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Dog Bite Dog - 9/10

MessagePosté: Lun 20 Avr 2009, 09:26
par Niko06
Dog Bite Dog
de Soi Cheang

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En 2004, Soi Cheang, jeune réalisateur jusque là plutôt vu dans l'horreur (comédie ou vrai film d'horreur), nous mettait une claque immense avec Love Battlefield, polar sec avec juste ce qu'il faut de drame et un final bouleversant qu'on peut considérer comme un des meilleurs films sortis de HK (mais longtemps inédit chez nous...) depuis très longtemps!
2 ans (et 2 films) plus tard il revient bouleverser son monde avec cette bombe sortie de nulle part, film sur lequel on aurait pas forcément parié vu le casting (difficile de miser sur un projet avec Edison Chen) mais qui à la fin de la projection ne laisse aucun doute : c'est une véritable tuerie, un festival de violence qui marquera durablement les esprits. Moins subtil et intelligent que Love Battlefield, Dog Bite Dog n'en est que plus définitif.

Débutant sur des images à priori réelles de la population du Cambodge vivant dans des déchetteries Dog Bite Dog nous met dans le bain d'entrée de jeu, ça sera un film crasseux. Des enfants qui combattent à mort dans des arènes ressembalnt à celles utilisés pour des combats de chiens, Edison Chen est l'un d'entre eux, il a grandi et est devenu le tueur parfait, car ne craignant pas la mort et ayant perdu toute trace d'humanité. L'idée était déjà présente dans Danny the dog (le seul vrai film de l'écurie Besson) et se retrouve ici poussée à l'extrême. Ce tueur qui tient plus de l'animal que de l'être humain est interprété par un Edison Chen qu'on n'a jamais vu aussi bon, sauf peut-être dans la voie du jiang hu et infernal affairs. Il est littéralement habité par son rôle, ne parlant presque jamais, complètement imprévisible dans ses gestes, impulsif et ne craignant pas grand chose... En face de lui le souvent très bon Sam Lee, qu'on avait découvert dans Made in Hong Kong de Fruit Chan il y a maintenant plus de 10 ans. Il incarne un flic borderline, torturé au possible, et qui va peu à peu perdre pied (faut dire qu'avec ce qu'il subit y'a de quoi pêter un câble!) jusqu'à devenir lui aussi un animal violent et porté par son seul désir de vengeance.

La mise en scène de Soi Cheang se met complètement au service de ce propos hyper violent et d'une ambiance de mémoire jamais vue. C'est la première fois qu'on voit un Hong Kong aussi dégueulasse et pourri! Tourné en majorité caméra à l'épaule mais très bas (presque à hauteur de chien finalement), donc avec beaucoup de contre-plongée, on ressent en permance une étrange sensation d'écrasement. Avec la quasi totalité du film de nuit et l'utilisation de filtres verdatres et jaunes, l'ambiance qui en résulte est vraiment glauque et poisseuse. Il n'y a bien que dans la toute dernière partie au Cambodge qu'on a un peu de lumière, mais elle est écrasante.

Le propos du film n'est pas très fin et n'appelle pas vraiment à une quelconque réflexion. On est dans de la violence presque gratuite qui risque de rebuter les petites natures. Mais il n'y a pas que ça. les deux personnages principaux sont très bien écrits et tellement bien joués qu'on s'atatche vraiment à eux. Leur évolution est vraiment intéressante car leurs destins vont se croiser comme dans un jeu de miroirs, l'un perdant tout espoir en l'homme et donc son humanité, l'autre au contraire s'en découvrant une et prenant même goût à la vie grâce au personnage féminin du film, rôle difficile d'une fille ayant perdu sa mère et abusée depuis des années par son père qu'assume à la perfection la débutante Pei Pei, fragile et pleine d'espoir.
Mais il y a aussi cette image d'une police gangrénée par le vice, dans laquelle les hommes droits de font pas de vieux os n'ont plus (excellents seconds rôles de Suet Lam et Cheung Siu-fai).

La grosse qualité de Dog Bite Dog est d'aller vraiment jusqu'au bout de son sujet, sans jamais faire de compromis, sans humour, avec une violence vraiment brutale et des personnages qui sont tous perdus. Que peu d'espoir dans toute cette noirceur, les quelques moments d'accalmie ne durent jamais longtemps et il n'y aura qu'à la toute fin, dans une scène à la fois très violente, tragique et d'un lyrisme jusque là absent que naîtra un semblant d'espoir. C'est amené de façon un peu maladroite mais c'est très beau. Mais malgré ce dernier rayon de soleil salvateur c'est un film extrêmement pessimiste.

9/10

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 20 Avr 2009, 15:48
par Eikichi Onizuka
Tyseah a écrit: Bon par contre pour la pub bretonne là, j'ai pas pu m'empêcher d'applaudir, parce que là c'était un peu un chef d'oeuvre. 8) :eheh:


tu m'étonnes :respect:

Voie du Jiang Hu (La) - 7,5/10

MessagePosté: Lun 20 Avr 2009, 19:04
par Niko06
La Voie du Jiang Hu
de Wong Ching-po

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La rétrocession de Hong Kong à la Chine a complètement bouleversé l'industrie du cinéma HK, plusieurs réalisateurs sont partis à l'étranger et le bouillonnement d'idées qui faisait le charme et l'âme même de ce cinéma a peu à peu disparu. Le polar, genre phare qui aura influencé le monde entier alui aussi commencé à tourner en rond mais heureusement dans les années 2000, certains ont décidé de reprendre les choses en main et de renouveler le genre, parfois avec succès. Eric Tsang, qu'on connait surtout comme acteur (men suddenly in black, infernal affairs...), s'est fixé comme objectif en tant que producteur de dénicher de jeunes réalisateurs capables de relancer une industrie au ralenti, des réalisateurs avec une "patte", Wong Ching-po, qui jusque là n'avait qu'un seul long métrage au compteur (Fu Bo, premier essai décevant mais très intéressant), fait partie de cette vague est s'est retrouvé aux commandes de ce film haut de gamme.

Haut de gamme par son casting bien sur avec en têtes d'affiche Andy Lau (infernal affairs, le secret des poignards volants, running out of time...) et Jackie Cheung (une balle dans la tête, swordsman, les cendres du temps...), deux stars immenses que ce soit au cinéma ou dans la chanson. A leurs côtés deux autres stars de la nouvelle génération, Edison Chen (Dog bite dog, the twins effect, infernal affairs...) et Shawn Yue (Dragon Tiger Gate, infernal affairs, initial D...), popstars à fort potentiel capables d'ameuter des jeunes filles en furie par milliers et parfois capables d'être de vrais acteurs (vraiment pas souvent mais ça arrive...). On retrouve aussi une belle galerie de seconds rôles avec Eric Tsang, Chapman To et Suet Lam (pas un film ne se fait sans l'un des deux!), Norman Chu (vétéran de la Shaw Brothers) ou encore Gordon Lam (Mad Detective, infernal affairs...). Très beau casting!

S'entourant également d'une équipe technique ayant fait ses preuves sur de gros films par le passé (au hasard Crime Story, infernal affairs, fong say yuk!), Wong Ching-po met toutes les chances de son côté pour réussir son pari.
Et le résultat est terriblement classe! Une image léchée qui semble au croisement de Johnnie To et Wong Kar Wai, parfois nerveuse, parfois sensuelle, avec de belles envolées lyriques, La voie du Jiang Hu a vraiment de la gueule! Côté scénario ça semble plutôt basique avec ces 2 histoires en parallèle, d'un côté les deux chefs de gangs bien établis, de l'autre deux petites frappes pleines d'ambition qui doivent remplir leur première mission : tuer un chef de gang. On sent le dénouement venir à 3 kilomètres mais c'est tout de même bien emmené.

Alors certes on peut reprocher au réalisateur de vouloir en faire trop. Trop esthétisant, trop clinquant, trop creux finalement... il y a un peu de vrai là-dedans mais le manque de profondeur du scénario est masqué par cet aspect visuel absolument superbe, plein de trouvailles et d'idées en tout genre. Et le fait que le film soit plutôt court (1h20) permet de garder un rythme qui ne faiblit jamais.
La seule scène vraiment étrange restera cette discussion dans le restaurant où la table à laquelle sont assis Hung et lefty semble "flotter"... l'effet est assez bizarre et semble surtout inutile! Mais ça reste anecdotique.

Les acteurs sont tous très bons, d'ailleurs ça fait plaisir de revoir Jackie Cheung qui est vraiment trop rare au cinéma alors qu'il a un talent immense! ce rôle lui aura permis d'enchainer sur le très beau Perhaps Love de Peter Chan où il a pu mélanger ses deux passions mais depuis plus rien...
Et puis, le film brasse de beaux thèmes, comme la responsabilité envers sa famille et le conflit qui en découle avec ses frères d'arme, ou tout simplement les notions de fraternité, de respect et de fidélité...
La fin superbe sous la pluie vient clôturer un film qui sera peut-être oublié, car son scénario n'est peut-être pas à la hauteur de ses ambitions graphiques, mais c'est un polar d'une classe folle. Et quand on sait qu'en plus il a été tourné et monté en 2 semaines, ça a de quoi impressionner!

7.5/10

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 20 Avr 2009, 19:24
par Scalp
j'ai d'excellent souvenirs de ce film, me rappelle bien avoir été bluffé par la structure narrative.

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Lun 20 Avr 2009, 19:32
par Niko06
carrément! On croirait vraiment pas le film d'un débutant :shock:

Famille Tenebaum (La) - 8,5/10

MessagePosté: Mer 22 Avr 2009, 19:28
par Niko06
La Famille Tenenbaum
de Wes Anderson

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Il y a des films comme ça dont on préfère rester à l'écart pour des raisons inexplicables, des à-prioris stupides qui font passer à côté de grands films. Malgré un casting énorme et d'excellentes critiques, la famille Tenenbaum est de ces films là... Et bien après l'avoir vu je regrette d'avoir attendu aussi longtemps car c'est un film fascinant! Wes Anderson bénéficie d'une grosse cote de popularité auprès des cinéphiles, ce qui peut paraitre incompréhensible tant qu'on est pas entré dans son univers, mais une fois le pas franchis on n'a qu'une envie, découvrir ses autres films (la vie aquatique, the darjeeling limited...).
Ce réalisateur possède une vraie "patte", marque des grands auteurs, une vision du cinéma différente qui se traduit par une oeuvre atypique et très attachante.

Déjà, le casting a de quoi impressionner! Gene Hackman, Ben Stiller, Angelica Huston, Luke Wilson, Owen Wilson (également scénariste), Gwyneth Paltrow, Bill Murray, Danny Glover... pour réussir à rassembler autant de beau monde il n'y a pas beaucoup de solutions : un budget énorme, beaucoup d'amis ou un vrai talent. On s'en doute, c'est la dernière option qui l'emporte ici.
Si le synopsis n'a rien de vraiment excitant, un patriarche à priori mourant désireux de réunir sa famille au complet pour ses derniers instants, mais cette belle brochette d'acteurs ne se contente pas de faire acte de présence et tous livrent d'excellentes prestations. Le ton très pince-sans-rire du film leur permet de jouer des rôles aux antipodes de ce qu'ils font d'habitude et ils impressionnent.

Le plus étonnant restera Ben Stiller qui fait preuve d'un talent dramatique presque insoupçonné, à mille lieux de ses pitreries chez les Farrelly's ou autres.. Car en plus d'être drôle, la famille Tenenbaum est aussi un film tragique. Tragique car cette famille exceptionnelle, 3 enfants surdoués pour la finance (Stiller), la littérature (Paltrow) ou le tennis (Wilson), a complètement explosé en grandissant. Les enfants devenus adultes ont tous des blessures ouvertes, cherchent plus ou moins à renier leur famille et leur passé tout en y restant ancrés. On le voit grâce à l'utilisation d'accessoires : la bandeau du joueur de tennis, la tenue de l'écrivain dépressif... Tous ces personnages souffrent et tentaient d'enfouir leur souffrance dans une vie tranquille illusoire, mais le retour du père va leur remettre la réalité en face!

Pas simple de mettre des mots sur cette tragi-comédie qui n'obéit à aucun code, un cinéma qu'on pourrait définir comme au croisement de Woody Allen, P.T. Anderson et l'humour anglais pour ce détachement dans la mise en scène, mais ce serait réducteur.
Wes Anderson nous offre un film auquel on ne peut pas s'attendre, un film différent, loufoque dans le propos mais pas dans la mise en scène (très posée, plans fixes, grand angle...), finalement un film tout simplement surprenant, où les situations tristes sont traitées avec humour, mais un humour intelligent. A noter aussi une superbe utilisation de la musique.
A découvrir!

8.5/10

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Mer 22 Avr 2009, 19:29
par zack_
J'ai trouvé ce film affreux-sement chiant :x

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Jeu 23 Avr 2009, 09:26
par Hannibal
Comme toi Zack, ça m'a un peu saoulé ce film à l'époque mais il faudrait que je le revois peut être...

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Jeu 23 Avr 2009, 10:32
par Riton
Niko06 a écrit: La Famille Tenenbaum
de Wes Anderson

+1, il est très bon ce film.

Niko06 a écrit:Déjà, le casting a de quoi impressionner! Gene Hackman, Ben Stiller, Angelica Huston, Luke Wilson, Owen Wilson (également scénariste), Gwyneth Paltrow, Bill Murray, Danny Glover... pour réussir à rassembler autant de beau monde il n'y a pas beaucoup de solutions : un budget énorme, beaucoup d'amis ou un vrai talent. On s'en doute, c'est la dernière option qui l'emporte ici.


Oui et non, car Wes Anderson est pote avec les frères Wilson. Ils ont d'ailleurs financé ensemble le premier film de Wes il me semble. Puis vu que les Wilson sont potes avec Stiller ...

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Jeu 23 Avr 2009, 10:37
par Niko06
ouais remarque... ça n'empêche pas que ce réal a un talent fou et original! :wink:

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Jeu 23 Avr 2009, 10:43
par Riton
Ah mais je suis entièrement d'accord avec toi sur ce point.

Coq de combat - 7/10

MessagePosté: Jeu 23 Avr 2009, 10:48
par Niko06
Coq de Combat
de Soi Cheang

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Après avoir reçu les faveurs du public pour son Love Battlefield poignant et son Dog Bite Dog bien énervé, Soi Cheang revient avec un film dans lequel on pouvait placer beaucoup d'espoir. En effet en adaptant le manga Shamo d'izo Hashimoto, oeuvre violente et sexuelle sans morale, on en attendait beaucoup tant le précédent film du réalisateur nous laissait apercevoir un certain penchant pour l'ultra violence. Déception avant même d'avoir vu le film, il n'est classé à Hong Kong qu'en catégorie IIB, gros budget avec des fonds japonais oblige, et à priori expurgé de la noirceur originale du manga.
Et à la vision du film, c'est confirmé, on est loin de la claque Dog Bite Dog, très très loin même! Déception oui, mauvais film surement pas.

C'est pas tant que le film soit mauvais en effet, il y a beaucoup de bonnes choses. Mais si on est fan du manga il y a de quoi crier au scandale. L'adaptation est complètement râtée, la violence est édulcorée et l'aspect malsain du manga vis à vis du sexe (Ryo viole pour se calmer) a disparu. Que reste-t'il alors? Le personnage de Ryo Narushima, interprété par un grand Shawn Yue, magnifique même tant il s'éloigne de son image de beau gosse dans un rôle de fou furieux, dévasté par la prison et pour qui le karaté est devenu la seule raison d'exister. Un être plutôt abject qui, s'il a réels dons pour le combat, n'éprouve aucun remords à tricher lamentablement et de façon très cruelle s'il est en difficulté. Il manque tellement de repères que son côté animal prend souvent le dessus, et lui permet de vaincre des adversaires physiquement au dessus de lui, simplement par la haine et l'énergie animale qui l'animent.

S'il suit un shéma à priori classique du film de voyou devenant champion (meurtre, prison, entrainement, gloire... ou presque) Coq de Combat se démarque par une absence de morale et un manque de respect flagrant à l'univers des arts martiaux. En effet, celui qui devient le "maitre" de Ryo, Kurokawa, joué par un Francis Ng qui en fait des tonnes dans la coolitude, fume le cigare, vide les bouteilles de whisky à toute vitesse et préconise l'utilisation de stéroïdes! On est bien loin des enseignements habituels... Les personnages sont à peu près tous des raclures ou des êtres tellement broyés par la vie qu'ils semblent avoir perdu leur âme. Ca reste quand même très sombre!

Outre la perte d'humanité, il y a un autre thème qui rejoint Dog Bite Dog, mais moins évident. Il s'agit du choc des cultures. Dans le film précédent on le voyait à l'écran avec un tueur cambodgien qui vient perturber Hong Kong comme jamais, ici c'est tout le film qui est contaminé par ce mélange : Japon, Hong Kong et Thaïlande. S'il est censé se passer au Japon, on n'en reconnait pas grand chose niveau architectural ou culturel, les acteurs également viennent de tous horizons, production asiatique et non pas seulement HK oblige. Au passage c'est un peu dommage d'avoir doublé en cantonais les acteurs japonais... ça perd un peu de charme.

Personnages torturés, violence omniprésente, Coq de Combat rejoint sur de nombreux points le film précédent de Soi Cheang. On le voit aussi sur beaucoup de scènes qui reprennent des couleurs très jaunes et glauques. Toujours réalisé avec une grande classe, Coq de Combat nous emmène dans un voyage auquel on ne s'attendait pas, c'est sans doute pour cela qu'on est déçu au premier abord (sans reparler de l'adaptation râtée), mais le film mérite qu'on lui laisse une chance. Moins définitif que Dog Bite Dog, il contient pourtant un message plus profond absent de ce dernier. A voir au second degré donc, en faisant fi du pseudo twist final, vite désamorcé par un dernier coup bien vicelard!

7/10

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Jeu 23 Avr 2009, 12:40
par zack_
Y a une critique d'un super film que j'attends :love:

Death Sentence - 8,5/10

MessagePosté: Ven 24 Avr 2009, 15:14
par Niko06
Death Sentence
de James Wan

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Venant du réalisateur de Saw on pouvait s'attendre à tout sauf à ça. Après un essai à priori pas mal du tout dans l'horreur avec Dead Silence, il continue son exploration du film de genre en s'attaquant à celui bien particulier du Vigilante, genre remis au goût du jour il y a peu par Neil Jordan pour A Vif. Et bien sur le film parlera bien plus aux amateurs de ces films ancrés dans les années 70 comme Vigilante de Lustig, Un justicier dans la ville de Winner ou les Dirty Harry lancés par Siegel, du cinéma contestataire et politiquement incorrect comme on n'en fait plus et où on prône la vengeance et la justice sauvage, preuves d'une justice corrompue et incapable de prendre les bonnes décisions.
Et pour prendre le relais des grands (immenses) Charles Bronson et Clint Eastwood, devenus les incarnations du Vigilante, Kevin Bacon s'avère être le meilleur choix possible, énorme film!

Avec un scénario tiré d'une nouvelle de Brian Garfield, tout comme un justicier dans la ville, Death Sentence s'éloigne d'emblée du film avec Jodie Foster qui s'encombrait d'une pseudo réflexion sur la vengeance personnelle, comme s'il se cherchait une excuse aux actes commis. Ici on est dans un étalage de haine pur et simple, et les quelques regrets que laisse apparaitre Nick Hume sont vite effacés pour n'en faire qu'une bête sauvage n'ayant plus rien à perdre, un homme parmi les loups qui n'a pas d'autres choix que de suivre les règles en vigueur dans le milieu auquel il s'attaque, un milieu vraiment éloigné du sien.

Le ton résolument jusqu'auboutiste est la grosse réussite du film. Aucune concession n'est faite à une morale quelconque, James Wan ne juge jamais ses personnages qui de toute façon se jugent eux-mêmes, le choix restera au spectateur de se faire son opinion sur le bien et le mal présentés ici. Le message est clairement réac, ce qui peut choquer mais qui à mon avis personnel rassure sur un cinéma de genre qui est en train de renaitre et se permet de sortir des oeuvres aussi fortes qui refusent le politiquement correct. Rien que pour ça le film mériterait toutes les louanges possibles. Mais heureusement il a bien d'autres qualités.

Pour l'interprétation c'est un sans faute absolu, Kevin Bacon est génial, toujours juste, son évolution mentale se traduit par un changement physique radical et l'abandon progressif de toute forme de language. En face de lui, tout le monde assure, Garrett Hedlund impressionne en chef de gang (d'ailleurs tout le gang est génial) et John Goodman campe une sorte de parrain désabusé vraiment limite niveau morale. Mais ils sont tous effacés derrière la vengeance aveugle de Bacon qui bouffe l'écran à chaque apparition.
L'autre bonne surprise c'est la mise en scène de James Wan qui tranche avec l'esbrouffe visuelle qui desservait la tension de Saw.

Si dans ce dernier tous les effets clinquants de mise en scène étaient surtout là pour masquer un manque de budget flagrant, il s'en débarasse ici pour élaborer des plans posés, multiplie les images iconiques de ce pauvre type représentant le modèle du père de famille moyen ayant réussi (les scènes précédant le drame étant d'ailleurs tellement en décalage qu'elles en sont presque ridicules) et qui se transforme en ange de la mort. Le film est très violent mais virtuose, il n'y a qu'à voir la scène du parking, superbement menée. De beaux plans séquences, des scènes d'action qui font bien mal... Wan prouve là qu'il n'est pas un escroc et qu'il a bien du talent en tant que metteur en scène.
Voilà un film qui fait plaisir, régressif, amoral, violent, c'est le digne descendant de ces grandes séries B des 70's, la grande époque du cinéma libre. Et c'est un sacré bout de pelloche!!

8.5/10

Re: [Niko06] Mes critiques en 2009

MessagePosté: Ven 24 Avr 2009, 15:51
par zack_
Mon gros coup de coeur de l'année dernière!
J'ai adoré la réalisation, le scénario, l'accroche du film et l'interprétation de Bacon!
C'est du tout bon :D A voir absolument :love: :love: :love: