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Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 13:58
par Scalp
Ah bein quasiment tout pareil que moi ta critique.

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 14:08
par Niko06
:wink: ça fait chier quand même qu'il ait fait ce truc :x

Grotesque - 6,5/10

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 14:13
par Niko06
Grotesque
de Kôji Shiraishi

Image

Carrément banni des écrans anglais par la BBFC qui rappelle au passage que l'institution est un des plus gros censeurs de l'histoire, Grotesque a bénéficié tout de même d'un joli coup de pub bien orchestré par ses producteurs malins. Pourtant le titre résume à lui seul le propos du film, une gigantesque mascarade à ne surtout pas prendre au sérieux sous peine de passer un sale moment. Pour bien saisir la blague et quelle en est la cible, il suffit de lire l'accroche "Unrated Version" sur l'affiche qui se moque ouvertement de tous ces Unrated ou Director's cut qui fleurissent sur les jaquettes DVD des films de genre occidentaux, comme pour se justifier d'avoir du retirer quelques inserts gores afin de ne pas choquer un public qui s'était pourtant déplacé pour ça! Grotesque n'est pas une parodie mais plus une caricature d'un genre à la mode aux USA, le torture-porn movie (nom bien aguicheur mais un poil mensonger), et dont les principaux représentants sont bien entendu la série des Hostel ou des Saw, et leurs promesses jamais tenues...

Le fait que cette caricature nous vienne du Japon sonne un peu comme un ras-le-bol par rapport à ses américains qui en plus de faire des films souvent ennuyeux avec quelques scènes chocs ont tout simplement pillé leur cinéma... car oui, la torture sur grand écran est avant tout une tradition nippone!
Et d'entrée de jeu, pour bien souligner le manque d'efficacité des ces films, le réalisateur ne prend même pas le temps de créer une scène d'exposition et balance son couple de jeunes gens aux mains du tortionnaire au bout de 3 minutes... Habitué des films d'horreur plus classiques (on lui doit entre autres le très moyen Ju-Rei), Kôji Shiraishi change carrément de style en livrant une bonne heure de tortures physiques et psychologiques non-stop (sur 1h15 de film c'est pas mal quand même!). Et il n'y va pas avec le dos de la cuillère le bougre!!

Ça commence gentiment à coups de marteau ou de scalpel, le tout sur une musique en perpétuel décalage, pour aboutir rapidement sur une scène de viol a mano sur les deux, comme pour les libérer d'une certaine tension sexuelle (les pauvres n'avaient même pas eu le temps de consommer...) et prétexte à du squirting... Et quand le bourreau psychopathe pervers annonce que la vraie douleur arrive, on le croit sur parole! Le réalisateur nous sort alors l'artillerie lourde de la torture, avec ce médecin toujours très calme mais très bavard, avec des outils déjà vus mais toujours efficaces. Découpage des membres à la tronçonneuse (ou au scalpel pour le membre le plus précieux de monsieur), des clous plantés là où ça doit faire très mal, des aiguilles, des ciseaux... Niveau hémoglobine, au contraire de ce qui s'est passé chez Eli Roth, on en a pour son argent tant Shiraishi grossit le trait au maximum.

Il jongle assez habilement entre la violence hors-champ et les gros plans gores pour notre plus grand plaisir sadique. Mais si les images sont clairement dégueulasses, on navigue en plein second degré, dans le grotesque donc... Ainsi il en fait tellement que c'est grand-guignolesque, ça pourrait être dégoûtant mais le ton rend la chose plutôt marrante, tout comme l'utilisation de la musique classique comme fond sonore pour ces séances de torture. Et pour ceux qui n'avaient peut-être pas saisi qu'il n'y avait rien de bien sérieux dans tout ça, après une ultime boucherie, il livre un final avec explications débiles et images juste... grotesques! La BBFC lui a reproché de présenter des images sadiques sans qu'il y ait de réelle caractérisation des personnages et de leurs motivations, c'est tout à fait vrai! Mais franchement, est-ce qu'on peut sérieusement dire que les personnages d'Hostel sont bien écrits??? Je crois pas non...

Tourné en totalité caméra à l'épaule dans un soucis de réalisme, on ne peut pas vraiment dire que Grotesque soit un film "beau", mais la photo plutôt soignée le place un cran au-dessus des autres production nippones à l'aspect souvent très cheap.
Bien sur il s'agit là d'un film à ne pas mettre devant n'importe quels yeux car s'il y a bien plus extrême on a quand même droit à des images bien crades et une ambiance assez réaliste qui peuvent choquer un public incapable d'accepter un second degré évident ou de prendre ses distances vis-à-vis du film.
Mais si on aime bien les films relativement trashs, le gore qui tache, et si on n'aime ni les happy ends ni les arnaques d'Eli Roth, il faut voir ce film qui transcende un budget sans doute très maigre en se posant finalement comme le torture-porn ultime que ne pourront jamais réaliser des occidentaux trop soucieux de la bonne morale.


6.5/10

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 17:50
par Solodzo
Le second degré est très appréciable sur ce film mais j'aurais aimé plus d'imagination niveau torture, c'est un peu trop conventionnel.

Ca aurait été plus ambitieux de dire voilà on se fout des américains (avec un second degré bien surligné tout au long du film) mais en disant aussi regardez ce qu'on peut faire niveau gore et là envoyer la sauce, ça aurait fait un bien meilleur film.

Ici on reste dans le sympathique et l'anecdotique.

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 18:18
par Niko06
Bah merde le coup de l'intestin c'est pas anecdotique, j'avais jamais vu ça moi!
Après oui ils auraient pu en rajouter mais ça tomberait très vite dans l'excès et la parodie

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 18:58
par Solodzo
Oui d'accord il y a l'intestin mais après ça? Tu le dis toi même il ressort les outils conventionnels de la torture.

Je ne dis pas qu'il faut en rajouter, je dis qu'il aurait dû faire plus original et plus efficace. Pour le coup je n'ai pas été spécialement heurté par les scènes de torture qui sont grosso modo du même calibre que dans Hostel.

Il aurait dû donner une leçon de cinéma gore, là il se moque mais ne fait pas mieux. Ni pire d'ailleurs. Ca manque un poil d'ambition.

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 19:04
par Niko06
Mais d'où il ne fait pas mieux? Y'a 1h de tortures sur 1h15 de film, dans Hostel t'en as 20 minutes pour 1h30!
La seule ambition c'était de se moquer de tous les pseudos unrated qui sont à chaque fois frustrants, et sur ce point il est inattaquable car c'est ce qu'il fait.

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 19:09
par Solodzo
Ah mais la durée pour moi n'est pas un critère. Je regarde l'efficacité des scènes. Tu peux avoir 20min de torture intense, éprouvante, marquante comme tu peux avoir 1h de torture non stop mais fade et conventionnel.

Je suis d'accord, il réussit parfaitement à se moquer des unrated américains mais j'aurais aimé un peu plus, tu seras d'accord que ça reste un film moyen. Il n'a pas ce côté éprouvant qu'il aurait pû avoir, après est ce compatible avec le second degré?...

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 19:14
par Niko06
Ben ça n'aurait plus été le même genre de film je pense. Pour qu'une scène de torture soit vraiment efficace il faut qu'elle soit réaliste, et dans ce cas là tu n'as plus de 2nd degré possible... je crois

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 19:16
par kenshiro
Cette discussion devrait plaire à kiki :mrgreen:

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 19:19
par Solodzo
Il aurait pu faire un film en 2 parties.

D'ailleurs je pensais que c'est ce qu'il ferait après l'interlude où le médecin soigne le couple


Première partie je me fous des unrated, deuxième partie plus marquante, éprouvante et noire.

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 26 Oct 2009, 21:53
par Eikichi Onizuka
kenshiro a écrit: Cette discussion devrait plaire à kiki :mrgreen:


:eheh:

Bons baiser de Bruges - 8/10

MessagePosté: Mer 28 Oct 2009, 14:16
par Niko06
Bons Baisers de Bruges
de Martin McDonagh

Image

Ne surtout pas se fier à ce titre français ridicule qui parodierait presque un James Bond, ce film n'a rien d'un film d'espionnage avec des gadgets, ni d'un polar et encore moins d'un film d'action. In Bruges est un film d'ambiance, une sorte de comédie inclassable à l'humour noir dévastateur et à la mélancolie permanente. Choisir d'envoyer des tueurs à gage dans un lieu aussi pittoresque tient du coup de génie tant le décalage entre la tranquillité de cette ville et le caractère extrême des deux tueurs british est énorme! Pour son premier long métrage Martin McDonagh, metteur en scène de plusieurs pièces de théâtre, trouve le ton parfait pour cette histoire parfois à la limite du surréalisme mais qui bénéficie d'un scénario en béton, d'une mise en scène de qualité et d'acteurs juste parfaits pour un ensemble qui ne ressemble à aucun autre film, et surtout pas à ce qu'on pouvait attendre...

La surprise est de taille quand on s'attendait plus ou moins à une sorte de polar, genre aujourd'hui hyper formaté et fréquenté majoritairement par des copies de copies d'excellents films. McDonagh vient d'emblée poser une ambiance étrange à travers le monologue intérieur de Ray, In Bruges sera une sorte de ballade désenchantée pour deux tueurs en perdition, l'un ayant commis une grosse boulette pour son premier contrat, l'autre semblant quelque peu blasé par sa "professions". Et contrairement au film de vacances raté de Woody Allen (Vicky Cristina Barcelona) la ville de Bruges tient ici un rôle capital en étant le 4ème personnage principal du film. Loin d'une imagerie de carte postale, on la voit comme un lieu idéal de vacances tranquilles avec des merveilles culturelles à découvrir ou tout simplement comme un véritable enfer de morosité.

Pendant les 3/4 du film on suit donc ces vacances forcées, ces pérégrinations d'un duo insolite, deux personnages opposés à l'extrême mais qui s'avèrent complémentaires l'un à l'autre. C'est l'occasion de découvrir des lieux qui ont l'air magique et d'en savoir plus sur les tourments psychologiques des deux tueurs. Mélancolique et torturée, c'est je pense la meilleur façon de décrire cette escapade flamande tant ces personnages semblent au bout du rouleau. On sent que Ken en a trop vu dans ce métier et qu'il a le désir de se poser, même s'il sait que c'est impossible. Ray lui est nouveau et l'erreur de son premier contrat l'a anéantit. On le devine assez vite dépressif, ne souriant jamais et insensible au charme atypique de la ville, on le découvre carrément suicidaire, enchaînant les excès en tout genre...

Outre une mise en scène joliment posée, la réussite du film repose sur son casting. Ken est interprété par l'éternel second rôle Brendan Gleeson qui trouve là un rôle à la mesure de son immense talent. Il est extraordinaire dans ce personnage mûr, réfléchi, et qui joue une sorte de grand frère pour Ray. Lui apparaît sous les traits de l'excellent Colin Farrell. Entre chien fou et clown triste en pleine dépression, il est énorme! Que ses détracteurs que je ne comprendrai jamais regarde ce film pour bien appréhender l'étendue de son talent... toujours à la limite du cabotinage, il est drôle, triste, pathétique... A leurs côtés Ralph Fiennes qui n'apparaît qu'au dernier acte est irréprochable comme d'habitude, les français Clémence Poésy et Jérémie Renier sont aussi de l'aventure pour un casting en tous points parfait!

In Bruges jouit d'un scénario extrêmement bien huilé et surtout de dialogues succulents. Les personnages et leurs petites querelles sont écrits avec réalisme et soucis du détail, ce qui rend chaque situation intéressante. Ma préférence va bien sur aux scènes avec Ray l'irlandais, ses déclarations complètement absurdes, ses réactions instinctives et son dialogue permanent avec lui-même qui lui fait faire des choses débiles (la scène du restaurant où il parle des vietnamiens est juste énorme). Très drôle, mais aussi carrément dramatique le film est avant tout très original, mariant l'humour noir, l'émotion et le burlesque avec une virtuosité certaine. Certes on peut lui reprocher une idylle un peu inutile et une certaine baisse de régime à l'apparition de Harry (Ralph Fiennes effrayant à outrance!) mais on lui pardonne aisément.

Très bien construit, avec un final étonnant par sa violence soudaine (même si on sentait que ça allait arriver), In Bruges a tout du film inoubliable. Par sa simplicité et sa liberté de ton, mais surtout par ce décalage permanent, il véhicule plein de choses... On rigole beaucoup (les histoires avec le nain sont excellentes, sans même parler de la manchette que lui met Ray) mais c'est aussi très sombre quand même... errance désabusée mêlée à de gros coup d'éclat jouissifs, je ne trouve vraiment pas de points de comparaison, c'est juste follement original, mis en scène et narré avec talent, joué par des acteurs de grande classe... non, vraiment ces Bons Baisers de Bruges sont une immense réussite de la comédie noire et ce qui est certain c'est qu'on va suivre la carrière de monsieur McDonagh avec la plus grande d'attention!!

Maybe that's what hell is, the entire rest of eternity spent in fucking Bruges.


8/10

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Mer 28 Oct 2009, 14:56
par Jeff Buckley
C'est ce qu'on appelle "revisiter le genre". :love: J'ai été piqué au vif et un 2eme visionnage s'impose de par la richesse des dialogues et du scenario au sens large.
Une promo quasi inexistante et un film qui a dû en destabiliser plus d'un. Je pense à tous ceux qui limitent Farrell à ses performances d'étalon bourré aux hormones et bourreau des coeurs comme dans Miami Vice ou plus finement dans Phone Game. Farrell n'a rien à envier aux plus grands, n'en déplaise à beaucoup.

Super critique. :super:
Tu peux pas pondre une merde (inspire-toi de Zack :chut:) parce que ca en devient lassant.

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Mer 28 Oct 2009, 14:57
par Niko06
Merci :wink: La prochaine est plus légère :eheh: