Modérateur: Dunandan


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| La proie |
![]() Réalisé par Robert Siodmak |
| 7/10 |
Ma première incursion dans l'oeuvre de Siodmak. Or, j'ai bien apprécié ce petit film, qui nous change un peu des poncifs du film noir, transposé ici dans l'univers bien particulier de la population émigrante italienne. Ainsi, les codes du genre sont au contact d'une réalité sociale difficile, essentiellement composée de gens pauvres pouvant facilement basculer du côté du crime. Ce côté réaliste et quasi documentaire évoque le style de Dassin, et d''autre part, cette combinaison policier-social préfigure déjà l'oeuvre de Scorsese. 
La construction narrative du film est très bien, divisée en deux parties. La première se déroule dans un hôpital, et consiste à poser le cadre et l'atmosphère. On adopte le point de vue principal d'un prisonnier blessé et d'origine italienne, qui a tué un policier pour une raison inconnue, le film ne s'attardant pas plus sur les détails. Un personnage d'abord présenté comme une pure victime du système, attirant ainsi assez naturellement l'affection du spectateur. Non seulement les policiers expédient un enterrement se produisant à côté de lui, mais ils s'en prennent à lui sans ménagement sans approfondir les motifs de ses actes ou lui faire avouer des trucs qu'il n'aurait pas commis. Son chemin semble donc scellé, et il aurait affronté son sort, quoique sans joie, s'il n'y avait pas eu cette fille qu'il aime soit-disant. Un petit ressort narratif simple et efficace.
La seconde partie rejoint le point de vue d'un policier italien, l'un des inspecteurs du début, qui a lui aussi grandi dans le quartier. Ainsi, les deux perspectives d'un même milieu vont se confronter, véritable sujet du film selon moi. Au fond, il s'agira pour la suite d'un classique jeu du chat et de la souris entre les deux personnages, sur fond social, l'un incarnant le bien avec l'espoir d'une vie intègre et morale, et l'autre le mal entraînant tout le monde sur son sillage dans sa chute (un point moral bien appuyé à la fin du film, et qui montre aussi indirectement la difficulté économique et sociale de ces émigrés parfois obligés de se "salir" aux yeux de la loi pour s'en sortir). Cependant, le portrait n'est pas si caricatural, car le criminel a l'air quand même assez affable (surtout avec sa mère), gentil avec sa copine, charismatique, et il est souvent présent au mauvais moment et au mauvais endroit. Et de son côté, le grand respect de la loi du policier tranche des problèmes moraux délicats de manière plutôt frontale, sans compassion. Ce qui compte pour lui avant tout c'est l'intégration. L'histoire du crime que le truand n'aurait pas commis, loin d'être vraiment passionnante, vient nourrir ce jeu de poursuite du policier et du voleur en guise de toile de fond, et introduit une femme fatale inhabituelle dans le genre, une masseuse robuste, peu sexy, mais capable du pire contre ses adversaires. Par contre, il est dommage que la ressemblance entre les deux personnages n'ait pas été davantage développée, car finalement ils mettent les autres à distance, mais d'une manière différente, l'un par l'usage d'une loi inflexible, et l'autre en franchissant la ligne.
L'enjeu secondaire est l'image que le criminel laisse à son frère, qu'il prend pour un héros, et qui incarne ainsi symboliquement le spectateur béat devant le charisme d'un tel personnage. En outre, ce type d'attraction du truand sur les jeunes générations est encore un thème que Scorsese développera dans ses films. La fin est (un peu trop ?) logique, renversant l'ordre entre les deux personnages aux yeux du jeune homme/spectateur. La morale est claire : la fatalité ne vise que ceux qui prennent la mauvaise pente et ceux qui se trouvent sur son chemin. Par contre, la copine du truand ne sert finalement presque à rien alors qu'elle était apparemment l'unique raison de vivre de ce dernier. Elle est en fait quasiment réduite à une simple amorce narrative (sans elle, pas d'histoire), leur relation qui se déroule après l'évasion du truand étant à peine développée. Selon moi, cela renforce d'autant plus l'égoïsme de ce dernier, qui ne perçoit même pas qu'il est une source d'ennuis pour ses proches.














| Film: Forbans de la nuit (Les) Note: 9,5/10 Auteur: osorojo |
Film: Forbans de la nuit (Les) Note: 10/10 Auteur: Mr Jack |
Film: Forbans de la nuit (Les) Note: 8/10 Auteur: Alegas |
Film: Forbans de la nuit (Les) Note: 9,5/10 Auteur: Scalp |


| 13 assassins |
![]() Réalisé par Takashi Miike |
| 7/10 |
13 assassins est le remake de 13 tueurs. Il y a un débat quant à savoir quel est le meilleur film entre les deux. Je trouve l'original meilleur quant au développement du contexte historique et de la psychologie des personnages. Mais personnellement, j'ai préféré le remake, ayant une mise en scène plus dynamique, et surtout un climax plus intense. Cependant, l'histoire et son déroulement (première partie calme et seconde partie tout en fureur) demeurent au fond les mêmes, avec quelques changements mineurs à signaler, qui révèlent souvent la personnalité du réalisateur Takashi Miike.
Tandis que l'histoire originale était relativement confuse, s'adressant avant tout aux japonais, celle du remake est beaucoup plus limpide, enlevant même certains détails pouvant paraître confus (mais ayant pour effet inverse de simplifier la richesse du cadre historique). Finalement elle se résume à peu de choses. Le contexte est le suivant : c'est une période de paix. Mais un Seigneur japonais accomplit des actes sanguinaires (meurtres, viols, tortures, ...), qui sont sanctionnés par le suicide (mis en scène de manière lente et morbide, tandis que l'original brillait par sa sobriété) d'un chef de clan. Il agit ainsi, croyant en la soumission traditionnelle du peuple et des samouraïs au pouvoir gouvernemental et donc à lui-même, quelles que soient les raisons, justes ou injustes. En réaction à la violence de ce Seigneur, un membre du gouvernement opposé à ces méthodes rassemble alors plusieurs sabreurs talentueux pour l'assassiner et arrêter les frais. 
La première partie est assez lente dans son déroulement, respectant ainsi le rythme de l'original, et consiste à présenter les différents personnages. Il y a quelques nuances importantes, comme par exemple l'absence d'un luthier (activité honorable pour nous, mais pour les japonais d'une classe beaucoup plus basse que celle de samouraï), remplacé par un simple joueur, quittant cette activité pour un pari plus fou, celui de tuer ce Seigneur sanguinaire. Et selon moi, la nuance la plus importante consiste en l'exagération de la folie meurtrière du Seigneur (je pense en particulier à la jeune fille démembrée qui va écrire ces mots qui seront le slogan des 13 assassins : c'est un massacre). En fait, ce dernier est très différent dans le remake, notamment dans la dernière partie, lorsqu'il affirme se sentir revivre en voyant ces batailles sanglantes (comme si sa propre violence exprimait un manque viscéral de sa propre nature), et qu'il peut enfin ressentir la souffrance ... avec un sabre dans le ventre (approche simple mais efficace). Dans l'original, il apparaissait à la fois violent et pleutre, alors qu'ici sa violence semble procéder d'un caractère froid et insensible à la douleur des autres.
Je trouve que la motivation des assassins par rapport à l'original est subtilement différente : tandis que dans ce dernier, ils semblaient accepter leur mission avec résignation et fatalité, comme de véritables samouraïs respectant le code (plus ou moins instrumentalisé, pour les engager dans cette mission suicide), ici se ressent davantage une joie fébrile de se retrouver au combat. Il y a une accentuation particulière sur la valeur de vivre (et mourir) en samouraï. Certaines nuances psychologiques ont disparu (je renvoie sur ce point à la critique d' Alinoé). Enfin, il y a quelques réflexions sur l'art de la guerre, comme l'attente du bon moment pour attaquer, qui sont également absentes du discours des samouraïs.
Le déroulement du complot des 13 assassins est identique à celui de l'original, s'appuyant sur une carte avec différents enjeux stratégiques et conventionnels à prendre en considération pour prendre en embuscade la procession du Seigneur sanguinaire. Puis, si je me rappelle bien, il n'y avait pas de traversée à travers champs qui a abouti à la rencontre du treizième assassin, un homme des montagnes incroyablement fort et résistant, une blague en soi qui ressemble aux personnages habituels du réalisateur (et puis l'idée de la scène homo ...).
Enfin, le climax est très bon, avec l'utilisation, comme dans l'original, d'un village fortifié avec des armes planquées un peu partout et des séparations permettant de prendre les combattants en tenaille. Puis ça taillade dans tous les sens, avec un usage généreux de sang non synthétique, et différentes méthodes destructrices : flèches, vaches enflammées (en CGI), explosifs (ces deux derniers points étaient absents de l'original). Comme dans l'original, c'est un peu la pagaille, avec du sang et de la boue à gogo. De même, les combats ne sont pas propres, réglés comme les duels cérémonieux, mais désespérés et remplis de rage. Il y a quelques séquences que j'ai bien aimé comme celle où plusieurs sabres sont parsemés tout au long d'un petit chemin, permettant au sabreur d'enchaîner de plus belle ses victimes sur son passage. Près de cinquante minutes de fureur alimentent cette dernière partie.
Par contre, le final est très différent dans le remake. Au lieu d'avoir d'une scène reflétant la folie absurde et désespérée de ce combat, nous retrouvons l'un des assassins survivants qui affirme qu'il va faire des choses complètement WTF, anachroniques et contraires à l'esprit des samouraïs : voir des femmes, aller aux USA, devenir un grand, ... Puis l'homme des montagnes, laissé pour mort, revient en pleine forme, dans une scène surréaliste, représentant du parfait anti-samouraï qui ne peut même pas mourir (alors que pour un samouraï, c'est un honneur et un accomplissement de terminer comme cela). Le texte conclusif est identique à l'original : la vérité des événements est masquée pour éviter d'atteindre le pouvoir central. Mais la nuance primordiale est qu'on nous projette juste après la fin du pouvoir féodal, ouvrant sur le visage illuminé d'une jeune femme, exprimant ainsi la libération des anciens subalternes de la hiérarchie sociale. Autrement dit, le message original d'une rébellion vaine contre le pouvoir, car étouffée dans l'oeuf, est remplacé par un rejet cinglant des valeurs féodales et des samouraïs. Dans le premier cas il s'agissait d'une mise en accusation politico-historique, tandis que dans le second, l'action succède tout de suite au rejet de ces valeurs. 
Au niveau de la réalisation, je trouve le remake moins marquant que l'original dans sa première partie, d'autant plus que certains plans sont repris à l'identique. Bien sûr, la colorisation et la composition de certains plans font plaisir à l'oeil (par exemple toute la partie dans la forêt est nouvelle), mais il y a beaucoup moins de recherche stylistique personnelle. Les meilleures idées de mise en scène sont regroupées dans le climax, qui manque malheureusement un peu de diversité dans le traitement des combats (au niveau de la lisibilité on repassera : c'était déjà le cas dans l'original), mais qui enterre quand même l'original sur tous les plans, que ce soit au niveau du dynamisme, du rythme, des scènes d'action, du charisme des combattants, ou encore des détails sonores (coups de sabre dans la chair et gargouillis sanguinolents) bien immersifs.| Film: 13 Assassins Note: 7,5/10 Auteur: Milkshake |
Film: 13 Assassins Note: 9/10 Auteur: osorojo |
Film: 13 Assassins Note: 7,5/10 Auteur: alinoe |
Film: 13 Assassins Note: 7,5/10 Auteur: Scalp |
Film: 13 Assassins Note: 8/10 Auteur: Pathfinder |





Je trouve que la motivation des assassins par rapport à l'original est subtilement différente : tandis que dans ce dernier, ils semblaient accepter leur mission avec résignation et fatalité, comme de véritables samouraïs respectant le code (plus ou moins instrumentalisé, pour les engager dans cette mission suicide), ici se ressent davantage une joie fébrile de se retrouver au combat. Il y a une accentuation particulière sur la valeur de vivre (et mourir) en samouraï. Certaines nuances psychologiques ont disparu (je renvoie sur ce point à la critique d'Alinoé). Enfin, il y a quelques réflexions sur l'art de la guerre, comme l'attente du bon moment pour attaquer, qui sont également absentes du discours des samouraïs.



: j'ai déjà une belle pile de films à voir avant.



















| Film: Violent cop Note: 8,5/10 Auteur: Jimmy Two Times |
Film: Violent cop Note: 7,5/10 Auteur: Tarankita |
Film: Violent cop Note: 7,5/10 Auteur: Mark Chopper |
Film: Violent cop Note: 5,5/10 Auteur: Scalp |


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