[Alegas] Mes Critiques en 2014

[Alegas]

Scorsese m'impressionne à ce niveau là : il a beau faire des films de plus de 2H30 que jamais je m'ennuie vraiment. La marque des grands en somme.

[Dunandan]

Oui quand je disais ça, c'était par rapport au temps dont je dispose pour les placer, mais sinon je suis totalement d'accord .

[Alegas]

Raging Bull de Martin Scorsese

(1980)

Seconde vision et c'est toujours aussi bien, je revois même le film quelque peu à la hausse tant j'ai l'impression de redécouvrir l'intention du métrage. Après l'échec financier de New York New York, Scorsese se tourne vers un projet qui n'opte pas pour la prise de risque, à savoir un biopic de Jake LaMotta. Pourtant, le cinéaste ne cède pas à la facilité et là où beaucoup auraient fait un simple film sur la boxe, Scorsese se met en tête de dessiner le portrait d'un homme antipathique, voire carrément détestable, sur un schéma de rise and fall qui deviendra une signature du réalisateur. Du coup, on se retrouve face à un film purement scorsesien, que ce soit visuellement ou dans l'esprit, une œuvre sacrément radicale dans son traitement puisqu'elle ne propose que la vision décadente d'un homme auquel on ne peut pas s'attacher, un protagoniste auquel Scorsese ne donnera que rarement une once d'humanité. Un concept casse-gueule, mais qui fonctionne de façon assez surprenante, en grande partie grâce à Robert De Niro qui trouve ici ce qui reste très certainement sa plus grande prestation.

Pour autant, le film a tout de même ses défauts, notamment un récit à base de tranches de vie et d'ellipses qui ne fait pas spécialement du bien au rythme de l'ensemble, notamment sur la première heure du métrage. Heureusement, à partir du moment où le personnage de LaMotta devient champion, on aborde réellement la partie la plus intéressante du film, et on a donc une pure descente aux enfers habilement gérée et parsemée de sacrés moments d'acting, notamment les séquences entre Pesci et De Niro et surtout le plan-séquence en prison assez phénoménal. Niveau mise en scène, c'est plutôt sage sur les parties intimistes du récit qui n'exploitent pas très bien le choix du noir et blanc, mais dès que l'on aborde une séquence-clé, Scorsese se lâche totalement et livre des passages juste monstrueux, entre un générique au ralenti, un dernier face à face La Motta/Robinson bien violent, des compositions de plan à tomber et un plan final tellement génial qu'il sera repris par Paul Thomas Anderson pour son Boogie Nights (qui est, avec le recul, une sorte de remake de Raging Bull dans l'esprit). Bref, c'est du très bon film, peut-être pas le chef-d’œuvre souvent vendu par la critique mais c'était clairement le sommet de Scorsese à l'époque.

NOTE : 8,5/10

[Dunandan]

Ah peu près pareil mais l'antipathie que j'ai eu pour Motta a pris légèrement le dessus ^^. Bien joué pour l'allusion à boogie nights, j'avais pensé à scorsese mais pas forcément à ce film.

[Creeps]

Vous relevez tous le caractère antipathique du personnage mais personnellement je trouve le portrait bien nuancé et il a une mentalité sur le plan sportif que je trouve ultra classe ! Sinon je pensais vivre la même déception que sur Taxi Driver et ça n'a pas été le cas, un très bon film malgré les problèmes de rythme par ci par là dans sa relation avec la blonde. Et puis il a clairement eu son influence sur Tsukamoto et son génial Tokyo Fist

[Dunandan]

L'un n'empêche pas l'autre.

[Alegas]

Ouais il a une belle mentalité de sportif mais c'est un mec qui n'assume pas le fait qu'il a besoin des autres (sa femme, son frère) pour réussir.
Du coup, il se retrouve seul et finit comme une merde, et il l'a bien mérité, même si il est clairement pas aidé par une jalousie assez prononcée.

[Creeps]

A aucun moment je le trouve "détestable" en tous cas, pathétique peut être. Et puis le mec apprend de ses erreurs.

[Dunandan]

Oui à la toute fin. Mais même là il peut apparaître détestable d'être descendu aussi bas ^^. M'enfin bon j'aime quand même ce film malgré ça.

[Alegas]

En quoi il apprend de ses erreurs ?

[Dunandan]

Ce que je voulais dire c'est qu'à la fin il semble être conscient qu'il a tout raté quand il se parle à lui même mais bon je me rappelle pas exactement, je peux me tromper ^^. Je me rappelle surtout qu'il s'est enfoncé dans la médiocrité et qu'il est toujours aussi égocentrique.

[Creeps]

L'évangile à la fin qui dit quelque chose comme avant j'étais aveugle maintenant j'ai ouvert les yeux.

[Alegas]

Perso j'ai du mal à voir ça comme une véritable rédemption. D'ailleurs, si Scorsese ne nous montre pas la finalité de l'histoire avec son frère (est-ce qu'il lui pardonne ou non) c'est qu'il y a une volonté de créer le doute à ce niveau là.
Clairement à mes yeux LaMotta c'est un mec qui se ment à lui-même de façon constante, et cette tirade finale va dans ce sens.

[Alegas]

Summer Of Sam de Spike Lee

(1999)

C'est vraiment pas bien, mais alors vraiment pas. On dépasse ici le stade du film qui m'indiffère pour arriver dans celui du film qui m'agace à tout les niveaux. On m'avait vendu un peu partout que c'était l'un des meilleurs films de son auteur, et je vais finir par croire que hormis 25th Hour, je ne suis pas client du style sans aucune subtilité de Spike Lee. On a donc là ce que je considère facilement comme son pire film parmi ce que j'ai pu voir, et autant je n'ai rien contre le fait de transformer un film de serial-killer en film sur une génération paumée, autant dans ce cas précis le film est tellement foutraque que j'ai juste l'impression de voir une ébauche de script aucunement retravaillée derrière. Pour faire simple, je trouve absolument tout raté dans ce métrage, et malgré le fait que quelques bonnes idées pointent parfois le bout de leur nez, elles n'arrivent jamais à occulter le désastre derrière. Le pire, c'est évidemment de constater que le film dure presque 2H30 pour rien, et on a donc une ribambelle de séquences toutes plus inutiles les unes que les autres, entre la storyline des flics et les nombreux aperçus du serial-killer on a vraiment de quoi faire à ce niveau : on est dans la pure branlette qui ne fait jamais avancer le propos du film (à savoir un message comme quoi il faut tous s'accepter, merci Spike Lee...).

Le côté racoleur de Spike Lee est quelque chose de très présent dans son style, que ce soit dans les messages qu'il tente de faire passer ou dans son imagerie, dans Summer of Sam on a ce qui doit être son plus gros patchwork de tout ça. Entre du cul omniprésent et inutile qui ne s'assume même pas, une mise en scène sans aucune subtilité qui pense qu'une photographie dégueulasse peut illustrer la folie d'un homme, un caméo du cinéaste qui ne peut qu'engendrer un facepalm violent et une évolution de la psychologie des personnages qui est une bonne grosse blague, on a plus l'impression de se trouver devant une parodie du style de Lee, à cela près que cette fois on a pas de message moralisateur sur la caution noire. Bref, un film qui provoque apparemment une hallucination générale, car autant je peux comprendre que certains aiment le film, autant y voir une œuvre bourrée de qualités me dépassent largement, d'ailleurs j'aimerais bien qu'on m'explique ce qu'il y a de bien dans le coup du chien qui parle, certainement le truc le plus con que j'ai pu voir depuis longtemps.

NOTE : 3/10

[dagokhiouma]