Le fonds du film, à savoir le drame vécu par le personnage de Mildred, est traité tout à fait sérieusement. C’est une femme en détresse, désespérée, qui choisit de se dresser face à tout le monde pour obtenir justice et soigner sa peine, mais qui est véritablement brisée. Et le film montre ça de façon très humaine et émouvante (les scènes avec son fils, le flash-back, la scène avec la biche, ses conversations vers la fin avec Dixon…), il n’y a pas de second degré là-dedans. Même son duel avec le shérif, qui part d’une base « extravagante » (pas trouvé d’autre mot) avec ces messages sur les panneaux, est traité sur un ton doux-amer ; ce sont deux personnages qui se respectent, qui s’apprécient même au fond, mais qui sont tous deux au bord du gouffre, pour des raisons différentes. Mais l’humour qu’il peut y avoir dans leurs scènes communes n’est pas de type caricatural, absurde ou autre.
Même chose d’ailleurs pour l’évolution du personnage de Dixon à mi-parcours, personnage qui trouve une réelle rédemption, tout à fait sérieuse et touchante – ses dialogues avec Mildred, la scène du bar où on souffre pour lui…
Par contre, à côté de ça, il y a effectivement un traitement volontairement caricatural voire loufoque de certaines scènes et de certains personnages (Dixon surtout, vraiment montré comme très bête et méchant au point qu’on se demande vraiment pourquoi le shérif ne l’a pas viré), qui tranche avec le fonds du film. Ca ne m’a pas non plus gêné outre mesure, mais je trouve que les ruptures de ton ne sont pas toujours bien gérées, et que ça ne fait que renforcer la stupidité de certains personnages, comme si on soulignait à gros trait qu’on peut se moquer de l’abruti en question (exemple : la scène du bar entre Dixon et Red).