Les avis de vos dernières lectures

[Mr Jack]

Nan mais Mark a raison, le vrai soucis c'est que c'est toujours les mêmes bouquins. Toute ma génération s'est tapée le trio L'assommoir, Le Rouge et le Noir, Madame Bovary. L'horreur, à l'époque. Et les bouquins chiants de Voltaire où tu piges quedal. La poésie pareil. Si ton but est d'initier un public jeune à la lecture, il faut s'adapter à lui et à varier les plaisirs pour que ça ne soit pas un découragement. Parce que lire c'est poser sa concentration sur un objet de manière continue. Et ça devient à mon avis de plus en plus dur pour capter cette attention quand t'as des dizaines de signaux (et de plus en plus) extérieurs qui t'appellent. Et à mon avis le problème de reconnaissance de la littérature de genre d'un côté et jeunesse de l'autre, par les intellectuels, est très profond. Comme si on remettait en cause le patrimoine français en omettant Molière au collège et Flaubert au lycée. Je dis pas foutre Harry Potter au BAC mais au moins varier les lectures (du Ellroy ou du Bradbury, du Carrère, du Houellebecq, soyons fous). La littérature est un puits sans fond, c'est quand même dommage d'aller toujours chercher la même eau. Mais c'est pas que nous, français, et nos lycéens. Ma femme a fait sa licence d'anglais, connaissaient-ils autre chose que Joyce, Austen et Woolf ? Non plus.

[Val]

Moi ça ne me choque pas que l'on étudie toujours les mêmes classiques en cours. Je suis assez d'accord avec Olrik pour le coup. Mon côté réac' me fait dire qu'un cours de Lettres n'a pas a être amusant. Et je suis attaché à l'idée d'une culture commune. Ca peut sembler idiot, mais dans une société où chacun vit de plus en plus dans son petit univers personnalisé, c'est réconfortant de se dire qu'il y a encore des connaissances que tout un chacun partage.
Après, cela ne doit pas empêcher les profs, s'ils sont compétents et passionnés, de tout faire pour rendre l'étude de ces textes intéressante et vivante. Et cela n'empêche pas d'intégrer également aux programmes des oeuvres plus récentes, variées, ou même de les proposer "hors-programmes" (par le biais de présentations orales ou que sais-je) ou simplement, de la manière la plus bête qui soit : en les évoquant en cours, en créant des passerelles entre les œuvres et les époques.

Encore une fois, je reprends mon exemple de mon prof de Lettres en prépa, vieil homme souvent infect, à un an de la retraite, sorte de R. Lee Ermey dans Full Metal Jacket (film que mon prof prétendait revoir à chaque veille de rentrée^^) mais qui est le seul prof de Français qui m'a donné envie de lire et de savoir toujours plus. Et pourtant, on en a étudier des trucs pas bandants sur le papier : La Bible, Les Tragiques Grecs, Giono,... des trucs qui te passionnent pas quand tu as 18 ans. Et pourtant, il a toujours réussi à me rendre ces textes passionnants par ses analyses, sa capacité à mettre les textes en perspective, à démontrer leur permanence et leur influence sur des oeuvres plus actuelles,...

On pouvait passer dans le même cours d'un extrait de la Bilble, à une réflexion sur Roméo et Juliette et une discussion sur Massacre à la Tronçonneuse.

[Mark Chopper]

Mon côté réac' me fait dire qu'un cours de Lettres n'a pas a être amusant.

C'est chaud comme réflexion...

Si je lis, c'est avant tout parce que ça me divertit, parce que je trouve ça fun. Si on présente la littérature comme quelque chose d'austère, tu m'étonnes que beaucoup ne s'y intéressent pas.

[Olrik]

On pouvait passer dans le même cours d'un extrait de la Bilble, à une réflexion sur Roméo et Juliette et une discussion sur Massacre à la Tronçonneuse.

Voilà, c'est ça : étudier une littérature classique en classe et la revitaliser en faisant des passerelles avec des objets plus contemporains, plus populaires, sans non plus que ce soit démago. Avec Massacre, il fait le choix d'évoquer un objet cinématographique important (et nouveau pour beaucoup d'élèves, c'est le genre de film connu avant tout par son titre). Ce n'est pas comme s'il décidait d'évoquer les vers de mirliton de tel rappeur à la mode (j'ai vu ça sur le manuel de 6ème de mon fils, atroce !) pour brosser dans le sens du poil (plutôt que de prendre des risques en faisant découvrir).

Ce qui est fou en lisant les commentaires c'est qu'on a l'impression que les trois quarts ici n'ont eu que des profs de français dont le seul but n'était que d'écraser leurs élèves exclusivement avec une littérature ne dépassant pas le XIXè et avec des pavés de 400 pages ou des pièces en alexandrins incompréhensibles.

[Mark Chopper]

les trois quarts ici n'ont eu que des profs de français dont le seul but n'était que d'écraser leurs élèves exclusivement avec une littérature ne dépassant pas le XIXè et avec des pavés de 400 pages ou des pièces en alexandrins incompréhensibles.

Si on lance un sondage, ce sera plus de 3/4 je pense.

[Waylander]

Je peux comprendre ce que dis Vla, à la base tu es là pour étudier, pas pour t'amuser. Par contre, ce qui me fait rire, c'est que certains sont centrés sur les mêmes classiques mais pourquoi ? Ils ne des classiques que depuis x années, ne l'étaient pas du tout à leurs sorties etc..c'est très relatif tout ça. Dans 1000 ans on étudiera encore les mêmes classiques ? Je ne pense pas et si oui c'est flippant.

Sinon d'accord avec Mark sur ce point : pour donner envie à des gosses de lire, faut commencer par des livres à leur niveau quoi. J'ai souvent été totalement dépassé par des classiques imbitables et illisibles pour mon âge (genre entre 12 et 16 ans). C'est comme si on étudiait le cinéma au collège et qu'on nous donnait à mater du film russe de 3h , des trucs dans le genre quoi. Kagemusha et cie. D'ailleurs ce qui est marrant c'est qu'à part le dessin , la musique et la littérature on étudie aucun autre art à l'école, au collège et au lycée. Et sans parler d’étudier, on y jette même pas un œil. Quid de la BD, du cinéma etc... ?

Tout ce délire plus ou moins élitiste dans la culture me fera toujours gerber. D'ailleurs on fait lire des romans aux élèves mais jamais d'essais même dans le cadre d'autres disciplines (histoire, sciences) alors qu'il existe pleins de livres intéressants et vulgarisés, presque écrits comme des romans (en science je pense notamment à Hubert Reeves). C'est en lisant un essai sur un jeu vidéo que j'ai appris des tas de trucs sur le romantisme par exemple et que j'ai découvert certaines œuvres ainsi que des noms importants de ce mouvement. La culture on la trouve partout, des portes sont là tout autour de nous.

Et comme le disait Mark il y a déjà un gros problème au départ dans le sens où on fait de la lecture une contrainte ou une punition parfois....et on s'étonne que les gens ne lisent pas plus tard ? De toute façon perso je me fous royal qu'un mec ne lit pas de romans voir pas du tout (ni revues ni bd rien rien) car il y a pleins de moyens de se cultiver (la tv, les documentaires, le cinéma et d'autres arts).

Mais Val n'a pas tort, un bon prof est capable de rendre passionnant un truc chiant et je pense que dans beaucoup de cas, ce ne sont pas les livres qui sont chiants mais les profs qui en fait ne sont pas passionnés et n’arrivent donc pas à transmettre cette passion. Autour de moi on me dit souvent que quand je parle d'un truc qui me passionne , ça passionne parce que j'ai le truc qui fait que je suis écouté , je parle de jeu vidéo à des gens qui s'en tapent plus ou moins, le lendemain ils veulent une console. J'ai quand même fait acheter une ps4 à deux mecs (un collègue et un pote). Autre exemple avec un forumeur (Dun) : je me foutais du cinéma de Malick il y a des années, il me parle de la ligne rouge je lui chie dessus "film de guerre je m'en branle" il a dit des mots magiques, il a écrit son avis sans spoil j'achetais le film peu de temps après en dvd, film dans mon top 10.

Je sais qu'à l'école on ne peut pas faire du cas par cas mais si on pouvait, il faudrait capter l'intérêt des élèves en parlant leur langue, en essayant de comprendre leur monde, de les éveiller en ciblant leurs passions. Ex: tu sens qu'un élève est très porté sur l'histoire des vikings, tu lui conseilles VINLAND SAGA le manga (très bien documenté d'ailleurs) ou le comics Northlanders ou la série Vikings...Là c'est un exemple à la con mais faut cultiver avant tout les passions et leur force brisera tous les préjugés des élèves sur la difficulté d'une discipline (la lecture ici). Le problème aussi c'est que la culture des profs, en tout cas des anciens, c'est que leur culture est grande mais restreinte (en gros ils connaissent rien de ces 20-30 dernières années dans les domaines qu'ils n'apprennent pas durant leurs longues études : la bd, le jeu vidéo par exemple, ce qui peut justement le plus être un tremplin pour discuter avec leurs élèves et les capter, limite même avoir leur respect).

Tant qu'on aura une sacrée distance entre élèves et profs, que la lecture sera considérée comme une contrainte et un truc d'élite et que c'st le seul moyen de se cultiver..... Encore un exemple pour titiller les élèves : les mangas de classiques (c'est une collection qui vulgarise par exemple : la Bible, le Capital de Marx, les Misérables etc....). Dans un premier temps, je parle pas au lycée hein, on peut passer par là.

Mais non, manga = violence = débile = sous culture.

[Olrik]

Encore un exemple pour titiller les élèves : les mangas de classiques (c'est une collection qui vulgarise par exemple : la Bible, le Capital de Marx, les Misérables etc....). Dans un premier temps, je parle pas au lycée hein, on peut passer par là.

Mais non, manga = violence = débile = sous culture.[/justify]

Pour ton information, ça fait belle lurette que les mangas font partie de l'environnement des élèves dans leurs établissements (collège comme lycée). On ne compte pas les concours lecture qui sont organisés sur les mangas. Et quant à ton équation, non, là aussi ça fait longtemps que les positions ont changé (même chez les profs !!!). C'est fini l'époque de tata Lurçat !

Enfin, les adaptations de classiques en mangas, c'est bien gentil mais ça présente un affadissement à la fois de l'oeuvre originale et du manga (ces oeuvres sont souvent réalisés par des seconds couteaux sans grand intérêt). La volonté de vulgariser, d'apporter sur un plateau des oeuvres bien trop prises de tête à nos chères petites têtes blondes, tout cela est louable, mais c'est quand même de la bonne merde (et qui pour le coup pourrait dégoûter de lire pour de bon les oeuvres originales !). Pour l'exemple des Misérables, mieux vaudrait choisir quelques extraits originaux bien sentis auxquels on opposerait ensuite des planches d'un mangaka reconnu (je pense à Inio Asano et ses personnages de Cosette modernes) qui feraient écho par leur thématique aux extraits choisis. Mais bon, moi, ce que j'en dis...

Garçon ! un autre demi et des cahouètes, y'en a plus !

[Waylander]

Pour le coup des mangas je reconnais que tu as raison.

[Mark Chopper]

Pour l'exemple des Misérables, mieux vaudrait choisir quelques extraits originaux bien sentis auxquels on opposerait ensuite des planches d'un mangaka reconnu qui feraient écho par leur thématique aux extraits choisis. Mais bon, moi, ce que j'en dis..

Je préférerais le sketch des Inconnus.

[Olrik]

Je préférerais le sketch des Inconnus.

Avec une classe électrique, à la fin d'un cours situé le vendredi après-midi en dernière heure, c'est presque à recommander pour une bonne transition cours chaud / W-E.

[pabelbaba]

Mouais, rendre les classiques plus ludiques je ne sais pas si c'est un bonne idée. Je n'ai jamais vu personne rendre les maths ludiques pour nous faire comprendre quoique ce soit. En revanche reprendre l'idée de Mark d'y aller crescendo en variant les auteurs (et là-dessus j'insiste ), ce serait une bonne voie. Se payer un pavé de 400 pages ou plus de Zola en 4ème, quand tu sors de l'étude des Contes du Chat Perché, d'Un Sac de Bille ou de l'Ami Frédéric, ça fait l'effet de passer des multiplications aux intégrales. Et c'est l'abandon, l'horreur et le dégoût au bout du chemin pour 90% des élèves.

[Waylander]

Rendre plus ludique ça veut pas dire violer l'oeuvre hein. Ca veut dire la rendre accessible comme la vulgarisation rend la science accessible à 95 % des gens... TOUT est simplifiable , pour une première découverte je parle, je ne dis qu'il faut que les gens se contentent d'une simplification. Je dis que pour intéresser un gamin entre 10 à 15 ans à certaines choses un peu complexe on peut déjà lui montrer une version raccourcie, simplifiée etc... Les maths tu peux les rendre ludiques , c'est le propre de certains livres pour ados ou de certains vulgarisateurs et c'est souvent comme ça que ça passe mieux pour certains jeunes. Mon ex avait un prof d'histoire qui venait déguisé pour faire ses cours et qui montraient des techniques hoplites en direct live avec une fausse lance. Putain ça change de vieux con qui viennent à reculons au boulot et qui marmonnent et font exprès de sortir des trucs que personne comprend alors que tout terme, toute phrase peut se simplifier comme une fraction en maths. Le but en maths c'est de simplifier les choses, en littérature, va comprendre, c'est de les rendre complexes et obscures.....

Bien sur vaut mieux lire le vrai livre Les misérables que le manga, mais pour certains gamins qui ne veulent vraiment pas lire, qui n'y arrivent pas etc... pourquoi pas passer par le manga si ça au moins ça fonctionne sur eux ? Le vrai bouquin ils le liront ou pas un jour (je l'ai jamais lu et je m'en branle en passant....d'ailleurs, cette culture commune , à l'inverse de Val, me gave car tu connais pas un truc que tout le monde DOIT connaitre t'es un blaireau par contre tu connais des trucs que personne connait tout le monde s'en branle, si c'est pas mis en avant , médiatisé et à l'école c'est que ça n'a marqué personne....)

En sciences, on a tous connu le dessin animé Il était une fois et ça tuait, c'est pas sorcier c'était génial aussi. Et perso, c'est ça qui m'a passionné étant gamin et qui m'a donné la fibre, l'envie de savoir plus, mieux et avec des trucs plus riches encore.

EDIT: je rajouterais aussi que dans un monde où tout tend vers l'universalité pour contrer le nationalisme etc...on reste encore très européo centré en terme de culture. On apprend et ne lit rien d'ailleurs...

[Mark Chopper]

Je dis que pour intéresser un gamin entre 10 à 15 ans à certaines choses un peu complexe on peut déjà lui montrer une version raccourcie, simplifiée etc

En fait, ça existe depuis longtemps...

Les classiques existent en version abrégée pour les enfants par exemple. Pendant longtemps, j'ai cru que j'avais lu Moby Dick en primaire, mais c'était une version de 150 pages

J'ai lu la vraie version quand j'étais étudiant et c'était tout autre chose.

En sciences, on a tous connu le dessin animé Il était une fois et ça tuait

Ça c'est le genre de choses que tout gosse devrait voir

[pabelbaba]

Enfin des profs comme ça toute la journée, pas sûr que ce soit plus productif.

Plus particulièrement pour le français au collège/lycée et aussi pour l'histoire d'ailleurs, je n'ai jamais compris pour quoi les programmes n'étaient pas fait pour progresser et qu'on avait sans cesse l'impression de faire la même chose d'une année sur l'autre en nous demandant les mêmes compétences jamais acquises, alors que dans les autres matières tout change et on a besoin de ce que l'on appris l'année précédente pour s'améliorer.

[Waylander]

Je ne dis pas qu'il ne faut que des profs comme ça, mais enfin entre ça ou des profs pas passionnés, froids, qui n'ont aucune fibre, qui ne donnent pas envie....mon choix est vite fait. Le savoir n'a pas à être un truc d'élite, n'a pas à être un truc inabordable et grave avec lequel on ne joue pas parce que c'est très sérieux vous comprenez, votre vie en dépend !

Le savoir évolue chaque année, chaque siècle et les programmes mettent rarement à jour certaines choses, je rappelle qu'en sciences, certains concepts et théories sont encore de l’ordre du mythe dans les manuels alors que la réalité est bien autre (ex le big bang ou l'évolution ou la définition des mots théorie et hypothèse). En tout cas pour ma part j'ai jamais aimé l'école et je ne suis jamais autant cultivé que depuis que je ne suis plus.