[oso] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Sam 26 Juil 2014, 09:53

Ca m'étonne pas que t'aies souffert devant Scalp, c'est contemplatif et axé tranche de vie. Il ne s'y passe pas grand chose au final. Du coup Dun', faut vraiment pas s'attendre à un film sur la boxe, le milieu n'est qu'un prétexte pour filmer les bas fonds de l'Amérique des losers. D'ailleurs les combats de boxe, si rares soient-ils, sont pas très bien filmés. Le film est très statique dans sa mise en scène, alors pour les combats, ça rend pas terrible, mais comme ils sont accessoires, c'est pas gênant ^^
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Auto Focus - 8/10

Messagepar osorojo » Sam 26 Juil 2014, 10:32

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AUTO FOCUS

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Paul Schrader (2002) | 8/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Bienvenue dans le Hollywood des années 60. Bienvenue dans un monde fait de couleurs expressives. Bienvenue dans cette cour où l’on se provoque en duel à coup de sourires bright et de faux semblants. Bienvenue à ces diners respectables où la bonne nourriture et le champagne côtoient les plus belles créations des décorateurs d’intérieur à la mode. Mais bienvenue aussi dans un univers de débauche, où l’on baise entre potos dans des chambres crasseuses, où l’on filme des jeunes filles naïves à leur insu, où l’on perd peu à peu le sens des réalités pour se laisser bouffer par une spirale infernale dont l’horizon n’est fait que de surenchères.

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En prenant pour point de départ la vie de l’acteur titre de la mythique série Papa Schultz, Paul Schrader nous invite à découvrir l’envers du décor acidulé d’Hollywood. Aux strass et paillettes qui ornent joliment les tables de ce monde à part, il oppose la descente aux enfers d’un homme que le succès a perdu. Pourtant bien certain d’être respectable, du genre « likeable guy », Bob Crane, magique Greg Kinnear, va se laisser peu à peu happer par une soif maladive de conquêtes, de rencontres sexuelles toujours plus exotiques qu’il justifie par sa passion pour la photo et les belles (ou moches) poitrines : « I love breasts, any kind. I love 'em! Boobs, bazooms, balloons, bags, bazongas. The bigger, the better. Nipples like udders, nipples like saucers, big pale rosy-brown nipples. Little bitty baby nipples. Real or fake, what's the difference? I like tits. Who's kidding who? Tits are great! ».

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Paul Schrader n’y va pas par quatre chemins et prend son sujet à bras le corps. Laissant le malaise monter en silence, il sait surprendre son spectateur lorsqu’il fait basculer totalement son personnage vers une dépendance sexuelle dévorante, dont il accentuera le côté destructeur par son apparence toujours plus vieillissante.

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Mais plus que le seul personnage de Bob Crane, le ciment du film est bel et bien le couple qu’il représente avec son fuck budy, un homme également en perdition, répondant au nom amusant de John Carpenter (et non, aucun rapport avec Big John). Greg Kinnear et Willem Dafoe parviennent à retranscrire avec un naturel saisissant cette relation atypique et dévastatrice qu’ils entretiennent. En l’espace de quelques furtives séquences (leur dernière discussion téléphonique notamment), Paul Schrader joue sur l’ambiguïté de leur relation jusqu’à lui insuffler une composante amoureuse faisant tomber sous le sens le point final macabre de son histoire.

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Avec Auto Focus, Paul Schrader gère d’une main de maître la montée en puissance de son propos dévastateur. Si l’on peut penser, au départ, être devant une autobiographie glorifiante et amusante de Bob Crane, on comprend rapidement qu’il n’en est rien. Il invite à l’écran un malaise qui se fait de plus en plus palpable au fur et à mesure que Bob et John banalisent leurs aventures sexuelles, jusqu’à discuter le plus normalement du monde côte à côte, la main dans le caleçon pour une petite séance de plaisir intime en duo, aussi décontractés que s’ils se mettaient des buts à Fifa 65. De quoi en déstabiliser plus d’un !
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Film: Auto Focus
Note: 6,25/10
Auteur: caducia

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Léolo - 5,5/10

Messagepar osorojo » Sam 26 Juil 2014, 16:22

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LEOLO

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Jean-Claude Lauzon (1992) | 5.5/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Ôtez à Leolo sa voix-off pompeuse, son côté trash faussement provocateur ainsi que sa lourdeur poétique pour en garder l'essentiel, la touchante histoire d'un gamin né au mauvais endroit. Le film de Jean-Claude Lauzon n'est pas dénué d'intérêt, loin de là, il est porté par une mise en scène qui sait se faire inventive et dont les cadres sont souvent très soignés, mais il est gangrené par une tendance à vouloir trop en faire qui finit par être lassante. Sa voix off sur explicative en est certainement l'exemple le plus flagrant. Grasse, inutile puisqu'elle se contente d'appuyer ce qui se passe à l'image, elle semble être là uniquement pour cautionner le film d’une plus-value littéraire dont les pseudo alexandrins laborieux lui donnent un côté forcé très agaçant.

Leolo a pour lui un vrai point de vue, une singularité évidente, ainsi que quelques séquences qui marquent par leur crudité. Les plus belles étant certainement la pendaison criminelle du grand père par son petit fils, ou encore la belle plongée en apnée au coeur d'un cimetière ménager glauque mais hypnotique. Jean-Claude Lauzon parvient à générer des ambiances pittoresques qui prennent aux tripes. Mais à côté de cela, et ce, malgré des personnages touchants, comme celui du frangin culturiste hypersensible, il se perd dans un misérabilisme gratuit qu’il tente de rendre subtile en l'associant à un imaginaire fertile, propice à toutes les excentricités.

Sa conclusion en est le reflet le plus total. Cette ultime séquence affreusement pompeuse, poétique dans son initiation (Leolo ne parvient plus à trouver cet amour qui peuple ses songes, y compris lorsqu'il s'évade dans ses rêves) mais grossière et gratuite lorsqu'elle reprend pied dans le réel. Elle résume à elle seule le paradoxe du film de Jean-Claude Lauzon. S’il parvient à remporter l'adhésion par la force de ses images et de l'imaginaire qui les dépeint, il joue, dans le même temps, la carte d’un misérabilisme social trash sans la nuance, ou le détachement nécessaire, pour que l'on parvienne à y croire un minimum.

Dès lors, difficile de s’investir totalement dans cette histoire trop lointaine, trop forcée, en dépit des quelques sourires qu'elle parvient parfois à provoquer. Affaire de sensibilité certainement.
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Film: Léolo
Note: 6,5/10
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Sam 26 Juil 2014, 21:20

Content que tu aies apprécié Autofocus (mais je n'en doutais pas) :super:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Sam 26 Juil 2014, 21:45

Bon choix pour le challenge en tout cas, il mérite qu'on le mette un peu plus en lumière :chinese:
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Nommé Cable Hogue (Un) - 7,5/10

Messagepar osorojo » Dim 27 Juil 2014, 12:06

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UN NOMMÉ CABLE HOGUE

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Sam Peckinpah (1970) | 7.5/10
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Bien que l'on y retrouve les gimmick de Bloody Sam, véhiculés par sa fin très noire notamment, Un nommé Cable Hogue surprend quelque peu par sa tonalité changeante et ses sorties de piste vers le burlesque. On ne s'attend pas, en lançant un film du réalisateur de la Horde sauvage, à se retrouver devant des séquences à la Tex Avery dans lesquelles des personnages fuient le danger en vitesse accélérée. Elles sont peu nombreuses et n'empêchent pas au film d'être divertissant, ni même de porter toutes les thématiques qui jalonnent l’œuvre du cinéaste, mais elles lui confèrent indéniablement un côté un peu à part.

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Un nommé Cable Hogue est relativement léger, il bascule même parfois dans la franche comédie. Peckinpah va jusqu’à inscrire dans son histoire des personnages cabotins dont le dessein est de provoquer le rire, comme ce prêtre obsédé qui n’hésite pas à exploiter le deuil supposé d’une jolie demoiselle pour la travailler au corps. Bien loin des personnages de tempérament qui ponctuaient habituellement ses péloches. De même que ce bien nommé Cable Hogue, amoureux et doté de compassion, s’éloigne quelque peu des standards guerriers sans compromis auxquels il nous a habitué, même s’il garde le fond rugueux (pas le genre à dire je t’aime) qui caractérisent les anciennes valeurs de l’Ouest.

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Si certains verront en ces quelques éléments surprenant une déception, j’y vois pour ma part une forme contestataire en harmonie avec l’esprit du film. Un passage de relais, la fin d’une époque que Bloody Sam illustre en dynamitant lui-même ses habitudes. Ses personnages deviennent plus tendres, avenants envers la gent féminine et rigolos à l’occasion. Mais c’est aussi parce qu’ils sont usés, parce que leur ancien mode de vie est arrivé à son terme et qu’il leur est vain de tenter de s’en extraire, même si la promesse d’une réussite personnelle selon ce rayonnant schéma de l’American Way Of Life semble être aussi pour eux. Cable Hogue l’apprendra à ses dépends : après avoir directement demandé grâce, à ce dieu auquel il ne croit que par intérêt, et commencé à accumuler les deniers à la sueur de son front, il fera l’erreur de forcer son destin en voulant échapper définitivement à sa condition. Son insolente soif d’en finir avec la vie difficile qu’il a menée le conduira vers un coup du sort soudain, semblable à celui qui lui avait permis de sortir du désert et lancer son affaire.

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Sans être aussi stimulant que les films emblématiques de l’œuvre de Peckinpah, Un nommé Cable Hogue représente, outre une pause enthousiasmante, qui permet à son auteur de se livrer un peu plus qu’à l’habitude, une énième variation de ses thématiques. Illustration moins définitive, mais tout aussi acide et noire, du destin de ses hommes marqués par leur époque, dont la modernité envahissante fera voler en éclat habitudes et modes de vie. Un film hybride, un peu long, mais dont l’acidité bien présente est seulement dissimulée sous une couche un peu grossière de jeux comiques pas toujours réussis.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Criminale » Dim 27 Juil 2014, 13:10

:super:

Je l'avais vu sans attendre grand chose, car il etait considéré comme le plus faible du coffret Peckinpah que j'avais pris mais agréable surprise ce Cable Hogue. Ce coté décalé du mec peinard dans son coin, je me serai bien vu à sa place. :eheh:
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Faute de preuve - 5,5/10

Messagepar osorojo » Dim 27 Juil 2014, 16:30

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FAUTE DE PREUVE

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Simon Moore (1991) | 5.5/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Du polar en petite forme qui livre la came de façon suffisante pour générer du divertissement mais dont on ne retiendra pas grand chose en fin de séance, si ce n'est une avalanche de twists plus ou moins efficaces, qui ont toutefois le mérite d'être surprenants. En effet, même si l'on se doute, vu la narration linéaire et sans surprise qu'il utilise, que Simon Moore va nous la jouer à l'envers à un moment ou à un autre, on n'a pas forcément les billes en main pour prévoir le retournement de situation qui remettra toute l'histoire en perspective. En ce sens, faute de preuve se laisse suivre jusqu'au bout, même s'il lui manque la fougue des grands pour s'imprimer plus durablement dans nos souvenirs.

Sa réalisation insipide notamment peine à mettre en valeur les tronches charismatiques qui y évoluent. Liam Neeson essaye de faire bonne figure, mais le pauvre ne parvient jamais à donner le charisme suffisant à l'arnaqueur du dimanche qu'il est censé incarner, la faute à une mise en scène qui ne lui en donne jamais l'opportunité ainsi qu'une écriture bas du front, voir caricaturale, qui provoque la lassitude plutôt que la fascination. A ses côté, le casting féminin est aussi en peine, Laura San Giacomo n'a ni les épaules, ni le magnétisme suffisant, pour son manteau de femme fatale. Les autres seconds rôles sont tous transparents, voir à côté de la plaque pour certains (palme d'or du surjeu agaçant pour l'ancien collègue rancunier).

Ce manque d'ambition qui touche chaque secteur du film (mise en scène, direction d'acteurs, musique & écriture) est bien dommage : Faute de preuve avait du potentiel, le petit hommage au film noir qui l'anime est agréable et son twist final méritait plus d’impact. Mais en l'état, si la séance est loin d'être désagréable et se consomme jusqu'au bout sans ennui, c'est sans réelle passion. L'enthousiasme, peu stimulé, reste au minimum du potard.
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Auteur: caducia

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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar caducia » Dim 27 Juil 2014, 19:53

Moi j'avais un coté nostalgique du cadre et j'aimais bien le cast mais je l'ai vu il y a longtemps. :-P
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Dim 27 Juil 2014, 20:25

Il est sympa mais trop anecdotique pour moi ^^ T'as du te laisser charmer par les pectoraux de Liam :mrgreen:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar caducia » Dim 27 Juil 2014, 20:35

c'est bien possible. :lol:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Dim 27 Juil 2014, 21:00

Chouette critique pour le Peckinpah, qui mérite moins les avis négatifs qu'il a récolté qu'Osteman, Le Convoi ou Killer Elite.

Même si j'aime bien aussi ces trois-là... :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Dim 27 Juil 2014, 22:19

Merci pour le compliment Pabel ! :)

Ben oué, je suis étonné de son accueil mitigé, c'est clair qu'il est un peu déroutant, mais je l'aime bien moi ce Cable Hogue :mrgreen: Bon je défends le Convoi aussi ...

... mais Osterman, j'en ai un souvenir beaucoup plus mitigé :mrgreen:
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Front Line (The) - 6,5/10

Messagepar osorojo » Dim 27 Juil 2014, 22:49

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THE FRONTLINE

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Jang Hun (2011) | 6.5/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Très intéressant par son propos, à savoir un traitement humaniste de la fin de la guerre de Corée, mais dans le même temps amputé par des scènes lacrymales pompeuses et un script qui s'étire un peu trop, The Front Line convainc autant qu'il nous met sur la réserve. Propulsé par des moyens techniques colossaux, il démontre le savoir-faire technique de son réalisateur, à l'occasion, notamment, de mouvements de caméra impressionnants. Tous les plans séquences nous laissant découvrir la colline que les deux camps se disputent sont à couper le souffle. Dommage, cependant, que cette fougue technique ne soit pas davantage inspirée dans sa mise en oeuvre. Rapidement, The Front Line recycle, et peine à renouveler sa façon d'introduire les combats ainsi que les hommes qui s'y mettent des bastos.

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Ces hommes qui font tout l'intérêt du film puisqu'ils véhiculent son message premier. Après presque 3 ans de combat, la violence n'est plus motivée par aucune conviction, mais plus par la force de l'habitude. Ni haine, ni passion, simplement cet aspect du métier de soldat qui consiste à exécuter les ordres, y compris les plus stupides. Rien, à ce niveau là, qui n'ait déjà été traité dans la plupart des films de guerre. La petite subtilité intervient dans la comparaison intelligente des soldats des deux camps. Par l'intermédiaire une petite cachette située au centre de cette colline qu'ils envahissent, et perdent, tour à tour, deux petits groupes de combattants, ennemis, communiquent. Ce qui au départ devait être une planque stratégique devient un moyen de se rendre compte que la guerre est ressentie de la même manière dans le camp adverse. Comme un acte devenu vain, dont la motivation initiale a depuis longtemps été oubliée.

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Pour illustrer son message, Jang Hun s'appuie sur une petite galerie d'acteurs aux ganaches sympathiques, qui fait le boulot, mais qui manque cruellement d’expérience et de tempérament. Il y a bien le général Nord Coréen qui se démarque des autres, mais son personnage manque de temps à l'écran pour prendre suffisamment d'ampleur. Ce manque d'expérience du casting est regrettable parce que certains personnages valent le détour, comme ce sniper mystérieux, 2 seconds. L'idée à son origine est géniale, sa première "apparition" semble presque fantastique: on est pris dans le moment, le palpitant aux aguets. Et quand on découvre enfin son identité, c'est la douche froide, le soufflé retombe immédiatement. Un joli minois certes, mais qui manque de caractère, une particularité que se partagent quasiment tous les lead de The Front Line. Tout cela manque d'un soupçon de rugosité.

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C'est d'ailleurs un reproche que l'on peut faire au film dans son ensemble, son côté un peu hétérogène, trop grand spectacle, trop précis. Même quand le trash est de la partie pour illustrer l'horreur de la guerre, on sent beaucoup trop le côté forcé de l'image, c'est parfaitement composé, pas assez chaotique. Une approche trop hollywoodienne en somme qui se ressent aussi dans cette photographie précise, génératrice de moments graphiques finement composés, mais qui peinent à devenir moteurs de la mise en scène. Du film à grand spectacle, qui se veut un peu trop propret, malgré le côté parfois gore de ses séquences. Ce côté formaté et carré, on le retrouve également dans la surenchère émotionnelle qui touche les séquences labellisées larmes du film, comme lors de ce dernier hit de 2 seconds, agrémenté d'un ralenti dégoulinant au moment où les violons se mettent à pleurer.

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Trop marqué par son envie de faire jeu égal avec le copain américain, The Front Line se perd dans une démonstration spectaculaire un peu trop forcée, qui se fait au détriment de son intention de départ, qui avait pourtant de quoi provoquer l'intérêt. Et même si le message passe, parce qu'il est intelligent et justifié, on regrette, en fin de séance, qu'il n'ait pas été appuyé par plus de subtilité dans sa mise en oeuvre.
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Film: Front Line (The)
Note: 8/10
Auteur: Alegas
Film: Front Line (The)
Note: 8/10
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Rebelle (Le) - 8/10

Messagepar osorojo » Lun 28 Juil 2014, 21:31

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LE REBELLE

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King Vidor (1949) | 8/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Une folie formelle de chaque instant pour illustrer une pensée en béton armée, Le rebelle fait l'effet d'un pavé imposant dans une mare de bons sentiments. A savoir qu'il ne souffre d'aucun compromis pour se faire aimer de tous, en harmonie totale avec le sujet qu'il dépeint et le personnage au caractère bien trempé qui le porte. Forcément, un sujet aussi peu nuancé peut mettre mal à l'aise, voir inspirer un rejet total. Comme toute oeuvre radicale, elle se doit d'être appréciée avec une once de recul nécessaire, pour en saisir les incroyables qualités, au risque sinon de bloquer sur les théories parfois contestables qu'elle déploie, dans son dernier temps notamment.

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Ce qui frappe en premier lieu dans le rebelle, ce sont ses qualités graphiques évidentes. Des noirs et blancs abyssaux dans lesquels on se noie avec délice. Noirs et blancs très contrastés qui donnent à l'image une puissance formelle insolente, prenant toute sa dimension dans cette carrière de pierre, où Gary Cooper et Patricia Neal se rencontrent pour la première fois, lui dans l'ombre, elle en pleine lumière, leur amour naissant commence alors à irradier l'écran. King Vidor joue au maximum avec l’architecture, la discipline qu'il utilise, ainsi que les perspectives graphiques qu’elle offre, comme métaphore de la philosophie radicale à l'origine de son film.

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Gary Cooper, dans un rôle en retenue, parfait pour son charisme naturel, incarne un architecte en marge de sa profession, fatigué par les fioritures baroques faites de colonnes travaillées et de moulures lassantes, qui ne trouve son inspiration que dans les grandes lignes et le dépouillement extrême des formes de ses constructions. Homme au fort tempérament, même s'il est rejeté de tous les chantiers qu'il pourrait réaliser, s'il était prêt à faire quelques concessions, jamais il ne daigne retoucher sa proposition : sa vision artistique se doit d'être intouchable. Forcément, un tel parti pris peut faire grincer des dents, voir rendre le personnage détestable. D'autant plus, qu'à ses côté, à part sa future promise, tous ses compères semblent perdus dans une logique de profit facile sans aucune créativité. Le contexte est un peu simpliste, bien irréaliste, mais qu'importe, l'intérêt du film n'est finalement pas que dans la philosophie qu'il prône. Chacun peut se faire son idée à ce propos.

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Pour moi, le rebelle a tellement de qualités qu’il ne mérite pas de se faire enterrer pour son idée directrice parfois bancale. Sa mise en scène est magistrale, Vidor parvient toujours à trouver un placement caméra malin dont le point de vue provoque spontanément sur nos visages un petit rictus respectueux. Sa narration ne souffre d’aucune longueur. Alors qu’il ne s’y passe finalement pas grand-chose de palpitant, on se laisse envahir par un récit habilement écrit. Et enfin, ses acteurs y sont magnétiques, le trio qui s’y partage l’affiche s’accordant à merveille.

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Il est certain qu’un film aussi peu nuancé que Le rebelle trouvera, en fin de séance, farouches opposants. Sa façon de prôner haut et fort la puissance d’une énergie créative assumée sans aucun compromis, quitte à détruire, pour cela, quelques intérêts communs, peut être rapidement assimilée à une apologie du comportement égoïste. Je choisis pour ma part d’accepter ce trait de caractère, dont Gary Cooper se fait l’écho, parce qu’il permet à son personnage de revêtir un charisme total, une force de persuasion qui m’a réellement transporté. Je l'accepte d'autant plus que King Vidor ne laisse pas son film reposer uniquement sur ce dernier. Il est avant tout pour lui un prétexte à délivrer une histoire d’amour qui sait être touchante, malgré son côté parfois agaçant. Et si cela ne suffisait pas à vous intriguer, ne serait-ce que pour la folie de sa photographie qui lui confère une puissance formelle époustouflante, et son sens inné du récit, Le rebelle mérite qu’on s’y attarde.
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