Modérateur: Dunandan


| Le coup de l'escalier |
![]() Réalisé par Robert Wise |
| 8.5/10 |
Le coup de l'escalier est l'un des films préférés de Jean-Pierre Melville, et ça se ressent (je pense surtout au Cercle rouge) que ce soit dans l'ambiance musicale jazzy, la réalisation, le déroulement fataliste, et surtout une prédominance forte des personnages par rapport à la préparation du crime. 
Il s'agit également du même type de personnages que le cinéaste français, tous des perdants qui misent tout sur un dernier "coup". Les trois protagonistes qui y participent sont de pures figures de cinéma, qui provoquent nécessairement des étincelles par leurs différences. Il y a d'abord le type qui se sent exilé depuis qu'il est parti de son Etat natal, raciste comme pas deux, regagnant son énergie uniquement en prenant les choses de force ou en répondant physiquement aux insultes (même de la part d'un innocent lapin ...). Il accepte ce dernier coup pour enfin terminer quelque chose dans sa vie, mais dans ses entrailles quelque chose d'incontrôlable bouge en lui. Ensuite, le jeune black qui accumule les ennuis, et se sent coincé entre sa fierté personnelle et le désir de son ex-femme à s'intégrer dans la société "blanche". Il veut simplement effacer son ardoise. Une jeunesse ardente bout en lui, comme en témoigne sa manière féline de chanter. Enfin, le vieux policier qui a été viré après une longue carrière brillante pour faute grave, et qui entraîne ses plus ou moins jeunes collaborateurs pour enfin prendre une retraite bien méritée. Il est le catalyseur des forces opposées que représentent les deux autres. Tandis que le "vieux" compte uniquement sur ses collaborateurs, dont la relation est basée sur la confiance mutuelle, les deux autres ont une famille, et particulièrement des femmes. La dynamique support/retrait est à la base de leur relation, mélangeant ainsi faibles et fortes femmes, essentielles pour détailler la psychologie de ces hommes, et particulièrement les failles qui produiront leur déclin.
Pour la mise en scène, la photographie (gérée par l'un des meilleurs chefs opérateurs de l'époque, qui a participé par exemple à La nuit du chasseur), et la musique, il n'y a qu'un mot pour résumer cette synergie : la classe ultime. Le générique est d'abord fabuleux, basé sur un jeu de perspective (d'escalier ?). Puis tout au long du film, il y a un rythme lancinant et jazzy, une utilisation fréquente de contre-plongées et une atmosphère expressionniste dont les contrastes sont accentués par l'utilisation d'une pellicule infrarouge, qui apportent à chaque plan (surtout extérieur) une tension ambiante omniprésente. Même pendant le jeu d'enfants il m'a semblé ressentir cela, ne laissant ainsi aucun répit aux personnages. 
Puis enfin le climax est de qualité. La tension, les silences, l'attente : tous les ingrédients sont là, instants quasi métaphysiques durant lesquels les individus se posent dans l'espace, préparant l'explosion finale des relations inter-individuelles, décidément au centre de cette histoire simple mais terriblement efficace. Tout le film fonctionne grâce au développement psychologique des personnages. Le dénouement final montre clairement que la mort ne fait pas de détails, et attend chaque individu qui franchit la ligne, surtout ceux qui ne savent pas agir en groupe. Le genre de "coup" qui aurait pu réussir si l'entente était parfaite. A l'arrière-plan, il y a donc la question du racisme, qui n'est jamais plombante ou caricaturale, savamment dosée, davantage présente pour incarner la tension dramatique (blanc vs noir) que comme dénonciation, et qui sera même traitée avec humour noir (sans jeux de mots) à la toute fin (qui était beaucoup plus pessimiste que celle de l'histoire originale).| Film: Coup de l'escalier (Le) Note: 8,5/10 Auteur: Scalp |
Film: Coup de l'escalier (Le) Note: 8,5/10 Auteur: Nulladies |
Film: Coup de l'escalier (Le) Note: 7,5/10 Auteur: osorojo |








| Chaînes conjugales |
![]() Réalisé par Joseph L. Mankiewicz |
| 7.5/10 |
Première incursion pour moi dans l'univers cinématographique de Mankiewicz. Je reconnais clairement que Les chaînes conjugales est un classique dans le genre, par son art du récit, ses dialogues ciselés, et sa recherche de vérité dans la relation conjugale. La réalisation est par contre sobre bien qu'efficace, carrée, propre, mise à part la mise en scène et surtout l'introduction des souvenirs, très bien faite. J'ai bien plus apprécié ce film dans le genre que tous les Truffaut que j'ai pu regardé, qui a lui aussi largement exposé les rouages de la vie de couple. Cependant, ce n'est clairement pas mon style, donc mon appréciation finale reflètera simplement mes goûts, et non pas mon objectivité. 
L'exposition du récit est très intelligente. Trois femmes de foyers dans une banlieue huppée du style American way life reçoivent une lettre d'une soit-disante amie commune, que l'on ne rencontrera jamais physiquement, et qui annonce qu'elle est partie avec l'un de leurs maris. Rupture radicale de ton. Préoccupées, d'autant plus que des détails inhabituels se sont produits lorsqu'elles ont quitté leurs hommes, ces femmes se souviennent chacune à leur tour d'un souvenir pénible (mais au fond futile) qui pourrait être une cause de rupture selon elles. Ce qui est formidable, c'est que jamais on ne rencontre cette femme qui pourrait être la cause de leur malheur, et pourtant elle prend une place énorme à l'écran, d'abord par la voix off de l'introduction qui présente de manière très ironique les moeurs du quartier (ce décalage entre voix off et représentation de la réalité quotidienne sera repris très largement dans Desperate housewives) puis cette voix revient avant chaque flashback, véritable élément perturbateur de cette vie bien rangée. Ensuite par ses attributs (on voit des bouts d'elle, des cadeaux, ...). Enfin par les discussions tournant autour d'elle, qui la présentent comme la femme idéale, belle, intelligente, cultivée, attentionnée. Bref, la femme que ces trois femmes désireraient être, en grande partie car elle pourrait s'emparer de leur mari (du moins symboliquement), incarnant tout ce qu'elles ne sont pas.
Le dénouement final n'est pas très méchant, mais a une certaine classe. Il y a selon moi deux manières de comprendre la fin : après la réconciliation, la dispute risque de commencer de nouveau ; ou bien la vérité a éclaté, le pire est passé, et donc les choses reviennent comme avant, comme si rien ne s'était produit. Dans les deux cas, ça demeure quand même doux-amer : il n'y a pas de véritable victoire pour ces femmes, mais simplement un retour à la "normale".| Film: Chaînes conjugales Note: 7/10 Auteur: osorojo |
Film: Chaînes conjugales Note: 8/10 Auteur: jean-michel |
Film: Chaînes conjugales Note: 7/10 Auteur: Alegas |
Film: Chaînes conjugales Note: 5/10 Auteur: Scalp |
Film: Chaînes conjugales Note: 5,5/10 Auteur: puta madre |


| Quelque part dans la nuit |
![]() Réalisé par Joseph L. Mankiewicz |
| 8/10 |
Après cette deuxième découverte d'un Mankiewicz, je confirme que ce dernier était probablement l'un des meilleurs scénaristes de son époque, proposant une histoire au cordeau et des dialogues maîtrisés. La réalisation est de nouveau sobre, au service de son sujet et de son thème : simple mais efficace, avec un N & B bien contrasté. Chez ce réal', l'histoire et l'art du récit sont plus importants que la réalisation qui demeure tout de même très bonne, atmosphérique et oppressante.
Le début est brillant, prenant la Guerre du Pacifique comme accroche narrative pour introduire la principale idée du film, l'amnésie d'un soldat. Une voix off se fait l'écho de ses pensées, lui ne pouvant pas parler. Elle résume parfaitement son état d'esprit et son inquiétude liée à une identité inconnue. Deux lettres seulement le raccrochent à la réalité. La première le décrit comme un monstre, sans donner d'éléments précis, tandis que la seconde a été apparemment laissée par un ami. Ainsi, il est torturé entre la quête de son passé et de son identité réelle, et la peur de recouvrir ses souvenirs pour peut-être dévoiler un affreux individu. Bref, une quête de vérité, qui sera également l'apanage de Chaînes conjugales. La paranoïa du personnage est bien rendue, grâce au travail de la photographie utilisant adéquatement les contrastes, mais surtout grâce à la qualité de l'interprétation de l'acteur principal, et de la mise en scène présentant plusieurs personnages dont on ignore les liens d'affinité avec le personnage amnésique.
Deux personnages m'ont marqué. D'abord un diseur de bonne aventure qui apporte ainsi un contexte mystérieux à l'énonciation de la vérité, aidé par un jeu d'éclairages et un décor folklorique. Puis un fou qui a "fixé" sa mémoire sur l'événement qui intéresse le personnage principal révélant ainsi une amnésie différente de l'ancien soldat. Sinon nous découvrons déjà l'importance des femmes chez Mankiewicz, dont l'une d'entre-elles, amoureuse de ce dernier, lui renvoie une bonne image, contrairement aux apparences qui sont contre lui. Il y a donc du glamour, mais sans que ce dernier soit trop envahissant.
Le dénouement final est assez inattendu, car ce qui précède ressemble à un jeu de pistes compliqué et non linéaire, nous guidant sur plusieurs fausses pistes comme dans un véritable labyrinthe mental (ne pas oublier qu'il s'agit tout autant d'une recherche de vérité que d'une enquête policière). Pour ceux qui auraient raté des éléments, tout nous est récapitulé à la fin de manière pédagogue. Il y a même quelques touches d'humour (le rassemblement de tous les suspects dans la même pièce ressemblant à du Scoubidou, la mission chrétienne prise comme refuge, l'explication du port du chapeau chez le policier) qui contrastent un peu avec la noirceur de l'enquête précédente. En conclusion, un bon film noir, qui vaut surtout pour l'art de son récit - malgré son côté classique - et son ambiance.| Film: Quelque part dans la nuit Note: 8/10 Auteur: osorojo |
Film: Quelque part dans la nuit Note: 8/10 Auteur: Milkshake |





| Marché de brutes |
![]() Réalisé par Anthony Mann |
| 7.5/10 |














| Règlement de comptes |
![]() Réalisé par Fritz Lang |
| 8/10 |
Ce Règlement de comptes concentre l'essence du film d'inspecteurs de police qui marquera les années 70 avec notamment Inspecteur Harry. L'intrigue est très bien ficelée, quoique légèrement prévisible, ce qui est un peu normal si on a déjà vu les polars qui lui succéderont, mais aussi parce qu'il s'agit davantage d'un film sur l'engrenage en train de se défaire, plutôt que d'une traditionnelle enquête, conduisant ainsi le récit vers une direction inattendue. Je ne connais pas très bien Fritz Lang, mais de réputation, je peux faire un lien avec son Metropolis qui résume son idéologie du monde, hiérarchisée, le bas contrôlé par le haut, de manière fallacieuse et non visible, à l'instar d'une conspiration avec des puissants qui mènent leur barque comme ils l'entendent, tandis que les autres ferment leur bouche et se contentent d'obéir et de vivre comme des moutons dociles. Ainsi, pas étonnant que les personnages de Lang soient en lutte permanente avec le monde qui les entoure, et particulièrement ceux qui en tirent les ficelles.
Le début commence par un suicide, le visage hors champ. Tout de suite, nous savons que quelque chose cloche : la nouvelle veuve ne semble pas choquée, et avant d'appeler la police, elle procède à quelques coups de fils à un homme inconnu qui a certainement un lien avec toute cette histoire, et donc qui en est l'une des clés. Le mystère est donc palpable, bien que non opaque, puisque nous suivrons l'histoire à deux niveaux, à savoir par l'intermédiaire d'un inspecteur de police chevronné, et par celui de ces comploteurs. Ceux qui en tirent les ficelles ou qui se révoltent contre le système sont principalement des femmes que l'on peut appeler fatales en raison de leur fonction, dont l'une d'entre-elles est liée à cet interlocuteur au bout du fil. Elle représente parfaitement l'instabilité de ce système bien rodé, comme en témoigne l'une de ses scènes emblématiques où nous l'apercevons en train de sauter pour mettre l'accent sur la nécessité de sa docilité, afin de préserver l'impeccabilité de ce monde.
Le personnage de l'inspecteur de police ressemble à L'inspecteur Harry. Malgré les réprimandes de sa hiérarchie corrompue ou laxiste, puis les menaces proférées, il s'accroche, fidèle à son instinct et son sens de la justice, en dépit de son manque de preuves. Leur ressemblance est donc frappante, surtout lorsque ces gangsters atteignent la famille de l'inspecteur, ce qui conduire ce dernier à lâcher sa bride, et à utiliser une certaine violence contre les suspects. Il incarne véritablement la fonction de la justice impliquant une froideur dont on peut déjà repérer les signes avant que ça tourne mal. La fatalité réside donc essentiellement en l'impossibilité de se rebeller contre le système sans y laisser des plumes. Puis il y a une représentation de deux mondes vraiment intéressante, fidèle à l'idéologie dont j'ai parlé plus haut : d'un côté, une famille de classe moyenne mais intègre, heureuse malgré les nombreuses heures passées par l'inspecteur sur son lieu de travail, et de l'autre, ces grandes maisons dont la corruption est à peine cachée par un bel accueil, des artefacts prouvant soit-disant leur honnêteté ou leur sens de la famille (le portrait de la mère), ou bien quelques portes intermédiaires faisant la séparation entre le secret-réalité et les apparences.
Les acteurs sont tous vraiment très bons, l'inspecteur (joué par Glen Ford, dont j'aimerais bien connaître mieux la filmographie, parfait dans son rôle d'inspecteur qui ne laisse rien passer), la femme du gangster, et ce dernier en tête, interprétait par Lee Marvin, qui imposait déjà par sa présence. La réalisation est très classe, jamais statique, dotée d'un sens du cadre et du travelling. Je ne compte pas le nombre de petits plans séquences qui viennent animer la mise en scène, très dynamique. Les décors sont aussi très bien pensés, remplis de petits artefacts composant leur environnement ambiant, nous faisant ainsi passer d'une atmosphère à une autre : le bar enfumé, la maison familiale, le domaine des gangsters jouant aux cartes, et l'empire criminel montré sous le jour d'une une belle fausse apparence.
Le dénouement final fait honneur au titre. Si la fin n'est pas aussi explosive que ce qu'on pourrait attendre, un véritable règlement de comptes se déroule quand même devant nos yeux, qui se réalise davantage en désagrégation interne. Celle-ci procède à la fois du zèle de certains gangsters et de l'opiniâtreté de l'inspecteur prêt à (presque) tout pour bousculer l'échiquier sur lequel il se retrouve, en se situant toujours à la limite extrême entre le monde de l'honnêteté et son opposé.| Film: Règlement de comptes Note: 9/10 Auteur: Scalp |
Film: Règlement de comptes Note: 8/10 Auteur: osorojo |
Film: Règlement de comptes Note: 6,5/10 Auteur: Alegas |
Film: Règlement de comptes Note: 8/10 Auteur: Mr Jack |


| Harry et la coupe de feu |
![]() Réalisé par Mike Newell |
| 6.75/10 |
Nouveau Harry Potter, nouveau réalisateur, Mike Newell. Sa palette est très large, ayant réalisé Donnie Brasco, 4 mariages et un enterrement, et enfin Prince of Persia. Pas génial comme pedigree. Cependant, j'ai apprécié cet opus dans une large mesure, qui se lâche sur les effets spéciaux, à l'image de cette coupe du monde du fameux football des sorciers n'ayant rien à envier à l'ampleur de nos propres compétitions (plus symbolique qu'autre chose, ne durant que 2 minutes à l'écran), puis de La coupe de feu réunissant les trois (exceptionnellement quatre) meilleurs étudiants du monde des sorciers, présentés par une sorte de chorégraphie kitsch mais qui m'a bien fait rigoler. Sur les trois épreuves qui attendent les apprentis-sorciers, la première est la plus fun avec un affrontement contre les dragons (on a droit seulement au combat de Harry), mais les deux suivantes sont plus sombres, surtout la dernière. 
Au niveau des nouveautés quant à la progression de la saga, il s'agit de la saison des amours, les phéromones s'activent, et au milieu de la compétition, un bal est organisé, kitsch également mais mignon si on aime bien Disney. La mort rôde également aux côtés de l'amour, puisque Harry fait un mystérieux rêve annonçant le retour du bad guy de la saga, et le film commence quasiment par une guerre du mal contre le bien, préfigurant les épisodes suivants. L'événement de la coupe est couvert par la presse à scandales, qui salissent l'image des héros, une problématique déjà abordée sous l'angle inverse dans La chambre des sorciers. Avant le début du film, un "accord parental" était annoncé, et en effet, il s'agit d'un épisode assez noir sur le fond, avec Harry Potter devant participer contre toutes attentes à ce championnat habituellement adressé aux plus de 17 ans - comme par hasard âge de l'enrôlement militaire aux Etats-Unis et de l'interdiction de certains films -, et l'apparition du premier mort de la série. Au niveau des personnages, le "guest" est le nouveau professeur de la défense contre les forces du mal, qui change d'un épisode à l'autre, puis il y a le blanc-bec qui jouera le rôle principal du vampire asexué dans Twilight. En conclusion, ce film n'est probablement pas le plus intéressant sur le fond, effleurant à peine la psychologie des personnages, sauf durant le bal, mais fait la part belle à l'action et aux situations colorées, avec les SFX les plus impressionnants jusqu'à lors, même si je préfère largement l'ambiance instaurée dans l'épisode précédent, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban
.| Film: Harry Potter et la Coupe de feu Note: 4/10 Auteur: caducia |
Film: Harry Potter et la Coupe de feu Note: 7/10 Auteur: lvri |
Film: Harry Potter et la Coupe de feu Note: 3/10 Auteur: Scalp |
Film: Harry Potter et la Coupe de feu Note: 6,5/10 Auteur: Waylander |
Film: Harry Potter et la Coupe de feu Note: 7,5/10 Auteur: francesco34 |


dunandan a écrit:à l'image de cette coupe du monde du fameux football des sorciers n'ayant rien à envier à l'ampleur de nos propres compétitions



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