[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

[Jed_Trigado]

Libre a toi de voir des sous-entendus partout.

[osorojo]

Pff, c'est facile ça.

Je te fais remarquer que Deadly fight a été référencé ici sous le titre français (a priori faux.. quoiqu'il en soit il est connu sous ce nom là en France) tu t'en fiches. Ta seconde critique, tu crées un nouveau titre pour bien faire comprendre qu'on a fait nimp (moi en l’occurrence vu que j'ai été le premier à rentrer ça en base). C'est vrai que mater à Proxy War dans la base, c'est chaud patate (en tapant proxy dans le champ, tu l'as en proposition)^^

Sur le principe, j'm'en fous, si on s'est planté, soit. Mais fais la demande cash au lieu de créer le truc dans ton coin pour bien faire comprendre aux autres qu'ils sont à côté de la plaque.

Enfin bref, y a plus important, mais fais pas genre t'avais pas vu les autres titres avant de rentrer tes critiques

[Jed_Trigado]

T'es toujours aussi drôle dans ta parano.

[osorojo]

Bah, si au moins j'te fais rire, c'est toujours ça

[Mark Chopper]

De toute façon, il n'y a pas une réponse puisque le film n'a jamais eu de sortie officielle en France.

Lors de la rétrospective à la Cinémathèque l'année dernière, ils ont bricolé des titres français pour chaque film... Mais en cas d'exploitation en blu-ray à venir, je suis sûr que d'autres titres seraient "inventés".

C'est un peu le bordel tant que ces classiques resteront inédits en France.

Il faut, pour le coup, prendre un peu de liberté dans le référencement et, je le pense, reprendre les titres américains qui permettront de s'y retrouver plus facilement.

[Jed_Trigado]

Il faut, pour le coup, prendre un peu de liberté dans le référencement et, je le pense, reprendre les titres américains qui permettront de s'y retrouver plus facilement.

Tout simplement. Et puis il y a pas le choix, autant être le plus ergonomique possible a propos de la BKRbase tant que la situation est ainsi.

[Mark Chopper]

J'ai remis à jour le premier post du topic bio de Fukasaku.

L'occasion de voir que cette rétro pour le BoMcast fait chuter les moyennes du Cimetière de la morale et de Battle Royale

(facepalm)

[Jed_Trigado]

J'en pense pas moins.

Mais promis, j’essayerais au moins de voir et critiquer Le Cimetière de la Morale encore ce week-end (vu qu'on enregistre demain soir) pour lui mettre la seule note qu'il mérite.

[Dunandan]

Le Cimetière de la Morale - Kinji Fukasaku (1975)

Le cycle yakuza de Kinji Fukasaku arrive a son apogée avec ce film, après des années a enchainer les projets qui pour la plupart visaient dans la même direction, celles d’œuvres commerciales pour remplir les quotas de productions de la Toei reprenant quasiment toujours les mêmes formules avec plus ou moins de dosage, voilà qu'il nous balance LE film qui justifie tout ce qu'il fait jusque là : la figure du yakuza y est délibérément montré comme le symbole de la faillite du système japonais, en quittant les sempiternelles querelles de gangs pour se lancer dans l'étude de caractère sans concession, le discours de Fukasaku prend sens. Et quand je dis sans concession, ce ne sont pas des paroles vaines, le Cimetière de la Morale nous colle aux basques d'un être extrême, Rikio Ichikawa (un personnage qui aurait réellement existé d'ailleurs), un yakuza individualiste incapable de se conformer aux codes moraux d'usage, imprévisible dans sa violence et surtout dénué d'un tant soi peu de conscience humaine, bref pas un type sympathique auquel on peut s'identifier d'emblée. Mais c'est cette répulsion de départ qui va donner tout l’intérêt du film par rapport aux autres yakuza eiga de Fukasaku, puisque notre regard de spectateur n'est plus conditionné que par ce personnage et son rapport avec le monde qui l'entoure, on se fiche de qui représente qui dans la hiérarchie pour mieux observer cette longue marche funèbre aux accents ambigus, dans la forme Le Cimetière de La Morale opte pour un rythme plus lent, limite la violence et les dialogues a leur strict nécessaire pour garder le plus possible ses distances avec qu'il avait fait avant tout en crédibilisant son propos. Par sa nature anti-conformiste, Ichikawa teste inconsciemment les limites du monde des yakuzas et leur soi-disant fraternité qui fonctionne tant que tout le monde reste a sa place, dès lors le parallèle avec la société japonaise est fait, où tout est conditionné dans des cases, tant qu'on y reste, on est l'abri de l'exclusion sociale. La raison qui fait que j'admire autant ce film, reste son ambiguité habilement maitrisée, passé 1h30 de film, je ne peux que trouver le sort d'Ichikawa triste, bien qu'il s'est souvent comporté comme une ordure car il est resté lui-même jusqu'au bout a lutter contre un monde qui ne lui correspond pas et n'offre que peu d'espoir a ses contemporains. Je dirais même plus, si je devais définir la notion de pessimisme au cinéma, il est certain que je citerais en premier Le Cimetière de la Morale, tant le souvenir de celui-ci ne me quitte pratiquement jamais.

10/10

[Dunandan]

Battles Without Honor and Humanity : Police Tactics - Kinji Fukasaku (1974)

Proxy War avec son cliffhanger laissait présager d'un nouvel opus riche en péripéties fermant lentement mais surement la marche pour une conclusion digne de ce nom, ben je ne m’étais pas trompé Police Tactics perpétue la logique ambitieuse de la saga en s'attaquant a un aspect qui n'a jamais vraiment été traité de manière sérieuse dans le yakuza-eiga, la place des forces de l'ordre dans la régulation des affaires des yakuzas, suivant donc la chronologie historique du Japon, le crime organisé jusque là impuni a cause d'un chaos social apporté par l'après-guerre se trouve face a la colère populaire, lassée d'être la cible indirecte de leur actes et son désir de retrouver un certain ordre moral. Si les guerres de clans restent le moteur de l'histoire comme toujours, le script inclut de manière assez maline la menace policière dans les rouages du système, sans tomber dans l'emphase lourdingue d'un Police contre Syndicat du Crime, Police Tactics reste vraiment factuel avec une police qui fait son boulot avant tout sans chercher a copiner avec les yakuzas (c'est d'ailleurs plutôt l'inverse qu'on nous montre là) mais le point le plus important, LE truc qui me fait frémir depuis le premier film est enfin mis sur le devant de la scène, le clash Yamamori/Hirono qu'on faisait monter gentiment dans Proxy War nous explose a la gueule de manière intelligente en optant toujours pour le principe de la guerre des nerfs, allant jusqu’à m'achever dans sa dernière séquence intimiste qui sonne comme un écho a la fin de Combat Sans Code d'Honneur par son aspect désabusé concernant l'honneur et la justice dans le monde des yakuzas, dommage que contrairement aux volontés de Fukasaku et du scénariste attitré de la saga, Kasuo Kasahara (qui d'ailleurs ne rempilera pas sur les autres films estampillés Battles...), la Toei ait décidé de commander un volet supplémentaire qui certes poursuit le récit et reste sympathique, mais semble inutile après une telle conclusion.

Autre défaut assez inexplicable pour ma part, le fait de faire revenir certaines gueules de la bande a Fukasaku, notamment Hiroki Matsukata (pour la troisième fois !?) pour jouer des rôles sans liens avec ceux qu'ils avaient tenus dans les épisodes précédents, chose qui déroute quand même pas mal surtout quand ils avaient des moments marquants.

8/10

[Alegas]

Mad Max : Fury Road - George Miller (2015)

Il aura fallu 30 ans et surtout des déconvenues terribles (l'échec de Happy Feet 2 qui l'obligea a fermer son studio d'animation, ainsi que l'annulation de sa version de la Justice League) pour que George Miller revienne enfin dans le désert pour reprendre la saga Mad Max là où l'avait laissée. Les come-back tardifs ne sont généralement pas des bonnes nouvelles, mais devant l'échec du Dôme du Tonnerre a boucler la boucle, l'annonce d'un quatrième volet me semblait tout a fait appropriée. Malgré de nombreux remaniements (casting rajeuni, tournage en animé qui s'est retrouvé finalement a être un mix habile entre dur et numérique) et de choix commerciaux que je trouve compréhensibles vu le contexte actuel (l'écriture qui essaye tant bien que mal de nous rappeller le passé de Max tout en se définissant comme un nouveau départ, histoire de ne pas larguer le public djeuns), Mad Max : Fury Road est ce genre de film qui fait un bien fou au cinéma par sa capacité a nous en rappeller ses fondamentaux : comme chaque opus de la franchise, l'univers se définit moins par les mots que par l'image et là, plus que jamais, la mise en scène est reine où chaque action, chaque geste, chaque regard est capté avec une acuité rare qu'il suffirait de couper le son de sa télé pour comprendre la majorité des enjeux du film (il y a d'ailleurs tout un travail fait sur le premier et l'arrière plan on sent que Miller utilise le décor du désert comme une feuille blanche infinie dont il exploiterait la majorité de l'espace, c'est remarquable).

En parlant d'enjeux, on a souvent rabaissé le film a une démonstration technique pendant 2h de comment savoir filmer une course-poursuite (ce qui n'est pas faux dans l'absolu) alors que le motif de la fuite est le cœur même de la saga et de sa logique, outre le fait qu'il ait le budget nécessaire pour réussir une telle prouesse (et encore vu la générosité du bouzin, 150 millions c'est pas trop cher payé), Miller parle moins de loubards SM qui sèment le chaos que d'une pensée humaniste qui s'est dessinée progressivement de film en film, celle d'une course vers la vie et la libération symbolisée par la Terre aux Nombreuses Mères, le film de convoi ultime en somme. Pour aller encore plus loin dans l'optimisme, Fury Road est davantage centré sur les femmes, qui sont les premières a se soulever pour rejeter leur condition de mère pondeuse et/ou de guerrière malgré elle (Furiosa), Miller prend le parti de faire de Max un personnage en back-up (le running gag de la muselière est vraiment excellent, malgré un Tom Hardy qui plombe son rôle pour une approche bovine inappropriée), qui aura souvent besoin des femmes pour sauver sa peau tout en gardant sa posture de prophète avec ses idées salvatrices qui mèneront le groupe vers le chemin de la liberté.
Mais la vraie force du film est véritablement dans son montage, qui propose un dosage interessant dans sa frénésie mécanique, puisque il installe des pauses, des respirations permettant d'étoffer suffisamment les personnages (et ce même parfois dans l'action, chose qu'on voit de moins en moins aujourd'hui), preuve que Miller a parfaitement compris que l'excès tue l'excès. Idem pour les courses-poursuites qui ont le mérite d'être très différentes en termes de contraintes spatiales et humaines, au fur et a mesure que la troupe arrive a son but et apprend a unifier ses forces contre l'adversité de plus en plus intense avec en morceau du roi une course finale avec sa progression digne d'un jeu vidéo où l'on passe de voiture en voiture avec un poil de stratégie en bonus (faire péter le camion citerne d'Immortan Joe en priorité pour ralentir comme il faut ses forces), là encore, je suis étonné de voir que Fury Road arrive a apporter sa singularité dans une saga qui reste toujours basée plus ou moins sur les mêmes éléments.

Enfin pour conclure je défendrais le point le plus controversé du film, celui que les détracteurs ressortent en boucle : le fameux coup du demi-tour ! Ben oui, tu vois c'est trop teubé t'as vu ? Franchement, ils auraient dû envoyer chier Max et continuer sur le désert de sel alors qu'on sait bien qu'il y a plus d'espoir.
Blague à part, ce choix scénaristique est tout a fait justifié dès que l'on garde en tête l'évolution de la saga et son idée de retour a la civilisation, ainsi que cette particularité très Millerienne de partir sur un canevas foncièrement pessimiste avant de trouver le petit truc qui nous redonnera l'espoir. Ici, c'est clair, a partir du moment où le paradis rêvé de Furiosa s'est transformé en marécage nauséabond et que la fuite est une entreprise vaine, la seule façon de s'en sortir c'est d'affronter le Mal une bonne fois pour toutes pour reprendre la cité et en faire un endroit civilisé. C'est pour cette raison d'ailleurs que je suis fermement hostile a toute volonté de séquelle a Fury Road car Miller a finalement atteint le bout de son propos et tout ce qu'il avait a dire sur Max. En dehors de ça, ce film m'a procuré des sensations comme j'en avais pas vécu depuis des lustres au cinéma en plus d'être l'une des plus belles revanches sur l'échec qui soit, non seulement Miller est acclamé de partout mais en plus le succès lui a souri, comme quoi tout n'est pas perdu en ce bas monde....

"They are looking for hope.
- What about you ?
- Redemption"

9/10

[Alegas]

Comment tu fais plaisir là, super intéressants tes écrits.

Sinon, à la lecture de certaines phrases, notamment celles qui évoquent les thématiques milleriennes, je te le redis : quand bien même tu ne trouveras pas forcément que c'est des grands films, tu peux grave trouver ton compte dans les Happy Feet (ouais je crois que je te lâcherais pas sur ceux-là En plus je te les ai filé !!!).

[Jed_Trigado]

Si je perds un pari, ok, je materais les Happy Feet.

[osorojo]

C'est vrai que c'est un peu teubé le coup du demi-tour.

Sinon, chouette critique, même si j'ai beaucoup plus de réserves que toi à propos de toute cette débauche d'énergie. Mais quoiqu'on en pense, je pense qu'on sera tous d'accord pour dire que Miller, d'un point de vue technique, c'est quand même une sacrée bête.

[Jed_Trigado]

Merci.

Mais quoiqu'on en pense, je pense qu'on sera tous d'accord pour dire que Miller, d'un point de vue technique, c'est quand même une sacrée bête.

No problemo, qu'on trouve les thèmes de Miller cons je le comprends, mais voilà tant qu'on l'attaque pas sur ce point, ça me choque pas.

N'est-ce pas Scalp ?