. Par ailleurs, une des faiblesses du film réside dans le jeu de certains comédiens, qui en font parfois trop, ou pas assez. Ca ne m'a pas dérangé outre mesure, l'intérêt du film étant ailleurs, mais ça peut en rebuter certains.

Exotisme et découverte


Un jockey français qui cartonne en Asie...

L'intérêt majeur du film, c'est justement sa prise sur le réel. On découvre d'abord l'univers des jockeys parisiens et des champs de course, puis on fait un grand saut, et l'on découvre Macao, ses courses de chevaux, ses architectures ultra-modernes, ses lumières brillantes, ses salles de jeu. Je trouve que ce mode de filmage capte très efficacement le dépaysement (surtout qu'une partie de l'action est décrite en voix off, le héros communiquant souvent avec un ami resté en France, par messageries interposées, décalage horaire oblige).
En parallèle, l'ambiance est assez touchante, instaurée par une musique nostalgique et planante (Devendra Banhart), et l'on est vite aussi perdu que Christophe. On a l'impression d'un film qui ne ressemble pas à grand chose de connu.

Une histoire exemplaire


David Carradine : son dernier film est loin d'être déshonorant

Enfin, l'intrigue en elle-même est assez prenante : le jockey, décidément très doué, est lancé à Macao par un riche et puissant magnat local. Un "entraineur très connu". Mais il est clair dès le début qu'il ne connait pas les tenants et les aboutissants de l'affaire, que son mécène agit par intérêt, et lorsqu'on lui demande de plier, de perdre pour de l'argent, Christophe s'entête contre le bon sens, contre le pragmatisme. Cette droiture est ici exprimée avec une immense simplicité, mais on mesure vite combien elle peut s'avérer dangereuse.

Et le film prend, discrètement, une tournure allégorique, lorsqu'il oppose un homme qui veut juste faire son métier confronté à l'argent roi et omniprésent. Sans en faire un héros, on ne peut que s'attacher à cet homme qui refuse de plier, quitte à partir en beauté. A mon sens, ce glissement d'un film exotique à quelque chose de plus vaste est conduit avec maestria, et j'ai été séduit par la démarche subtile du cinéaste. Je ne saurais trop recommander ce film aux curieux.

[nicofromtheblock]

J'avais lu la critique de Niko06 sur son blog et ça m'avait complètement démotivé de le voir.

[groo]

En effet, il n'a pas aimé...
Je ne suis d'accord avec lui que sur un point, le fait que l'image est assez moche (malgré de très beaux plans, très ponctuellement), et le jeu des comédiens qui reste parfois approximatif.
Mais au niveau de l'errance contemplative, du récit, et du rendu de Macao, je suis totalement convaincu par le film, qui n'en fait justement jamais trop et reste un très joli film sur le désir d'ailleurs...

[groo]

Les amants du Capricorne (Alfred Hitchcock - 1949) 7/10

En 1831, l'irlandais Charles Adare part pour l'Australie, sous la tutelle d'un cousin nommé gouverneur de la province. Il y fait la connaissance de Sam Flusky (Joseph Cotten), ancien forçat au caractère orageux, ainsi que de son épouse, Henriette (Ingrid Bergman), alcoolique et constamment incapacitée. Reconnaissant en elle une ancienne amie, il entreprend de l'aider à améliorer sa condition et retrouver sa dignité.

Un film maudit


la belle Ingrid, hantée par un lourd secret

Les amants du Capricorne est un vrai film maudit. Enorme échec commercial, film qui marqua la rupture avec Ingrid Bergman, le film a couté très cher du fait des expériences formelles du maître, Alfred Hitchcock, qui venait de tourner La corde (film sans aucune saute de plan). En effet, tout est fait ici pour permettre de magistraux mouvements de caméra. Honte à moi, je n'en ai repéré aucun, pris comme je l'étais dans le film.
Quoi qu'il en soit ce film reste celui qu'Hitchcock affirme regretter d'avoir tourné.

Un romantisme échevelé

Le film, en costumes, frappe surtout par son romantisme : technicolor, récit d'amour fou, une malédiction, un sacrifice par amour... Tout est réuni ici pour la plus poignante des histoires d'amour. C'est peut-être d'ailleurs par excès que pèche le film. Une domestique amoureuse (Margaret Leighton) et perfide vient rajouter une épaisseur au récit, et le tout finit par manquer un peu de fluidité.
On reste tout de même face à un beau film, ambitieux, qui manque juste, peut-être, d'un soupçon de la passion dont il nous parle. Ici, la passion se résume à monologuer les larmes au yeux, en tournant autour de la cheminée.
Une intrigue policière, un peu artificielle avouons-le, vient épicer l'affaire à la fin.

Des thèmes classiques

Au final, si l'on ne s'ennuie pas devant le film, si l'on est parfois frappé par certaines ambiances, certaines séquences superbes, le film manque aussi passablement d'émotion, de cette alchimie qu'on aurait aimé voir exister entre les acteurs. De même, certains éléments un peu décousus (le rôle du cousin gouverneur est tout à fait bancal, par exemple) viennent affaiblir le récit. Reste tout de même une oeuvre estimable, qui vaut mieux qu'on ne le dit parfois, mais qui reste très inférieur aux meilleurs films du maître.

[groo]

Dil Chahta Hai (Farhan Akhtar - 2001) 6,5/10

Trois amis sortent de l'université pour se lancer dans la vie. Ils ont chacun une attitude bien différente vis-à-vis de l'amour : l'un d'entre eux, Akash (Aamir Khan) est un coureur invétéré, qui ne croit pas aux relations à long terme ni à l'amour, un second, Sameer (Saif Ali Khan), un incorrigible romantique, multiplie les rencontres amoureuses en y croyant à chaque fois. Enfin, Sid (Akshaye Khanna) attend la fille qui le fera chavirer. Au cours de ce dernier été avant que chacun suive sa route, ils se brouillent durablement : Sid est tombé amoureux d'une femme plus agée que lui, et il n'a pas supporté les moqueries de ses amis. Parti travailler en Australie, Akash retrouve par hasard Shalini (Preity Zinta), une femme qu'il avait rencontrée en Inde. Ses théories libérales sont alors soumises à dure épreuve...

Un film sur l'amitié


Le bel Akash (Aamir Khan), perdu dans Sidney où il ne connait personne

Dil Chahta Hai est avant tout un film sur l'amitié. Les relations entre les trois lascars, qu'ils se retrouvent en boite de nuit ou partent en virée à Goa, sont au coeur du film. Amis d'enfance, ils se connaissent par coeur, et s'apprécient. Leurs conceptions différentes de l'amour ne deviennent un frein que le jour où l'un d'entre eux va trop loin. Il faut dure que Sid, en tombant amoureux d'une femme plus agée et divorcée, rencontre la désapprobation générale, et se serait bien passé des moqueries de son meilleur ami.
Quoi qu'il en soit, la bonne humeur et la complicité qui unit les trois rôles principaux est communicative, et rend ces personnages très attachants.

Un traitement réaliste

Loin de certains films Bollywood qui brassent fantasmes et tradition, Dil Chahta Hai est un film contemporain, moderne, qui traite avec réalisme des difficultés que rencontrent ces trois jeunes garçons. L'entrée dans le monde du travail, les mariages arrangés, la mobilité géographique, et, bien entendu, la question du rapport amoureux au sein de cette modernité.
Il y a bien quelques chansons dans le film, Bollywood oblige, mais elles correspondent toujours à des moments justifiés par le récit (pour accompagner le montage des "bons moments entre copains" sur les plages de Goa, lors d'un délire entre amis en boite de nuit...). Bref, c'est indolore pour qui n'est pas amateur du genre.
On parcours Mumbai, Goa ainsi que Sidney (notamment son métro dans certaines séquences), le cadre du récit est vraisemblable et joue la proximité : on se reconnait facilement dans ces jeunes personnes qui démarrent dans la vie.

Une comédie romantique classique


Regardant les bateaux partir à l'horizon, nos trois lascars se sentent eux même sur le départ...

Au final, s'il y a un reproche à faire au film, c'est peut-être, justement, son coté trop classique. Car si la comédie romantique est assez bonne, elle reste néanmoins assez banale, et l'on aurait sans doute aimé une approche plus intense, plus personnelle. On a un Coeur des hommes version indienne, on aurait préféré avoir leur Un éléphant, ça trompe énormément.
Mais bon, on ne va pas bouder son plaisir, les comédiens et comédiennes sont très charismatiques, c'est mené tambour battant, et ça marche plutôt bien.

[groo]

Pontypool (Bruce McDonald - 2008) 7,5/10

Alors que commence l'émission radio matinale de Grant Mazzy (Stephen Mac Hattie), animateur vedette, des échos inquiétants viennent informer les gens de la station de faits troublants qui semblent se produire à proximité. Bientôt, la station devient le lieu d'un redoutable siège...

Une variante low-cost du film de zombie


Allo, Denis, vous me recevez ?? Que se passe-t-il exactement ??

Pontypool part d'une idée rigolote et assez simple à mettre en place : un film de zombie, ou plutôt d'infectés, avec contamination et tout le toutim, mais vu d'un espace clos, dont les seules informations sur le monde extérieur viennent de la radio et du téléphone. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une adaptation d'un roman qui a connu un certain succès. Pour un film qui bénéficie de moyens modestes, l'idée est excellente, pour peu qu'on parvienne à faire monter la tension.
Progressivement, les échos du monde extérieur deviennent de plus en plus précis, et la petite équipe à l'intérieur de la station, l'animateur, la productrice et la standardiste, finissent pas s'inquiéter sérieusement. Le spectateur ne peut que se réjouir de cette belle montée en puissance.

Un huis-clos efficace

Car la grande réussite du film est sans doute dans cette montée de l'ambiance. Les personnages sont bien construits, le quotidien de la radio est crédible, Stephen Mc Hattie est un acteur à gueule, charismatique. Bref, on ne s'ennuie pas du tout, le metteur en scène manifeste un réel savoir-faire, qui n'est gêné ni par les contraintes spatiales (le huis-clos), ni par le faible nombre de comédiens (au contraire, la dynamique entre eux est joliment développée). Les effets sanglants sont par ailleurs tout à fait réussis, le film est inquiétant.

En revanche, au fur et à mesure que la menace se précise, les choses deviennent plus confuses, plus approximatives. L'explication de l'infection, par exemple, est frustrante. D'une excellente idée, peut-être jamais exploitée au ciné auparavant, on aboutit à quelques généralités qu'on peine à prendre au sérieux, qui ne font pas vraiment avancer l'intrigue, et qui affaiblissent le récit.

Quelques idées originales pour une toile de fond très balisée


Quelques moments effrayants...

Parce qu'au final, les idées novatrices sont cosmétiques, on finit avec un film "déja vu" ailleurs, avec des monstres dehors, des héros enfermés mais qui sont peut-être contaminés, bref, on est dans un genre déja très familier. C'est un peu dommage, parce que la première heure du film est vraiment prenante, atypique et surprenante. Bien joué, techniquement impeccable et bénéficiant d'une mise en scène élégante, Pontypool reste un film de genre tout à fait honnête et un peu différent, mais on n'est pas passé loin d'un film vraiment original.

[Heatmann]

j avais dormis devant pontypool , le mec avec son chapeau il vaut 2 pts a lui tout seul , le film a peine plus

[Scalp]

Je le trouve très mal écrit ce film, à la fin ça part dans le n'importe nawak total et limite ça veut rien dire, le gars se dit y aura bien plein de monde interpréter mon gros vent.

[groo]

En effet, la fin est assez mal traitée. L'idée de fond n'est pas si mauvaise pourtant, c'est une idée qu'on trouve à l'occasion dans certaines nouvelles de SF, qui découle du rapprochement logique qu'on fait entre le cerveau humain et un "super-ordinateur". Après tout, si les deux fonctionnent de façon proches, pourquoi ne pourrait-on concevoir de virus qui plante le cerveau humain ??

Mais si l'idée me parait se défendre, elle est effectivement mal utilisée, expliquée avec confusion et pas très bien exploitée. Cela dit, pour le reste, je trouve le travail sur l'ambiance excellent.

[Scalp]

Moi a partir de l'arrivé du doc j'ai complétement décroché et trouvé ça pénible, alors que jusque là le film était vraiment prenant.

[groo]

J'ai le trouillomètre facile...

La p'tite standardiste m'a bien fait tripper, tout comme le début avec l'arrivée du docteur.

C'est après, quand ils s'enferment dans une autre pièce, que ça vire au vinaigre. Mais ça ne dure pas, et le film finit 10 minutes plus tard, donc ça ne m'a pas trop gaché le film.

[Eikichi Onizuka]

Dommage pour Green Hornet mais j'ai envie de le voir quand même, la BA ne m'avait pas dégoûté

[Alegas]

Pineapple Express (David Gordon Green - 2008) 7,5/10

Un huissier, Dale Denton (Seth Rogen) fumeur de pétards invétéré, assiste par hasard à un meurtre. Il se réfugie chez son dealer, Saul Silver (James Franco), alors que le meurtrier s'avère être un ponte de la drogue, Budlofski (Kevin Corrigan). Ce dernier leur ayant envoyé des tueurs, Dale et Saul partent en cavale... La poursuite prend une autre ampleur quand Budlofski, pensant avoir affaire à des gens du milieu plutôt que deux loosers, déclenche une véritable guerre des gangs, et que Red (Danny McBride), le grossiste de Saul, s'en même.

Un buddy movie de loosers magnifiques


A mon sens, Pineapple Express réussit parfaitement là où The Green Hornet aurait dû fonctionner. L'anti-héroïsme, ici, est de mise pour les deux anti-héros, un huissier minable et son dealer. Ils se retrouvent involontairement mêlés à une grosse aventure qui les dépasse, et rencontrent des seconds rôles détonnants. L'humour est omniprésent, et fonctionne très efficacement.
Le décalage entre le dealer placide et à la ramasse et son alter égo beau parleur et plutôt futé crée plusieurs situations hilarantes, et l'alchimie entre les comédiens fonctionne parfaitement.

De l'action à ne savoir qu'en faire

La comédie se fait aussi film d'action, avec plusieurs gunfights, une course en voiture échevelée (et à mon sens bien plus réussie que celle de The Green Hornet, entre le rythme et les gags qui la ponctuent). De nombreuses bagarres, souvent droles (notamment avec Danny McBride) viennent aussi dans le récit, que l'on suit avec d'autant plus d'intérêt que l'action et le comique s'entrecroisent en permanence.

Un vrai talent de mise en scène


Je crois qu'au final, deux facteurs majeurs viennent ici faire de Pineapple Express une réussite : David Gordon Green, un réalisateur de talent qui réussit vraiment à s'approprier l'univers de Rogen en l'enrichissant du sien propre (ainsi d'un moment où les héros flanent dans les bois, où un plan cite carrément George Washington, un ancien film de Green). La forme se met au service des dialogues et des situations, et réoriente constamment son travail sur le rythme ou le cadrage, laissant les dialogues aux comédiens.
Tim Orr, compère du premier, et excellent chef opérateur, qui surprend souvent ici, en glissant des plans de toute beauté (que l'on remarque à peine, tant on est tenus par l'action et les gags). Cette alliance d'une forme exigeante et d'une intrigue potache donne au spectateur l'impression d'un spectacle de qualité, qui donne aux dialogues délirants et souvent droles un écrin de qualité.

Enfin, ce qui n'est pas pour me déplaire, la psychologie des personnages tient la route, l'intrigue est parfaitement cohérente, elle s'offre même le luxe d'un prologue inutile mais drôle, qui permet d'ancrer le récit dans un univers solide et, le temps d'un film, crédible.