Dans la brume électrique (Bertrand Tavernier, 2008)
Finalement, on se fout un peu de l'enquête policière assez sinueuse de toute façon pour se passionner pour le personnage de Tommy Lee Jones et l'ambiance du bayou capté avec passion par Tavernier. Il a une manière très rapide et efficace d'aborder les différents thèmes du film (raciaux, sociaux, l'ouragan Katrina, le cinéma, la vieillesse, le doute) qui rappelle que l'homme adore le cinéma de Walsh ou de Wellman qui ont souvent su intégrer la richesse des propos sans appuyer le trait tout en les intégrant dans la structure du film.
Il est tout de même dommage que la mise en scène même ne soit pas toujours aussi bien dosé car il y a quelques baisses de rythme et de qualité dans la réalisation. Cela dit, elle semble se justifie par le personnage de Tommy Lee Jones dont les scènes avec les soldats sont beaucoup plus "virtuose" que son quotidien pépère ou que dans ses explosions de violences froides et presque détachées.
Ça crée ce climat étrange qui fait penser à une course fatiguée avec ses inspirations et ses expirations ; ses moments creux, ces accélérations qui donnent le tournis une fois que le sang monte à la tête et qu'on cherche un nouveau souffle.
Ça ne révolutionne ni le polar, ni la carrière du cinéaste mais cette atmosphère presque Tarkovskienne (le dernier plan aurait fait gentiment sourire le réalisateur de Stalker) fascine le spectateur sur la durée.
A part ça, les acteurs sont très bon dans l'ensemble (John Goodman en fait peut-être un peu trop), la musique est excellente (du blues Cajun à la Clifton Chenier ; présence de Buddy Guy dans le casting et la BO) et la photo généralement à la hauteur.
En fait, il vieillit plutôt bien ce Tavernier.
7/10