NO COUNTRY FOR OLD MEN-------------------------------------------
Joel et Ethan Coen (2007) |
9/10 Revu hier soir à la télé, ce film m'avait laissé perplexe la 1ère fois. Certes le travail des frères Coen m'avait ébloui comme à l'accoutumée (je ne vais pas parler ici de la forme du film, les Coen sont des monstres de réalisation et d'ambiance et encore plus ici ils prouvent leur talent énorme, dirigeant leurs acteurs avec talent et mélangeant à la perfection les genres et les changements de rythme), mais j'étais resté assez sceptique sur le déroulement et la fin du film.
N'ayant pas lu le livre, j'étais je pense passé à côté du message du film, n'en retenant que la violence et le côté pessimiste. Certes c'est un film violent et plutôt pessimiste, mais cette deuxième vision m'a permis de comprendre un peu mieux le propos global du film et de rehausser grandement mon avis. Car certes NCFOM est un film noir et glacial, malgré un décor de western, mais c'est aussi un film nostalgique d'une époque où les bandits étaient des hommes d'honneur (et d'un cinéma où les non-dits et la réflexion étaient au dessus de l'action). Le personnage de Tommy Lee Jones est le trait d'union entre ces 2 époques et on le sent complètement dépassé par les événements. Des événements d'une noirceur crue, qui voient un tueur psychopathe (Javier Bardem phénoménal) mener une traque implacable et impitoyable pour retrouver un homme en fuite (Josh Brolin impeccable). Si l'excuse prise ici est une mallette d'argent de la drogue, cette traque a avant tout des allures de chasse, avec toute la ruse et l'outillage nécessaires.
Et on sait qu'inéluctablement l'issue sera dramatique; les hommes sont caricaturés comme des animaux, comme des chiens de chasse qui ne pensent qu'avec leur flair, et où l'odeur du sang remplace le son et la musique. La seule valeur qui semble importer aux hommes est l'argent et en contrepoint à cela Bardem incarne un personnage intemporel, un ange de la mort avec une sorte de code d'honneur bien à lui, meurtrier certes mais respectueux -lui- d'une certaine justice (il respecte ses promesses, il joue parfois la vie de ses "proies" à pile ou face, il paie la chemise à un gamin à la fin du film - ce qui provoque d'ailleurs la convoitise du 2e gamin). Et le personnage de Brolin, vu un peu comme une victime de ce système, va signer son arrêt de mort (et celle de sa femme) en cédant 2 fois à des sentiments humains (la pitié pour un mexicain blessé et assoiffé, et le rapprochement traité en ellipse avec la femme appât du motel).
NCFOM est peut-être le film le plus noir des frères Coen, et un des plus étranges (en mélangeant ainsi les registres, il me fait penser à mon préféré Barton Fink). Mais le constat s'il apparaît sous la forme d'un cul de sac pessimiste est plus complexe qu'il n'y paraît. Dans un monde bestial, l'humanité est la dernière forme de courage des hommes. C'est en tout cas la seule et unique chose qu'il nous reste en attendant une mort inéluctable.