Embrasse-moi, vampire / Robert Bierman (1989) Comment appréhender cet objet filmique devenu, avec le développement d'Internet et de la culture LOL, une inépuisable source de
mèmes ? Vous connaissez sans doute les principaux :
Nicolas Cage qui pète un câble quand on ne respecte pas le classement alphabétique des dossiers,
qui écarquille les yeux comme un taré, bouffe un cafard vivant ou
débarque dans une boîte de nuit avec une fausse dentition de vampire... Grand fan de cinéma expressionniste, l'acteur a en effet décidé de jouer son personnage, un agent littéraire détestable persuadé de devenir un vampire, de manière
over the top, contribuant ainsi à faire d'
Embrasse-moi, vampire l'improbable chaînon manquant entre
After Hours de Martin Scorsese (même scénariste et un sentiment d'errance le plus souvent nocturne) et
American Psycho de Bret Easton Ellis (le personnage en question est un yuppie qui, au stade ultime de sa folie, finit par confondre réalité et fantasme, viole et tue)... Faute d'un metteur en scène digne de ce nom à la barre (on se croirait hélas formellement dans un téléfilm), de seconds rôles solides (Jennifer Beals fait peine à voir et María Conchita Alonso hérite d'un rôle ingrat), Nicolas Cage reste ici la seule véritable attraction. Mais son surjeu, s'il fascine et amuse, peine à convaincre sur la durée. L'acteur, qui en faisait parfois trop à l'époque (sa voix et sa coiffure dans
Peggy Sue s'est mariée ? Son look de Playmobil shooté à l'autobronzant dans
Deadfall ?) ne s'épanouira finalement dans ce registre qu'en travaillant avec des cinéastes tout aussi fous que lui (
Sailor et Lula de David Lynch) ou habitué à des performances opératiques (
Volte-face de John Woo). Mais ce qu'il propose ici mérite toutefois un coup d’œil...
Note : 5/10