BE KIND, REVIEW!

MILLÉNIUM 2
Daniel Alfredson - 2009
6/10

Après un premier épisode plutôt sympa, voici la deuxième partie de la trilogie adaptée des best sellers de Stieg Larsson. Pour cette suite des aventures de Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist, on change de réalisateur et c'est Daniel Alfredson (le frère du réalisateur de Morse) qui s'y colle.

Tout comme dans le premier épisode, on suit l'enquête de Lisbeth Salander qui tente de découvrir qui essaye de la faire accuser d'une série de meurtres qu'elle n'a pas commis. Et comme à son habitude, elle a des méthodes bien à elle pour arriver à ses fins ... pas question de faire appel à la police : elle règle ses problèmes à sa façon. Pendant ce temps, son ami journaliste Mikael Blomkvist va tenter de trouver des preuves pour la disculper et va faire la découverte d'éléments plutôt surprenants ...

L'ambiance générale du film est quand même bien moins glauque que dans le premier opus mais elle reste plutôt réussie. Il est conseillé d'avoir revu de premier film avant d'aller voir celui-ci car on nous plonge tout de suite dans le vif du sujet. Et j'avoue que, n'ayant pas revu le premier depuis le ciné, j'ai été un peu largué au début ! Niveau scénario, c'est toujours bien ficelé et l'enquête est intéressante à suivre. Le film a beau faire 2h, il passe franchement bien sans qu'on ne ressente de réelles longueurs. Il y a malgré tout quelques éléments un peu abusés comme l'histoire du demi-frère de Lisbeth qu'on croirait sorti tout droit d'un James Bond.

Le gros défaut du film reste le même que dans le premier : la mise en scène et la photographie. L'image est vraiment terne et on a vraiment l'impression d'être devant un téléfilm par moments. Ce choix esthétique est discutable ! Du coup, un remake américain par David Fincher semble être un projet super intéressant : garder le fond en y ajoutant la forme adéquate pourrait faire quelque chose de très bon.

Niveau interprétation, Noomi Rapace tient toujours la saga sur ses épaules avec ce personnage de femme torturée intérieurement mais qui mène sa vie de main de maitre sans se soucier de l'avis des autres. D'ailleurs, par moments, sa relation avec Mikael Blomkvist parait particulièrement froide alors qu'il se démène corps et âme pour l'aider ! De plus, son look dans ce deuxième opus (cheveux longs et moins de piercings) la rend beaucoup plus charmante. Et le tatouage qu'elle a dans le dos, c'est quand même la grande classe ! Quant au journaliste Mikael Blomkvist, il reste fidèle à lui-même : son boulot d'investigation passe en priorité et il reste un ami fidèle dans l'adversité. Mais son personnage est moins approfondi que dans le premier film ...

Au final, cette deuxième partie est dans la lignée de la première. Il possède les même qualités et les mêmes défauts et le changement de réalisateur ne se sent même pas. Dommage que la forme ne soit pas d'avantage soignée car il y a vraiment un bon matériau de base. Il n'y a plus qu'à attendre la conclusion de cette trilogie.

PRÉSENTATEUR VEDETTE : LA LÉGENDE DE RON BURGUNDY
Adam McKay - 2004
7/10

Ca fait plaisir de découvrir enfin ce film, pur produit issu du "Saturday night live" ! Avant de réaliser Ricky Bobby : Roi du circuit, Frangins malgré eux ou encore The other guys, Adam McKay est à l'origine de ce film qu'il a co-écrit avec Will Ferrell. Et comme pour toute production de Judd Apatow, on ne pouvait s'attendre qu'à une belle réussite !

Dans ce film, Will Ferrell joue le rôle titre de Ron Burgundy, le présentateur vedette de la chaine "Chanel 4" à San Diego. Il présente une émission qui cartonne avec ses 3 acolytes et amis. Jusqu'au jour où va débarquer une nouvelle journaliste sous le charme de laquelle il va tout de suite tomber. Mais dans ce monde macho, elle va avoir du mal à trouver sa place et va devoir trouver des ruses pour monter les échelons quitte à faire tomber les autres ...



On retrouve ici tout l'humour absurde qui fait le charme des films de Will Ferrell. Lui et sa bande sont de gros machos à l'humour bien gras et rien ne semble les choquer pour le plus grand plaisir des spectateurs. De plus, il tient une relation particulière avec son chien ce qui va être l'élément déclencheur de sa chute ... Pour couronner le tout, Ron Burgundy passe pour un Don Juan qui fait craquer toutes les femmes alors que ses techniques de drague sont super nases ! Il faut le voir jouer de la flûte traversière avec un groupe de jazz dans un restaurant afin de charmer Christina Applegate. Et ces batailles rangées contre les présentateurs des autres chaines donnent droit à une scène assez géniale !



Quant au casting, il est difficilement de faire mieux dans le genre et il participe grandement à la réussite du film. Will Ferrell est toujours aussi bon qu'à son habitude dans le rôle de ce présentateur qui a tout du mec ringard mais qui est considéré comme une star. C'est certainement le comique américain que je préfère actuellement. A ses côtés, on retrouve Steve Carell en présentateur météo au sourire flippant, Paul Rudd en présentateur info et David Koechner en présentateur sportif (il n'est jamais aussi bon que quand il tient des seconds rôles). Ils forment un quatuor assez génial ! Quant à Christina Applegate, elle montre qu'elle est faite pour la comédie en belle blonde arriviste. Et comme si ça ne suffisait pas, on a un paquet de guests qui viennent s'en donner à cœur joie dans de courtes apparitions : Vince Vaughn, Luke Wilson, Ben Stiller, Tim Robbins, Jack Black, Seth Rogen : la crème de la comédie US !!!

Au final, on obtient une comédie vraiment sympathique qui prouve une nouvelle fois que le "Saturday night light" est le vivier de la comédie américaine et que Judd Apatow reste le producteur de référence dans le genre. On a affaire ici à une véritable fraternité et on sent le plaisir qu'a chacun de participer à ce genre de film.

PETITS MEURTRES A L'ANGLAISE
Jonathan Lynn - 2010
6,5/10

Comme chaque année, le cinéma anglais nous propose des petites comédies divertissantes parfaites pour l'été. Ce film en fait partie. Le réalisateur Jonathan Lynn n'est pas un débutant dans le genre : avec des films comme Monsieur le député ou Sergent Bilko, il a livré quelques comédies sympathiques dans les années 90. Il confirme donc avec ce petit divertissement à ranger aux côtés de Good morning England.

Dans ce film, on suit donc les aventures de Victor Maynard, un tueur à gages quinquagénaire considéré comme le meilleur dans la profession. Mais lorsqu'il va être chargé par son employeur de se débarrasser d'une jeune femme spécialiste des petites magouilles, il va enfreindre ses propres règles et se prendre d'affection pour elle. C'est alors qu'un autre tueur va se lancer à leur poursuite ...

Autant le dire tout de suite, la réalisation est tout ce qu'il y a de plus banal, le scénario ne brille pas par son originalité mais côté humour, le contrat est parfaitement rempli : on prend plaisir à suivre les péripéties de ce duo accompagné d'un troisième larron rencontré en route et que le héros va prendre sous son aile en lui faisant croire qu'il est détective. Le film est bien rythmé et on s'attache rapidement à ces personnages haut en couleurs.

Dans le rôle principal, Bill Nighy est excellent, comme à son habitude, dans ce rôle de gentleman aux bonnes manières totalement en contradiction avec son métier. C'est la classe anglaise incarnée. Mais celle qui m'a le plus étonné est Emily Blunt. Je ne pensais pas qu'elle serait si à l'aise dans le registre de la comédie. Elle s'en donne à cœur joie et le tempérament insouciant de son personnage est communicatif. De plus, il est impossible de ne pas tomber sous son charme ! Rupert Grint, quant à lui, prouve qu'il y a une vie après Harry Potter. Dans le rôle de ce jeune SDF un peu naïf, il est tout à fait crédible et nous fait complètement oublier son personnage de Ron. Enfin, Martin Freeman a un rôle aux antipodes de celui qu'il tenait dans H2G2. Il joue ici un tueur sadique qui prend un malin plaisir à tuer et qui est vraiment décidé à prendre la place de meilleur tueur à gages à son ennemi. Il cabotine pas mal mais ça passe vraiment bien.

Au final, voici une bonne petite comédie typiquement anglaise. Malgré un petit manque d'originalité, on peut dire que l'écriture des personnages est bien soignée et permet aux situations comiques de faire toujours mouche. Ça n'est pas non plus un film inoubliable mais rien que pour Emily Blunt, il vaut le détour.

TOURNÉE
Mathieu Amalric - 2010
7/10

Mathieu Amalric a déjà prouvé depuis longtemps ses talents d'acteur allant même outre atlantique pour tourner avec Spielberg. En tant que réalisateur, il a déjà 3 courts-métrages à son actif, il passe donc enfin au long-métrage avec Tournée. Nous n'avons donc pas affaire à un débutant et son prix de la mise en scène remporté au dernier festival de Cannes est là pour le confirmer.

A travers ce film, il s'intéresse à un producteur de télévision un peu raté qui s'est reconverti dans le management d'une troupe de danseuses de "New burlesque". Celui-ci ayant fait miroiter à ses danseuses les grandes scènes parisiennes, il a réussi à les convaincre de débarquer en France mais ils vont se retrouver à faire une tournée organisée à l'arrache dans les petites villes portuaires ...

Le réalisateur a opté pour de véritables danseuses de cabaret pour tenir les rôles principaux. Du coup, on ressent une grande part d'authenticité dans ce film. Outre les scènes de spectacle bien décalées, on suit surtout cette petite vie en communauté qui évolue dans un univers au contraste saisissant. Entre les moments de tension et de complicité, on découvre surtout des morceaux de vie plus vrai que nature ainsi que l'envers de décor pas toujours rose de ce métier.

Le film est servi par des actrices au naturel déconcertant qui se livrent corps et âme à la caméra. Il est rare de voir de tels personnages au cinéma qui s'assument comme ils sont avec leurs défauts. D'ailleurs, même si c'est le manager qui tient le rôle central, il est effacé par ses danseuses qui bouffent l'écran à chaque instant ! Dans le rôle du producteur-manager, on retrouve donc Mathieu Amalric. Il a beau être un excellent acteur, je trouve qu'il joue toujours les mêmes rôles. Du coup, ses interprétations n'ont plus le même impact qu'à ses débuts ... Le mec sur le fil du rasoir embourbé dans les problèmes qu'on sent près à exploser à tout moment, c'est vrai que c'est intéressant à jouer mais il manque de variation dans son jeu.

Mathieu Amalric semble quand même être un excellent directeur d'acteurs car il arrive à tirer des moments de grande émotion de ses actrices. Alors que ces danseuses dégagent une grande insouciance et une certaine vulgarité au premier abord, on voit progressivement leur carapace se fissurer pour laisser apparaitre des femmes fragiles qui font un métier qui n'est pas de tout repos et qui semblent manquer sérieusement d'affection. Et leur manager est tellement submergé de problèmes qu'il doit gérer de front, qu'il n'est pas toujours attentif aux attentes de ses danseuses. Par moments, il semble froid et sans cœur alors qu'il est simplement débordé par les évènements. La très belle scène du payage d'autoroute nous livre son vrai visage. On sent qu'il y a une sorte de "spleen" ambiant qui se met en place progressivement jusqu'au final dans cet hôtel abandonné.

Le défaut du film serait presque la mise en scène très instinctive. Tantôt caméra à l'épaule à la John Cassavetes dont il ne cache pas son influence, tantôt théâtral à la Arnaud Desplechin chez qui il a fait ses armes en tant qu'acteur, je dois dire que je n'ai pas toujours accroché à son style. Mais petit à petit, on arrive à faire abstraction de ces tics du "cinéma indépendant". De là à lui donner le prix de la mise en scène à Cannes, c'est peut-être un peu abusé.

Enfin, je terminerai avec la musique. Les numéros musicaux des danseuses sont mémorables et les quelques autres morceaux qui complètent la BO participent à cette ambiance festive que dégage le film. Entre The sonics et Screamin' Jay Hawkins, les sons choisis sont vraiment sympa.



Au final, Pour son premier long métrage Mathieu Amalric se démarque totalement du cinéma français qu'on a l'habitude de voir et ça fait plaisir. Je grade une petite réserve sur le jeu assez répétitif de l'acteur mais celui-ci est effacé par l'interprétation générale des actrices. En tout cas, c'est à un joli film plein d'émotions auquel on assiste et il mérite vraiment qu'on s'y attarde.