BE KIND, REVIEW!

Alien 4 est très boudé , c'est un film de commande et Jeunet le reconnait ; pourtant, je lui trouve bien des qualités. Bien plus profond qu'on ne le pense et on retrouve bien la patte à Jeunet derrière. Et niveau mise en scène idem : je vois des idées quand même bien sympas et qui n'ont rien à envier à pleins de films de commandes à gros budgets (dans le même genre). Et puis c'est terminé le temps des films de SF un peu glauque/crade voir dérangeant dans ses thèmes sous-jacents ou pas (les manipulations génétiques ,le complexe d'Oedipe , eugénisme etc....).

Ca me surprend de dire ça mais limite je le préfère à ALIENS car c'est le Cameron qui respecte certainement le moins l'ALIEN de Scott (action à gogo, plus rien d'effrayant, film d'une durée abusive, marines à la con). Le 4 on peut reprocher pleins de choses mais , dans ses thèmes, il respecte bien plus l'original et surtout bien plus la suite logique instaurée par le 3. Un Alien doit être glauque, flippant, dérangeant (personnellement, l'Alien-humain me fait vraiment flipper, bien plus que l'alien tout court justement par son côté "humain" dans le regard et sa difformité qui en font un être bien plus fort que l'alien de base et même qu'une reine) et cie : des 4, seul le 2 échappe presque totalement à cette règle.

C'est pour ça que je ne comprends pas les notes très négatives de la part de certains sur le forum. Heureusement il y a Dun ! Un film qui souffre trop du carcan de la mythologie ALIEN inventé par les fans et sa comparaison forcée avec les autres opus (et réalisé par un français ça a du joué aussi). Résultat, Scott, le génie se plante 30 ans plus tard avec Prometheus... Autant on doit respecter des codes pour que l'univers soit cohérent autant le 4 est une pure évolution sadique de tous les thèmes propres à ALIEN mais Jeunet se plante littéralement dans l'écriture, les personnages, les ruptures de ton à chier malgré la poésie morbide et la philosophie qui se dégage du film.

Bah de toute façon Jeunet le dis lui-même : les seules choses qu'il pouvait ajouter au film étaient d'ordre visuel. Niveau script, il ne comprenait même pas ce qu'il tournait et a réellement pigé le script entier au montage.

Alien 4 perso je le mets moi aussi devant le 2, et je suis bien d'accord avec tout ce que tu en dis, le côté glauque, dérangeant, les qualités de mise en scène.

Alegas a écrit:Bah de toute façon Jeunet le dis lui-même : les seules choses qu'il pouvait ajouter au film étaient d'ordre visuel. Niveau script, il ne comprenait même pas ce qu'il tournait et a réellement pigé le script entier au montage.

Je ne crois pas plus un cinéaste qu'un producteur : Jeunet dit peut-être tout ça des années après parce que son film s'est fait descendre....C'est un bon moyen de se dédouaner d'avoir foiré un film que de dire " j'avais pas de libertés, on me mettait des bâtons dans les roues etc...".

Nan pour le coup je serais enclin à le croire. Jeunet a jamais parlé un mot d'anglais correctement avant un bon moment, il l'a toujours avoué en interview. Il avait toujours besoin d'un interprète pour donner ses indications sur le tournage. Faut dire aussi que Alien 4 c'est un film où c'est mieux si tu comprends pas l'histoire.
Puis bon, je vois pas en quoi ça le dédouane vu que, de base, le script est pas de lui. Quoi qu'il arrive, il devait faire ce qu'on lui demandait, et là il explique bien que ses seules libertés étaient sur la forme pure (ce qui se voit).

Pourtant , sur le fond (pas l'histoire en elle-même) je vois du Jeunet à mort et pas du tout un truc bidon lancé au pif par la prod au contraire c'est même surprenant qu'ils aient autorisés de telles thématiques dans un film à gros budget qui plus est dans la mythologie alien. Car ce qui dérange pas mal de monde sur ce 4 ème opus c'est aussi son étrangeté -et pas seulement formelle-. Il est morbide jusqu'au-boutiste ce film et j'ai du mal à croire que Jeunet n'y soit pour rien , genre le mec n'a rien écrit toussa : je le dis clairement = pipo. Si je me trompe bah putain, ils l'ont pas pris au pif le mec .

Je dis ça aussi parce que quand tu vois sa réaction sur le Pi d'Ang Lee ... Tu sens le réflexe psychologique inconscient = on tente de se trouver des excises quand on foire et quand on n'a carrément été mis sur le banc de touche, on n'en veut plus directement au(x) responsable(s) mais à celui qui a pris notre place...

Je serais clairement pas surpris que pas mal de cinéastes critiquent certains de leurs films des années plus tard en sortant des arguments tels " je n'étais pas libre et cie" pour pas assumer leurs fautes de goûts, l'échec et la réputation qui en prend un coup. Je ne dis qu'ils le font tous mais c'est évident que ça a déjà du arrivé.

Life of Pi en même temps faut le comprendre : le mec passe des années entières sur un projet qu'on refile à un autre en douce, lui autorisant tout ce qu'on lui avait refusé auparavant. Je pige tout à fait sa réaction un peu "j'avais quelque chose de mieux en tête". D'autant que t'es le premier à dire que le film de Lee prend pas de risques par rapport au bouquin, alors que Jeunet, d'après ses mots, avait bien l'intention de refaire à sa sauce le script entier.

Et sérieux tu vois où la patte Jeunet sur le script d'Alien ? Car perso à part certains persos et la séquence aquatique je vois que dalle.

Jeunet n'était pas plus libre sur son Alien que Fincher avant lui. Et pourtant, dans les deux cas, on reconnaît bien leur patte...

Je me souviens des interviews de Jeunet à l'époque et il ne s'en cachait pas : il savait qu'il était recruté comme yes man, mais il ne pouvait pas refuser une expérience hollywoodienne de peur de le regretter ensuite.

Par contre, ils l'ont bien pris au pif... ou presque, vu le nombre de mecs (prestigieux) qui ont refusé le boulot avant lui.

Suite au flop de T.S. Spivet, Jeunet se lance dans la série aux States avec une réadaptation du Fantôme de l'Opéra.
Pas de grosses nouvelles si ce n'est que ABC produit et diffuse.
Et vite fait un descriptif de la série :

Described as a drama brimming with tortured love affairs, sex, murder and mystery among the international jet set at the dawn of the Jazz Age, the Phantom Of The Opera series is set in 1919 against a backdrop of the Paris Peace Conference. The story centers on a British World War I fighter pilot with burns covering half of his body. He finds himself at the center of a string of murders that threatens to embroil the city’s gathered world leaders. The “Opera” in this re-imagining is an opera house that is home to the hottest nightclub in Paris — think Studio 54 — whose American Josephine Baker-esque headliner finds herself in the cross hairs of the serial killer.

Dommage pour lui de pas continuer au ciné, mais bon si les moyens s'avèrent suffisants, l'exercice peut l'épanouir à la manière d'un Lynch sur Twin Peaks.

Je crois pas avoir donné mes notes, le meilleur réal français (d'un point de vue purement technique) qu'on ait aujourd'hui :

La Cité des Enfants Perdus : 6,5/10
Alien la Resurrection : 6,5/10 (no comment, il y a une patte, dans une prod Fox verrouillée de toutes parts c'est déjà pas mal)
Un Long Dimanche de Fiançailles : 7,5/10
Mics-macs a Tire Larigot : 6,5/10
L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet : 8/10

T'as pas vu Delicatessen et Amélie ?

Je n'ai vu que 2 films de lui. Flippant.

Alegas a écrit:T'as pas vu Delicatessen et Amélie ?

Hélas non, Delicatessen, c'est pas l'envie qui m'en manque, par contre Amélie, je sens le truc pourri donc je recule la vision a chaque fois.

Delicatessen tu kifferas, obligé.
Amélie ça sera moins ta came mais techniquement ça force tout de même le respect et c'est vraiment joli comme histoire. Tu mettras pas une note de fou mais tu mettras obligatoirement plus qu'à Alien ou Micmacs.

Waylander a écrit:Je n'ai vu que 2 films de lui. Flippant.

Tu sais maintenant quelles seront tes prochaines critiques.