
Modérateur: Dunandan







Premier film d'Aronosky, Pi est un savant uppercut faussement ésotérique, clipesque et psychédélique qui dresse clairmeent les bases d'un réalisateur largement influencé par Cronenberg -pour ne citer que lui- en lui apportant une jeunesse indéniable via une forme inhabituelle. Le jeune cinéaste offrait avec Pi un coup de poing révélateur d'un talent original et quasiment précurseur d'un style exploité aussi par des cinéastes comme Danny Boyle et , plus classe et plus soft, David Fincher. Pi peut aussi rappeler un autre premier film : Following de Nolan qui exploite lui-aussi le noir et blanc ,caméra à l’épaule et la solitude urbaine. Trois piliers d'un cinéma peu ordinaire, excité, glauque, dépouillé et visuellement toujours assez sombre et/ou crasseux (uniquement 28 days later chez Boyle). Loin des stéréotypes et des schémas classiques, Aronofsky signe une première œuvre cinématographique dérangeante par ses thèmes : les mathématiques, les mathématiques dans la Nature, à travers la religion, la Bourse, l'Existence.
Thriller psychologique énergique, Pi n'est jamais incompréhensible. Pas besoin d'être doué en algèbre pour apprécier cette passion du cinéma mise en images grâce à un langage ciné très riche (caméra embarqué 1ère et 3ème personne, de face comme de dos, de travers, noir et blanc pur et dur (sans gris), un grain bien prononcé fourmille l'image la majeur partie du temps et ça colle parfaitement au personnage et son cerveau surchargé d'idées, d’équations , de chiffres mais aussi de douleur). Le montage cut du film permet de laisser libre champ à une folie rythmique assez novatrice où le spectateur n'a pas le temps de reposer ses yeux. Les nombreux accélérés et mouvements de shaky cam (la poursuite finale est un peu illisible en partie grâce à l'immersion un poil extrême et la photo est bien trop sombre, notamment dans la voiture où on ne voit quasiment rien). La soundtrack est super avec un Clint Mansell à ses débuts et quelques noms connus de musique électronique : on passe du très "électrique" à l’extatique ultime, tout comme certaines scènes contemplatives mais courtes venant calmer le cerveau surexcité de Max.
L'acteur principal est littéralement investit , et pour un premier rôle, jamais il ne souffre d'un amateurisme flagrant ou d'un cabotinage pardonnable, non, le talent est bien là. Le personnage est un pur nerd/freak surdoué , renfermé sur lui-même, seul, obsédé par les mathématiques et le langage des chiffres que l'on retrouve partout et qui régit les lois de la Nature, donc par extension, de l'Univers.Il regarde le monde qui l'entoure comme un capharnaüm auquel il échappa totalement par sa condition et qu'il croit comprendre mieux que personne. Pi est une œuvre exploitant la métaphysique des mathématiques et le panthéisme pour dresser le portait d’hommes à la poursuite de l'argent, de Dieu ou d'eux-mêmes. A travers sa quête on rencontre son mentor dont il poursuit l’œuvre malgré les mises en gardes du professeur. Certains protagonistes ne servent pas à grand-chose (la voisine et la gamine) mais ça permet toujours de montrer que Maximillian Cohen est un solitaire torturé par ses migraines et son don énigmatique par-delà lequel n'importe quel homme peut sombrer dans la paranoïa et la superstition la plus totale.
Le scénario s’accapare donc des sujets terriblement concrets -dans le sens où ceux-ci sont réellement le centre de travaux scientifiques et religieux- mais abscons et facilement sujet à l’extrapolation et à la sur-interprétation. Cabalistique et intensément psychologique, Aronosky s'autorise des gimmicks épileptiques qui surlignent et appuient considérablement les souffrances physiques de Maximillian Cohen tout en préservant quelques scènes métaphoriques introspectives subtilement intégrées au film comme dans le métro. Le cinéaste préfigure clairement Requiem for a dream notamment via le montage rapide de la prise de pilule de Max ou même pour l'ambiance et le côté malsain lié à la chair (on retrouve Cronenberg) qui peut vraiment faire ressentir "physiquement" le film lui-même au spectateur.
Anecdotes: un plan nous permet d'apercevoir un groupe de personnages pratiquant le Tai-Chi et c’est repris dans The Fountain tout comme le crâne rasé de Max pour le personnage joué par Hugh Jackman. Techniquement, Requiem for a dream possède les germes d'un style d'Aronofsky (car je lui en vois deux (on va dire 1,5 


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