Mon voisin Totorode Hayao Miyazaki (1988)
L'esprit de la nature et l'empreinte de l'enfance sont omniprésents dans cette fable pastorale de Miyazaki. Devenu au Japon un emblème national, Totoro est aussi devenu l'étendard des studios Ghibli.
Pour son quatrième film (le 3ème chez Ghibli après Nausicaä et Le château dans le ciel), il change de registre et tourne un conte pour enfants. Le film s'adresse d'emblée aux très jeunes et a une durée assez courte. Il conserve néanmoins un charme imbattable même auprès des adultes, de par la grâce qui s'en dégage, le côté tendre et nostalgique.
L'animation est comme toujours chez Miyazaki de toute beauté, et les paysages du Japon rural des années 50 (le film doit se passer dans ces années là je pense, mais c'est jamais explicite) sont superbes. Toute sa touche est déjà bien présente, et s'est déjà techniquement bien améliorée par rapport à Nausicaä.
Il nous plonge dans la vie de cette famille à la campagne (plusieurs scènes de la vie quotidienne égrennent le métrage, comme des scènes de bain, ou de ménage), et c'est par petites touches qu'il nous fait basculer dans l'univers magique de Totoro. C'est même parfois savoureusement drôle (une scène à un arrêt de bus sous la pluie, d'abord un brin inquiétante, devient vite très drôle).
Sans véritables péripéties, le film s'écoule comme un long fleuve tranquille, paisible, une sorte d'ode à l'enfance insouciante et joyeuse, qui croit encore en la magie et aux esprits de la nature. Bon il se passe quand même des choses, ce n'est pas simplement une succession de saynettes, et même des événements presque dramatiques sur la fin.
Le monstre gentil Totoro (et ses versions miniatures qui l'accompagnent) est tout bonnement génial, on aimerait en avoir un (d'ailleurs la peluche est un best-seller), mais il y a aussi les noiraudes (petites boules de suie qu'on reverra dans Chihiro) et le mythique chat-bus qui complètent se bestiaire cocasse.
Les enfants dépeints sont d'un naturel sidérant, Mei (4 ans) et Satsuki (une dizaine d'années) sont plus réalistes dans leurs attitudes, réactions, gestes, paroles, que bien des enfants dans des films lives (qui ne sont pas toujours bien dirigés ou auxquels les scénaristes prêtent des mots ou comportements inadaptés). Là c'est tellement "vrai", que ça doit découler de beaucoup d'observation de la part de Miyazaki. Et en ce sens, je le rangerai sans hésiter comme un des meilleurs peintres de l'enfance au cinéma (ce qui se confirmera dans plusieurs films, dont le sublime
Voyage de Chihiro).
Un film qui justifie presque à lui seul l'expression "avoir gardé son âme d'enfant", et seuls les cyniques, les désabusés ou les aigris resteront sur la touche...
9.5/10Miyazaki critiqués:
Le château dans le ciel Princesse Mononoké Le voyage de Chihiro