La Mouche |
Fuuuuuuuuuuuuuusion ! | 9/10 S’il est un réalisateur auquel on pense quand on évoque le cinéma horrifique des années 80, c’est bel et bien Cronenberg. Et La mouche est l’un des fers de lance de son œuvre, le film le plus connu du grand public et souvent apprécié à sa juste valeur, une référence du genre qui reprend les thèmes chéris par Cronenberg aux début de son oeuvre.
Ce qui frappe d’emblée de jeu est la façon dont le film a vieilli. A vrai dire, je n’avais vraiment aucun souvenir du film, à tel point que je me demande si je l’avais déjà vu. Et c’est tant mieux car je l’ai découvert sans aucun à priori et donc parfaitement objectif quand au jugement que j’allais pouvoir lui porter. Et bien j’ai clairement été subjugué. Par le travail sur les effets spéciaux d’abord qui sont étonnants de réalisme et qui passent encore aujourd’hui très bien à l’écran. Si les machines tels que les ordinateurs ont quelque peu vieilli, tout ce qui touche à la mutation de Goldblum et ses prouesses en tant qu’homme mouche est tout simplement réussi. Quand il découvre ses améliorations physiques, on est devant un film de super héro, l’enviant sa force, mais dès qu’il se fait absorber par son hôte génétique, on déchante avec lui en étant violemment touché par tout ce qui lui arrive. La perte de ses ongles et de ses dents étant, je pense, ce qui est le plus traumatisant.
Le script quant à lui est génial dans le sens où il ne surcharge pas inutilement l’histoire. Cronenberg choisit de n’insérer dans le récit que 3 personnages, il peut ainsi se focaliser sur eux et les faire évoluer de belle façon en peu de temps. Les 1h30 du film sont ainsi d’une efficacité redoutable et nous captivent du début à la fin. Fin juste et d’une intensité maîtrisée, qui ouvre le générique au bon moment.
[C’est d’ailleurs quelque chose que je relève à propos des films de ces périodes. Ces derniers jours j’en ai vu 3 qui sont dans cet esprit au niveau de leur final, que ce soit Blow Out, Furie ou bien La Mouche, les trois films s’étendent aucunement sur leur fin et laissent à des scènes coup de poing le soin de conclure les hostilités, ce qui est clairement appréciable. Aujourd’hui on a du mal à trouver des films qui ne foutent pas un petit coup de pommade pour conclure, histoire de laisser les spectateurs partir sur un sentiment d’apaisement. D’ailleurs en y repensant, c’est ce qui était sympa également avec Rec, pas de froufrou final pour faire retomber la pression !]Pour en revenir à La Mouche, j’ai donc clairement pris une grosse claque, en me faisant surprendre par un film qui m’a malmené pendant une bonne partie de l’intrigue. Jeff Goldblum est somptueux et clairement habité par son rôle, donnant vie à cette créature qui perd au fur et à mesure de l’histoire son optimisme et son envie de vivre. Les autres acteurs donnent plutôt bien le change, le rival de Goldblum est loin d’être caricatural dans son écriture, ce qui est plutôt cool et Geena Davis nous offre le rôle de la belle avec sensualité et douceur, de quoi tomber aisément sous le charme
Avec La Mouche, on est en présence d’une œuvre majeure de la filmographie de Cronenberg, à tel point qu’on aimerait le voir renouer avec ses premiers amours pour nous sortir un film du genre à notre époque, qu’on puisse enfin aller se rassasier niveau horreur au ciné sans avoir l’impression de subir une démo technologique pour Nvidia !
Et puis, pour le coup, j’ai bien envie de revoir Vidéodrome duquel je n’ai également que peu de souvenirs !