6/10
Dark Blue de Ron Shelton - 2003
Quand on pense polar hardboiled à LA, on pense pas à Ron Shelton à la réalisation et c'est bien le problème du film, j'aime bien Shelton mais le mec est bon dans un seul registre, le film de sport et là on en est loi. Quand c'est sorti fallait donner ce film à Carnahan, ça aurait eu une autre gueule, mais bon ça reste un petit polar sympathique. Bon Ellroy a beaucoup gueulé sur le film en disant que son script avait été malmené ( par Ayer qui est clairement un mec capable du meilleur comme du pire mais si y a un truc où il gère c'est LA et sa faune) alors on voit bien ce qu'il reste : des ripoux et un shotgun ithaca, tout ce qui fait l'essence des romans de Ellroy est ici oublié, pas de script alambiqué ( le perso de Gleeson est bien cliché ça fait vraiment la corruption policière pour les nuls ), une narration beaucoup trop linéaire, pas de personnage véritablement torturé ( le perso de Eldon Perry est loin d'un Buzz Meek ), peu de violence et la toile de fond de l'affaire Rodney King se révèle finalement complétement inutile ( on est loin de vraiment ressentir la tension qu'il devrait y avoir alors que la ville était proche du chaos ), enfin ça reste du polar urbain regardable, l'histoire qui si elle n'est pas originale se révèle tout même sympa à suivre ( ça dure quasiment 2h et on s'emmerde pas ), les dialogues sont très bien et puis même si à la fin les méchants sont châtiés on est loin d'être devant un happy end et une certaine noirceur se dégage de ce film. C'est con car sur le papier y avait vraiment tout pour avoir un truc assez ultime, le LA de la période de Rodney King ça a un potentiel de fou.
Shelton est donc loin de livrer un gros travail ( son meilleur film est
Les Blancs ne savent pas sauter (ou Cobb si on veut) c'est clairement pas un film qui éblouit par sa réal ), ça mise en scène se révèle passe partout, le scope est mal exploité, la ville de LA n'a pas la place qu'elle devrait avoir, et c'est pas assez punchy, le climax final dans les rues de South Central en feu est loin d'être une énorme réussite ( je suis vraiment déçu que les émeutes soient aussi mal traitées en gros on a 4 gros bras qui jettent des canapés ), heureusement la mort d'un des personnages principaux est bien surprenante ( et là pour le coup c'est vraiment une scène 100% Ellroy ) et efficace mais c'est bien un des seuls passages du film où Shelton élève son niveau, l'autre bon passage étant le braquage d'intro sans concession.
Kurt Russell sans livrer une énorme performance se révèle convaincant en flic corrompu, violent et raciste, dommage qu'il n'aille pas plus dans le coté sombre du personnage ( enfin ça c'est un problème de script, y a juste la scène avec sa femme où il explique comment il a tué un truand qui soit une scène vraiment intéressante pour la psychologie du perso ) mais bon il fait le boulot avec talent et on regrette de voir qu'il ai fait si peu de polar, Speedman a la tronche qu'il faut pour ce genre de perso malheureusement la descente aux enfers de son personnage est là aussi pas spécialement bien écrite ( ça manque de scène marquante pour son perso ), les seconds rôles font le boulot mais on a déjà vu Rhames et Gleeson bien meilleur.
A la BO on retrouve Terrence Blanchard qui est loin ici de signé une BO dans la ligné de ses collaboration avec Spike Lee, ça reste sympa.
En tant que film basé sur des écrits de Ellroy c'est pas bon, en tant que polar écrit par Ayer c'est pas mal, en gros ça ressemble plus à
Training Day qu'a
LA Confidential ( et donc bien entendu c'est bien meilleur que le pitoyable
Cop ).