[Velvet] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Cannibal Holocaust - 8/10

Messagepar Velvet » Ven 06 Juin 2014, 17:01

Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato (1980) - 8/10


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Cannibal Holocaust. Le fameux Cannibal Holocaust. Le genre de film fascinant de par sa réputation qu’on n’ose pas forcément regarder par peur de l’extrémisme de la proposition de cinéma qu’on nous prédit. On le visionne avec une petite pointe d’anxiété tant tout ce qui a été dit sur le film peut rebuter. Surtout quand on est un profane du genre cinématographique comme moi. Puis on se dit pourquoi pas, je me lance, au moins je l’aurai vu au moins une fois. Alors, oui, Cannibal Holocaust mérite bien sa réputation sulfureuse, rien que pour la scène de la longue et réelle éviscération d’une tortue, où tout un tas d’émotion nous viennent à l’esprit entre dégout et envie de s’en pendre physiquement aux protagonistes. Cannibal Holocaust est un film qui va loin, notamment dans sa deuxième partie où le professeur retrouvera la vidéo des quatre journalistes défunts. C’est un film qui matérialise nos fantasmes morbides sur l’étrangeté et la morbidité d’une jungle dévorante. L'inconnu, l'homme à l'état de nature, le questionnement sur l'humain, l'ethnocentrisme. Pari réussi.

Le plus troublant, outre l’aspect visuel gore et sexuel de la chose, c’est son propos novateur et atrocement intelligent. Ce n’est pas simplement juste une bobine qui voit s’affronter des gentils journalistes contre les méchants cannibales primitifs. Loin de là. Deodato y apporte son grain de sel subversif quoiqu’un peu hypocrite. Le sensationnalisme et la cruauté opportune de notre société symbolisée par les journalistes, assoiffés non pas par la chair fraiche, mais par cette information déshumanisée qui jouit de la violence du monde, quitte à la provoquer et la souiller. Deodato nous questionne sur l’utilisation de l’image entre fiction et réalité, sur la nature de nos civilisations, sur la différence entre l’information et le spectacle, la nature et la culture puis le dégout et la fascination. Mais derrière cette critique où se situe le réalisateur par rapport à ces journalistes crapuleux ? L’important pour les journalistes, ce n’est pas de s’entre aider ni de se sauver mais c’est de penser au film.

Lors de la première partie du film, on est en présence d’un indigène qui punit mortellement une femme pour adultère. Il la viole avec un énorme phallus puis la tue en la remplissant de terre avec des clous. La caméra se détache alors du point de vue du professeur et de son équipe cachés derrière un arbuste pour filmer la scène avec un montage frénétique au plus près du corps. Le réalisateur prend symboliquement la place des journalistes qu’ils critiquent plus tard dans le film. Quelle conclusion peut-on en tirer ? Difficile à dire. Cannibal Holocaust est en deux parties distinctes, une première partie, qui sert plus d’apéritif si je puis dire, réalisée de façon correcte et calme qui sert de point d’encrage pour nous faire tranquillement respirer l’atmosphère. Quatre reporters ont disparu alors une équipe va essayer de les retrouver, en vain.

Ils trouveront leurs carcasses et la vidéo témoin de leurs parcours mortels. Cinématographiquement, même si la réalisation peut s’avérer assez risible par moments, Cannibal Holocaust est impressionnant de réalisme. C’est la grande force du film, son environnement, ses indigènes habités, ce monde hors du temps. Cette grande forêt amazonienne est étouffante à l’image de ce plan d’ensemble chez les indigènes des « arbres ». On s’y croirait, l’asphyxie est présente. Puis la deuxième partie arrive, nous expliquant ce qu’il est arrivé aux journalistes. Le film dans le film. Une mise en abime terrible d’ambiguïté. La totalité est en found footage, le côté documentariste est privilégié. L’horreur s’empare de Cannibal Holocaust dans une frénésie fortuite et tétanisante. Eviscération, meurtre de bébé mort-né, viols, démembrement, castration.

Tout cela créé dans un réalisme horrifique et cinématographique percutant et bouleversant (l’horrible meurtre de la journaliste). Mais tout cela n’est jamais gratuit (mis à part les scènes voyant des animaux se faire réellement tuer), Cannibal Holocaust parvient avec intelligence à bousculer nos a priori. La sauvagerie de l’homme blanc dit « civilisé » n’est-elle pas aussi exécrable que celle des tribus primitives? Deodato construit un récit viscéral déplaçant sans cesse l’ordre de la morale et la civilisation, dans un final traumatisant psychologiquement devant l’impuissance voulue des journalistes filmant les meurtres ritualisés des leurs. Mais qui sacrifie qui ? L’homme blanc sacrifie son congénère pour la gloire. La réelle violence est là. Le visage de l'enfer n'est pas celui que l'on croit réellement.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Ven 06 Juin 2014, 17:26

J'ai une trouille bleue de voir ce film. J'en ai tellement entendu parler, sans jamais avoir visionné le moindre extrait (seulement quelques photos dégueulasses sur le net), que je ne sais absolument pas à quoi m'attendre.
Il faudrait que je me lance un de ces jours. :?
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Messagepar Mark Chopper » Ven 06 Juin 2014, 17:31

Chochotte.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Ven 06 Juin 2014, 17:35

Pareil ... :chut:.

Surtout que je suis sûr que tu as vu des films bien pires que celui-ci en termes d'horreur/glauque ... M'enfin de mémoire en tous cas, je ne l'ai vu qu'une fois.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 06 Juin 2014, 17:37

C'est du flan ce truc, on dirait un vieux snuff movie tourné par un pervers. J'ai du le voir à 18/20 ans, je m'étais royalement fait chier...
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Criminale » Ven 06 Juin 2014, 17:45

Exactement pareil, on voulait un truc assez trash avec des potes et c'était ce qu'il y avait de plus hard au videoclub à l'époque, on avait limite plus rigolé qu'autre chose. Ya une ambiance film porno des années 80 je trouve (Ouai je suis spécialiste 8) )
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Messagepar Mark Chopper » Ven 06 Juin 2014, 17:47

Le côté comique a dû m'échapper. La VF peut-être.
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Messagepar Criminale » Ven 06 Juin 2014, 17:54

Ba entre pote t'as plus tendance à rire tellement c'est grotesque je trouve, pour moi ce film c'est un 0 absolu, ya rien à sauver. C'est vraiment le style de film que je rejette totalement (comme Martyrs auquel je mets aussi 0).
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Ven 06 Juin 2014, 18:08

Hystérie collective donc. Pas sûr qu'une soirée pizzas/bières soit appropriée pour ce film. Il y a un propos derrière, un réalisme rarement atteint dans l'horreur, donc le 0 absolu, non.
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Messagepar Mr Jack » Sam 07 Juin 2014, 20:48

C'est comme Salo, j'appréhende trop de regarder.
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Messagepar zack_ » Sam 07 Juin 2014, 21:13

Tu peux! Parce que même si l'effet caca est bien ragoutant, le second effet final est pas mal non plus.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Sam 07 Juin 2014, 23:22

Ouais, Salo, sa réput' n'est pas usurpée, il fait mal.

Cannibal, toujours pas vu, faudrait que je me le fasse à l'occase.
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Rover (The) - 8/10

Messagepar Velvet » Dim 08 Juin 2014, 10:41

The Rover de David Michod (2014) - 8/10


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Dès les premiers instants, une voiture perd le contrôle pour s’échouer après un accident à vive allure. Un monde en chute libre. Après un séduisant Animal Kingdom, David Michod récidive avec son deuxième film The Rover qui nous plonge dans un monde post apocalyptique austère et fascinant. The Rover est un bloc, d’une unité jusqu’auboutiste, et d’une puissance visuelle étourdissante. Le réalisateur australien continue son périple s’intéressant à la sécheresse des rapports humains où tous les coups sont permis. The Rover est encore plus aride, plus nihiliste que son prédécesseur, tout en gardant les mêmes thématiques, notamment la définition et la loyauté de la famille dans un monde hostile. The Rover ne s’alourdit pas d’un scénario compulsif et blindé de rebondissements. Le pitch est simple. Buvant un verre dans un bar miteux, Éric se fait voler sa voiture par une bande de truands. Son seul et unique but, sera de la retrouver.

On ne sait pas grand-chose sur cet homme et de ses intentions. Il est le miroir de l’environnement caressé par David Michod. Suant sous un soleil de plomb, crasseux, s’écroulant sur des terres désertiques, l’humanité y est presque inexistante. Il y a une impression de fin du monde, un futur impossible, une désagrégation palpable. Une arène fermée sur elle-même, où il ne reste que des combattants. Survivre est le maitre mot. La foi dans la l’humain a disparu, délaissée de tout espace-temps. Éric est prêt à tout pour retrouver sa voiture, pour quelle raison ? On ne le sera qu’à la fin. La force de The Rover est son atmosphère étouffante amorcée par une mise en scène d’une précision méticuleuse. David Michod perfectionne chacun de ses plans, offrant quelques moments d’une intensité rare et pleine de sens. A la fois contemplatif mais foudroyé par quelques excès de violence bien sentie, The Rover dépeint un monde morne, un presque mort-né, qui s’effrite de l’intérieur.

David Michod se laisse bercer par sa contemplation nihiliste et esthétisante, offre quelques rencontres foutraques et menaçantes (chez le médecin, les militaires).Payer ou mourir. Il n’y a loi ni règle ni morale. De façon fortuite, il va croiser sur sa route, l’un des frères des truands, Rey. Il va le contraindre à retrouver ses frères. Le film prend une autre tournure pour mieux faire éclabousser son propos. The Rover ne sera pas un duel entre Éric et Rey. Cette rencontre, simple et nébuleuse, qui verra les deux hommes se côtoyer sans trop se parler symbolisera le questionnement sur l’innocence de cet univers en perdition. Eric est vagabond, le sort de sa vie est déjà tracé, il n’a pas peur de la mort. Au contraire, il ressent de la haine, quant à l’indifférence générale face aux actes meurtriers des uns et des autres, notamment les siens. Il a connaissance de tout ce calvaire, de toute la violence que regorge ce décorum vide de toute vie.

Rey est un peu imbécile, presque innocent. Comme une sorte de fleur qui pousserait dans une terre non fertile. Son regard à la fois adulte mais cupide sur les relations de la famille en tant que telle. C’est alors que petit à petit, suite à quelques confessions, de regards fratricides, de confiance mutuelle (les deux se sauveront la vie), une relation naturelle va naître, et le regard du jeune homme va changer, où il commencera à ressentir la culpabilité et le poids de cet univers calamiteux, la dislocation de sa propre famille, sa solitude quant à son propre frère. Il deviendra meurtrier, involontairement puis consciemment. Un voyage initiatique mutique s’initiera entre les hommes où chaque mot prend sens. David Michod se permet même quelques scènes sorties de nulle part, comme ce moment où Robert Pattinson écoute du gros R'n' qui tache avant l'affrontement final.

Cette force provient aussi la direction d’acteur incroyable de David Michod. Guy Pearce mutique, visage fermé, mâchoire serrée tout au long du film, contrebalance avoir le regard goguenard de Pattinson, sa bêtise presque infantile. Pattinson est un futur grand, c’est indéniable. Puis, ils retrouveront la bande de truands et le tout se finira dans un bain de sang fataliste et moribond. L’innocence prend feu, l’humain n’est plu et son intégrité s’embrase. La toute fin détonne avec le sérieux acerbe du film. Ironique et absurde, mais tellement révélatrice de la déflagration des individus entre eux.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 08 Juin 2014, 11:36

Mark est appelé à la barre pour le compte de l'accusation! :mrgreen:

Ta critique donne bien envie tout de même. Très joli texte :super:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Dim 08 Juin 2014, 11:38

Pas de critique. Je ne sais pas quoi écrire sur le vide que représente cette daube.
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