par Scalp » Lun 17 Déc 2012, 17:46
8/10
Milano Odia : La Polizia no puo Sparare de Umberto Lenzi - 1974
C'est un des tous premiers poliziotteschi que j'ai vu, sorti chez Neo Publishing, et il m'avait marqué, mais à l'époque je pensais pas que c'était l'un de tous meilleurs du genre, maintenant que j'en ai vu un bon paquet un constat s'impose. C'est un genre qui se divisent en 2 catégories, la première où on trouve beaucoup de merdes, c'est écrit en fonction des séquences d'action à respecter pour le cahier des charges, on a donc des histoires broder autour une course poursuite ou un gunfight (souvent c'est avec un flic moustachu), la seconde catégorie s'intéresse plus à ses personnages (ou à dénoncer le système avec Damiani), ce Rançon de la Peur se classe dans la 2ème catégorie avec un script bien foutu et souvent ces 2 catégories étaient écrite par le même gars à savoir Ernesto Gastaldi (on trouve plus de 110 scénarios à son actif) qui avait bien saisit le climat social dans lequel se trouvait l'Italie et la violence urbaine y est carrément nihiliste (surement un des plus violent du genre ici).
Ici d'ailleurs à part l'intro on a même pas de scène d'action, cette intro c'est d'ailleurs un stock shot de Rue de la Violence (me semble), et la séquence c'est pas juste 3 plans identique, non c'est toute la scène, le seul truc qui change c'est les inserts avec Milian.
Le film a un coté imprévisible appréciable, très vite on comprend que tout peut arriver dans ce film tant le personnage de Milian est capable de tout, et on verra qu'il va aller très loin, l'idée du kidnapping est bien exploitée ( en plus on annonce d'entré la couleur, l'otage sera buté quoiqu'il arrive), au début on se dit que le perso qui organise tout ça est un vrai rigolo et que ça va partir en couille (il se fait virer de son gang car il est considéré comme incompétent) mais on se rend compte qu'il est bien plus malin qu'il n'y parait ( j'adore toute la seconde partie du film où il se confronte de manière direct à la police ), c'est d'ailleurs lui le personnage principal du film et non pas le flic joué par Silva qui apparait de façon sporadique. Et malgré toute les atrocités qu'il commet, le perso de Milian a quand même un coté attachant ( enfin moi je l'ai trouvé attachant mais je sais pas si c'est normal vu l'enculé que s'est), et le film arrive a rester sérieux et ne sombre pas dans le pur truc d'exploitation où on enchaine les scènes chocs pour le fun, non ici c'est cohérent avec les personnages et c'est toujours utile à la progression de l'histoire et on est devant une pur film nihiliste.
Une nouvelle fois le message est clair, pour sortir de la misère il n'y a qu'une seule solution ( les armes ), le système judiciaire ne vaut rien et seule la justice à base de douille dans le corps est une solution.
La réal de Lenzi est ici fonctionnelle, il y a rien de raté dans le film mais c'est pas spécialement marquant techniquement, en fait le film est vampirisé par Milian, on sent même Lenzi complétement fasciné par ce personnage tant il lui donne énormément de scènes.
Bon après Lenzi réussit quand même bien à retranscrire une bonne ambiance urbaine bien crade et glauque mais bon ça c'est plus l'impression qu'il suffisait de poser sa caméra dans n'importe quelle rue italienne de l'époque qu'autre chose, enfin c'est bien foutu et ce genre de plan de rue dégueux préfigure bien le cinéma de Lustig ou Ferrara notamment.
Tomas Milian en petit truand sans envergure (et sans scrupule) qui sait se montrer malin, très malin, mais surtout qui va sombrer de plus en plus dans la violence, plus le film avance plus les cadavres pleuvent, Milian bute tout ce qu'il peut dans ce film (femme, enfant, petite amie, complice, flic) et viole femme et homme, il ne fait pas de sentiment et c'est un vrai psychopathe qui s'ignore, après chaque meurtre odieux il se montre d'une froideur incroyable, c'est une grosse prestation de l'acteur qui ne sombre pas dans le sur-jeu que le rôle laissait penser, bon c'est Milan donc c'est pas non plus un modèle de sobriété mais ça colle parfaitement au personnage et pour faire face à ce Milian en pleine forme il fallait un acteur qui dégage quelque chose et ici c'est le Henry Silva qui s'y colle, lui l'habituel bad guy du cinéma ricain qui se trouve ici du bon coté de la loi, il joue un inspecteur méticuleux mais impuissant et qui lui aussi sera sans pitié, j'aime bien toutes les apparitions de son personnage, il est hypnotique quand on le voit ici on se dit que c'est vraiment dommage qu'il ait été cantonné dans les rôles de bad guy (même si il y excellait) et c'est là qu'on voit qu'être monolithique c'est pas donner à tout le monde, chez certains ça donne un coté non jeu chez d'autre comme Silva ça donne une prestance et on sent bien toute la violence retenu de son personnage, dans les seconds rôles on a la superbe Anita Strindberg ( elle est juste derrière Edwige Fenech dans mes actrice fétiches de l'époque ) et Ray Lovelock malgré un coté petit minet je l'aime bien ( il disparaissait trop vite de Squadra Volante ) et puis on a tout pleins de bonnes trognes dans des petits rôles.
La BO de Morricone bein c'est du Morricone, c'est donc bien.
Lenzi à la carrière si inégale signe ici et de loin son meilleur film et on pourrait même le considérer comme un des pères fondateur des polars hard boiled des 90's prenant en héros des truands déjantés.
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