BE KIND, REVIEW!

OLD BOY
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Park Chan Wook (2003) | 9,5/10

Claque coréenne de l'année 2003, Grand prix du jury à Cannes, Old Boy est à la fois un OVNI et un grand film.
Partant d'un postulat génial, un homme est séquestré pendant 15 ans sans savoir pourquoi puis relâché sans explication, le film suit la quête de cet homme pour comprendre les raisons de son enlèvement. Deuxième film de Park Chan Wook de sa trilogie sur la vengeance, Old Boy est le plus efficace des 3, le plus frontal, avec une réalisation qui multiplie les images choc et les moments de bravoure. C'est aussi un film qui utilise de nombreuses références sensorielles (la vue, le goût, le toucher, l'ouïe) et en plaçant les personnages dans un état de souffrance, en même temps que le spectateur dans un état de mystère constant, le film joue brillamment sur la surprise, l'angoisse et le malaise. Dénuée de sentiments, amorale, nauséeuse, la quête de cet homme aux abois trouve un final qui fait alors place à l'émotion. On découvre alors en même temps que ce personnage la fragilité d'une vie et de la condition humaine.
Film choc et génial, Old Boy est surtout un film mis en scène avec beaucoup d'originalité et de maîtrise, porté par des personnages monstrueux et charismatiques interprétés par des acteurs parfaits, et dans lequel le rythme et le mystère haletants conduisent le spectateur vers un dénouement tragique et profond qui interroge sur la portée des actes.
Une œuvre brillante et emblématique d'un cinéma coréen novateur, qui a livré certaines des scènes les plus magnifiquement malades de ces 10 dernières années, haut la main...

DRACULA
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Francis Ford Coppola (1992) | 10/10

Ce film a marqué mon adolescence, difficile d'en faire une critique objective donc, mais pour moi ce Dracula est peut-être le film de vampires le plus impressionnant, le plus flamboyant ... C'est pour moi en tout cas celui qui possède l'aura la plus magnétique, notamment grâce au parti pris esthétique de coller le plus possible à l'univers du conte : des décors de studio magnifiques et en même temps bien "visibles", des voix off qui permettent de traiter les ellipses, des personnages caricaturaux, des effets de réalisation en tous genres et qui soulignent toujours le propos du film, et des costumes et des monstres, gothiques à souhait. Et puis l'utilisation du mat painting et de FX non numériques font que ce film vieillit très bien. J'ai beaucoup de mal à m'expliquer dessus, mais je trouve que tous ces excès (plastiques notamment) servent parfaitement le propos du film, la crudité de certaines scènes, l'urgence, l'étrangeté et la mythologie des personnages... Ainsi Dracula ressemble à un opéra baroque, avec un côté très classique empreint d'un romantisme noir, et en même temps constitue une vision artistique sublime et mégalo. C'est en tout cas un film certes relativement simple sur le fond (comme un conte) mais passionnant sur la forme: un film que j'apprécie toujours autant, avec notamment un Dracula -lui- complexe et superbement incarné, des scènes et une dramaturgie très efficaces, une BO magnifique de Kilar et Lennox et des images stylisées qui impressionnent durablement. Le genre de projet too much qui aurait pu être un gros navet sans le talent certain de son réalisateur.

LA TOUR MONTPARNASSE INFERNALE
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Charles Némès (2000) | 2/10

Bon ben c'est bien nul. J'ai matté ça hier soir pour la première fois, j'étais passé au travers depuis la sortie. Mal m'en a pris.
J'ai ri 2 fois en fait, le coup de la larme et le coup de la baston hommage à Bruce Lee, et souri 2 ou 3 fois. Pourtant je suis bon public, notamment sur les comédies débiles, mais là ça fait juste pitié, ça fait presque honte de voir un tel niveau de nullité de cinéma et d'humour. L'idée de base était pourtant pas mal : 2 laveurs de carreaux qui se retrouvent impliqués dans une prise d'otages, avec ce qu'il faut de personnages débiles... Mais les dialogues, le jeu des acteurs et la réalisation sont d'un niveau rarement atteint et franchement navrants.
Pourquoi Eric & Ramzy se comportent autant comme des débiles? A petite touche ça pourrait aller, mais à force c'est juste du niveau d'un gamin de CM2... Je ne comprends pas l'intérêt d'en faire autant. C'est franchement trop lourd. Les gags auraient pu rattraper les persos, mais non, on est en dessous de tout (niveau pipi caca et peau de banane...)
Le pire malheureusement vient de la réal nullissime (rhoo les plans de coupe de remplissage avec les images de la tour et celles des flics en bas, c'est juste honteux.. Et puis pourquoi dépenser de l'argent pour un bullet time alors que derrière t'as une des pires scènes de maquette d'hélico jamais filmées). Bon l'absence de moyen ça pourrait passer encore s'il n'y avait pas un total manque de rythme. Et pourtant le script avait de la gueule, avec les références piège de cristal et tout. Et c'est donc dommage car avec un peu d'effort de réal, des vannes drôles, des acteurs dirigés, et un duo Eric & Ramzy moins teubê, ça aurait pu être un peu marrant.
Bon je lui mets 2 parce que je leur en veux pas, mais limite quand même.

LE VOYAGE DE CHIHIRO
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Hayao Miyazaki (2001) | 10/10

Après le fabuleux Mononoke dont le traitement plus adulte lui a offert une légitimité de grand cinéaste, Miyazaki avec son voyage de Chihiro semble avoir voulu créer une passerelle et une synthèse entre l'imaginaire enfantin et des thématiques plus sérieuses. Sorte d'Alice au pays des merveilles, Chihiro est une jeune fille qui lors d'une visite dans un parc à thèmes abandonné, va se retrouver projetée dans un monde fantastique peuplée d'êtres fabuleux, en même temps que ses parents sont transformés en cochons. Chihiro dont le corps va commencer à disparaître se retrouve sans nom, mais aidée d'un mystérieux allié, Haku, elle intègre comme employée l'étrange bâtiment central de ce monde, sorte de centre balnéo pour divinités, et dirigé par la vieille sorcière colérique Yubaba.

En nous entraînant avec Chihiro et son balai dans ce monde surnaturel, Miyazaki s'en donne à cœur joie, rarement son plaisir ne transparait autant et jamais son imaginaire n'a autant semblé sans limite. L'univers qu'il nous dépeint déborde de mystères, de personnages étranges, mignons ou flippants, et de péripéties et de rebondissements en tous genres. Comme son héroïne le récit part dans tous les sens pour notre plus grand bonheur et réussit à ne jamais se perdre en chemin.
Chihiro, propulsée ouvrière des bains, va devoir gérer les tâches et les conflits qui lui incombent et en même temps trouver la porte de sortie pour elle et ses parents. Sous nos yeux éblouis la petite fille va grandir et s'épanouir au fil des rencontres et des épreuves.
Le film n'est jamais manichéen. La foultitude de personnages est un bestiaire bigarré régi par des lois complexes et truculentes. Film-monde Chihiro tient autant du film d'aventures que de la mythologie japonaise. Le récit est mené tambour battant et rythmé par une musique d'Hisaishi forcément parfaite, et les moments de calme sont des plages de répit empreintes de poésie. Le dessin et l'animation touchent au sublime et s'ils débordent de couleurs et de détails dans la première partie du récit, il s'apaisent doucement, s'étirant vers des paysages de nature tranquille, en même temps que l'histoire tend vers sa conclusion. Chihiro est avant tout un conte adulte dont l'histoire principale est un formidable hymne à la vie, à l'enfance et à l'esprit. En parallèle cette histoire aborde aussi quantité de thèmes, la nature, la différence, les relations sociales, mises en valeur par des dialogues savoureux et savamment écrits.

C'est donc un film totalement maîtrisé, aérien, qui alterne scènes d'action spectaculaires et moments touchants, qui manie l'humour en même temps que la peur, et qui s'admire, se vit, les yeux et le cœur grand ouverts. Une expérience trop rare. Et un des plus beaux films jamais réalisés.