BE KIND, REVIEW!

SHINING
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Stanley Kubrick (1980) | 10/10

En adaptant un roman de Stephen King, le maître Kubrick livre ici son film le plus viscéral et peut-être le plus grand film d'horreur à ce jour.
L'hôtel Overlook tient ici de cadre à ce huis clos terrifiant où un couple avec un enfant vont venir séjourner pour l'hiver. Le père de famille interprété par Jack Nicholson qui trouve ici l'un de ses rôles les plus marquants souhaite trouver dans cet isolement un lieu idéal pour écrire. Mais la folie va le transformer. Schizophrénie, claustrophobie, solitude, perceptions extra sensorielles, apparition de fantômes morbides, cocon familial qui implose, couloirs labyrinthiques : tous les grands thèmes de l'angoisse sont ici réunis dans ce cauchemar cinématographique. Vu au travers des yeux du gamin, l'effroi est encore plus intense. Des plans glauquissimes apparaissent au détour de travellings terrifiants magnifiés par une steadycam surdouée, et la sensation d'isolement est énorme, abyssale. Jamais une maison hantée n'aura été si majes-tueuse et flippante. Et jamais l'hiver n'aura été si "glaçant". Un monument !

L’ANGUILLE
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Shōhei Imamura (1997) | 8/10

Un homme ordinaire apprend, via des lettres anonymes, que sa femme le trompe régulièrement, notamment les nuits où il part à la pêche. Un soir, il revient à l’improviste et la surprend dans les bras de son amant. Froidement, il s’empare d’un couteau de cuisine et la poignarde violemment avant d’aller se dénoncer à la police. Huit ans plus tard, il obtient la liberté conditionnelle et s’installe comme coiffeur dans une petite bourgade...

Seule œuvre d'Imamura que j'ai vu, j'ai une tendresse particulière pour ce film. Réalisé avec une très grande pudeur, l'Anguille est aussi un mélange très étrange comme seul le cinéma japonais peut produire. En s'attachant à cet homme mutique et dénué de remords et à sa reconversion comme coiffeur on oscille entre le drame le plus noir (le meurtre de sa femme, la tentative de suicide de l'étrangère Keiko, la folie de cet homme et de sa relation étrange avec une anguille), et la comédie presque burlesque (la petite troupe folklorique des habitants du village). L'Anguille possède un rythme lent mais la force des non-dits, la simplicité des personnages et la très belle photographie de Komatsubara apportent au film de la profondeur, de la sensibilité et une beauté particulière. La direction d'acteurs aussi est exemplaire. S'il est ici question de problèmes existentiels comme la culpabilité et les relations sociales, c'est au travers de choses simples que la question de l'humanité est posée. Un peu comme du Bruno Dumont, mais en plus drôle, moins intello, moins nauséeux, et avec une infinie tendresse.