[groo] Mes Critiques en 2011

Modérateur: Dunandan

Soupirant (Le) - 8,5/10

Messagepar groo » Lun 31 Jan 2011, 16:09

Le soupirant (Pierre Etaix - 1962) 8,5/10


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Un jeune homme lunaire, incité par ses parents, décide de chercher la femme de sa vie... Ne sachant comment s'y prendre, il imite le comportement de ses semblables... Le résultat n'est pas toujours heureux...

Une comédie cartoonesque

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C'est en circulant parmi des statues de nus que notre héros prend conscience de ses envies romantiques...

Le soupirant est le premier film de Pierre Etaix, un film qui, pour des raisons de droits, est resté hors des écrans pendant longtemps. Pierre Etaix est pourtant un comique de grand talent. Le soupirant est le premier film de ce réalisateur que j'aie pu voir, et le résultat est plus que concluant : je suis sous le charme.
Le coeur du film tient dans son coté burlesque, cartoonesque, même. En effet, le personnage principal du film, incarné par Pierre Etaix, parle peu. Le ressort comique vient donc de sa gestuelle, de sa façon naïve d'imiter les gens qu'il rencontre dans la rue, d'être tout entier dans ce qu'il fait.
Toutes sortes de petites scénettes viennent ponctuer le film, notamment avec les parents du jeune homme, le père multipliant les techniques de sioux pour fumer et piccoler sans que sa femme ne s'en aperçoive.
La plupart des gags ne viennent donc pas des dialogues, mais de la gestuelles des comédiens, des situations (les ruses que développe le jeune homme pour emporter des affiches de son actrice préférée, par exemple). Du coup, on pense souvent à Jacques Tati ou aux burlesques muets. Mais avec une certaine modernité dans le découpage qui inscrit plus facilement le film dans son temps.

Un travail sur la parole
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Garçon, une autre bouteille !
Heu... Non, non...


La parole est omniprésente dans le film, mais il n'y a pour ainsi dire pas de dialogues : pendant que les gens parlent, on regarde surtout ce qu'lls font. Ou alors, éventuellement, une phrase annonce une intention ou une envie, et introduit le gag suivant. On pense ainsi à la jeune femme très envahissante que le héros a eu le malheur de séduire un soir. Son babil devient aussi pénible pour le spectateur que pour lui... Et quand elle insiste pour qu'il l'accompagne, son "non" insistant devient drole du fait qu'au plan suivant il est en train de s'exécuter...
Bref, cette utilisation de la parole autant comme bruit que comme élément de dialogue est une vraie réussite, et contribue beaucoup au charme du film.

Un coté romantique charmant

Le soupirant est vraiment un film charmant, qui décline la naïveté de son héros, que l'on suit avec indulgence pour la légèreté de ses gags, qui s'énoncent comme des gags simples, visuels ou de situation. Cela dit, et c'est une des forces du film, à force de subtilité, on s'attache à ce petit univers, où même la femme trop envahissante, dont on a ri un moment, finit par trouver un compagnon qui lui convienne, et ce qu'il nous suggère des relations hommes-femmes ou parent-enfant n'a rien perdu de son actualité. Cette belle capacité d'observation resservie avec humour fait indéniablement partie des grandes qualités de la mise en scène d'Etaix.

Il me tarde de découvrir d'autres films de ce cinéaste.
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Film: Soupirant (Le)
Note: 6,5/10
Auteur: Val

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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar groo » Mar 01 Fév 2011, 18:07

Bilan du mois de janvier : 36 films vus

7 films vus au cinéma
29 films vus en dvd

5 films revus au total

Coup de coeur :

Incendies de Denis Villeneuve

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Puis :

Le soupirant, de Pierre Etaix

City Girl, de F.W.Murnau

Whispering Smith, de George Marshall

...All the marbles, de Robert Aldrich

Stretch, de Charles de Meaux

Metallica Some kind of Monster, de Joe Berlinger & Bruce Sinofsky

Moyenne 6,97 / 6,80 pour les découvertes.
Par nationalité :
USA : 21
France : 7
Inde : 1
Canada : 2
Italie : 1
Espagne : 1
Portugal : 1
Corée : 1
Chine (HK) : 1
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Deux filles au tapis - 8/10

Messagepar groo » Jeu 24 Fév 2011, 13:10

Bon, je constate que mes bonnes résolutions ont fondu comme neige aua soleil, mais bon, on va tenter de se reprendre :

Deux filles au tapis (Robert Aldrich - 1981) 8/10


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Une équipe de catch féminin, les California Dolls, parcourt le pays de combat en combat, selon les deals que leur négocie leur manager minable, Harry Sears. La situation semble sans issue, le manque d'argent taraude l'équipe en perte de motivation, jusqu'à ce que Harry décroche un combat dont la prime au vainqueur pourrait changer les choses. Hélas, comme on le sait bien, les cartes sont souvent truquées, dans le catch.

Un trio de loosers magnifiques

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Les California Dolls sur le ring

Autant le mettre en avant dès le début, la force de Deux filles au tapis (titre français que je n'utiliserai plus par la suite) réside dans son trio de héros. En effet, les deux héroïnes, paumées s'il en est, ne tiennent que par deux choses : leur passion pour ce sport, et leur amitié pour Harry (Peter Falk, encore parfait, décidément, quel acteur !). L'alchimie entre les trois personnage marche vraiment bien, et les séquences entre les matchs sont d'une justesse qui nous les rend attachants.
On suit donc le trio de ville en ville, de match minable en combat sordide, dans un perpétuel voyage ponctué de quelques vannes lancées à leur manager (qui en prend vraiment plein la gueule, mais porte les filles par son indécrottable optimisme). A force de les accompagner, on épouse leur façon de voir les choses, on accepte leur étrange relation, qui allie confrontations, coucheries, blagues et moments de réconfort. L'enjeu du match final n'en est que plus fort, et on se surprend à totalement marcher, à encourager les filles, à hurler en cas de mauvais coup, bref, comme on s'est attaché aux California Dolls, on rentre complètement dans l'action.

Des bagarres à en perdre le souffle

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Des catcheuses qui s'en foutent plein la gueule

Car il y en a, de l'action, dans ce film qui traite le catch avec sérieux. Mais pas le catch riche, financé et télévisé. On nous parle ici des matchs dans les petites villes américaines, les attractions de quartier du samedi soir. Les matchs riches ne sont qu'un lointain objectif.

Filmés avec une caméra très mobile et tendus par un montage malin, les matchs sont traités avec une vraie efficacité. Les coups font mal, on en souffre pour les combattantes. Aldrich sait filmer les confrontation énergétiques, et tout son savoir faire est mis ici au service de l'action. Plusieurs matchs sont ainsi filmés, et si certains sont traités sur la durée (notamment un incroyable combat dans la boue qui fera fantasmer plus d'un spectateur mâle lorsque les vêtements sont déchirés dans la lutte), c'est surtout le dernier match qui est le véritable morceau de bravoure du film (plus d'une demi-heure de match, on est presque en temps réel, et on est vraiment saisi par l'énergie du match).

Un petit bijou oublié

Au final, le film n'a pas été un immense succès, on peut même parler de bide, et on peut comprendre qu'au détour des années 80, le public préfère les gagnants aux loosers. Il m'apparait aussi que le film, au delà de son relatif échec en salle, a été vite effacé des mémoires par un autre film de combat, Rocky, auquel il emprunte pas mal de choses (Burt Young joue d'ailleurs dans les deux films). Sauf qu'en 81, on était déja passé à Rocky 3, ce qui illustre combien les attentes du public n'étaient clairement plus favorables au perdants, comme en 1976.
C'est bien dommage, parce qu'il s'agit d'un film très prenant et réussi, que tout amateur du cinéma énervé de Robert Aldrich devrait apprécier : ce n'est pas un Aldrich mineur, chose sans doute masquée par une fin de carrière globalement sur le déclin. La sortie du film en vidéo de la collection warner archives, sans sous-titre ni fanfare, ne permettra probablement pas une réhabilitation du film. Il en vaudrait pourtant vraiment le coup.
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Note: 8/10
Auteur: osorojo

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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar Scalp » Jeu 24 Fév 2011, 13:14

Oula 8 carrément, tu mets combien alors au Aldrich majeur ? ( et il en a fait un sacré paquet le salaud )
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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar groo » Jeu 24 Fév 2011, 13:26

Pour situer ma notation (même si je ne suis pas doué avec les notes) :

Je mettrais volontiers 10 à Attaque, Kiss me deadly et aux 12 salopards.
9 à Baby Jane, Miss Blandish, Fureur Apache
8 à l'empereur du pole nord, Vera Cruz, Bronco Apache, faut-il tuer Sister George
7 à Plein la gueule, le démon des femmes
6 à le grand couteau

Je n'ai pas vu les autres, ou je ne m'en souviens pas suffisamment bien pour mettre une note. J'aime effectivement bcp Aldrich, qui est un des grands inventeurs de la violence au cinéma hollywoodien. :mrgreen:

...All the marbles, c'est du bon Aldrich. Pas ce qu'il a fait de mieux, mais ça reste, pour moi, du cinéma de haute tenue.
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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar Scalp » Jeu 24 Fév 2011, 13:28

Moi aussi je l'aime beaucoup, pour le moment j'ai vu une grosse dizaine de film et pas un seul de mauvais ( tout entre 7 et 10 ).
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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar groo » Jeu 24 Fév 2011, 13:31

J'ai un rabbin au far-west dans mes étagères, mais il a tellement mauvaise réputation que j'appréhende un peu. Je n'ai pas envie de ne pas aimer un film d'Aldrich. :D
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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar Scalp » Jeu 24 Fév 2011, 13:35

Le prochain que je teste c'est son polar avec Burt Reynolds et Deneuve.
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Histoire d'Adel H (L') - 6,5/10

Messagepar groo » Ven 25 Fév 2011, 11:43

Je critique mes films un à un, mais je me dis qu'avec 40 films de retard rien qu'en février, je ne tiendrai jamais toute l'année, je devrais donc faire des choix. Ou écrire beaucoup plus vite (j'y crois moyen).

L'histoire d'Adèle H (François Truffaut - 1975) 6,5/10


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Inspiré de faits réels, le film nous raconte comment Adèle Hugo, seconde fille de Victor Hugo, développa une passion obsessionnelle pour un lieutenant anglais, le lieutenant Pinson. Suivant ce dernier jusqu'au Canada, puis dans les colonies, Adèle H ne peut accepter qu'il ne l'aime pas en retour, et ne recule devant aucune déchéance.

Un film historique très académique

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Un très beau travail à la lumière

L'histoire d'Adèle H est un film de forme extrêmement classique, peut-être un peu trop à mon gout. Comme il se doit dans ce type de film, la reconstitution est très réussie, quoiqu'un peu figée. On s'amusera que Truffaut nous fasse ici un film "de qualité française", ressemblant aux oeuvres qu'il dénonçait quelques années auparavant. De même, le scénario est ponctué de textes authentiques, lettre de Victor Hugo à sa fille, ou de son journal intime. Tout cela est fort beau, assez littéraire, mais aussi un peu raide aux entournures.
Sans relief de mise en scène, donc, le film s'efface derrière son héroïne et la force de son récit.

Une actrice superbe et émouvante

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Un regard qui tue

Car le coeur du film, c'est avant tout Isabelle Adani, ici plus belle que jamais, et tout à fait juste dans ce rôle qui la met fortement en valeur : elle est quasiment de tous les plans, au centre du récit, de l'action. On croit à son amour, au départ on a même tendance à la croire saine d'esprit. Ce n'est que petit à petit qu'on constate qu'elle franchit toutes les limites sans le moindre recul, et qu'on prend de la distance vis-à-vis d'elle, au point de finir par se sentir plus proche du lieutenant qu'elle poursuit de son assiduité. Très clairement, il s'agit d'un "role à César".

La vérité d'un récit peu connu et frappant

Mais ce qui me touche surtout, dans le film, c'est justement son coté authentique. Il serait sans doute autrement difficile de croire à une telle folie, à un égarement aussi entier, sans l'argument de l'histoire vraie. L'époque est intéressante (le Canada de la fin du XIX° siècle). Bien sur, cette histoire nous offre aussi une autre approche de Victor Hugo, en creux. quelque chose qui touchera les amateurs de littérature.
Au final, c'est un film que j'aime bien, mais qui aurait peut-être bénéficié d'une mise en scène moins sage, peut-être intimidée par son actrice mise ici sur un piédestal (et d'une beauté éthérée vraiment frappante) ou par son sujet. Truffaut a fait bien mieux lors de films plus personnels où son ton badin peut s'épanouir.
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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar groo » Mar 01 Mar 2011, 11:27

Bilan du mois de février : 34 films vus

11 films vus au cinéma
23 films vus en DVD

2 films revus au total

Coup de coeur :

Portrait of Jennie, de William Dieterle (1948)
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Puis :

El, de Luis Bunuel

Black Swan, de Darren Arronofsky

City Slickers, de Ron Underwood

Les belles de nuit, de René Clair

Les trois royaumes, version longue, de John Woo

Railroaded/l'engrenage fatal, de Anthony Mann

Moyenne 6,93 / 6,78 pour les découvertes.
Par nationalité :
USA : 20
France : 4
Grande-Bretagne : 4
Japon : 3
Mexique : 1
Suède : 1
Chine : 1

Bilan : ça lambine vraiment pour les critiques... :oops:
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Mon Homme Geoffrey - 7,5/10

Messagepar groo » Jeu 03 Mar 2011, 12:55

Mon homme Godfrey (Gregory La Cave - 1936) 7,5/10


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Lors d'une chasse aux trésor, deux soeurs issues d'une famille riche, mondaine et excentrique, Cornelia (Gail Patrick) et Irene (Carole Lombard), doivent ramener un clochard. Rencontrant Godfrey (William Powell), un miséreux qui vit sous les ponts, Cornelia lui offre quelques dollars, et le froisse. Alors qu'il l'envoie ballader, Irene l'approche plus gentiment, et il accepte de la suivre. Gagnant la chasse au trésor, grace à cette "trouvaille", Irène décide de le récompenser en l'embauchant comme majordome. Le problème est que la famille Bullock est bien difficile à vivre, et que Godfrey n'est pas un clochard comme les autres...

Un film à forte charge sociale
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Elle a gagné grace à Godfrey !

Tourné en 1936, au plus fort de la crisé économique américaine, le film révèle une sensibilité à la misère qui était vraiment dans l'air du temps, et allait amener Roosevelt à la présidence américaine. Il s'agit donc à la fois d'accrocher le public en le faisant rêver, comme beaucoup de films de cette période (façon Grand Hotel ou Dinner at Eight), en lui offrant des vies de gens fortunés sur lesquels fantasmer. Mais il s'agit également ici de réhabiliter l'homme de la rue (autre tendance du cinéma de l'époque, façon Meet John Doe), et, au final, de se moquer gentiment des riches.
L'ouverture du film, avec ses riches excentriques qui s'aventurent dans une décharge, est à ce titre passablement dérangeante : ces gens qui viennent se moquer de la misère sont bien déplaisants. Plus tard, lorsque Godfrey commence en tant que majordome, il est exposé aux caprices de gosses de riches puérils et immatures, d'une épouse snob et excentrique, d'un mari qui laisse faire et n'a pas beaucoup d'autorité face à ce cirque (le fabuleux Eugene Palette).
Pour la réhabilitation de l'homme du peuple, Godfrey se révélera en réalité un riche ayant eu besoin de retrouver les vraies valeurs, et d'ailleurs, en donnant à ses amis clochards les moyens de redémarrer une affaire, il prouve qu'ils sont aussi capables que quiconque de gagner de l'argent. Tout le programme du New Deal, en somme...

Un classique de la screwball comedy
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If you're going to be rude to my daughter, you might as well at least take your hat off!

Le film vaut essentiellement pour la qualité de ses dialogues, les réparties s'enchainant à un rythme soutenu, souvent hilarantes. Je ne résiste pas à l'envie d'en citer une ou deux, histoire d'en sourire :
Blake: Take a look at the dizzy old gal with the goat.
Alexander Bullock: I've had to look at her for 20 years - that's MRS. Bullock!
Blake: I'm terribly sorry!
Alexander Bullock: How do you think I feel?


Godfrey: May I be frank?
Molly: Is that your name?
Godfrey: No, my name is Godfrey.
Molly: All right, be frank.


Bref, il y a de l'esprit dans chaque réplique, un décalage dans toutes les situations, et l'on se retrouve souvent à bien rire devant la façon dont les évènements se font monter les uns les autres... Le ridicule des uns, la résignation des autres, l'ironie de Godfrey, tout cela se mélange avec délice.

Une mise en scène dynamique qui privilégie les dialogues

La mise en scène de La Cava pourrait paraître discrète, elle privilégie de fait les dialogues, et leur effet sur autrui. D'une direction d'acteur ferme (de grands désaccords existèrent entre le metteur en scène et son acteur principal sur la façon d'aborder Godfrey), le metteur en scène met en place un ensemble d'interactions qui marche. Néanmoins, on pourra regretter le coté par moment théâtral du film : on est en studio, les décors, comme souvent dans les années 30, font studio, et l'ensemble manque de réalisme (Godfrey est un milliardaire qui vit comme un pauvre). Certes, c'est pour donner au récit la portée d'une fable morale, mais ça atténue d'autant la force d'un récit qui évoquait la misère humaine.
Reste que le film est plutôt sympathique, les personnages touchants et justes, et que le film reste représentatif d'une certaine période du cinéma, d'une approche privilégiant la parole à tout le reste. A noter que le film fut nominé aux oscars dans 6 catégories, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleur second rôle masculin, meilleur second rôle féminin, meilleur scénario. Cela illustre bien qu'au final, c'est un film d'acteurs, de dialogues et de direction d'acteurs. Sous cette réserve, le film est très réussi.
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Mystères de Lisbonne - 8/10

Messagepar groo » Ven 04 Mar 2011, 17:20

Mystères de Lisbonne (Raoul Ruiz - 2010) 8/10


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Pedro est élevé dans un orphelinat, confié aux bons soins du père Dinis. Jusqu'au jour où il découvre l'identité de sa mère, gardée captive par un mari jaloux. Puis, plus tard, celle de son père, puis, enfin, il croisera la route d'un ancien bandit devenu riche. Chaque étape, chaque personnage, s'accompagne d'un récit picaresque aux nombreux rebondissements, entre aventure et histoire d'amour. Au final, rien n'est ce qu'il parait en apparence, et ce monde où tous se croisent, se séparent, s'aiment ou se haïssent devient vite passionnant.

Un récit en tiroirs

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J'ai oublié dans ma critique d'évoquer le casting féminin de premier choix (mais sans nudité, voyons, les gars...)


Tourné pour la télévision, Mystères de Lisbonne a la forme d'une série télé, et dure donc fort longtemps. Sa construction s'appuie sur la tradition des romans-fleuves d'Alexandre Dumas ou Eugène Sue (le titre est d'ailleurs un clin d'œil direct aux Mystères de Paris). La structure de tels récit est en tiroir : chaque fois qu'on croise un personnage, celui-ci a une histoire à nous raconter. L'intrigue centrale progresse donc fort lentement, au fur et à mesure qu'on en apprend plus sur chacun de ses protagonistes. Mais, Raoul Ruiz oblige, chaque information et récit nous fait voir la situation sous un angle différent, et nous oblige à réévaluer ce qu'on sait du récit initial. Car Ruiz est un grand amateur des constructions alambiquées, et il trouve ici le type même de sujet qui se prête idéalement à son gout pour les histoires en poupée russe et les paradoxes.

Une lumière remarquable

A la richesse de la construction du film s'ajoute une photographie de toute beauté, inespérée pour un projet de cette nature et de ce budget. Ayant manifestement retenue les leçons de Klimt, Raoul Ruiz signe ici un film superbe. Le jeune André Szankowski révèle ici un surpernant talent pour tirer parti d'une économie modeste (le film est une production Branco), et l'esthétique vient donc ici enrichir l'intelligence du récit.
Par ailleurs, Jorge Arriagada, vieux compagnon du réalisateur chilien, signe ici l'une de ses plus belles bandes originales.

Raoul Ruiz en grande forme
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Une situation saugrenue comme Raoul Ruiz les affectionne

Mystère de Lisbonne emballe donc par son intrigue en forme de poupée russe, où personne n'est ce qu'il semble, et où les sombres secrets des uns et des autres se révèlent les uns après les autres, et par sa très belle forme.
Mais il faut ici aussi rappeler que Ruiz est l'héritier le plus direct de Mélies, qui joue constamment sur les effets optiques, les miroirs, les plans impossibles ou sophistiqués. Et que cet usage trouve ici un équilibre dans son emploi. Loin de ses premiers films à la limite de l'incompréhensible ou du surréalisme, Ruiz utilise ici divers effets pour souligner les éléments de son récit. L'usage malin des miroirs, du tulle, du verre dépoli parmi d'autres effets permet d'ajouter un poil d'humour dans le traitement du film (par exemple, des cadrages incluant des domestiques cachés, mais à l'écoute viennent contredire un couple adultérin qui décide de "parler puisqu'ils sont enfin seuls").
L'usage polyglotte du français et du portugais est également très intelligent, et participe de l'étourdissant vertige qui assaille le spectateur perdu parmi toutes sortes d'information.

Enfin, si l'intelligence est toujours présente dans le cinéma de Ruiz, elle s'accompagne ici d'une véritable émotion, d'un attachement aux personnages que permet la construction du récit sur le temps. Construction du récit, mais aussi, au final, construction d'un monde : le Lisbonne de Raoul Ruiz. Un film très payant que je recommande chaudement.
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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar groo » Ven 04 Mar 2011, 18:13

Je saute la critique de Spectre, de Mateo Gil, film pas spécialement mauvais, mais pas intéressant non plus (disons qu'on a déja vu ça 100 fois ailleurs, même si ça n'est pas mal fichu).

C'est le deuxième téléfilm de la collection espagnole "contes pour ne pas dormir" que je vois, et pour le moment, c'est pas fabuleux.

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Je ne vois pas quoi dire d'intéressant dessus...
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Re: [groo] Mes Critiques en 2011

Messagepar alinoe » Ven 04 Mar 2011, 19:52

Belle critique de Mon homme Godfrey. Je l'ai acheté mais je ne l'ai pas encore vu. C'est en découvrant William Powell dans la série des Thin Man que j'adore, que j'ai eu envie de découvrir d'autres screwball comedies avec lui. J'aimerai beaucoup voir aussi les films dans lesquels il a incarné Philo Vance, mais je crois qu'ils ne sont pas encore disponibles en DVD.
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Au-delà - 7,5/10

Messagepar groo » Lun 07 Mar 2011, 19:07

Au-delà (Clint Eastwood - 2011) 7,5/10


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Marie Lelay, journaliste populaire de TF1, a survécu au tsunami qui a frappé la Thailande, à l'issue d'un bref coma, est frappée par les visions qui l'ont assaillie pendant cet instant. A San Francisco, George Lonegan, medium à la retraite, est constamment sollicité par son frère qui rêve de le voir reprendre le métier. Lui rêve de normalité, et, alors qu'il tente de construire une relation amoureuse normale, ne peut empêcher ses visions de tout bouleverser. Enfin, Marcus, garçon d'une douzaine d'année et fils d'une mère toxicomane, doit gérer la perte de son frère jumeau Jason. Ces trois récits finiront par se croiser, tout en interrogeant la place que la mort occupe dans notre société contemporaine...

Des personnages en errance

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L'impossible histoire d'amour

Les personnages du films sont désarçonnés. De sont des gens qui ont été confrontés à des choses auxquelles échappent le commun des mortels. Marie (Cecile de France) se heurte à l'incompréhension de son entourage, qui ne comprend pas son intérêt soudain pour la mort. Le thème dérange, ne vend pas, et il n'est pas "normal" qu'une personne de son importance se tourne vers un tel sujet. Inversement, George (Matt Damon, très juste) a si souvent éprouvé que son rapport à la mort de distinguait des autres qu'il aspire à dissimuler ce lien. La jeune fille qu'il rencontre, jouée par Bryce Dallas Howard, est ébranlée par ses révélations, et le fuit, quand bien même c'est elle qui lui a demandé de lui prouver ses pouvoirs. La mort n'est pas un sujet de plaisanterie, elle effraie les mortels. Enfin, le jeune Marcus ne se pose pas tant de questions : il refuse tout simplement le deuil, et suppose que son frère est encore avec lui.

Un récit doux-amer

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Prélude à la seule séquence d'action du film

Le film de Clint Eastwood n'a pas été apprécié à sa juste valeur. Méditation sur la mort et la place qu'elle occupe dans nos sociétés occidentales, Hereafter est un film lent, triste et nostalgique. Loin des films plus mouvementés auxquels le réalisateur nous avait habitué, il nous met à la hauteur de ses protagonistes. Le malentendu provient sans doute d'une bande-annonce trompeuse qui reluque du coté de Sixème sens, mais aussi d'une ouverture intense et filmée de main de maître : la séquence du tsunami qui ouvre le film est d'une formidable efficacité, mais aucune autre séquence par la suite ne reprendra ce rythme haletant.

Le film d'un vieil homme

Et c'est dommage, parce que les questions que soulève le film sont intéressantes. Tels Montaigne, qui réclamait qu'on laisse la mort entrer dans nos vies et conseillait qu'on festoie autour de défunts pour garder en tête notre mortalité, Eastwood, moraliste préoccupé par sa propre fin, nous dénonce un déni, un refus de faire face par le biais de trois histoires qui, chacune à sa façon, illustrent la chose.
Cela dit, si le film interpelle par sa problématique et m'apparait comme fort bien traité, il lui manque sans doute un poil d'émotion, peut-être la faute à une structure trop éparpillée, à des personnages limite trop abstraits ou pas assez caractérisés. Au final, un bon film, mais Clint nous a déja proposé de bien meilleurs films.
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