par Count Dooku » Sam 04 Aoû 2012, 19:46
1953 - Fear and desire : Pas vu.
1955 - Le Baiser du tueur : 6/10 Le premier vrai film de Kubrick, Killer's Kiss porte les marques d'une œuvre de débutant. Le scénario est assez maigre et peu original, la mise en scène générale ne s'émancipe que peu des codes du film noir, et les personnages manquent sincèrement de consistance. Pour autant, le film laisse entrevoir quelques coups de génie (en particulier le duel final dans l'entrepôt de mannequins) qui préfigurent les chefs d’œuvre que le jeune cinéaste engendrera par la suite.
1956 - L'Ultime razzia : 8.5/10 : Premier grand film de Kubrick, et pas loin du chef d'œuvre. The Killing, non content d'être un film noir de haute volée, se permet de moderniser le genre en y apportant un réalisme minutieux dans la reconstitution du casse et dans le traitement des personnages, le tout servi par une mise en scène brillante, largement au-dessus du film précédent. C'est aussi l'un des meilleurs films de braquage de l'histoire du cinéma.
1957 - Les Sentiers de la gloire : 9/10 Un film qui créa une polémique en France à sa sortie, et pour cause : l'état-major français durant la Première Guerre Mondiale n'y était pas à son avantage, et le film de Kubrick dénonçait un système corrompu et fondamentalement stupide, sur fond d'anti-militarisme, message que réutilisera plus tard Kubrick dans Dr Folamour et Full Metal Jacket. Le film est brillant, tant formellement (la reconstitution des tranchées est remarquable, et la scène de charge est d'un réalisme particulièrement poussé pour l'époque) que scénaristiquement, et impossible de ne pas se sentir révolté en visionnant ce film, à l'instar du personnage principal, incarné par un excellent Kirk Douglas, qui maudit son impuissance à défendre ses hommes contre cette injustice.
A noter également la magnifique scène finale, rarement l'absurdité de la guerre aura été aussi bien dénoncée que dans cette scène particulièrement émouvante.
1960 - Spartacus : 9/10 Sans doute le film le moins personnel de Kubrick, et pour cause : c'est un film de commande, d'où l'aspect assez classique du film, proche des péplums traditionnels. Pour autant, Kubrick est tout de même parvenu à impose sa marque à ce film, lui permettant de se distinguer de la production habituelle par quelques coups d'éclats, des fulgurances dans la réalisation, qui contribuent à rendre ce film plus moderne et moins sentencieux que Ben-Hur ou surtout que Les Dix Commandements. Cela commence dès le générique, particulièrement stylé et novateur pour l'époque, et cela se poursuit pendant tout le film, à commencer par les scènes de batailles, impressionnantes encore aujourd'hui. Servi par un casting cinq étoiles (Kirk Douglas, bien sûr, mais aussi Jean Simmons, Tony Curtis, Laurence Olivier, Charles Laughton et Peter Ustinov), Spartacus est tout simplement l'un des meilleurs péplums.
1962 - Lolita : 8.5/10 Petit bijou d'ironie et d'ambiguïté, Lolita garde aujourd'hui encore sa puissance malsaine qui fit scandale à sa sortie. A la fois comédie et drame, Lolita nous livre des personnages marquants, à commencer par celui incarné par un James Mason absolument fantastique.
1964 - Docteur Folamour : 8/10 Véritable satire sur la guerre froide, Docteur Folamour étonne par son ton résolument ironique et l'humour absurde qui habite certaines séquences. Un film diablement subversif quand on le replace dans son contexte historique.
1968 - 2001 : L'Odyssée de l'espace : 10/10 Tout a été dit sur ce film. Il incarne la perfection cinématographique. Véritable révolution visuelle en son temps, à tel point que ses effets spéciaux n'ont presque pas vieillis en 40 ans, 2001 est avant tout un spectacle musical et visuel, une sorte d'opéra de science-fiction (et ce bien qu'il ne corresponde pas du tout avec le terme "space-opéra", utilisé pour désigner les films genre Star Wars) où chaque séquence dans l'espace donne lieu à de fantastiques ballets spatiaux. Rarement musique et image auront été aussi en phase au cinéma. Mais loin de se limiter aux seules considérations esthétiques, Kubrick nous livre ici une formidable réflexion sur l'humanité, sur les dangers de la technologie et, carrément, sur Dieu. L'un des plus grands chef d'œuvre de l'histoire du cinéma.
1971 - Orange mécanique : 8/10 Peut-être le film le plus étrange de Kubrick, et sans doute le plus dérangeant et subversif. Je dois dire que je ne l'ai plus vu depuis plusieurs années et qu'il faudrait que je le revoie pour une analyse plus poussée, mais c'est un film qui reste choquant encore aujourd'hui par la violence et surtout par l'esthétisation de cette violence, grâce à une mise en scène magistrale et une nouvelle fois une fusion totale entre la musique (classique, ici aussi) et l'image.
1975 - Barry Lyndon : 9/10 Peut-être le plus beau film de Kubrick, d'un point de vue strictement formel (quoique cela se discute entre 2001 et lui). Pratiquement chaque scène, chaque plan témoigne d'un véritable travail d'orfèvre. Kubrick revient ici à ses premières amours, la photographie, et chaque plan est étudié de façon à évoquer une toile de maître. Cela donne un résultat esthétiquement éblouissant, qui procure un émerveillement constant. La mise en scène du maître, avec ses lents travellings arrières, ses jeux d'ombre et de lumière (il a tenu à ce que plusieurs scènes soient éclairées à la bougie, malgré tous les inconvénients technique que cela comportait pendant le tournage) font de Barry Lyndon un film inattaquable du point de vue visuel. Le fond ne démérite cependant pas, bien que le film puisse paraitre un peu long, et la psychologie du personnage de Barry Lyndon se révèle très travaillée et rend le parcours de cet homme particulièrement passionnant.
1980 - Shining : 9.5/10 Tiré de l'œuvre éponyme de Stephen King, King n'aimait pourtant pas ce film, ne le jugeant pas assez fidèle à son livre. Il reconnaissait pourtant l'immense valeur de ce film, pour lequel Kubrick a fait preuve d'une démarche intelligente, dont devraient faire preuve tous les cinéastes qui cherchent à adapter une œuvre littéraire : plutôt que de se contenter d'une transposition du livre au film, avec toutes les limites que cela comporte, Kubrick a apposé son style au métrage, pour en faire une œuvre personnelle et totalement autonome. L'ambiance de ce Shining nous prend aux tripes comme peu de films savent le faire, et la performance mythique de Jack Nicholson a largement contribué à faire de ce film l'un des meilleurs films d'horreur, et tout simplement l'un des meilleurs films tout court.
1987 - Full Metal Jacket : 8.5/10 Film anthologique pour sa première partie résolument culte (merci à l'inénarrable Lee Ermey), beaucoup reprochent à Full Metal Jacket sa seconde partie, moins jouissive et soi-disant plus classique. Moins jouissive, cela dépend de la sensibilité de chacun, mais cette partie n'est en aucun cas "classique", car Kubrick filme la guerre comme personne ne l'avait fait auparavant. Les scènes sur le terrain sont d'une intensité rarement vues dans un film de guerre (la dernière partie partie du film, avec le sniper, est à ce titre particulièrement mémorable), mais cela contraste avec un ton étonnamment léger, grâce à une galerie de personnages loufoques et des situations incongrues, qui confèrent à donner ce côté décalé si typique du métrage. Véritable brûlot anti-militariste, Full Metal Jacket est un chef d'œuvre, point barre.
1999 - Eyes Wide Shut : 8/10 Film-testament de Kubrick, Eyes wide shut est un film étrange, donc l'ambiance malsaine et l'omniprésence du sexe n'est pas sans rappeler Lolita et Orange mécanique. C'est d'autant plus surmenant de voir dans un tel films deux acteurs aussi mainstream que Tom Cruise et Nicole Kidman, et à mon avis il s'agit là sans doute de la principale faiblesse du film, et ce bien que leur prestation reste honorable. Aussi, le film est un peu long, même si cette lenteur peut également être perçue comme une qualité dans la mesure où elle contribue à poser l'ambiance. Ainsi, la mise en scène est une fois de plus grandiose, Kubrick film à merveille les scènes nocturnes qui accompagnent l'errance du personnage de Cruise, et il parvient à insuffler une atmosphère si particulière au film, atmosphère qui lui donne toute sa consistance. Le film atteint son point culminant dans la parte au château, où le génie du cinéma de Kubrick explose une fois de plus devant nos yeux. Du grand cinéma, et un film qui ne fait pas du tout tache dans la filmographie de ce génie du 7ème Art.