[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

Faudra que je le vois tiens, ta critique me motive
J'ai même un coffret (courts) Keaton que j'ai pas vu encore

N'hésite surtout pas, tu vas adorer, et la musique est juste

[Dunandan]

Le Mont Fuji et la lance ensanglantée, Tomu Uchida (1955)

Il ne faut pas se laisser abuser par le titre, car de scènes de combat il y en a qu'une, qui de plus souffre de comparaison avec par exemple la mise en scène de la lance dans La Forteresse cachée avec des coups qu'on voit frapper dans le vide, heureusement relevée par une musique inspirée et intense et l'enjeu dramatique de la séquence. Qu'importe, car là n'est pas l'intérêt principal de cette histoire qui nous propose de suivre le parcours de gens aux statuts différents d'un point A à un point B. Un film profondément humaniste réalisé de manière bien différente que Akira Kurosawa, pour ne citer que lui, de par son aspect choral, et en opposant grandes frasques de la haute société (comme la cérémonie de thé qui paralyse la circulation sans se soucier des autres) aux manières simples des habitants d'en bas, avec un ton assez léger qui peut surprendre au début, mais rend le déroulement agréable à suivre.

Mais le soucis, ce sont les péripéties autour de l'alcoolisme du samouraï, de l'enquête sur un voleur de grand chemin, ou d'autres du même genre, peu palpitantes malgré le cadre folklorique et des personnages assez charmants (la fête de village, la marche en plein compagne, l'altruisme des petites gens). Des micro-portraits qui ne révèlent leur importance qu'en vertu de leur finalité concentrée autour des trente dernières minutes. Se produit alors une fascinante remise en question des différences sociales, où les apparences peuvent être trompeuses, avec un touchant esprit d'entre-aide dont les problèmes des uns devient celui des autres. Les personnages les plus intéressants sont ceux qui sont rattachés à cette lance, symbole de la relation du maître au serviteur et du prestige d'être samouraï, et qui entraîne sur son sillage un jeune orphelin qui rêve lui aussi d'être porteur pour briller de la même aura. Le point d'orgue arrive avec deux scènes qui mettent l'accent sur le courage et la supériorité morale du lancier d'une part, et de l'autre la facticité et la férocité de l'ordre samouraï. D'abord par hasard avec l'arrestation chanceuse du voleur, puis par maîtrise évidente lorsqu'il venge son maître. Une belle inversion des valeurs où ces chemins croisés révèlent aussi leur sens (comme l'orphelin qui redevient un enfant grâce à ces rencontres), et permet de mieux apprécier a posteriori certains choix peu passionnants de prime abord.

Bref, pas un film que je conseillerais forcément aux néophytes à cause d'un script au rythme inégal qui ne révèle sa puissance qu'à la fin. Mais ceux qui apprécient le travail d'Akira Kurosawa comme moi pourront peut-être s'intéresser à une autre manière d'articuler réflexion sociale et vision humaniste (qui font forcément penser à la situation japonaise de l'après-guerre), le tout avec une légèreté de ton assez agréable qui manque parfois à ce dernier.

Note : 6.5/10

[angel.heart]

Il a vraiment l'air chiant celui-là. Je pense qu'il va rester longtemps à prendre la poussière sur mon étagère, avant que je me décide à le mater...

[Dunandan]

J'étais coincé à 6 au début, mais les trente dernières minutes ont réveillé mon intérêt, ce qui me permet de terminer sur une note un peu plus positive. En somme, une belle petite réflexion humaniste sur les différences sociales au Japon et la situation d'après-guerre.

Mais ouais c'est quand même un peu chiant .

Je suis décidé à voir cette année tous les films asiatiques non vus qui traînent sur mes étagères. Mais bon, j'en ai pas tant que ça, petit challenge normalement pas trop difficile à tenir.

[pabelbaba]

Ouais, c'est tout à fait ça, un film relou qui se réveille vers la toute fin. Yoshiwara c'est pire, c'est relou tout le temps.

[angel.heart]

Yoshiwara c'est pire, c'est relou tout le temps.

Moi j'avais bien aimé.

[Dunandan]

Ouais, c'est tout à fait ça, un film relou qui se réveille vers la toute fin. Yoshiwara c'est pire, c'est relou tout le temps.

Oui je ne m'attendais pas à ce que le déroulement soit aussi ... banal (bon j'ai noirci le tableau, il y a quelques scènes pas mal surtout avec le gamin et celles qui accentuent les contrastes sociaux, mais après 45 minutes mon attention a décliné par manque d'intérêt, pas assez longtemps heureusement pour me sortir du film ^^).

Bon après, comme je l'ai dit, on se rend compte plus tard du sens des réactions des uns et des autres (comme le samouraï alcoolique pour montrer simplement que sa classe ne vaut plus rien), etc. Donc un peu déçu par le contenu, mais j'ai bien aimé l'approche. Bon, si le film de 3h00, c'est comme ça avec 30 min de réveil à la fin, je risque de râler plus fort (je vais surtout préparer 2 L de café).

[Mark Chopper]

C'est bien pendant une heure, chiant à mourir pendant une heure et génial pendant une heure. Voilà

[Dunandan]

Dans ce cas, je sais quand je vais redoubler mes efforts (et mon café), merci pour les détails (fichtre, on dirait un marathon cette affaire ^^)

[Dunandan]

CHALLENGE BOM AVRIL 2K14

Le silence des agneaux, Jonathan Demme (1991)

La révision fait mal. Après avoir revu l'essai de Michael Mann sur Hannibal Lecter, la comparaison tombe complètement en défaveur du Silence des Agneaux. D'abord, on ne parvient que rarement à insuffler une atmosphère inquiétante ou simplement intéressante en termes de mise en scène, à la fois terne et plate, qui compte seulement 2-3 scènes inspirées, dont la progression de Clarisse dans le couloir de l'hôpital psychiatrique (maintes fois parodiée depuis) ou la fuite d'Hannibal. Deuxième soucis, l'enquête, absolument sans tonus, dont l'intérêt repose entièrement sur le duo de Hannibal et Clarice par lequel on se rappelle d'ailleurs du film. Ainsi, leurs dialogues concentrent l'essence de l'histoire, entre fascination et dégoût, où enquête policière et jeux de manipulation ne font qu'un, culminant dans une relation ambiguë proche de la Belle et la Bête. Un échange qui repose sur l'intelligence des deux protagonistes, une autre particularité du film, mais traitée avec peu de subtilité par ses deux acteurs ou encore par le script. On insiste en effet trop sur le physique de crevette de Jodie Foster tandis que Hopkins cabotine comme un porc et joue de son regard profond pour figurer son intelligence malsaine. Et les énigmes à base de jeux de mots, ça va un moment, mais c'est finalement un peu trop gentil alors qu'on s'attendrait à quelque chose de plus relevé et sadique (je préférais à ce titre le "coup de pute" du docteur dans le premier film, ici il s'agit seulement d'un gentleman romantique qui aime la "bonne chair"). Au-dehors de ces échanges, on suit avec peine (à part une vague initiation de l'agent Clarisse sur le terrain) cette chasse à l'homme qui ne propose pas grand chose sous la dent à part quelques détails violents le plus souvent couverts par du hors-champ, avec un malade sexuel frisant la caricature, et une victime qui ne provoque aucune empathie. Bref, ce film est bien pour tapisser une soirée sur Tf1, mais indigne de la réputation de dingue qu'il s'est farci (seul son duo vaut le coup d'oeil). Probablement l'un des moins bons Hannibal Lecter de la saga avec Dragon Rouge.

Note : 5.5/10

[Velvet]

Le silence des agneaux, Jack Crawford (1991)

Tu t'es trompé dans le nom du réal, Jack Crawford, c'est l'un des personnages.
Mais sinon, d'accord en tout point avec ta critique, j'ai jamais compris l'aura horrifique de ce film.

[Dunandan]

Oui, justement je trouvais ça bizarre que le réalisateur partage le même nom que l'un des personnages .

Sinon je ne sais pas si tu l'as déjà vu mais Manhunter/Sixième sens est meilleur sur tous les points, même s'il est loin d'être parfait, et notamment il partage le même soucis d'être moins intéressant dès qu'on décroche de la relation avec Lecter. Mais cet aspect aussi est mieux amené amha que dans Le silence des agneaux.

[Mr Jack]

Pareil que vous, il est surestimé à mort celui ci. J'ai pas vu le Mann, par contre.

[Dunandan]

Justement, très sous-estimé/mal connu le Michael Mann. Rien que formellement, il terrasse par KO les autres adaptations. Bon le fond n'est pas aussi bon, mais je crois que c'est dû au roman de Thomas Harris qui du coup, semble lui aussi surestimé .

[Mark Chopper]

Le seul bon roman de Thomas Harris, c'est Dragon rouge. Le reste, on sent bien qu'il les a bâclés pour le fric.

Sinon, tout comme vous : surestimé à mort. Avec Oscars à la clé en plus... Hopkins consacré pour son cabotinage habituel, qui a inventé un personnage qui a fait beaucoup de mal au cinéma américain des années 90 : le tueur en série adepte du bon mot (le mec qui paraît sympa quoi, raffiné, jamais flippant).