Ouais c'est assez facile de se reporter sur le spectateur. Quand on fait un film, qu'on l'écrit, on est conscient de ce qu'on écrit. Et puis la scène avec Biel dans la prison et ce qu'elle sort pendant 5 minutes sur les gosses ça montre quand même un point de vue de la part du réeal et pas "que" du perso. Laugier veut se donner un genre, y'a d'autres moyens moins con pour faire douter le spectateur que des dialogues aussi mal écrits, comme de se détourner de son protagoniste au lieu d'en embrasser la cause une fois le "twist" découvert.
Pour ce qui est de la réal on a pas du voir le même film. Le truc que tu vois à chaque film de genre/séries, avec le côté caméra numérique moche qui va avec. Le générique du film est ridicule, clairement pompé sur Panic Room et d'autres, et je parle même pas des scènes avec le Tallman...
Si le fond du film est merdique, la forme l'est tout autant pour moi: donc le Tallman c'est la vielle nana quand Biel veut récup le gosse, mais elle se comporte comme un Serial Killer dans sa camionette Kinder Pingui... (et que je descend au ralenti et tous les stéréotypes du genre qui vont avec) et puis la fille qui prend 20 cm et 30 kilos en enfilant son costume quoi, n'importe quoi. Elle raconte son histoire à toute la ville, et ils trouvent rien de mieux que d'envoyer la mère habillée en Tallman pour récup le gosse? Si ça c'est pas de la grosse ficelle usée jusqu'à la corde... Pourquoi ne pas juste tout simplement la lyncher dès qu'elle entre dans le Dinner au lieu d'attendre comme des bulots qu'elle sorte de la chambre? Y'a vraiment trop d'incohérences scénaristiques là. Tout ça pour amener au fameux twist... laborieux quand même vous en conviendrez.
En tout cas c'est bien beau de se cacher derrière des "le public est seul juge de ce que je lui propose". D'autres le font mieux, Verhoeven, Kubrick, Lynch, Cronenberg pour ne citer qu'eux et pourtant ne s'effaçent jamais derrière des dialogues les dédouanant totalement de ce que proposait leurs films (A Clockwork Orange est un bon exemple, Kubrick assumant son point du vue jusqu'a la fin de son film, dénaturant au passage, pour le meilleur, l'oeuvre de Burgess). Là c'est simpliste au possible, servi sur un plateau avec cette ligne de dialogue ridicule face caméra à la fin du film.
De toute façon j'ai cette impression que certains cinéastes français veulent se créer une espèce de nouveaux genre basé sur le voyeurisme primaire et la violence graphique volontairement choquante (A l'intérieur, Martyrs et les autres trucs du genre). En gros choquer le spectateur, mais sans avoir de réelle histoire ou proposer quelquechose de construit. Laugier tente le subterfuge psychologique, mais n'en a pas les moyens (le génie?) et se plante royalement.
Le film n'est même pas sorti aux USA (en limited uniquement fin aout) et aura le droit à une sortie DTV fin septembre... ça méritait pas mieux.