BE KIND, REVIEW!

Après V For Vendetta, on attendait clairement James McTeigue au tournant. Tout d'abord pour savoir si la qualité de son premier film était un simple coup de bol ou non et surtout pour voir ce qu'il allait faire du mythe du ninja, porté de nombreuses fois à l'écran mais rarement avec brio.



Le résultat est assez déroutant. En effet, on est à des kilomètres du génie du scénario de V For Vendetta, c'est d'ailleurs le gros point faible du film : l'histoire passe sans que les enjeux soient véritablement mis en avant pour le spectateur et de nombreux éléments sont soit inutiles (l'enquête des deux inspecteurs seulement justifiée pour un point de vue externe) soit pas assez poussés (la relation père-fils du héros et de son mentor, l'histoire d'amour incestueuse avec sa sœur de combat, etc...). En bref, le fond est quasiment inexistant. Ce qui n'est pas le cas de la forme, bien heureusement.

En effet, Ninja Assassin est véritablement la continuité du cinéma des Wachowski (producteurs du film), à savoir un cinéma d'action expérimental sur le plan visuel. On pouvait déjà sentir dans le combat final du métro de V For Vendetta une véritable influence des frangins. Dans Ninja Assassin, l'influence est moindre mais les originalités sont plus présentes. Alors, certes, ce n'est pas cela qui fait un bon film, mais la force de Ninja Assassin est d'assumer totalement ce qui pourrait déplaire dans un film plus sérieux, à savoir les effets de style (shurikens par milliers, lame fonçant droit sur le spectateur, ninjas invisibles et ultra-rapides, etc...) et le côté "jeu vidéo" de l'ensemble (que l'on pouvait déjà voir dans de nombreuses scènes de Speed Racer).
Ainsi, en prenant le film pour ce qu'il est, un divertissement super bien foutu visuellement, on ne peut que prendre son pied devant des scènes comme celle de l'autoroute, du combat final au milieu des flammes, du duel en ombres chinoises ou encore la scène de l'appartement où le seul éclairage est une simple lampe-torche.



Côté interprétation, c'est juste sans être exceptionnel. Seul Rain tire véritablement son épingle du jeu avec la surprise Shô Kosugi, jouissif en bad guy ultime.
Reste à voir désormais ce que peut offrir James McTeigue à l'avenir et surtout s'il serait capable de donner autant d'originalité à ses films sans le soutien des frères Wachowski. Cela étant, Ninja Assassin reste tout de même un sacré divertissement décomplexé, ce qui est assez rare de nos jours pour être souligné.

Premier film de Frederico Fellini que je découvre, autant avouer tout de suite que Otto e Mezzo m'a donné une claque semblable à celles que j'ai pu avoir devant la vision de films tels que 2001, A Space Odyssey ou Pink Floyd The Wall. Le genre de claque qui n'arrive pas sur le coup mais qui se développe au fur et à mesure que l'on retourne la totalité du film dans sa tête.

Nombreux sont les cinéastes ayant essayé de transposer sur pellicule la conception de leur propre art, mais c'est bien Fellini qui réussit à faire de ce sujet une œuvre extrêmement complexe aussi bien sur la forme (mouvements de caméras magnifiques, ambiance parfois angoissante comme celle du tunnel, etc...) que sur le fond (nombreuses références autobiographiques, fantasmes et rêves de Fellini, forte comparaison avec La Divine Comédie de Dante, etc...). Bien entendu, le film ne serait rien sans son casting : Claudia Cardinale rend magique chaque scène où elle apparaît et Marcello Mastroianni obtient le rôle de sa vie : celui de Guido Anselmi, réalisateur de renom ultra-classe en manque d'inspiration.

Je ne m'étendrais pas plus longtemps sur le sujet, le film a tellement de qualités (malgré une durée un poil trop longue) qu'il serait vain de toutes les énumérer. Je rajouterais seulement que ça faisait longtemps que j'attendais de voir un film pareil, surtout après la déception de Nine (remake style Broadway du même Otto e Mezzo). Désormais, il est certain qu'un film sur le cinéma doit forcément souffrir d'une comparaison avec le film de Fellini, le problème étant que celui-ci a déjà tout dit en moins de deux heures et demi. En un seul mot : grandiose.

Ce mois-ci a été l'occasion de revoir le dernier film de James Cameron en Blu-Ray. Un moyen comme un autre de revenir sur cette œuvre qui, sans aucun doute, marquera l'histoire du cinéma mondial, mais qui laisse un sentiment de perfectibilité.



Nul besoin de revenir sur le synopsis d'Avatar, dans chaque pays l'œuvre de Cameron a été comparée (à tord d'ailleurs) à la légende de Pocahontas. Le scénario souvent reproché a pourtant ses qualités (notamment la réflexion sur le rêve éveillé) mais il est vrai que de nombreux personnages secondaires passent à la trappe (pour un film de 2H40, c'est quand même dommage) et que l'apprentissage du héros est bâclée par moment. Nombreuses sont les personnes à avoir pointées du doigt le caricatural bad guy, pourtant celui-ci tient largement la route sans avoir ni la classe du T-1000 de Terminator 2 Judgment Day ni la profondeur psychologique du fiancé de Rose dans Titanic. Au final, le tout se laisse regarder sans problème même s'il est évident que le film vise un trop grand public pour plaire à tout le monde.

Côté mise en scène, on aurait pu s'attendre à beaucoup mieux de Cameron mais force est de constater que toutes les scènes d'action sont extrêmement bien foutues et lisibles. Les meilleures idées se trouvant principalement dans la dernière heure du film, on peut trouver dommage que le début soit un peu trop classique même si cela reste bien au-dessus des films habituels auquel nous avons droit chaque année.



On ne le répètera jamais assez, le film est parfait en ce qui concerne ses effets visuels. Toutefois, là où les deux opus Terminator et Titanic arrivaient à mêler effets spéciaux novateurs et scénario béton, Avatar reste un cran en dessous : l'enjeu est présent mais ne se fait pas fortement ressentir et la tension ainsi que les interrogations sont rares. Nous sommes donc plus près de True Lies qu'autre chose, sauf que celui-ci misait notamment sur le fun et l'humour décalé alors qu'Avatar se veut extrêmement sérieux.

Avatar est donc plus un film de divertissement bien foutu qu'un véritable chef-d'œuvre, la faute à un fond pas assez développé. Le plaisir est là mais on pouvait s'attendre à beaucoup mieux de la part de Cameron. Reste à voir si la version longue du film peut changer la donne et si les suites du film sauront apporter des problématiques intéressantes au détriment d'une portée grand public. Dans ces deux cas, cela prouvera que l'énorme succès d'Avatar n'était voulu que pour pouvoir créer quelque chose d'encore plus ambitieux par la suite. A voir donc...